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Eucharistie

L'Eucharistie [ø.ka.ʁis.ti] (du εὐχαριστία / eukharistía, « action de grâce »), appelée également Saint-Sacrement, est un sacrement chrétien. Elle occupe une place centrale dans la doctrine et la vie religieuse des confessions chrétiennes. Alors que les catholiques et les orthodoxes parlent d'Eucharistie, le terme de Sainte-Cène est généralement utilisé par les protestants pour désigner le même rite.

L'origine de ce rite est commune à tous les chrétiens : selon le Nouveau Testament, en particulier la Première épître aux Corinthiens et les Évangiles synoptiques, il fut institué par Jésus-Christ la veille de sa Passion, en distribuant du pain et du vin aux apôtres, et en leur disant : « Ceci est mon corps […], ceci est mon sang […]. Vous ferez cela en mémoire de moi. »
Les catholiques et les orthodoxes décrivent l’Eucharistie comme une véritable « actualisation », non sanglante, du sacrifice du Christ en vue du salut, par le ministère du prêtre. De leur côté, les protestants affirment que le texte biblique ne soutient pas la théorie de la transsubstantiation. Les luthériens emploient le terme de consubstantiation. La tradition calviniste professe la notion de présence spirituelle. Chez les chrétiens évangéliques, on parle d'un mémorial du sacrifice de Jésus-Christ.
Origines
L'institution de l'Eucharistie par Jésus s'inscrit dans le cadre de la tradition juive qui attache une grande importance aux actions de grâce et aux bénédictions (berakhot) que l'on prononce, spécialement lors des repas, afin de remercier Dieu pour ses bienfaits. Dans le rite l'homme répond à l'initiative divine par le remerciement, en particulier, lors des berakhot du séder de Pessa'h (repas pascal) qui rendent grâce en mémoire de la libération de l'esclavage en Égypte, libération non définitive, car l'histoire d'Israël est marquée par l'esclavage et le péché [réf. nécessaire], en sorte que le mémorial de la libération d'Égypte s'ouvre à une attente de libération définitive. L'usage liturgique de ces bénédictions fut maintenue dans les prières des premières communautés chrétiennes.
La fraction du pain
À l'Eucharistie, on donne divers noms, par exemple « le repas du Seigneur, la fraction du pain, la Sainte-Cène, la Cène, la Divine Liturgie.
Le terme biblique est celui de « fraction du pain », employé plusieurs fois dans le Nouveau Testament, en Luc-Actes, soit comme substantif (Lc 24,35 ; Ac 2,42), soit comme verbe (Lc 24,30 et Ac 2,46 ; Ac 20,7 ; Ac 20,11 ; Ac 27,35). Des allusions à la fraction du pain comme repas eucharistique se trouvent aussi dans des sources néotestamentaires plus anciennes, comme la Première épître aux Corinthiens (1Co 11,24). Dans ces passages, le repas et l'Eucharistie ne semblent pas différer : le repas précédé de la fraction du pain devait être suivi des bénédictions habituelles de la Birkat ha-mazon juive.
Cette pratique du séder, repas rituel juif, est entendue dans un sens chrétien comme un renvoi à la Cène.
Les repas communautaires
Les repas communautaires anticipant l'avènement du Messie et l'arrivée du Royaume de Dieu existaient dans le judaïsme de l'époque, entre autres chez les esséniens. Le récit de ce repas de Jésus avec les Douze Apôtres, nombre symbolique des douze tribus d'Israël restauré selon l'eschatologie juive, va dans le sens de l'historicité de la Cène. Ces repas se caractérisaient par la présence du pain et du vin, à titre symbolique. Néanmoins, ce rapprochement est contesté, notamment par Simon Claude Mimouni, qui estime que l'hypothèse tendant à voir dans l'essénisme l'une des origines du christianisme « ne repose sur aucune source ».
Institution de l'Eucharistie par Jésus
La Cène, dernier repas du Christ avant sa Passion, est évoquée dans l'un des textes les plus anciens du christianisme : la Première épître aux Corinthiens, écrite dans les années 50. Pendant ce « repas du Seigneur » (en grec : Κυριακόν δεῖπνον / kuriakón deîpnon), Jésus rend grâces (εὐχαριστήσας / eucharistêsas) et rompt le pain :

« Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. »
La Cène figure également dans les trois Évangiles synoptiques : Matthieu, Marc et Luc,,,.
" Quand l'heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Et il leur dit : " j'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir " (...) Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant : ceci est mon corps livré pour vous; faites cela en mémoire de moi." Il fit de même pour la coupe après le repas, disant :" Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang"." (Luc 22, 14-20) Matthieu précise à propos de la coupe que Jésus dit à son sujet : " Buvez en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés." (Matthieu 26, 27)
De son côté, l'Évangile selon Jean, qui mentionne ce repas (13:2-23), ne relate pas le récit de l'institution ; mais il évoque ailleurs la célébration eucharistique, particulièrement en 6:51, où Jésus se présente ainsi : «je suis le pain vivant descendu du ciel (...) et le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde (...) Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang vous n'aurez pas la vie en vous » (Jean 6, 51-53). Ce passage, nommé le « discours du pain », est généralement interprété comme une allusion directe à la Cène.
Ainsi, dans la tradition chrétienne, l'Eucharistie fut instituée par Jésus-Christ le soir du Jeudi saint au cours d'un repas qui, selon les synoptiques, était un repas pascal, mais qui, selon Jean, fut célébré un jour avant la fête juive de Pessa'h,,.
Aspects sacramentels
Consécration dans le catholicisme

Dans la doctrine catholique, la célébration eucharistique est « le sommet à la fois de l'action par laquelle, dans le Christ, Dieu sanctifie le monde, et du culte qu'en l'Esprit-Saint, les hommes rendent au Christ, et par lui, au Père ». Le caractère propre de la messe réside dans l’actualisation du sacrifice du Christ accomplie par un prêtre. En vertu du sacrement de l'ordre, les prêtres rendent présents et appliquent dans le sacrifice de la messe l'unique sacrifice du Christ s'offrant, une fois pour toutes à son Père en victime immaculée.
Cette actualisation se traduit par la transsubstantiation du pain et du vin, qui deviennent le corps et le sang du Christ ; le pain et le vin changent de substance tout en conservant leurs caractéristiques physiques ou « espèces ». La présence réelle du Christ commence au moment de la consécration et dure aussi longtemps que les espèces eucharistiques subsistent. Le Christ est tout entier présent dans chacune des espèces et tout entier dans chacune de leurs parties, de sorte que la fraction du pain ne divise pas le Christ.
Eucharistie et communion
Depuis la Première épître aux Corinthiens (1 Co 10:14-22), l’Eucharistie est appelée « communion » au sang et au corps du Christ. Dans ce passage, Paul opère une distinction entre la tradition ecclésiale de la Cène (terme utilisé ici dans le sens de l'Eucharistie, non pas de la Cène, le dernier repas que Jésus-Christ prit avec les douze apôtres le soir du Jeudi saint) et les pratiques cultuelles du paganisme, désormais interdites. Il ne parle pas des pratiques cultuelles en général mais concrètement des repas rituels à base de viande d'animaux offerts en sacrifice aux dieux païens, et il déclare que les chrétiens, qui s'unissent au Christ en participant à l'Eucharistie, ne doivent pas participer aux banquets idolâtres par lesquels ils entreraient en communion avec les faux dieux,.
Il ne peut y avoir de messe sans communion, puisque le prêtre communie nécessairement, mais la communion des fidèles n’est pas obligatoire. Inversement, la communion est possible en dehors de la messe (par exemple, pour les malades), mais les espèces sont nécessairement consacrées au cours d’une messe.
Elle porte également le nom de « Saint-Sacrement », car elle est le sacrement par excellence, et ce terme est employé, par métonymie, pour désigner le pain et le vin consacrés qui deviennent respectivement le corps et le sang du Christ et qui s'applique particulièrement aux hosties consacrées conservées dans le tabernacle ou exposées à l'Adoration eucharistique.
Dans l'Église catholique, seuls ceux qui sont en état de grâce, c'est-à-dire sans aucun péché mortel, peuvent recevoir l'Eucharistie. Cette doctrine se fonde sur 1 Co 11:27-29. Dans ce cas, il est nécessaire avant de communier de recevoir le pardon des péchés grâce au sacrement de pénitence et de réconciliation.
Les deux espèces
Dans les liturgies d'Occident (et contrairement aux liturgies orientales, qu'elles soient catholiques ou orthodoxes), les hosties qui sont consacrées sont du pain azyme, c'est-à-dire sans levain, à base de farine de blé. Ainsi, elles se conservent bien et prennent peu d’espace. Les fidèles ont libre choix de recevoir l'hostie sur la langue ou dans la main.
Depuis plusieurs siècles, dans l’Église latine on utilise généralement, mais non pas exclusivement, du vin blanc pour des raisons purement pratiques, le vin rouge risquant de tacher les linges blancs ; mais on reconnaît une plus grande valeur symbolique au vin rouge dans la célébration de l'Eucharistie, et le Vatican n'a toujours utilisé que du vin de messe rouge.

La communion est valable sous l’une ou l’autre des espèces, ou sous les deux. En Occident, elle se limite souvent au pain, sous forme d’hostie. La communion au sang du Christ, sous forme de vin où ont été déposées des fractions de pain, ne soulève pas de questions d’hygiène chez les orthodoxes. Il existe aussi la communion par « intinction », où le prêtre trempe une partie de l'hostie dans le « précieux sang » et la dépose aussitôt sur la langue du communiant.
Après la communion, le prêtre doit finir le vin consacré, et procéder à une purification des récipients vides pour en éliminer les traces de matière consacrée. S’il reste des hosties, elles peuvent être placées dans un ciboire couvert, que l'on enferme dans le tabernacle. À l'exception des processions du Saint-Sacrement, ou encore dans le cas de la custode (une petite boîte) destinée à la communion des malades, il est rigoureusement prohibé de faire sortir une hostie consacrée de l’église où elle se trouve. Si le prêtre ne peut placer les hosties consacrées dans le tabernacle, il doit les consommer, ou les faire consommer à des fidèles.
Positions théologiques
Période patristique

Premiers siècles
Irénée de Lyon (130-202) dans Adversus haereses situe l'Eucharistie au cœur de sa vision du monde et de l'histoire du salut. Il insiste fortement sur le fait que l'Eucharistie est un sacrifice (IV, 17, 6, IV 18, 1 et IV 18, 4)) qui doit être offert à Dieu en y joignant la foi, l'espérance et la charité. En effet, selon lui, le pain et le vin qui sont le corps et le sang du Christ sauveur sont vecteurs de la grâce. Polycarpe de Smyrne (70-160) et le récit des martyrs de Lyon reprennent l'analogie entre le martyre et l'Eucharistie. Cyprien de Carthage (200-258) dans sa lettre 63 fournit un véritable traité sur l'Eucharistie. Il y écrit : "le sacrifice que nous offrons est la passion du Seigneur" (4-17). Il précise par ailleurs : "Si le Christ Jésus notre Seigneur et notre Dieu est lui-même le grand-prêtre de Dieu le Père, s'il s'est offert à son Père, et s'il nous a donné d'accomplir cela en mémoire de lui, alors celui qui reproduit ce que le Christ fit, agit vraiment en place du Christ (4, 17).
Période des Pères de l'Église
La liturgie clémentine des Constitutions apostoliques dont l'inspiration et les racines sont juives est un maillon entre les liturgies des trois premiers siècles et celles importantes et durables des quatrième et cinquième siècles. L'anaphore qui relate l'histoire du salut, se prolonge par les paroles de l'institution, lesquelles sont suivies d'une anamnèse, puis d'une épiclèse (invocation de l'Esprit Saint) et enfin d'une prière d'intercession pour l'Église. Les Pères de l'Église expliquent les divers rites de l'Eucharistie, soulignent la continuité entre la liturgie de la parole et celle du pain et du vin et enseignent de manière unanime que l'Eucharistie est le sacrement qui contient et dispense toute l'action rédemptrice et salvatrice du Christ dans sa mort et sa résurrection. Pour Hilaire de Poitiers (315-367) et le Pseudo Denys (vers 500), l'Eucharistie est le sacrement de la divinisation. Jean Chrysostome (344-407) et Augustin (354-430) insistent sur le lien entre l'Eucharistie et le corps mystique et les conséquences qui en découlent[réf. nécessaire]. Ambroise de Milan (339-397) insiste sur la transformation opérée sur le pain et le vin lors des paroles prononcées sur eux par le célébrant: " Quand on en arrive à la réalisation du véritable sacrement, le prêtre n'utilise plus de ses propres paroles, mais il emploie les paroles du Christ qui réalisent le sacrement " (De sacramentis IV, 4, 14).
Moyen Âge et Renaissance
La question de la « présence réelle » du corps et du sang du Christ est soulevée dès le IXe siècle. Les « réalistes », qui défendent cette idée (comme Paschase Radbert dans son De partu Virginis) se voient opposer les résistances des « symbolistes » comme Ratramne de Corbie. Cependant, cette dernière théorie ne paraît alors susciter de condamnation par l’Église.
Le débat ressurgit au XIe siècle. Bérenger de Tours affirme, en se référant à Augustin, qu’une présence « intellectuelle » s’ajoute au pain et au vin sans se substituer à eux. Il rencontre l’opposition de théologiens comme Lanfranc de Pavie (vers 1010-1089) et Hildebert de Lavardin (1056-1133), qui défendent l’idée d’un changement de substance : la « transsubstantiation » telle qu’on l’appelle à partir du XIIe siècle.
Cette fois, l’Église tranche et la thèse de Béranger de Tours est condamnée lors des conciles de Rome, en 1050, puis de Verceil, en 1051, de Paris, en 1054 et de Tours, en 1054 ; le concile de Verceil revient également sur les écrits de Ratramne de Corbie qu’il condamne à être brûlés.
En 1059, Béranger est amené à souscrire à Rome : " Le pain et le vin qui sont posés sur l'autel, après la consécration ne sont pas seulement un sacrement, mais aussi le vrai corps et le vrai sang de notre Seigneur Jésus Christ."

Au IVe concile de Latran (1215), la présence réelle est pour la première fois proclamée. Le concile de Vienne (1274) " tient et enseigne que, dans ce sacrement, le pain est vraiment transsubstantifié en corps et le vin en sang de notre Seigneur Jésus Christ"
Au XIIIe siècle, Thomas d'Aquin précise le dogme dans sa Somme théologique. La fête du « Corps du Christ » ou « Saint-Sacrement » naît à la même époque. L’office en est composé par Thomas d'Aquin, et alors seulement est généralisée la pratique d’élever l'hostie et le calice pour les montrer aux fidèles.
Le second concile de Lyon (1274) promulgua une profession de foi de Michel Paléologue empereur de Constantinople, où il est dit, entre autres de l'Eucharistie, que l'Église" tient et enseigne que, dans ce sacrement, le pain est vraiment transsubstantifié en corps et le vin en sang de notre Seigneur Jésus Christ" Une profession de foi analogue fut publiée par le patriarche Jean XI Vekkos de Constantinople et les membres de son synode en1277. Moins d'un siècle avant la Réforme protestante, en 1439, le concile de Florence distingue dans l'Eucharistie entre, d'une part sa matière qui est le pain de froment et le vin de la vigne mêlé à un petit peu d'eau, et de l'autre sa forme, consistant dans les paroles du Christ prononcées sur le pain et le vin par un prêtre.
Afin de répondre aux critiques des courants issus de la réforme protestante, le Concile de Trente dans sa treizième session réunie sous Jules III se prononça de manière dogmatique se voulant définitive sur l'Eucharistie. Il rappela la doctrine de la transsubstantiation lors de la consécration par un prêtre. Il recommanda la conservation des espèces consacrées après la messe, en vue des malades et du culte et de la vénération du très saint sacrement. Il ordonna que personne ayant conscience d'un péché mortel ne communie, sans s'être confessé au préalable à un prêtre.
Doctrine catholique
Le Catéchisme de l'Église catholique présente l'Eucharistie à partir de la citation suivante du concile Vatican II : "Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son corps et de son sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles, jusqu'à ce qu'il vienne, et pour confier à l'Église, son épouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection : sacrement de l'amour, signe de l'unité, lien de la charité, banquet pascal dans lequel le Christ est reçu en nourriture, l'âme est comblée de grâces et le gage de la gloire future nous est donnée" (Sacrosanctum Concilium 47). Il précise d'elle par ailleurs, citant toujours le concile : "En elle se trouve le sommet à la fois de l'action par laquelle, dans le Christ, Dieu sanctifie le monde, et celui du culte qu'en l'Esprit-Saint les hommes rendent au Christ et, par Lui au Père." (Lumen gentium 11). Il ajoute plus loin que le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la croix (Hébreux 7, 25-27) demeure toujours actuel : "Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre Pâque a été immolé se célèbre sur l'autel, l'œuvre de notre rédemption s'opère." (Lumen gentium 3).
Transsubstantiation et présence réelle

Au XVIe siècle, le concile de Trente affirme le dogme de la transsubstantiation, associé à l'aspect sacrificiel de l'Eucharistie. Le pain et le vin se transforment et cette transformation concerne la totalité de la substance : rien ne subsiste que les apparences (les « espèces ») du pain et du vin. La présence du Christ est réelle et substantielle dans l'hostie, qui devient véritablement son corps lors de la consécration. La messe répète, actualise le sacrifice du Christ et l'offre à Dieu.
Les catholiques et les orthodoxes professent cette présence réelle du Christ, en son corps et son sang, sous les « espèces » du pain et du vin.
Au moment de la Réforme protestante, le caractère sacrificiel de la messe est rejeté par plusieurs théologiens, tandis que d’autres, comme Laurentius Petri (Suède) et Thomas Cranmer (Angleterre), le conservent.
Consubstantiation
Les luthériens ont gardé l’essentiel de la liturgie catholique mais ont redéfini le dogme. Ils parlent de consubstantiation : simultanément à la substance du pain et du vin consacrés, coexiste la substance du corps du Christ et de son sang, en une sorte de double substance. D'autre part, les espèces ne deviennent le corps et le sang du Christ que sous l'action de la Parole de Dieu, qui est indispensable au sacrement : après la messe, les espèces consacrées redeviennent du pain et du vin ordinaires, car le luthéranisme ne reprend pas la notion de « réserve eucharistique » du catholicisme.
Enfin, Luther et Mélanchthon réfutent l'idée du sacrifice propitiatoire inhérent à l'Eucharistie : ils « opposent le sacrement, œuvre de Dieu offerte à l'être humain, et le sacrifice, œuvre humaine offerte à Dieu ». L'Eucharistie est pour eux une action de grâce envers Dieu, un témoignage de reconnaissance, autrement dit un acte de louange et non pas un sacrifice destiné à obtenir la faveur de Dieu.
Présence spirituelle
Les réformés estiment avec Calvin que la notion de présence corporelle constitue « une grande erreur de l’Église catholique […], une confusion grave entre le signe et la chose signifiée », qui « trahit un manque de foi » : « Parce que l'on ne croyait plus au miracle de la foi saisissant le Christ et la réalité spirituelle, on a voulu le faire descendre dans les éléments de la sainte Cène, de façon magique et matérielle. On a cherché à toucher le Christ, ne pouvant monter au Ciel pour l'atteindre. […] On s'est arrêté à l'élément corruptible : on en a fait une idole ».
Calvin affirme, comme les catholiques et les luthériens, l'union réelle et substantielle du croyant avec le Christ lors de la Cène, mais en termes de « présence pneumatique » : le Christ est véritablement présent, mais de manière spirituelle et non pas matérielle. Les espèces sont de simples représentations du corps et du sang du Christ : elles sont uniquement « des signes que Dieu utilise pour atteindre le croyant, pour lui faire percevoir, sentir la présence du Christ ». Le pain et le vin ne subissent ni transformation, ni consubstantiation, ni transsubstantiation.
Cette présence à la fois immatérielle et réelle est due à l'Esprit, et à lui seul, car « c'est lui qui nous met en communion avec le Seigneur et Sauveur et qui nous fait participer à sa grâce »,. Pendant que l'officiant donne le pain et le vin, Dieu donne au croyant ce qu'ils représentent : « Le pain et le vin ne deviennent pas corps et sang du Christ, mais en recevant le pain, nous recevons le Christ ».
De manière plus radicale, Ulrich Zwingli, et aujourd'hui une large partie des évangéliques, considèrent que le sacrifice du Christ a eu lieu une fois pour toutes et que l'Eucharistie n'en est que le mémorial. La Cène est donc une action de grâce d'où est absente toute notion de sacrifice. La présence du Christ n'est pas corporelle, mais uniquement spirituelle dans les espèces, qui ne font que la symboliser. Par conséquent, la phrase « Ceci est mon corps » doit être entendue comme « Ceci signifie mon corps ».
Les Églises héritières de la Réforme protestante affirment généralement l'historicité de leur position en s'appuyant sur Béranger de Tours ou Ratramne de Corbie.
Eucharistie et œcuménisme
Dans toutes les confessions chrétiennes, on perçoit mieux aujourd’hui le lien avec les traditions juives de reconnaissance envers les œuvres de Dieu, et particulièrement dans les bénédictions pendant le repas, notamment celle du Chabbat (pain et vin). Cette origine commune et d'intenses discussions théologiques ont permis de remettre en perspective les pratiques de chacun. Un document essentiel fut publié en 1982 par la commission théologique du Conseil œcuménique des Églises. Le document s'intitule Baptême, Eucharistie, ministère.
Catholicisme et orthodoxie

Catholiques et orthodoxes partagent la même doctrine au sujet de l’Eucharistie et reconnaissent mutuellement la validité de sa célébration dans l’une et l’autre Église. Il y a des différences dans la liturgie (communion sous une ou sous deux espèces, etc.) et dans les formes de dévotion (processions du Saint-Sacrement : pratique courante dans le catholicisme, non dans l’orthodoxie), ainsi que dans le vocabulaire (les catholiques parlent plutôt de « sacrement », les orthodoxes de « mystère »). L’intercommunion est possible dans les cas de nécessité exprimés dans le canon 844 du code de droit canonique de l’Église catholique.
Réforme
De même chez les protestants, et malgré des divergences secondaires, les réformés et les luthériens sont, en Europe du moins, en pleine communion, et partagent sans problème l’Eucharistie et leurs pasteurs.
En revanche, le désaccord est profond entre les catholiques et orthodoxes d'une part, et les protestants d'autre part, et les termes utilisés n’ont pas toujours la même signification.
Les points de désaccord
La question de la présence réelle et de la transsubstantiation demeure un point d’achoppement qui rend inconcevable pour l’Église catholique l’intercommunion entre protestants d’une part et catholiques et orthodoxes de l’autre. Même si la recherche actuelle permet d'envisager de nouvelles manières de rendre compte d'un mystère, on bute sur des difficultés quasi insurmontables en raison des formulations médiévales héritières de la métaphysique classique. Dans plusieurs pays, les divergences n'empêchent pas des actions communes, ainsi que des prières communes, sans célébration du sacrement de l'Eucharistie. La semaine de l'unité en janvier permet chaque année des échanges de chaire entre communautés, des moments de prière en commun et des rapprochements.
La problématique réside dans l'interprétation du terme grec éstin (« [il] est », du verbe « être ») utilisé par Jésus en Matthieu 26:26-28, dont le théologien bénédictin Jacques Dupont considère que le moyen « le plus naturel » de traduire serait : « Ceci signifie mon corps » ou « Ceci représente mon corps ». Il indique : « Par la communion aux espèces sacramentelles, les disciples deviennent participants de l'Alliance que le Christ réalise par le sacrifice de son corps et de son sang sur la croix. Cette efficacité de la communion se comprend mal si l'on ne reçoit qu'un simple signe fictif du corps livré à la mort et du sang versé sur la croix. […] Un symbole ne suffit pas ; il est essentiel que ce soit la victime elle-même, sa chair et son sang ».
De plus, des divergences au sujet du sacerdoce (sacerdoce ministériel réservé aux hommes ou non, qui doivent être prêtres ordonnés ou non) et de l'organisation ecclésiastique (succession apostolique) élargissent le fossé sur la question de la présidence du sacrement.
Notes et références
- Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
- Ecole Biblique de Jérusalem, Dictionnaire Jésus, Paris, Laffont, , p. 323
- Document « Baptême, Eucharistie, Ministère », sur Conseil œcuménique des Églises, (consulté le ).
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- Paula Fredriksen, De Jésus aux Christs, éd. du Cerf, , p. 176.
- Étienne Nodet et Justin Taylor, Essai sur les origines du christianisme, la secte éclatée, Paris, Cerf, coll. « Initiations bibliques », , 429 p. (ISBN 2-204-05819-X), cité par François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Paris, Cerf, , p. 80.
- Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : Des prêtres aux rabbins, PUF/Nouvelle Clio, , p. 241.
- 1Co 11,20-21.
- 1Co 11,23-25. Traduction Louis Segond, 1910.
- Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19-20.
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- On distingue la communion de l'Eucharistie au sens où l'expression de « ministre de l'Eucharistie » ne peut s'appliquer qu'au prêtre, mais le diacre et même des laïcs peuvent être des « ministres extraordinaires de la sainte communion », cf. Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Instruction Redemptionis Sacramentum sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie, 154–156.
- Robert Le Gall, Dictionnaire de liturgie, Éditions CLD (lire en ligne), Saint-Sacrement
- Compendium du Catéchisme de l'Église catholique #291
- Catéchisme de l'Église catholique #1385
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- Dominique Poirel, article « Eucharistie » du Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, PUF, 2002
- Hildebert aurait été le premier à utiliser ce terme. Cf. Oxford Dictionary of the Christian Church, Oxford University Press, 2005 (ISBN 978-0-19-280290-3).
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- Cf. Pache 1936 : « Si le Christ est présent réellement au milieu de nous, par sa vertu divine, il devient véritablement fondement et substance de la sainte Cène. Et c'est là tout ce qui fait la valeur du repas eucharistique. Si l’Église chrétienne a conservé, comme un trésor, au travers des siècles, la Cène du Seigneur, si celle-ci reste, malgré toutes les déformations dont elle a été l'objet, le centre du culte, c'est qu'elle apporte aux croyants une nourriture efficace et qu'elle est pour eux une raison de vie nouvelle. »
- (en) W. P. Stephens, The Theology of Huldrych Zwingli, Oxford, Clarendon Press, (ISBN 0-19-826677-4), p. 218 sq..
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- Par exemple les catégories de signes et symboles, cf. Arnaud Join-Lambert, Célébrer les sacrements : action et langage prophétique, in : Précis de théologie pratique. Éd. Gilles Routhier – Marcel Viau. Bruxelles – Québec – Paris, 2e éd. augmentée, 2007 (collection Théologies pratiques) p. 551-562
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Annexes
Bibliographie
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- Enrico Mazza, L’Action eucharistique. Origine, développement, interprétation. Paris, Cerf, 1999 (collection Liturgie 10).
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- Maurice Vloberg, L’Eucharistie dans l’art, 2 vol, tome 1 ill. 142 p., tome 2 ill. 317p., Arthaud, 1946.
- (en) Lee Palmer Wandel, The Eucharist in the Reformation, Cambridge University Press, 2006 (ISBN 9780521856799)
- Eucharistia. Encyclopédie de l’Eucharistie, sous la dir. de Maurice Brouard, Cerf, 2002.
Articles connexes
- Récit de l'institution
- Cène
- Espèces eucharistiques
- Impanation
- Présence réelle
- Communion
- Saint Calice
- L'Institution de l'Eucharistie de Juste de Gand (iconographie)
- Miracle eucharistique
Liens externes
- Notices d'autorité :
- LCCN
- Israël
- André Gounelle, « L'ecclésiologie dans le protestantisme, chapitre 15 : La Cène »
- Instruction Redemptionis Sacramentum (Congrégation pour le Culte divin, 2004)
- Baptême, Eucharistie, Ministère (document de foi et constitution no 111, « texte de Lima »), 15 janvier 1982, du Conseil œcuménique des Églises
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Cet article concerne la communion dans le catholicisme Pour la communion dans le protestantisme voir Sainte Cene Pour les autres significations voir Communion L Eucharistie o ka ʁis ti du eὐxaristia eukharistia action de grace appelee egalement Saint Sacrement est un sacrement chretien Elle occupe une place centrale dans la doctrine et la vie religieuse des confessions chretiennes Alors que les catholiques et les orthodoxes parlent d Eucharistie le terme de Sainte Cene est generalement utilise par les protestants pour designer le meme rite Fra Angelico La Communion des apotres musee San Marco L origine de ce rite est commune a tous les chretiens selon le Nouveau Testament en particulier la Premiere epitre aux Corinthiens et les Evangiles synoptiques il fut institue par Jesus Christ la veille de sa Passion en distribuant du pain et du vin aux apotres et en leur disant Ceci est mon corps ceci est mon sang Vous ferez cela en memoire de moi Les catholiques et les orthodoxes decrivent l Eucharistie comme une veritable actualisation non sanglante du sacrifice du Christ en vue du salut par le ministere du pretre De leur cote les protestants affirment que le texte biblique ne soutient pas la theorie de la transsubstantiation Les lutheriens emploient le terme de consubstantiation La tradition calviniste professe la notion de presence spirituelle Chez les chretiens evangeliques on parle d un memorial du sacrifice de Jesus Christ OriginesArticles connexes Racines juives du christianisme et Seder de Pessa h L institution de l Eucharistie par Jesus s inscrit dans le cadre de la tradition juive qui attache une grande importance aux actions de grace et aux benedictions berakhot que l on prononce specialement lors des repas afin de remercier Dieu pour ses bienfaits Dans le rite l homme repond a l initiative divine par le remerciement en particulier lors des berakhot du seder de Pessa h repas pascal qui rendent grace en memoire de la liberation de l esclavage en Egypte liberation non definitive car l histoire d Israel est marquee par l esclavage et le peche ref necessaire en sorte que le memorial de la liberation d Egypte s ouvre a une attente de liberation definitive L usage liturgique de ces benedictions fut maintenue dans les prieres des premieres communautes chretiennes La fraction du pain A l Eucharistie on donne divers noms par exemple le repas du Seigneur la fraction du pain la Sainte Cene la Cene la Divine Liturgie Le terme biblique est celui de fraction du pain employe plusieurs fois dans le Nouveau Testament en Luc Actes soit comme substantif Lc 24 35 Ac 2 42 soit comme verbe Lc 24 30 et Ac 2 46 Ac 20 7 Ac 20 11 Ac 27 35 Des allusions a la fraction du pain comme repas eucharistique se trouvent aussi dans des sources neotestamentaires plus anciennes comme la Premiere epitre aux Corinthiens 1Co 11 24 Dans ces passages le repas et l Eucharistie ne semblent pas differer le repas precede de la fraction du pain devait etre suivi des benedictions habituelles de la Birkat ha mazon juive Cette pratique du seder repas rituel juif est entendue dans un sens chretien comme un renvoi a la Cene Les repas communautaires Les repas communautaires anticipant l avenement du Messie et l arrivee du Royaume de Dieu existaient dans le judaisme de l epoque entre autres chez les esseniens Le recit de ce repas de Jesus avec les Douze Apotres nombre symbolique des douze tribus d Israel restaure selon l eschatologie juive va dans le sens de l historicite de la Cene Ces repas se caracterisaient par la presence du pain et du vin a titre symbolique Neanmoins ce rapprochement est conteste notamment par Simon Claude Mimouni qui estime que l hypothese tendant a voir dans l essenisme l une des origines du christianisme ne repose sur aucune source Institution de l Eucharistie par Jesus Article detaille Recit de l institution eucharistique La Cene dernier repas du Christ avant sa Passion est evoquee dans l un des textes les plus anciens du christianisme la Premiere epitre aux Corinthiens ecrite dans les annees 50 Pendant ce repas du Seigneur en grec Kyriakon deῖpnon kuriakon deipnon Jesus rend graces eὐxaristhsas eucharistesas et rompt le pain La Cene fresque du XV e siecle Sofia Bulgarie Car j ai recu du Seigneur ce que je vous ai enseigne c est que le Seigneur Jesus dans la nuit ou il fut livre prit du pain et apres avoir rendu graces le rompit et dit Ceci est mon corps qui est rompu pour vous faites ceci en memoire de moi De meme apres avoir soupe il prit la coupe et dit Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang faites ceci en memoire de moi toutes les fois que vous en boirez La Cene figure egalement dans les trois Evangiles synoptiques Matthieu Marc et Luc Quand l heure fut venue il se mit a table et les apotres avec lui Et il leur dit j ai ardemment desire manger cette paque avec vous avant de souffrir Puis prenant du pain il rendit graces le rompit et le leur donna en disant ceci est mon corps livre pour vous faites cela en memoire de moi Il fit de meme pour la coupe apres le repas disant Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang Luc 22 14 20 Matthieu precise a propos de la coupe que Jesus dit a son sujet Buvez en tous car ceci est mon sang le sang de l Alliance qui va etre repandu pour une multitude en remission des peches Matthieu 26 27 De son cote l Evangile selon Jean qui mentionne ce repas 13 2 23 ne relate pas le recit de l institution mais il evoque ailleurs la celebration eucharistique particulierement en 6 51 ou Jesus se presente ainsi je suis le pain vivant descendu du ciel et le pain que je donnerai c est ma chair pour la vie du monde Si vous ne mangez la chair du Fils de l homme et ne buvez son sang vous n aurez pas la vie en vous Jean 6 51 53 Ce passage nomme le discours du pain est generalement interprete comme une allusion directe a la Cene Ainsi dans la tradition chretienne l Eucharistie fut instituee par Jesus Christ le soir du Jeudi saint au cours d un repas qui selon les synoptiques etait un repas pascal mais qui selon Jean fut celebre un jour avant la fete juive de Pessa h Aspects sacramentelsConsecration dans le catholicisme L Eucharistie par Xavier Leprince 1825 Dans la doctrine catholique la celebration eucharistique est le sommet a la fois de l action par laquelle dans le Christ Dieu sanctifie le monde et du culte qu en l Esprit Saint les hommes rendent au Christ et par lui au Pere Le caractere propre de la messe reside dans l actualisation du sacrifice du Christ accomplie par un pretre En vertu du sacrement de l ordre les pretres rendent presents et appliquent dans le sacrifice de la messe l unique sacrifice du Christ s offrant une fois pour toutes a son Pere en victime immaculee Cette actualisation se traduit par la transsubstantiation du pain et du vin qui deviennent le corps et le sang du Christ le pain et le vin changent de substance tout en conservant leurs caracteristiques physiques ou especes La presence reelle du Christ commence au moment de la consecration et dure aussi longtemps que les especes eucharistiques subsistent Le Christ est tout entier present dans chacune des especes et tout entier dans chacune de leurs parties de sorte que la fraction du pain ne divise pas le Christ Eucharistie et communion Article detaille Communion Depuis la Premiere epitre aux Corinthiens 1 Co 10 14 22 l Eucharistie est appelee communion au sang et au corps du Christ Dans ce passage Paul opere une distinction entre la tradition ecclesiale de la Cene terme utilise ici dans le sens de l Eucharistie non pas de la Cene le dernier repas que Jesus Christ prit avec les douze apotres le soir du Jeudi saint et les pratiques cultuelles du paganisme desormais interdites Il ne parle pas des pratiques cultuelles en general mais concretement des repas rituels a base de viande d animaux offerts en sacrifice aux dieux paiens et il declare que les chretiens qui s unissent au Christ en participant a l Eucharistie ne doivent pas participer aux banquets idolatres par lesquels ils entreraient en communion avec les faux dieux Il ne peut y avoir de messe sans communion puisque le pretre communie necessairement mais la communion des fideles n est pas obligatoire Inversement la communion est possible en dehors de la messe par exemple pour les malades mais les especes sont necessairement consacrees au cours d une messe Elle porte egalement le nom de Saint Sacrement car elle est le sacrement par excellence et ce terme est employe par metonymie pour designer le pain et le vin consacres qui deviennent respectivement le corps et le sang du Christ et qui s applique particulierement aux hosties consacrees conservees dans le tabernacle ou exposees a l Adoration eucharistique Dans l Eglise catholique seuls ceux qui sont en etat de grace c est a dire sans aucun peche mortel peuvent recevoir l Eucharistie Cette doctrine se fonde sur 1 Co 11 27 29 Dans ce cas il est necessaire avant de communier de recevoir le pardon des peches grace au sacrement de penitence et de reconciliation Les deux especes Articles detailles Especes eucharistiques et Communion sous les deux especes Les deux especes dans une liturgie occidentale Dans les liturgies d Occident et contrairement aux liturgies orientales qu elles soient catholiques ou orthodoxes les hosties qui sont consacrees sont du pain azyme c est a dire sans levain a base de farine de ble Ainsi elles se conservent bien et prennent peu d espace Les fideles ont libre choix de recevoir l hostie sur la langue ou dans la main Depuis plusieurs siecles dans l Eglise latine on utilise generalement mais non pas exclusivement du vin blanc pour des raisons purement pratiques le vin rouge risquant de tacher les linges blancs mais on reconnait une plus grande valeur symbolique au vin rouge dans la celebration de l Eucharistie et le Vatican n a toujours utilise que du vin de messe rouge Les deux especes dans une liturgie orientale La communion est valable sous l une ou l autre des especes ou sous les deux En Occident elle se limite souvent au pain sous forme d hostie La communion au sang du Christ sous forme de vin ou ont ete deposees des fractions de pain ne souleve pas de questions d hygiene chez les orthodoxes Il existe aussi la communion par intinction ou le pretre trempe une partie de l hostie dans le precieux sang et la depose aussitot sur la langue du communiant Apres la communion le pretre doit finir le vin consacre et proceder a une purification des recipients vides pour en eliminer les traces de matiere consacree S il reste des hosties elles peuvent etre placees dans un ciboire couvert que l on enferme dans le tabernacle A l exception des processions du Saint Sacrement ou encore dans le cas de la custode une petite boite destinee a la communion des malades il est rigoureusement prohibe de faire sortir une hostie consacree de l eglise ou elle se trouve Si le pretre ne peut placer les hosties consacrees dans le tabernacle il doit les consommer ou les faire consommer a des fideles Positions theologiquesPeriode patristique Sandro Botticelli Viatique de saint Jerome v 1495 Premiers siecles Irenee de Lyon 130 202 dans Adversus haereses situe l Eucharistie au cœur de sa vision du monde et de l histoire du salut Il insiste fortement sur le fait que l Eucharistie est un sacrifice IV 17 6 IV 18 1 et IV 18 4 qui doit etre offert a Dieu en y joignant la foi l esperance et la charite En effet selon lui le pain et le vin qui sont le corps et le sang du Christ sauveur sont vecteurs de la grace Polycarpe de Smyrne 70 160 et le recit des martyrs de Lyon reprennent l analogie entre le martyre et l Eucharistie Cyprien de Carthage 200 258 dans sa lettre 63 fournit un veritable traite sur l Eucharistie Il y ecrit le sacrifice que nous offrons est la passion du Seigneur 4 17 Il precise par ailleurs Si le Christ Jesus notre Seigneur et notre Dieu est lui meme le grand pretre de Dieu le Pere s il s est offert a son Pere et s il nous a donne d accomplir cela en memoire de lui alors celui qui reproduit ce que le Christ fit agit vraiment en place du Christ 4 17 Periode des Peres de l Eglise La liturgie clementine des Constitutions apostoliques dont l inspiration et les racines sont juives est un maillon entre les liturgies des trois premiers siecles et celles importantes et durables des quatrieme et cinquieme siecles L anaphore qui relate l histoire du salut se prolonge par les paroles de l institution lesquelles sont suivies d une anamnese puis d une epiclese invocation de l Esprit Saint et enfin d une priere d intercession pour l Eglise Les Peres de l Eglise expliquent les divers rites de l Eucharistie soulignent la continuite entre la liturgie de la parole et celle du pain et du vin et enseignent de maniere unanime que l Eucharistie est le sacrement qui contient et dispense toute l action redemptrice et salvatrice du Christ dans sa mort et sa resurrection Pour Hilaire de Poitiers 315 367 et le Pseudo Denys vers 500 l Eucharistie est le sacrement de la divinisation Jean Chrysostome 344 407 et Augustin 354 430 insistent sur le lien entre l Eucharistie et le corps mystique et les consequences qui en decoulent ref necessaire Ambroise de Milan 339 397 insiste sur la transformation operee sur le pain et le vin lors des paroles prononcees sur eux par le celebrant Quand on en arrive a la realisation du veritable sacrement le pretre n utilise plus de ses propres paroles mais il emploie les paroles du Christ qui realisent le sacrement De sacramentis IV 4 14 Moyen Age et Renaissance La question de la presence reelle du corps et du sang du Christ est soulevee des le IX e siecle Les realistes qui defendent cette idee comme Paschase Radbert dans son De partu Virginis se voient opposer les resistances des symbolistes comme Ratramne de Corbie Cependant cette derniere theorie ne parait alors susciter de condamnation par l Eglise Le debat ressurgit au XI e siecle Berenger de Tours affirme en se referant a Augustin qu une presence intellectuelle s ajoute au pain et au vin sans se substituer a eux Il rencontre l opposition de theologiens comme Lanfranc de Pavie vers 1010 1089 et Hildebert de Lavardin 1056 1133 qui defendent l idee d un changement de substance la transsubstantiation telle qu on l appelle a partir du XII e siecle Cette fois l Eglise tranche et la these de Beranger de Tours est condamnee lors des conciles de Rome en 1050 puis de Verceil en 1051 de Paris en 1054 et de Tours en 1054 le concile de Verceil revient egalement sur les ecrits de Ratramne de Corbie qu il condamne a etre brules En 1059 Beranger est amene a souscrire a Rome Le pain et le vin qui sont poses sur l autel apres la consecration ne sont pas seulement un sacrement mais aussi le vrai corps et le vrai sang de notre Seigneur Jesus Christ Sacramentum Eucharistiae L Eucharistie gravure de Jean Dughet d apres Nicolas Poussin Au IVe concile de Latran 1215 la presence reelle est pour la premiere fois proclamee Le concile de Vienne 1274 tient et enseigne que dans ce sacrement le pain est vraiment transsubstantifie en corps et le vin en sang de notre Seigneur Jesus Christ Au XIII e siecle Thomas d Aquin precise le dogme dans sa Somme theologique La fete du Corps du Christ ou Saint Sacrement nait a la meme epoque L office en est compose par Thomas d Aquin et alors seulement est generalisee la pratique d elever l hostie et le calice pour les montrer aux fideles Le second concile de Lyon 1274 promulgua une profession de foi de Michel Paleologue empereur de Constantinople ou il est dit entre autres de l Eucharistie que l Eglise tient et enseigne que dans ce sacrement le pain est vraiment transsubstantifie en corps et le vin en sang de notre Seigneur Jesus Christ Une profession de foi analogue fut publiee par le patriarche Jean XI Vekkos de Constantinople et les membres de son synode en1277 Moins d un siecle avant la Reforme protestante en 1439 le concile de Florence distingue dans l Eucharistie entre d une part sa matiere qui est le pain de froment et le vin de la vigne mele a un petit peu d eau et de l autre sa forme consistant dans les paroles du Christ prononcees sur le pain et le vin par un pretre Afin de repondre aux critiques des courants issus de la reforme protestante le Concile de Trente dans sa treizieme session reunie sous Jules III se prononca de maniere dogmatique se voulant definitive sur l Eucharistie Il rappela la doctrine de la transsubstantiation lors de la consecration par un pretre Il recommanda la conservation des especes consacrees apres la messe en vue des malades et du culte et de la veneration du tres saint sacrement Il ordonna que personne ayant conscience d un peche mortel ne communie sans s etre confesse au prealable a un pretre Doctrine catholique Article detaille Recit de l institution Le Catechisme de l Eglise catholique presente l Eucharistie a partir de la citation suivante du concile Vatican II Notre Sauveur a la derniere Cene la nuit ou il etait livre institua le sacrifice eucharistique de son corps et de son sang pour perpetuer le sacrifice de la croix au long des siecles jusqu a ce qu il vienne et pour confier a l Eglise son epouse bien aimee le memorial de sa mort et de sa resurrection sacrement de l amour signe de l unite lien de la charite banquet pascal dans lequel le Christ est recu en nourriture l ame est comblee de graces et le gage de la gloire future nous est donnee Sacrosanctum Concilium 47 Il precise d elle par ailleurs citant toujours le concile En elle se trouve le sommet a la fois de l action par laquelle dans le Christ Dieu sanctifie le monde et celui du culte qu en l Esprit Saint les hommes rendent au Christ et par Lui au Pere Lumen gentium 11 Il ajoute plus loin que le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la croix Hebreux 7 25 27 demeure toujours actuel Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre Paque a ete immole se celebre sur l autel l œuvre de notre redemption s opere Lumen gentium 3 Transsubstantiation et presence reelle Joachim II inaugure la communion sous les deux especes gravure de Bernhard Rode 1783 Articles detailles Transsubstantiation Presence reelle et Substance philosophie Au XVI e siecle le concile de Trente affirme le dogme de la transsubstantiation associe a l aspect sacrificiel de l Eucharistie Le pain et le vin se transforment et cette transformation concerne la totalite de la substance rien ne subsiste que les apparences les especes du pain et du vin La presence du Christ est reelle et substantielle dans l hostie qui devient veritablement son corps lors de la consecration La messe repete actualise le sacrifice du Christ et l offre a Dieu Les catholiques et les orthodoxes professent cette presence reelle du Christ en son corps et son sang sous les especes du pain et du vin Au moment de la Reforme protestante le caractere sacrificiel de la messe est rejete par plusieurs theologiens tandis que d autres comme Laurentius Petri Suede et Thomas Cranmer Angleterre le conservent Consubstantiation Articles detailles Lutheranisme Consubstantiation et Confession d Augsbourg Comparaison entre lutheriens et calvinistes Hongrie XVII e siecle Les lutheriens ont garde l essentiel de la liturgie catholique mais ont redefini le dogme Ils parlent de consubstantiation simultanement a la substance du pain et du vin consacres coexiste la substance du corps du Christ et de son sang en une sorte de double substance D autre part les especes ne deviennent le corps et le sang du Christ que sous l action de la Parole de Dieu qui est indispensable au sacrement apres la messe les especes consacrees redeviennent du pain et du vin ordinaires car le lutheranisme ne reprend pas la notion de reserve eucharistique du catholicisme Enfin Luther et Melanchthon refutent l idee du sacrifice propitiatoire inherent a l Eucharistie ils opposent le sacrement œuvre de Dieu offerte a l etre humain et le sacrifice œuvre humaine offerte a Dieu L Eucharistie est pour eux une action de grace envers Dieu un temoignage de reconnaissance autrement dit un acte de louange et non pas un sacrifice destine a obtenir la faveur de Dieu Presence spirituelle Articles detailles Calvinisme Presence pneumatique et Consensus Tigurinus Les reformes estiment avec Calvin que la notion de presence corporelle constitue une grande erreur de l Eglise catholique une confusion grave entre le signe et la chose signifiee qui trahit un manque de foi Parce que l on ne croyait plus au miracle de la foi saisissant le Christ et la realite spirituelle on a voulu le faire descendre dans les elements de la sainte Cene de facon magique et materielle On a cherche a toucher le Christ ne pouvant monter au Ciel pour l atteindre On s est arrete a l element corruptible on en a fait une idole Calvin affirme comme les catholiques et les lutheriens l union reelle et substantielle du croyant avec le Christ lors de la Cene mais en termes de presence pneumatique le Christ est veritablement present mais de maniere spirituelle et non pas materielle Les especes sont de simples representations du corps et du sang du Christ elles sont uniquement des signes que Dieu utilise pour atteindre le croyant pour lui faire percevoir sentir la presence du Christ Le pain et le vin ne subissent ni transformation ni consubstantiation ni transsubstantiation Cette presence a la fois immaterielle et reelle est due a l Esprit et a lui seul car c est lui qui nous met en communion avec le Seigneur et Sauveur et qui nous fait participer a sa grace Pendant que l officiant donne le pain et le vin Dieu donne au croyant ce qu ils representent Le pain et le vin ne deviennent pas corps et sang du Christ mais en recevant le pain nous recevons le Christ De maniere plus radicale Ulrich Zwingli et aujourd hui une large partie des evangeliques considerent que le sacrifice du Christ a eu lieu une fois pour toutes et que l Eucharistie n en est que le memorial La Cene est donc une action de grace d ou est absente toute notion de sacrifice La presence du Christ n est pas corporelle mais uniquement spirituelle dans les especes qui ne font que la symboliser Par consequent la phrase Ceci est mon corps doit etre entendue comme Ceci signifie mon corps Les Eglises heritieres de la Reforme protestante affirment generalement l historicite de leur position en s appuyant sur Beranger de Tours ou Ratramne de Corbie Eucharistie et œcumenismeDans toutes les confessions chretiennes on percoit mieux aujourd hui le lien avec les traditions juives de reconnaissance envers les œuvres de Dieu et particulierement dans les benedictions pendant le repas notamment celle du Chabbat pain et vin Cette origine commune et d intenses discussions theologiques ont permis de remettre en perspective les pratiques de chacun Un document essentiel fut publie en 1982 par la commission theologique du Conseil œcumenique des Eglises Le document s intitule Bapteme Eucharistie ministere Catholicisme et orthodoxie Exposition du Saint Sacrement a la cathedrale Notre Dame de Strasbourg lors de la Fete Dieu le 2 juin 2013 Catholiques et orthodoxes partagent la meme doctrine au sujet de l Eucharistie et reconnaissent mutuellement la validite de sa celebration dans l une et l autre Eglise Il y a des differences dans la liturgie communion sous une ou sous deux especes etc et dans les formes de devotion processions du Saint Sacrement pratique courante dans le catholicisme non dans l orthodoxie ainsi que dans le vocabulaire les catholiques parlent plutot de sacrement les orthodoxes de mystere L intercommunion est possible dans les cas de necessite exprimes dans le canon 844 du code de droit canonique de l Eglise catholique Reforme De meme chez les protestants et malgre des divergences secondaires les reformes et les lutheriens sont en Europe du moins en pleine communion et partagent sans probleme l Eucharistie et leurs pasteurs En revanche le desaccord est profond entre les catholiques et orthodoxes d une part et les protestants d autre part et les termes utilises n ont pas toujours la meme signification Les points de desaccord La question de la presence reelle et de la transsubstantiation demeure un point d achoppement qui rend inconcevable pour l Eglise catholique l intercommunion entre protestants d une part et catholiques et orthodoxes de l autre Meme si la recherche actuelle permet d envisager de nouvelles manieres de rendre compte d un mystere on bute sur des difficultes quasi insurmontables en raison des formulations medievales heritieres de la metaphysique classique Dans plusieurs pays les divergences n empechent pas des actions communes ainsi que des prieres communes sans celebration du sacrement de l Eucharistie La semaine de l unite en janvier permet chaque annee des echanges de chaire entre communautes des moments de priere en commun et des rapprochements La problematique reside dans l interpretation du terme grec estin il est du verbe etre utilise par Jesus en Matthieu 26 26 28 dont le theologien benedictin Jacques Dupont considere que le moyen le plus naturel de traduire serait Ceci signifie mon corps ou Ceci represente mon corps Il indique Par la communion aux especes sacramentelles les disciples deviennent participants de l Alliance que le Christ realise par le sacrifice de son corps et de son sang sur la croix Cette efficacite de la communion se comprend mal si l on ne recoit qu un simple signe fictif du corps livre a la mort et du sang verse sur la croix Un symbole ne suffit pas il est essentiel que ce soit la victime elle meme sa chair et son sang De plus des divergences au sujet du sacerdoce sacerdoce ministeriel reserve aux hommes ou non qui doivent etre pretres ordonnes ou non et de l organisation ecclesiastique succession apostolique elargissent le fosse sur la question de la presidence du sacrement Notes et referencesPrononciation en francais de France standardise retranscrite selon la norme API Ecole Biblique de Jerusalem Dictionnaire Jesus Paris Laffont 2021 p 323 Document Bapteme Eucharistie Ministere sur Conseil œcumenique des Eglises 15 janvier 1982 consulte le 4 septembre 2023 Daniel Marguerat Les Actes des apotres 1 12 Labor et Fides 2007 ISBN 978 2830912296 p 104 a et b Paula Fredriksen De Jesus aux Christs ed du Cerf 1992 p 176 Etienne Nodet et Justin Taylor Essai sur les origines du christianisme la secte eclatee Paris Cerf coll Initiations bibliques 1998 429 p ISBN 2 204 05819 X cite par Francois Blanchetiere Enquete sur les racines juives du mouvement chretien Paris Cerf 2001 p 80 Simon Claude Mimouni Le Judaisme ancien du VI e siecle avant notre ere au III e siecle de notre ere Des pretres aux rabbins PUF Nouvelle Clio 2012 p 241 1Co 11 20 21 1Co 11 23 25 Traduction Louis Segond 1910 Mt 26 26 29 Mc 14 22 25 Lc 22 19 20 en Eucharist sur Encyclopaedia Britannica consulte le 10 juin 2016 en Philip W Comfort et Walter A Elwell Tyndale Bible Dictionary 2001 1336 p ISBN 0 8423 7089 7 en F L Cross et E A Livingstone Oxford Dictionary of the 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Sacramentum 92 2004 Pierre Marie Gy Le vin rouge est il preferable pour l Eucharistie dans Liturgia et Unitas Etudes liturgiques et œcumeniques sur l Eucharistie et la vie liturgique en Suisse In honorem Bruno Burki Ed par M Klockener A Join Lambert Fribourg Geneve 2001 p 178 184 Yves Mailloux Petite histoire du vin de messe dans Huffpost le 15 septembre 2016 Dictionnaire encyclopedique du christianisme Ancien Vol I Paris Cerf 1990 p 895 896 Dictionnaire Encyclopedique du Christianisme Ancien Paris Cerf 1990 p 896 Dictionnaire Encyclopedique du Christianisme Ancien Paris Cerf 1990 p 897 Dictionnaire Encyclopedique du Christianisme Ancien Paris Cerf 1990 p 987 Dominique Poirel article Eucharistie du Dictionnaire du Moyen Age Paris PUF 2002 Hildebert aurait ete le premier a utiliser ce terme Cf Oxford Dictionary of the Christian Church Oxford University Press 2005 ISBN 978 0 19 280290 3 H Denzinger Symboles et definitions de la foi catholique Paris Cerf 1996 n 689 et 690 a et b Denzinger 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qu elle est pour eux une raison de vie nouvelle en W P Stephens The Theology of Huldrych Zwingli Oxford Clarendon Press 1986 ISBN 0 19 826677 4 p 218 sq Guillaume Bourin La doctrine reformee de la Cene est elle apparue au XVI e siecle sur leboncombat fr 29 mai 2014 consulte le 5 septembre 2014 Bapteme Eucharistie Ministere document de Foi et constitution no 111 texte de Lima 15 janvier 1982 http www sacrosanctum concilium org textes dc 1971 629 629 php Par exemple les categories de signes et symboles cf Arnaud Join Lambert Celebrer les sacrements action et langage prophetique in Precis de theologie pratique Ed Gilles Routhier Marcel Viau Bruxelles Quebec Paris 2e ed augmentee 2007 collection Theologies pratiques p 551 562 Nouvelle Revue theologique vol 80 decembre 1958 Louvain p 1037 Jacques DUPONT o s b Ceci est mon corps Ceci est mon sang en Nouvelle Revue theologique vol 80 decembre 1958 Louvain p 1037 1038 AnnexesSur les autres projets Wikimedia Eucharistie sur le WiktionnaireDictionnaire de theologie catholique sur l Eucharistie sur Wikisource Bibliographie Roger Beraudy Sacrifice et Eucharistie La dimension anthropologique du sacrifice dans la celebration de l Eucharistie editions du Cerf 1997 Boris Bobrinskoy Eucharistie et mission de l Eglise Revue des Sciences Religieuses t 75 no 1 2001 p 27 32 lire en ligne Louis Bouyer Eucharistie 1966 Bernard Cottret Naissance et affirmation de la Reforme Paris PUF Nouvelle Clio 2012 Collaboration Jean Delumeau Thierry Wanegffelen Felicia Dumas Fonctions liturgiques et symboliques du vin dans l orthodoxie Revue theologique de Louvain vol 39ᵉ annee no 3 2008 p 394 409 lire en ligne Andre Gounelle La Cene sacrement de la division Paris Les Bergers et les Mages 1996 Andre Haquin Variations sur l eucharistie Une encyclopedie recente sur le sacrement de la Paque Revue theologique de Louvain vol 34ᵉ annee no 4 2003 p 505 513 lire en ligne Arnaud Join Lambert Guide pour comprendre la messe 250 p Paris Mame 2002 Ghislain Lafont Eucharistie Le repas et la parole Paris 2001 en Eugene LaVerdiere s s s The Eucharist in the New Testament and the Early Church The Liturgical Press 1996 ISBN 978 0814661529 Enrico Mazza L Action eucharistique Origine developpement interpretation Paris Cerf 1999 collection Liturgie 10 Philippe Henri Menoud Les Actes des Apotres et l Eucharistie Revue d histoire et de philosophie religieuses vol 33e annee no 1 1953 p 21 36 lire en ligne Alexandre Schmemann L Eucharistie sacrement du Royaume Paris YMCA Press O E I L 1985 reed YMCA Press F X de Guibert 2008 Max Thurian Le Mystere de l Eucharistie Une approche œcumenique Paris 1981 collection Foi chretienne Xavier Tilliette Philosophies eucharistiques de Descartes a Blondel Cerf 180 p 2006 prix Humboldt 2006 prix Victor Delbos 2006 ISBN 2 204 08079 9 Maurice Vloberg L Eucharistie dans l art 2 vol tome 1 ill 142 p tome 2 ill 317p Arthaud 1946 en Lee Palmer Wandel The Eucharist in the Reformation Cambridge University Press 2006 ISBN 9780521856799 Eucharistia Encyclopedie de l Eucharistie sous la dir de Maurice Brouard Cerf 2002 Articles connexes Recit de l institution Cene Especes eucharistiques Impanation Presence reelle Communion Saint Calice L Institution de l Eucharistie de Juste de Gand iconographie Miracle eucharistiqueLiens externes Notices d autorite LCCN Israel Andre Gounelle L ecclesiologie dans le protestantisme chapitre 15 La Cene Instruction Redemptionis Sacramentum Congregation pour le Culte divin 2004 Bapteme Eucharistie Ministere document de foi et constitution no 111 texte de Lima 15 janvier 1982 du Conseil œcumenique des Eglises Portail du christianisme Portail du catholicisme