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Rhétorique

La rhétorique est l'art de l'action du discours sur les esprits. Le mot provient du latin rhetorica, emprunté au grec ancien ῥητορικὴ τέχνη / rhêtorikê tékhnê, « technique, art oratoire ». Plus précisément, selon Ruth Amossy : « telle qu’elle a été élaborée par la culture de la Grèce antique, la rhétorique peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique oratoire ».

La rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre), la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace), l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style), l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.) et la memoria (procédés pour mémoriser le discours). La rhétorique a ensuite concerné la communication écrite et a désigné un ensemble de règles (formes fixes) destinées au discours. Au XXe siècle, la linguistique et l’analyse des textes littéraires ont relancé l’intérêt pour la rhétorique.
Au-delà de cette définition générale, la rhétorique a connu au cours de son histoire une tension entre deux conceptions antagonistes, la rhétorique comme art de la persuasion et la rhétorique comme art de l'éloquence. La rhétorique grecque, telle qu'elle fut pratiquée par les sophistes et codifiée par Aristote, se préoccupait principalement de persuader. Dans l'Antiquité romaine se fait jour une nouvelle conception de la rhétorique comme art de bien dire, « bene dicendi scientia » selon les mots de l'orateur romain Quintilien. À l'époque classique, la rhétorique s'étend à l'étude des textes écrits, et notamment aux textes littéraires et dramatiques, la conception romaine de la rhétorique l'emporte progressivement sur la conception grecque. La rhétorique s'est ainsi progressivement restreinte à la stylistique, c'est-à-dire à un inventaire de figures relevant des ornements du discours. Il en résulte une conception de la parole rhétorique qui se distingue de l'argumentation et de la dialectique par l'usage d'effets pathétiques et éthiques du discours sur le public. Contre cette évolution, l'école rhétorique contemporaine de Chaïm Perelman renoue avec la rhétorique grecque en proposant une « nouvelle rhétorique » qui est une théorie de l'argumentation.
Définition
La rhétorique correspond à l'art de la persuasion. L'expression a été fondée par Aristote, puis elle fut qualifiée de « manipulation de l'auditoire » par Platon. Plus précisément, la rhétorique est l'art de bien parler, de la faculté dans un discours d'exposer ses arguments afin de convaincre un auditoire.
Problématiques de la rhétorique
Polémiques autour d'une définition
Marc Fumaroli comme Joëlle Gardes-Tamine ont étudié les conceptions de la rhétorique au cours des siècles et relèvent que celles-ci peuvent se rattacher à deux traditions philosophiques :
- la définition d'origine sophistique, selon laquelle la rhétorique doit persuader. Bien que propagée par les sophistes comme Gorgias, il s'agit de la conception héritée d'Aristote qui la définit comme « la faculté de considérer, pour chaque question, ce qui peut être propre à persuader » ;
- la définition d'origine stoïcienne qui pose qu'elle est l'art de bien discourir. Elle requiert une bonne moralité et se rapproche en cela d'une représentation de la sagesse. Ses représentants sont Quintilien et Cicéron.
Cette double tradition a conduit les auteurs, au cours des siècles, à multiplier les définitions de l'art rhétorique. « Méta-langage (dont le langage-objet fut le « discours ») qui a régné en Occident du Ve siècle av. J.-C. au XIXe siècle apr. J.-C. » pour Roland Barthes, la rhétorique est pour Arthur Schopenhauer ou John Stuart Mill la technique du discours public, alors que, pour Antelme Édouard Chaignet, dans La Rhétorique et son histoire (1888), elle consiste à « persuader et convaincre », deux buts qui lui sont associés systématiquement dans la conscience populaire et même dans l'enseignement du français. Pour le philosophe anglais Francis Bacon, elle est « l'art d'appliquer la raison à l'imagination pour mieux mouvoir la volonté », alors que, pour l'Américain Richard Weaver, elle est « un art de l'emphase ».
En dépit de toutes ces définitions, parfois nettement divergentes, l'expression d'« art rhétorique » renvoie avant tout, et historiquement, au « système rhétorique », c'est-à-dire l'ensemble des techniques pour structurer son discours, en vue de convaincre ou persuader l'auditeur. Partant de là, selon Michel Meyer, il existe trois définitions historiques concurrentes de la rhétorique :
- la rhétorique est une manipulation centrée sur l'auditoire (cette idée prévaut chez Platon qui y voit, pour une part, un mouvement verbal fallacieux. Mais d'autre part, Platon appréhende la rhétorique sous un jour positif lorsque celle-ci est au service du discours philosophique. Il s'agit alors de distinguer, conformément à la méthode dialectique, entre une mauvaise rhétorique faisant abstraction du bien, du juste et du vrai, et une bonne rhétorique ordonnée à la saisie du bien) ;
- la rhétorique est l'art de bien parler (suivant la formule latine de Quintilien, la rhétorique est un « ars bene dicendi » (un « art du bien dit »), notion qui renvoie à celle d'éloquence ;
- la rhétorique est le fait d'un orateur ; en ce sens, elle est l'exposé d'arguments ou de discours qui doivent persuader l'auditoire au sein d'un cadre social et éthique. Selon Michel Meyer, l'humanisme incarne cette définition.
Michel Meyer parle par ailleurs, dans son Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours, de véritable « casse-tête » quant à donner une définition acceptable de la rhétorique ; il ajoute : « on peut tirer la rhétorique de tous les côtés, mais ça sera aux dépens de son unité, si ce n'est par réduction et extension arbitraires qui se verront de toute façon opposées par une autre ». Le spécialiste et universitaire Jean-Jacques Robrieux souhaite quant à lui mettre un terme au débat, dans Éléments de rhétorique, en expliquant qu'on peut : « essayer de résumer très simplement : la rhétorique est l'art de s'exprimer et de persuader ». Enfin, Michel Meyer ajoute que « la rhétorique lisse et arrondit les problèmes, qui s'estompent du même coup sous l'effet du discours éloquent », se focalisant alors sur la portée utile de la discipline oratoire, qui reste un assemblage de techniques prévalant dans une situation de communication socialement cadrée.
Les recherches contemporaines ont disséqué la rhétorique et les interprétations se sont multipliées. En dépit de cela, remarque Michel Meyer, la rhétorique est demeurée cohérente avec ses fondements. En effet, « L'unité est une exigence interne de la rhétorique » selon cet auteur, autrement dit, il existe un « noyau technique » irréductible au sein de la discipline, en dépit d'applications très différentes les unes des autres. Il existe ainsi une rhétorique judiciaire, une autre politique, une troisième scolaire, etc. Cette logique interne à la discipline concerne en effet à la fois le droit, la littérature, la vente, la publicité, le discours religieux comme politique et bien sûr le parler quotidien. Ainsi pour les Grecs, la rhétorique est « la discipline de la parole en action, de la parole agissante ».
Une définition globale de l'art rhétorique doit donc prendre en considération l'acte de communication et la dimension proprement personnelle de celui-ci :
« La rhétorique est la discipline qui situe [les problèmes philosophiques, comme scientifiques] dans le contexte humain, et plus précisément inter-subjectif, là où les individus communiquent et s'affrontent à propos [des] problèmes qui en sont les enjeux ; là où se jouent leurs liaison et leur déliaison ; là où il faut plaire et manipuler, où l'on se laisse séduire et surtout, où l'on s'efforce d'y croire. »
Trois notions centrales : le logos, le pathos et l'êthos
La rhétorique utilise, dès ses fondements, trois notions centrales dans la pensée grecque et latine, que résume Cicéron lorsqu'il dit que la rhétorique consiste à « prouver la vérité de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des auditeurs, éveiller en eux toutes les émotions qui sont utiles à la cause ».
Michel Meyer les nomme les « instances oratoires », dont les relations déterminent les genres rhétoriques ou « institutions oratoires » (juridique, politique, littéraire ou économico-publicitaire principalement).
- Tout d'abord, la rhétorique est un discours rationnel, ce que traduit le grec λόγος / lógos. L'argument permet ainsi, par la logique, de convaincre l'auditoire. Mais le logos désigne à la fois la « raison » et le « verbe » (la parole). Selon Joëlle Gardes-Tamine en effet, dès les débuts grecs, les deux conceptions ont existé. La conception d'une rhétorique comme discours rationnel fut promue par le philosophe Socrate alors que celle d'un art (praxis) avant tout lié à la parole fut prônée par l'orateur Isocrate.
- Cependant, il existe aussi une relation émotionnelle, que véhicule la notion de πάθος / pathos. L'auditoire doit être séduit ou charmé ; la raison n'est ainsi pas le seul but de la rhétorique. Selon Michel Meyer, le pathos comporte trois éléments passionnels : la question choc, le plaisir ou le déplaisir qu'elle occasionne et la modalité sous forme de jugement qu'elle engendre comme l'amour et la haine par exemple.
- L'ἦθος / êthos, enfin, est la dimension de l'orateur, ses vertus et ses mœurs exemplaires, même si c'est avant tout une image que donne l'orateur de lui-même. Cette notion est davantage romaine, mise en avant par Cicéron notamment, alors que le pathos et le logos sont des acquis grecs. Pour Aristote, en effet, le logos est premier, a contrario de Platon pour qui « le pathos, et non la vérité, commande le jeu de langage », la raison étant l'apanage de la philosophie, discipline maîtresse pour Platon.
La linguistique et la sémiotique modernes fonderont leur discours épistémologique sur la reprise de ces trois pôles de la rhétorique classique. Roland Barthes liait ainsi l'êthos à l'émetteur, le pathos au récepteur et le logos au message. Néanmoins, l'histoire de la rhétorique peut aussi se voir comme, à certaines périodes, une focalisation particulière sur l'une ou l'autre de ces notions.
Évolution de la définition : linguistique et rhétorique
Cette triple conception de l'art rhétorique a ainsi parcouru toute l'histoire de la rhétorique, l'une ou l'autre des notions prenant le pas sur les autres, et, par extension, déterminant tout un art oratoire d'une zone géographique ou d'une période données. Ce phénomène fut largement le moteur de la dispersion de la rhétorique comme discipline, qui culmina en 1890, en France, avec sa disparition au programme des bacheliers.
Les conceptions modernes, qui ont vu le jour au XXe siècle grâce aux travaux des linguistes comme Ferdinand de Saussure, John Searle, le Groupe µ ou Roman Jakobson parmi les plus importants, vont ainsi redécouvrir l'art oratoire. Les notions de logos, de pathos et d'êthos sont réinterprétées à la lumière de la sociolinguistique notamment, discipline qui examine l'usage du langage au sein des groupes humains. Des concepts comme ceux d'argumentation ou de négociation permettent ainsi de dépasser les imperfections des définitions classiques pour aboutir, selon les mots de Michel Meyer, à une conception selon laquelle « la rhétorique est la négociation de la différence entre des individus sur une question donnée », définition qui influence profondément les modèles communicationnels actuels. Michel Meyer nomme ces théories modernes foisonnantes de propositions « les rhétoriques ». Cependant, tout au long du XXe siècle, « la rhétorique a été réduite à ce qu'elle a de plus linguistique, c'est-à-dire la théorie des figures », au mépris du discours en lui-même et de sa dimension relationnelle et sociale. Elle ne fut dès lors comprise et étudiée qu'à travers le prisme de la grammaire ou de la stylistique. Ce n'est que récemment qu'elle fut redécouverte comme discipline autonome ayant sa propre épistémologie.
La redécouverte de la rhétorique, par les intellectuels comme Kenneth Burke mais aussi par les professionnels de la communication (publicité, médias, politique, etc.), permit de redécouvrir les textes classiques et toute la richesse et les techniques de cet art oratoire. Pour Jean-Jacques Robrieux, la « société du savoir » et de la communication y est pour beaucoup, le locuteur du XXe siècle a en effet « un besoin d'expression [et] de décoder des messages de plus en plus complexes ».
Les termes « rhétorique » ou « sophistique » (qui lui est souvent, par méconnaissance, associé) sont souvent utilisés de nos jours avec un sens péjoratif, quand le locuteur souhaite opposer les paroles creuses à l'action, ou séparer l'information de la désinformation, de la propagande, ou encore pour qualifier des formes douteuses de discours pseudo-argumentatif. Il est ainsi courant d'entendre que tel politicien « fait de la rhétorique ». Michel Meyer résume ainsi la représentation de la discipline dans l'esprit commun : « Le sophiste est l'antithèse du philosophe comme la rhétorique est le contraire de la pensée juste ». Jean-Jacques Robrieux explique, lui, que l'usage du terme est souvent en usage pour « dévaloriser des modes d'expressions affectés, ampoulés ou artificiels ». La rhétorique est ainsi vue traditionnellement comme l'apanage de la démagogie, du discours politique, de la publicité ou du marketing.
Rhétorique et argumentation
La confusion entre la rhétorique comme art de l'éloquence, mise en œuvre de techniques de séduction au moyen du langage, et l'argumentation comme déroulement d'un raisonnement existe depuis les débuts de la discipline. Souvent confondue avec la dialectique, l'argumentation met « en œuvre un raisonnement dans une situation de communication » selon Philippe Breton. La dialectique (étymologiquement, l'« art de la discussion »), ancien terme pour désigner le champ argumentatif, était en effet subordonnée à la rhétorique. Le philosophe grec de l'Antiquité Zénon d'Élée comparait ainsi la dialectique, technique du dialogue, à un « poing fermé » alors que la rhétorique lui paraissait semblable à une « main ouverte ». L'orateur romain Cicéron explique ainsi que « l'argumentation devra s'élever en proportion de la grandeur du sujet ». Pourtant, les différences tant théoriques que d'usages sont nombreuses.
Pour Michel Meyer, la différence principale tient au fait que « la rhétorique aborde la question par le biais de la réponse, présentant [la question] comme disparue, donc résolue, tandis que l'argumentation part de la question même, qu'elle explicite pour arriver à ce qui résout la différence, le différend, entre les individus ». La publicité est à ce sujet éclairante : il s'agit, par la rhétorique, de plaire sans forcément démontrer le bien-fondé d'un produit, alors que le milieu juridique, au tribunal, lui, use d'argumentation pour « manifester la vérité ». Une autre différence notable tient aux buts des deux disciplines. Si l'argumentation recherche la vérité (dans la démonstration mathématique par exemple), la rhétorique cherche avant tout le vraisemblable. Aristote explique en effet le premier que « le propre de la rhétorique, c'est de reconnaître ce qui est probable et ce qui n'a que l'apparence de la probabilité ». De là vient l'image quelque peu péjorative, synonyme de « discours fallacieux », que véhicule l'art rhétorique depuis ses débuts, notamment au sein de la sphère politique. Or, l'art oratoire ne s'occupe que de l'opinion (doxa) selon Joëlle Gardes-Tamine.
Histoire de la rhétorique
Préambule à l'histoire de la rhétorique
Une double histoire de la rhétorique
La rhétorique, qualifiée par Roland Barthes de « métalangage » (discours sur le discours), a comporté plusieurs pratiques présentes successivement ou simultanément selon les époques. La rhétorique n’a jamais été abandonnée tout au long de l’histoire car les besoins de convaincre et persuader ont toujours existé au sein de groupes sociaux. Mais, selon les époques, elle a eu des statuts bien différents. En schématisant fortement son évolution, on peut dire qu’elle a constamment oscillé entre une conception sociale et pratique et une conception formaliste. La rhétorique comme système autonome a périclité au XIXe siècle, avant de renaître, de manière spectaculaire, au XXe siècle. L'histoire de la rhétorique peut se lire suivant deux voies :
- une histoire de sa conception sociale, qui est celle qui mise principalement sur le discours en public et la controverse (philosophique et politique surtout). Cette conception de la rhétorique a surtout été défendue durant l'Antiquité par les stoïciens grecs, comme Démosthène, puis les romains Cicéron et Quintilien en particulier ;
- une histoire à l'approche formaliste se focalise, elle, sur les techniques discursives, et notamment sur celles qu'étudiait l'élocution [sens ?], à travers des auteurs comme Ramus, Dumarsais, Pierre Fontanier, ou, au XXe siècle Gérard Genette et le Groupe µ.
Dès la basse Antiquité, en effet, à la suite de la disparition de la cité antique, la fonction politique de la rhétorique s'est perdue : l’éloquence perd son statut d'instrument politique pour devenir simple fin recherchée en elle-même. De pratique, la rhétorique devient un art pour l'art. La rhétorique se réduit alors à l'étude des ornements relevant de lelocutio et en premier lieu les figures de style. C'est pourquoi l'approche sociale de la rhétorique tend à maintenir intacte l'opposition entre rhétorique et poétique, alors que la seconde approche, l'approche formaliste, à l'abolir, voyant dans les deux disciplines une étude des structures des textes et discours. Pour Gérard Genette la rhétorique n'a eu de cesse d'être dépouillée de ses éléments constitutifs ; il parle en effet d'une « rhétorique restreinte » concernant la discipline actuelle, une rhétorique se focalisant d'abord sur l'élocution puis aux tropes.
On peut constater parallèlement que peu à peu chacune des parties du grand édifice conceptuel qu’elle constituait a pris son indépendance, tant dans le domaine des disciplines théoriques que dans celui des disciplines pratiques. Les moyens expressifs comme les figures de style sont ainsi l'objet d'une discipline autonome, la stylistique. D'un autre côté, l'étude des mécanismes de démonstration a débouché sur la logique formelle. L'art mnémotechnique est devenu autonome et s'est séparé de la rhétorique également. La linguistique ou la pragmatique se sont littéralement emparées du système rhétorique enfin.
Une discipline d'origine essentiellement européenne
La rhétorique est un héritage gréco-romain qui ne peut être transposé que difficilement dans les autres cultures et civilisations. Cependant, des études ethnologiques et historiques ont montré que des arts oratoires, sans pour autant présenter une complexité de classification similaire à celle des Grecs et des Romains, se sont développés dans les différentes aires de civilisation. François Jullien a ainsi montré dans Le détour et l'accès. Stratégies du sens en Chine, en Grèce qu'il existait dans l'Empire du Milieu un art oratoire fondé également sur la persuasion. Les travaux des anthropologues Ellen E. Facey et de David B. Coplan, concernant les cultures orales d'Afrique et d'Australasie, vont également dans ce sens. La rhétorique concerne également les civilisations proches du monde gréco-romain, comme l'Égypte. David Hutto a en effet montré que la civilisation égyptienne a développé son propre art de persuasion alors qu'Yehoshua Gitay a analysé les modes d'argumentation propres au judaïsme. Dans le monde indien, le « Kavyalankara » ou la science des ornements poétiques qui traverse les poèmes sanskrits connus sous le nom de « kavya » peut s'apparenter à une elocutio, sans toutefois que le système rhétorique soit aussi complexe que celui des Grecs puis des Romains.
Cependant, la rhétorique au sens propre est une discipline de tradition européenne, que le droit et la politique ont notamment exportée de par le monde.
Rhétorique dans l'Antiquité grecque
Polymnie, la muse de la rhétorique
Sur les rapports entre musique et rhétorique, voir :

Polymnie, Πολυμνία, ou Polymnía, « celle qui dit de nombreux hymnes » étymologiquement, est la muse des chants nuptiaux, du deuil, et de la pantomime. Elle personnifie la rhétorique mais aussi la musique. Le rapport à la musique n'est cependant pas totalement incongru. Nombre d'auteurs voient dans l'architecture musicale une transposition savante des principes rhétoriques. Ainsi le professeur de musique canadien Michael Purves-Smith étudie les prologues composés, au XVIIe siècle, par Philippe Quinault et Jean-Baptiste Lully dans leurs tragédies lyriques comme autant d’ouvertures ou d’exordes rhétoriques. Purves-Smith note également les métaphores constantes des musiciens qui comparent ces prologues d'opéra à des vestibules ou à l’entrée d’un édifice. Polymnie est aussi connue sous le nom d'« Eloquentia » mais elle est peu représentée en littérature ou en iconographie. Elle apparaît cependant comme personnage du conte de Charles Perrault, Fées ainsi que dans certains tableaux d'inspiration antique. Elle est couronnée de fleurs, quelquefois de perles et de pierreries, avec des guirlandes autour d'elle, et est toujours habillée de blanc. Sa main droite est en action comme pour haranguer, et elle tient de la main gauche tantôt un sceptre, tantôt un rouleau sur lequel est écrit le mot latin « suadere », signifiant « persuader » ainsi que les noms des deux grands orateurs, Démosthène et Cicéron.
De façon générale, la rhétorique est toujours personnifiée par des femmes.
Un art politique

Dans l'Antiquité la rhétorique s'intéressait à la persuasion dans des contextes publics et politiques, comme les assemblées et les tribunaux. À ce titre, elle s'est développée dans les sociétés ouvertes et démocratiques avec des droits de libre expression, de libre réunion, et des droits politiques pour une partie de la population, c'est-à-dire dans les sociétés tenant de la démocratie athénienne. Les théoriciens de la rhétorique (Anaximène, Aristote, Démétrios, Cicéron, Quintilien, Hermagoras de Temnos, Hermogène, d'autres encore), grecs et latins, ont formalisé la discipline, tant sur le plan pratique que sur le plan théorique et principalement au sein de la sphère politique ou judiciaire.
Dès les origines, la rhétorique a un versant pratique et un versant théorique et philosophique. D’un côté, elle s'est constituée en ensemble de « recettes » se mettant à la disposition de l'orateur ou de l'écrivain, au sein des débats judiciaires ou politiques, ludiques également. Mais, très tôt, elle a mobilisé des questions théoriques de première importance. En effet, elle situe son action dans le monde du « possible » et du « vraisemblable » : « Elle se prononce sur l'opinion, non sur l'être ; elle a sa source dans une théorie de la connaissance qui se fonde sur le vraisemblable (eikos), le plausible et le probable, non sur le vrai (alethes) et la certitude logique. » explique Philippe Roussin. En s'occupant du vaste domaine des sentiments, des opinions, la rhétorique pose des questions comme la crédibilité, le lieu commun ou l'évidence, que la sociologie ou les sciences du discours assumeront par la suite.
La rhétorique en tant que discipline autonome naît vers en Grèce antique lorsque deux tyrans siciliens, Gelon et Hiéron, exproprient et déportent les populations de l'île de Syracuse, pour le peuple de mercenaires à leur solde. Les natifs de Syracuse se soulevèrent démocratiquement et voulurent revenir à l'état antérieur des choses, ce qui aboutit à d'innombrables procès de propriété. Ces procès mobilisèrent de grands jurys devant lesquels il fallait être éloquent. Cette éloquence devint rapidement l'objet d'un enseignement dispensé par Empédocle d'Agrigente, Corax et Tisias (à qui est attribué le premier manuel), enseignement qui se transmit ensuite en Attique par les commerçants qui plaidaient conjointement à Syracuse et à Athènes.
Les sophistes
La rhétorique fut ensuite rendue populaire au Ve siècle av. J.-C. par les sophistes, rhéteurs itinérants qui donnaient des cours de rhétorique. L'objet central de leur préoccupation était l'éthos et le pathos, ils laissaient de côté le logos car pour eux la fonction du langage est de persuader et non pas d'expliquer. La réputation de manipulateurs, qui date des actes des sophistes, a été propagée par Platon, à tel point que l'historien Jacob Burckhardt a qualifié de « monstrueuse aberration » la rhétorique de l'Antiquité.
Ils définissent les parties du discours, analysent la poésie, distinguent les synonymes, inventent des stratégies d'argumentation. Leur but est en effet avant tout pratique : permettre de comprendre les types de discours et les modes d'expression les plus à même de convaincre leur auditoire et d'accéder aux plus hautes places dans la cité. « Les Sophistes s'adressent à quiconque veut acquérir la supériorité requise pour triompher dans l'arène politique » explique Henri-Irénée Marrou, dans Histoire de l'éducation dans l'Antiquité. Les sophistes sont en effet des enseignants réputés qui ont été les premiers à répandre l'art rhétorique.
Les sophistes les plus célèbres furent Protagoras, Gorgias (qui, auprès de Socrate disait pouvoir soutenir n'importe quelle thèse), Prodicos de Céos (l'un des premiers à étudier le langage et la grammaire) et Hippias d'Élis qui prétendait tout savoir. Protagoras est considéré comme le père de l'éristique, l'art de la controverse. Son enseignement repose sur l'idée que sur n'importe quelle question, l'orateur peut soutenir deux thèses contraires, le vrai et le faux étant inutiles pour convaincre. Gorgias était surtout connu pour le travail du style de ses textes épidictiques. Il développe une véritable prose d'art pour remplacer la métrique et la musicalité du vers. Il inaugure quant à lui le genre épidictique. L'enseignement des sophistes enfin est fondé sur quatre méthodes : les lectures publiques de discours, les séances d'improvisation sur n'importe quel thème, la critique des poètes (comme Homère ou Hésiode) et l'éristique (ou art de la discussion).
Platon : la dialectique

C'est contre les sophistes que Platon (428 av. J.-C. - env. 347 av. J.-C.) s'élève en premier lieu. Posant que la vérité doit être l'objet et le but de la rhétorique, il en vient à rapprocher art oratoire et philosophie, à travers la méthode de la dialectique : la raison et la discussion mènent peu à peu à la découverte d'importantes vérités. Platon pensait en effet que les sophistes ne s'intéressaient pas à la vérité, mais seulement à la manière de faire adhérer autrui à leurs idées. Ainsi, il rejetait l'écrit et recherchait la relation verbale directe et personnelle, l'« ad hominatio ». Le mode fondamental du discours est le dialogue entre le maître et l'élève.
Platon oppose ainsi deux rhétoriques :
- la « rhétorique sophistique », mauvaise, qui est constituée par la « logographie », qui consiste à écrire n'importe quel discours et a pour objet la vraisemblance et qui se fonde sur l'illusion ;
- la « rhétorique de droit » ou « rhétorique philosophique », qui constitue pour lui la vraie rhétorique qu'il appelle « psychagogie »,.
Les deux dialogues de Platon concernant précisément la rhétorique sont le Gorgias et le Phèdre. Dans ce dernier dialogue, Socrate explique que la rhétorique use de deux procédés antagonistes : la « division » et le rassemblement.
Toute l'histoire de la rationalité en philosophie est traversée par le débat mis en forme par Platon entre la rhétorique, qui argumente sur des opinions probables et transitoires afin de convaincre, et la philosophie, qui argumente sur des vérités certaines. Toute l'histoire de la philosophie politique également en est le reflet : depuis Platon il y a une politique du vrai, de l'absolu, du dogme, et des politiques du possible, du relatif, du négociable (ce qui était précisément comment les sophistes définissaient la pratique rhétorique, fer de lance, pour eux, de la démocratie délibérative).
Aristote et la logique des valeurs

Aristote (384 av. J.-C. - 322 av. J.-C.) est l'élève de Platon. Il compose trois ouvrages de rhétorique majeurs : la Poétique, la Rhétorique et les Topiques. En matière de rhétorique, il est l'auteur le plus central, tant par son esprit d'analyse que par son influence sur les penseurs successifs. Pour Aristote, la rhétorique est avant tout un art utile, plus précisément, elle est un « moyen d'argumenter, à l'aide de notions communes et d'éléments de preuve rationnels, afin de faire admettre des idées à un auditoire ». Elle a pour fonction de communiquer les idées, en dépit des différences de langage des disciplines. Aristote fonde ainsi la rhétorique comme science oratoire autonome de la philosophie.
Par ailleurs, Aristote va développer le système rhétorique, rassemblant l'ensemble des techniques oratoires. En distinguant trois types d'auditeurs, il distingue ainsi, dans la Rhétorique, trois « genres rhétoriques », chacun trouvant à s'adapter à l'auditeur visé et visant un certain type d'effet social :
- le délibératif qui s'adresse au politique et son objectif est de pousser à la décision et à l'action et qui a pour fin le « bien » ;
- le judiciaire qui s'adresse au juge et vise l'accusation ou la défense et qui a pour fin le « juste » ;
- le démonstratif ou « épidictique » qui fait l'éloge ou le blâme d'une personne et qui a pour fin le « beau » (en termes actuels : la « valeur »).
À chaque discours s'accordent une série de techniques et un temps particulier : le passé pour le discours judiciaire (puisque c'est sur des faits accomplis que portent l'accusation ou la défense), le futur pour le délibératif (l'orateur envisage les enjeux et conséquences futures de la décision objet du débat), enfin le présent essentiellement mais aussi passé et futur pour le démonstratif (il est question des actes passés, présents et des souhaits futurs d'une personne). Le mode de raisonnement varie aussi. Le judiciaire a le syllogisme rhétorique (ou enthymème) comme instrument principal, le délibératif privilégie l'exemple et l'épidictique met en avant l'amplification.
Chaque ouvrage d'Aristote permettra ainsi de rendre une méthodologie rationnelle de l'art oratoire. L'héritage platonicien, en dépit de divergences fondamentales entre les deux philosophes, est ainsi conservé à travers la dialectique. Aristote en définit les règles dans les « livres V » des Topiques et VI des Réfutations sophistiques, de lOrganon. Celles-ci se fondent sur la logique, également codifiée par Aristote. Les Topiques définissent le cadre des possibilités argumentatives entre les parties, c'est-à-dire les lieux rhétoriques. Pour Jean-Jacques Robrieux, « Ainsi est tracée, avec Aristote, la voie d'une rhétorique fondée sur la logique des valeurs ». Par ailleurs, Aristote a surtout permis la « tripartition « êthos, pathos, logos » » selon l'expression de Michel Meyer.
Rhétorique dans l'Antiquité romaine

Les Romains chez lesquels l'art oratoire était devenu une partie importante de la vie publique, tenaient les rhéteurs grecs en si grande estime qu'ils engagèrent certains d'entre eux dans leurs écoles. La rhétorique faisait partie intégrante des « humanités » (« humanitas » en latin) qui promouvaient la réflexion sur l'homme et l'expression écrite et orale. La rhétorique romaine repose donc largement sur des bases grecques bien qu'elle ait préféré une approche pratique à des réflexions théoriques et spéculatives. En réalité, les Romains n'ont rien apporté de nouveau à la pensée grecque. L'orateur Cicéron et le pédagogue Quintilien furent les deux autorités romaines les plus importantes dans l'histoire de la rhétorique. Leurs travaux s'inscrivent toutefois dans la lignée d'Isocrate, de Platon et d'Aristote. Ces trois auteurs, et un quatrième demeuré anonyme, ont marqué la rhétorique romaine.
La Rhétorique à Herennius
Bien que peu connu à l'époque romaine, l'ouvrage La Rhétorique à Herennius (parfois attribué à Cicéron ; son auteur était peut-être un rhéteur latin de l'île de Rhodes, voire un jeune sénateur proche des Populares), qui date des années -86 ou -82, est le premier texte de la rhétorique latine présentant en détail et de manière formelle le système rhétorique. Il est même le premier manuel complet en ce domaine que nous connaissions. Les parties rhétoriques sont examinées, une à une. Les trois styles (« simple », « moyen » et « sublime ») sont également présentés. Il s'agit d'une synthèse des apports d'Aristote, dans un esprit davantage pratique, témoin de l'importance de l'éloquence à Rome, depuis le IIe siècle av. J.-C. La Rhétorique à Herennius fournit un aperçu des débuts de la rhétorique latine et au Moyen Âge et à la Renaissance. En effet, l'ouvrage fut largement publié et utilisé comme un manuel de base de la rhétorique dans les écoles de grammaire.
Cicéron
L'orateur et homme politique romain Cicéron (106-), est, aux côtés de Quintilien, l'expert en rhétorique romain le plus célèbre et le plus influent.
Son œuvre inclut le De inventione oratoria, le De Oratore (un traité complet des principes de la rhétorique sous forme dialoguée), les Topiques (un traité rhétorique des lieux communs dont l'influence fut très grande à la Renaissance), le Brutus (une histoire des orateurs grecs et romains les plus célèbres) et l'Orator ad Brutum enfin qui concerne les qualités que doit avoir l'orateur idéal. Cicéron a laissé un grand nombre de discours et de plaidoiries qui posent les bases de l’éloquence latine pour les générations à venir. Il mit surtout en avant la notion d'êthos ainsi que les valeurs civiques et citoyennes inévitablement à la base de tout discours. Ce fut la redécouverte des discours de Cicéron (comme la Défense d'Archias) et de ses lettres (Lettres à Atticus), mais aussi des œuvres d'Aristote que Cicéron commente, par des érudits et écrivains italiens tels Pétrarque, qui fut à l’origine du mouvement culturel de la Renaissance.
Le style et les principes mis en lumière par Cicéron ont constitué les fondements, avec Aristote et Quintilien surtout, de l'art rhétorique en Europe. Il s'agit selon Roland Barthes d'une véritable tradition qu'il nomme « cicéronienne » et qui influença notamment la démocratie américaine et le droit germano-romain.
Quintilien

La renommée de Quintilien (entre 30 et 35 - v. 100 ap. J.-C.) est très grande depuis l'Antiquité. Il est ainsi connu comme ayant placé la rhétorique comme science fondamentale :
« L'éloquence comme la raison est la vertu de l'homme. »
Sa carrière commença comme plaideur dans un tribunal. Sa réputation grandissait tant que Vespasien créa une chaire de rhétorique pour lui à Rome. Son Institutio oratoria (Les Institutions oratoires), un long traité où il discute de l’entraînement pour être un rhéteur accompli et recense les doctrines et opinions de nombreux grands rhéteurs qui l’ont précédé, a marqué l'histoire de la discipline. Quintilien y montre en effet l’organisation nécessaire des études de rhétorique qu’un futur orateur doit suivre. La première phase de cet enseignement commence ainsi par l'apprentissage du langage qui doit être assuré par des nourrices s'exprimant dans un langage impeccable. La deuxième phase (à partir de 7 ans) repose sur l'apprentissage en classe du « grammaticus » de la lecture, de la découverte de la poésie. L'élève doit aussi réaliser des rédactions, comme raconter des fables. La troisième phase débute vers 14 ans. Il s'agit de découvrir la rhétorique en rédigeant des narrations (panégyriques élémentaires, parallèles et imitations) et des declamationes (ou discours sur des cas hypothétiques). La rédaction de discours dans un cadre pédagogique ou pour s’entraîner se répandit et se popularisa sous le nom de « déclamation ».
Les différentes phases de l’entraînement rhétorique en lui-même étaient au nombre de cinq et furent suivies pendant des siècles, en devenant les parties du système rhétorique :
- Inventio (invention) ;
- Dispositio (disposition, ou structure) ;
- Elocutio (style et figure de style) ;
- Memoria (apprentissage par cœur du discours et art mnémotechnique) ;
- Actio (récitation du discours).
Quintilien tente de décrire non seulement l’art rhétorique mais aussi la formation de l’orateur parfait comme un citoyen politiquement actif et soucieux de la chose publique. Sa mise en avant de l’application de l’entraînement rhétorique dans la vie réelle témoigne d’une nostalgie pour l’époque où la rhétorique était un instrument politique important et en partie une réaction contre la tendance croissante dans les écoles romaines de rhétorique à séparer les exercices scolaires et la pratique juridique réelle.
Rhétorique au Moyen Âge en Europe et dans le monde

Au Moyen Âge européen, la rhétorique est une discipline faisant partie des arts libéraux. Essentiellement orale, elle est dispensée par des professeurs s'opposant aux écoles ecclésiastiques (Abélard par exemple, a marqué cette période). Elle est inscrite, avec la grammaire et la dialectique au programme d'enseignement de base du « trivium » dans les écoles cathédrales et monastiques tout au long de la période :
« En enseignant l'art de comprendre et de se faire comprendre, d'argumenter, de construire, d'écrire et de parler, la rhétorique permettait d'évoluer avec aisance dans la société et de dominer par la parole. C'est à son école que se formaient les hauts fonctionnaires, les magistrats, les officiers, les diplomates, les dignitaires de l'église, en un mot, les cadres. La rhétorique assurait une formation libérale, c'est-à-dire une formation professionnelle à long terme. »
— Michel Meyer, La Rhétorique
Elle est ainsi surtout utilisée par les clercs pour l'élaboration des sermons et des prêches et nécessite une bonne connaissance du latin et des auteurs antiques, qu'il s'agit d'imiter. La rhétorique est néanmoins peu utilisée jusqu'à la Renaissance, où la poétique la fera ressusciter. Les érudits lui préfèrent en effet la grammaire, où s'illustrent Aelius Donatus au IVe siècle et Priscien, ou la logique qui « absorbe l'essentiel des sciences du langage » de l'époque.
Dans le monde arabo-musulman, le philosophe Farabi a écrit des traités de rhétorique de tradition aristotélicienne. La rhétorique ou ‘ilm al-balagha (« science de l'éloquence », de tradition essentiellement arabe mais aussi perse) se fonde essentiellement sur l'œuvre d'Al-Jahiz et le commentaire coranique d'Al-Farra'. La Balagha est elle plus particulièrement la rhétorique restreinte aux figures. Elle se fonde sur la pureté du langage (fasaha ou « éloquence »), dans le choix des mots, dans la correction morphologique et enfin dans la clarté de la syntaxe.
Rhétorique à la Renaissance et jusqu'au XVIIe siècle
Réhabilitation de l'art oratoire antique

Professeur de rhétorique à l’Université de Padoue
Giambattista Tiepolo, vers 1743
Pinacoteca dell’Accademia dei Concordi, Rovigo
À la Renaissance, c'est la dialectique, l'un des sept « arts majeurs », qui prend le pas sur la rhétorique. L'argumentation naît ainsi comme discipline autonome. « Antistrophe » de la rhétorique selon Aristote, l'argumentation va influencer la naissance également de la grammaire. Néanmoins, dès le XIVe siècle, la rhétorique va prendre une place considérable dans le savoir religieux, « jou[ant] un rôle dans tous les domaines liés de près ou de loin au sacré ». Les parties de l'« elocutio » et de l'« inventio » se détachent de la rhétorique ; la première se verra affiliée à la théologie alors que la seconde donnera naissance à la poétique.
Une des figures centrales dans la renaissance de la rhétorique classique fut Érasme (1466 ap. J.-C. - 1536 ap. J.-C.). Son ouvrage, De Duplici Copia Verborum et Rerum (1512), connut plus de 150 tirages à travers toute l’Europe et devint l'un des manuels de base sur le sujet. Son traitement de la rhétorique est moins étendu que celui des ouvrages classiques de l’Antiquité mais il fournit une analyse classique de la « res verba » (« de la matière et de la forme du texte »). Son premier livre traite de l’« elocutio » montrant aux étudiants comment utiliser les tropes et lieux communs. Le deuxième recouvre l’« inventio ». Il insiste largement sur la notion de « variation » si bien que les deux livres donnent des recettes pour éviter les répétitions, la paraphrase, et sur la manière d’introduire la plus grande variété dans le texte. L'Éloge de la Folie eut également une influence considérable sur l’enseignement de la rhétorique à la fin du XVIe siècle par l'utilisation qui en est faite de l'allégorie et de l'ironie.

Pierre de La Ramée (dit « Ramus ») et ses disciples, Omer Talon et Antoine Fouquelin, fondent dès 1545 le groupe des grammairiens du Collège de Presles qui, jusqu'en 1562, publie des ouvrages d'étude rhétorique intitulés les Ciceronianus où ils proposent, entre autres, une typologie des tropes et des procédés d'éloquence. Ramus marque, selon Jean-Jacques Robrieux, la fin de la rhétorique comme discipline maîtresse, notamment sur la philosophie et les sciences. Gérard Genette affirma de son côté qu'à partir du XVIe siècle et depuis Ramus, la rhétorique s'est réduite à l'élocution et au seul inventaire des figures. L'influence de Ramus sera décisive sur l'histoire de la rhétorique.
C'est cependant surtout en Angleterre que les premiers signes d'apparition de la poétique se font jour, avec George Puttenham (1530 ap. J.-C. - 1600 ap. J.-C.) surtout. Puttenham classe les tropes selon une échelle des effets qu'ils réalisent sur l'auditeur ou le lecteur. Il dégage par ailleurs un certain nombre d'effets, qui vont de la mémorisation au plaisir que procure la figure de rhétorique. Cette conception déjà « stylistique » de la rhétorique comme pathos, trouve sa concrétisation à travers le courant éphémère de l'euphuisme.
Développement de l'héritage antique
Ce sont les écoles jésuites qui sont les principaux vecteurs de l'enseignement rhétorique, et ce durant toute la période classique en Europe comme en France. Les jésuites écrivent de nombreux ouvrages, en latin, reprenant le schéma d'Aristote, mais le perfectionnant. René Bary publie ainsi en 1653 La Rhétorique française et Bernard Lamy compose La Rhétorique ou l'art de parler en 1675. La pédagogie des jésuites en la matière est de qualité, notamment à travers l'exercice de composition littéraire nommé « chries », qui inspirera les classes de rhétorique jusqu'au XIXe siècle.

Le magistrat parisien Guillaume du Vair synthétise cet esprit. Dans son Traité de l'éloquence française et des raisons pourquoi elle est demeurée si basse (1594), Du Vair condamne la corruption de l'éloquence initiée depuis le début du siècle. Michel Meyer cite par ailleurs, en Hollande, le courant de pensée représenté par Gerardus Johannis Vossius (1577 ap. J.-C. - 1649 ap. J.-C.) qui défend, au nom du libre-arbitre religieux, une conception éthique de la rhétorique ; « il est en cette matière la principale référence du XVIIe siècle protestant » explique-t-il.
Tournant du XVIIe siècle et Classicisme
D'une rhétorique universelle à une rhétorique nationale
Pour Michel Meyer, « Ce siècle verra s'achever le lent basculement de la tension entre l’êthos et le pathos vers une autre tension, cette fois entre le pathos et le logos ». Selon lui, il faut attendre Bernard Lamy et sa Rhétorique pour voir apparaître une synthèse de cette division entre sensibilité et rationalité. Avant Lamy cependant le mouvement artistique du baroque, associé à la Contre-Réforme, va opérer cette synthèse. Il s'agit en réalité bien plutôt d'une « confusion des notions dêthos et de pathos ». La sensibilité baroque trouve sa représentation parfaite avec la monumentale encyclopédie (16 livres) de la rhétorique de Nicolas Caussin (1583 ap. J.-C. - 1651 ap. J.-C.) intitulée Parallèles des éloquences sacrée et humaine (1619).
Dès lors, la langue et la rhétorique deviennent le moyen d'intégration sociale et l'outil d'existence du courtisan. Se développe selon Marc Fumaroli une « rhétorique de Cour en France » et, a fortiori en Europe. La clarté française étant le modèle linguistique de l'époque. La période classique commence, avec l'avènement de l'absolutisme royal de Louis XIII, dont les auteurs phares (François de Malherbe et Pierre Corneille) rejettent l'esthétique baroque. La dimension éthique du discours passe au second plan et le modèle social de l'« honnête homme » privilégie la forme.

La conception classique, qui marquera durablement l'histoire de France, trouvera son aboutissement avec la fondation de l'Académie française, en 1635, grâce à la volonté de Richelieu. Celle-ci ne défend plus une rhétorique qui cherche à convaincre ou persuader mais qui ambitionne d'offrir une vitrine à la politesse française, de représenter la bienséance et l'autorité monarchiques. Avec elle, le conformisme devient la règle et le logos est de nouveau mis en avant. Prônée par Claude Favre de Vaugelas dans ses Remarques sur la langue française utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire (1647), Jean Chapelain et René Bary avec sa Rhétorique française (1653) mais aussi avec Les secrets de notre langue (1665), le poète Nicolas Boileau surtout, la rhétorique a pour but de fortifier et de promouvoir une langue résolument nationale.
La conception classiciste d'une langue claire et d'une rhétorique à la faveur du pouvoir royal (celui de Louis XIV) s'institutionnalise. Le logos sert alors la foi chrétienne à la Cour de France. L'École française de Spiritualité créée par le cardinal de Bérulle est un courant christologique (qui considère que Jésus est le centre de l'histoire). Les modèles deviennent Saint Augustin, Longin et Nicolas Boileau qui traduit le Traité du sublime du pseudo-Longin en français en 1674. L'Art poétique de ce dernier est un véritable manifeste de la rhétorique classique dont le but est d'abord « de plaire et de toucher ».
La conception classique entend dépasser la simple imitation des Anciens. Il ne s'agit pas non plus, insiste Michel Meyer, d'annoncer les Modernes. En réalité, la rhétorique classique marque un retour au pathos antique, tout en affirmant la supériorité de son éloquence sur le passé.
Bernard Lamy et la « nouvelle rhétorique »
Le père Bernard Lamy (1640 - 1715), oratorien de renom, publie en 1675 L'Art de parler qui expose une conception de la rhétorique à la charnière entre acquis classiques et lucidité moderne, ouvrage qui sera cité par de nombreux auteurs. Lamy fait en premier lieu le tour des conceptions de l'époque, qu'il synthétise dans son ouvrage. En réalité il est le premier à exprimer une réflexion non plus sur la forme mais sur le langage en lui-même, vision qui influencera après lui Condillac, Denis Diderot, Jean-Jacques Rousseau et Nicolas Beauzée. Pour Lamy, la rhétorique émane avant tout des passions, qui est [qui sont ?] la force du discours. Les figures permettent ainsi de transmettre les sentiments de l'orateur, ainsi que sa représentation du monde ; le langage devient donc, par le discours, l'instrument de relations interpersonnelles.
Rhétorique en France et ailleurs aux XVIIIe et XIXe siècles
Théories de la rhétorique et traités
Selon Michel Meyer, dès le XVIIe siècle le logos devient l'objet de la rhétorique, qui passe ainsi dans le discours des philosophes comme, au siècle des Lumières, Emmanuel Kant ou Jean-Jacques Rousseau. Cependant, cette rhétorique n'est pas coupée des sentiments et du pathos ; d'une part l'avènement du sujet permet de constituer un système rhétorique où le locuteur est premier. Celui-ci peut dès lors libérer à la fois ses idées personnelles et ses émotions ; il parle aussi d'une « esthétique rhétorique préromantique ».
D'autre part, certains types de discours ne défendent plus des valeurs personnelles mais sont mis au service du pouvoir. En France, la rhétorique est perçue, après la Révolution de 1789, comme un élément de l'Ancien Régime ; elle sera de fait exclue de l'enseignement jusqu'en 1814. Les harangueurs de la Révolution française, dans toute l'Europe, useront ainsi d'une rhétorique à dimension éthique et collective, fondée sur la raison. La conception française se fixe en effet, jusqu'à aujourd'hui, à travers le Discours sur l'universalité de la langue française d'Antoine Rivarol, en 1784, qui associe la « clarté » à la raison, et donc au français, langue claire et censée être « incorruptible ».

Le grammairien et encyclopédiste César Chesneau Dumarsais dans son Traité des Tropes (1730), son œuvre principale, s'attache aux figures de rhétorique. Il consomme définitivement le divorce entre l'art oratoire d'une part et l'art poétique d'autre part. Il expose d’abord ce qui constitue le style figuré, et montre combien ce style est ordinaire à l'écrit comme à l'oral. Il appelle « trope » une espèce particulière de figure qui modifie la signification propre d'un mot. Il détaille ainsi l’usage des tropes dans le discours, en appuyant ses observations d’exemples. Il définit le trope (notion non encore différenciée de celle de « figure de style ») comme
« des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot. »
Grammairien avant tout, Dumarsais excelle néanmoins dans l'analyse du genre de l'éloge.

Le philosophe écossais George Campbell dans sa Philosophie de la rhétorique (1776) considère que la rhétorique ne doit pas persuader mais doit chercher l'adhésion volontaire, par la démonstration de l'« évidence », des interlocuteurs. Campbell entend par là contrer le scepticisme et le relativisme alors en développement et battant en brèche le sentiment religieux. Il distingue deux types de discours : celui de l'historien (qui est « probable ») et celui du poète (qui est « plausible »). La vérité devient le maître-mot de la rhétorique anglaise, qui devient pragmatique en somme avant l'heure et au sein de laquelle le discours est
« une production et un déploiement d'effets de sens et d'effets sur nos sens. »
Pierre Fontanier, un grammairien français, est l'auteur de deux manuels qui recensent et étudient de manière systématique les figures de style. Ces deux ouvrages formèrent la base de l'enseignement de la rhétorique en France au XIXe siècle. Il s'agit du Manuel classique pour l'étude des tropes (1821) et de Des figures autres que tropes (1827) inséparables l'un de l'autre. Les Figures du discours (1821 - 1830) constituent l'« aboutissement de la rhétorique française ». Les Figures du discours représentent une des tentatives les plus rigoureuses pour définir avec précision le concept de figure, pour établir un inventaire systématique et pertinent. Mais Fontanier veut également définir le plus rigoureusement possible le concept de « figure de style ».
Développement d'une rhétorique du discours politique
Selon Michel Meyer, la rhétorique perd son statut d'art noble au profit de l'histoire et de la poésie au XIXe siècle. Sa dimension éthique disparaît et elle devient un instrument oratoire au service du pouvoir principalement, dimension accentuée par l'usage qui en est fait par les révolutionnaires français. Il y a donc dans un premier temps une réduction du champ rhétorique au profit d'autres disciplines. Par ailleurs, au sein même du système rhétorique, seule une tradition éthique demeure au sein des cercles catholiques conservateurs qui accusent la Décadence de l'éloquence, titre de l'ouvrage de l'évêque de Troyes, Étienne Antoine Boulogne (1747 - 1825), publié en 1818, se maintient. Parallèlement, partout en Europe, les manuels de rhétorique classique se multiplient, véhiculés par l'idéal de liberté amené par la Révolution française et propagés par les conquêtes napoléoniennes.
Cependant, le mouvement esthétique du Romantisme déclare la guerre à la rhétorique, art royaliste par excellence, symbolisant l'Ancien Régime. Victor Hugo, chef de file des romantiques français proclame ainsi dans son recueil de poésie intitulé Les Contemplations en 1856 :
« Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxe ! »
L'attaque romantique aboutira, par le débat politique, à la suppression de la rhétorique des programmes d'enseignement, en 1885, par Jules Ferry.

Aux États-Unis, selon Michel Meyer, la rhétorique est associée au débat politique et démocratique, à l'élévation sociale et à la défense du justiciable. Les philosophes américains prennent en compte l'histoire de la rhétorique et comparent les différentes traditions. Ainsi, Thomas Jefferson écrit un Manuel de pratique parlementaire et une partie de la Déclaration d'indépendance des États-Unis alors que Thomas Smith Grimké rédige lui une Comparaison des éloquences grecques et américaines. Le professeur de rhétorique John Quincy Adams sera ainsi élu en 1825 à la présidence.
Rhétoriques modernes au XXe siècle
Conditions d'un retour de la rhétorique
Pour J. Bender et D. E. Wellbery, dans The Ends of Rhetoric: History, Theory, Practise le XIXe siècle a d'abord marqué la « mise à l’écart de la rhétorique ». La pensée positiviste, qui voit dans l’écriture scientifique le seul type de discours permettant d'accéder à la vérité absolue, rejette la rhétorique comme l'art du mensonge institué, notamment dans l'enseignement. En littérature, le romantisme considère que l'art oratoire constitue une entrave à la liberté d’écriture et à l'inspiration de l'écrivain ; cette conception marquera durablement la littérature du XXe siècle. La notion de style bat déjà en brèche l'institution du système rhétorique qui sera consommé au début du XXe siècle.
La différence essentielle avec la rhétorique ancienne est que la contemporaine n'entend plus fournir des techniques, mais avoir un caractère scientifique, en ceci qu'elle veut dégager les règles générales de la production des messages. Il ne s'agit plus de former des rhéteurs mais de réfléchir sur les rhéteurs et le discours, sur les rôles du locuteur et de l'interlocuteur. Il s'agit d'une période riche en conceptions et théories, parfois très personnelles voire uniquement le fait d'un auteur. Par ailleurs, un ensemble de sciences éclairent le discours sur l'art oratoire, qui s'enrichit des apports de la linguistique, de la psychologie ou encore des mathématiques. Pour Michel Meyer, contrairement aux siècles précédents, le XXe siècle réalise la synthèse des trois rhétoriques originelles, celles fondées alternativement sur l'êthos, le logos et le pathos. Par ailleurs, remarque-t-il, la confusion entre argumentation et rhétorique est constante au sein des conceptions modernes tendant à établir un système général du discours persuasif. C'est le cas des rhétoriques de Chaïm Perelman ou d'Oswald Ducrot par exemple. La rhétorique a surtout été étudiée par les spécialistes français, mais aussi anglo-saxons. Les études françaises ont cependant considérablement marquées la discipline. Sept « néo-rhétoriques » de langue française naissent dans la seconde moitié du XXe siècle.
La Nouvelle Rhétorique : renouveau de la tradition aristotélicienne
Le philosophe Chaïm Perelman a grandement contribué à la résurrection de la rhétorique au XXe siècle en proposant en 1958 une « nouvelle rhétorique » dans son Traité de l'argumentation, la nouvelle rhétorique, co-écrit avec Lucie Olbrechts-Tyteca. Perelman s'inscrit dans la continuité de la tradition rhétorique d'Aristote et d'Isocrate qui conçoit la rhétorique comme la théorie du discours persuasif. Perelman reprend notamment la distinction aristotélicienne entre raisonnement analytique et raisonnement dialectique. À charge pour la logique d'étudier le premier et pour la rhétorique le second. Autrement dit, là où la logique s'occupe des arguments formels dont la vérité des conclusions suit nécessairement la vérité des prémisses par inférence déductive, la rhétorique s'occupe de l'argumentation non-formalisée qui est affaire de vraisemblance. Ainsi, Perelman affirme-t-il que « le but d’une argumentation n’est pas de déduire les conséquences de certaines prémisses, mais de provoquer et d’accroître l’adhésion d’un auditoire aux thèses qu’on présente à son assentiment ». Pour Perelman, la rhétorique se doit ainsi d'être une discipline distincte, quoique complémentaire, de la logique. En outre, le point de départ de la nouvelle rhétorique est la recherche par Perelman d'un fondement pour les jugements de valeur.
La postérité de la Nouvelle Rhétorique est large dans les études francophones sur la rhétorique et l'argumentation. Citons notamment le philosophe Michel Meyer qui s'inscrit explicitement dans une filiation avec Chaïm Perelman. Il s'en éloigne quelque peu en ce qu'il reprend la définition de la rhétorique comme art de bien dire de Quintilien et critique les rhétoriques d'Aristote et Perelman pour leur trop grande focalisation sur le logos au détriment du pathos et de l’ethos. Dans une perspective voisine, Olivier Reboul propose une synthèse de l'approche argumentative de la nouvelle rhétorique et l'approche stylistique du groupe µ. Ces travaux visent notamment à pallier le défaut souvent reproché à la nouvelle rhétorique d'abandonner des aspects importants de la rhétorique classique telle que l'élocution. Marc Angenot étudie quant à lui les effets manipulateurs du discours, dans La parole pamphlétaire (1982). Des auteurs américains[Qui ?] ont enfin complété la ligne théorique de Perelman, évoqués par Christian Plantin dans Essais sur l'argumentation (1990) ; en Allemagne, Heinrich Lausberg poursuit ses travaux.
L'approche stylistique et sémiotique du groupe µ et de Roland Barthes

Dans les années 1960, la linguistique a en effet été en quête de structures linguistiques qui seraient spécifiques à la littérature, recherche que la stylistique ne permettait pas de mener. Dès 1958, Roman Jakobson donnait une nouvelle jeunesse au couple métaphore/métonymie, et dès 1964 Roland Barthes notait que la rhétorique méritait d'être repensée en termes structuraux. Cette approche met l'accent sur la rhétorique des tropes ou figures d'écart, la réduisant à l'élocution. « La rhétorique n'est plus l'art de persuader, mais simplement de plaire » dorénavant.

Le Groupe µ (se prononce « mu ») de l'Université de Liège, est un collectif de linguistes dont les travaux portent essentiellement sur les mécanismes sémiotiques à l'œuvre dans la figure et reposant davantage sur la rhétorique classique. Visant une rhétorique générale (1982), les travaux du groupe µ ont permis d'adapter la notion de figure à d'autres sémiotiques que la langue, comme à la sémiotique visuelle.
Sous l'impulsion de Marc Fumaroli, fondateur de la Société internationale pour l'histoire de la rhétorique, avec Nancy Struever et Brian Vickers, se développe, à partir des années 1970 et sur la base des études de la Renaissance et du classicisme, une « École française de rhétorique » qui incarne vraiment ce qu'on nomme le « rhetorical turn », suivi par la création d'une chaire de rhétorique au Collège de France et dont les préoccupations s'étendent de la mythologie indo-européenne (Georges Dumézil) aux travaux de Jacques Derrida sur la voix, en passant par le Moyen Âge latin avec Alain Michel, la Renaissance avec Pierre Laurens, le 17e avec Roger Zuber, Marc Fumaroli enfin pour l'époque moderne et contemporaine.
Partant des techniques de persuasion, dès les années 1950, à travers le discours publicitaire, l'approche communicationnelle est une démarche sémiologique héritée du structuralisme. D'abord psycho-sociologique, avec Vance Packard, dans La persuasion clandestine (1958), la sémiologie de Roland Barthes va marquer cette approche qui place le discours rhétorique au cœur de la société de consommation. Barthes, dans son article Rhétorique de l'image analyse les codes et les réseaux de signification d'une image publicitaire. Cette approche analyse également les messages non verbaux, conditionnés par la sociologie et le groupe. Pour Roland Barthes, rejoint sur ce point par le Groupe µ, « Il est [même] probable qu'il existe une seule forme de rhétorique, commune par exemple au rêve, à la littérature et à l'image », et pour laquelle la sémiologie donne les clés de compréhension. Les figures de style deviennent ainsi un instrument d'analyse du discours et de l'imaginaire existant en arrière-plan de celui-ci (c'est notamment les travaux de Jacques Durand, dans son article). Kenneth Burke, poète, rhétoricien et philosophe américain est l'auteur d'une analyse des motivations psychologiques en rhétorique, à travers ses ouvrages : Counterstatement (1931), A Grammar of Motives (1945), A Rhetoric of Motives (1950), et Language as Symbolic Action (1966). La rhétorique doit pour lui éduquer ; elle s'enracine dans la fonction symbolique du langage.
La pragmatique
Initiée par Jean-Claude Anscombre et Oswald Ducrot, l'approche pragmatique dite de l'« école d'Oxford », s'efforce de restituer les actes de langage dans le contexte énonciatif. Le discours est ainsi un ensemble de présupposés et d'implicites. Néanmoins, son objet reste la langue et non spécifiquement le discours, au sein desquels le locuteur comme personne sensible et intentionnelle a une place prépondérante. Pour Claude Hagège, la rhétorique est l'ancêtre de la pragmatique actuelle, héritée de Peirce et de Searle. Les tropes et les figures sont ainsi des moyens détournés, pour le locuteur, de convaincre son interlocuteur, par le recours à des spécifications du discours. Le travail de Ivor Armstrong Richards (1893 - 1979) est lié à ce courant. Richards est un critique littéraire, auteur de The Philosophy of Rhetoric (1936), texte important de la rhétorique moderne, dans lequel il définit l'art oratoire comme « une étude du malentendu et de ses remèdes » (« a study of misunderstandings and its remedies »).
Orientations trans-disciplinaires
Le XXIe siècle est marqué par la naissance d'études trans-disciplinaires sur, ou partant, de la rhétorique. L’analyse de discours est une première approche multidisciplinaire qui s'est développée en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis à partir des années 1960. Elle emprunte de nombreux concepts aux champs de la sociologie, de la philosophie, de la psychologie, de l’informatique, des sciences de la communication, de la linguistique et de l’histoire. Elle s'applique à des objets aussi variés que, par exemple le discours politique, religieux, scientifique, artistique. Néanmoins, la multiplication des champs d'études sur les modalités et l'implication sociale de la rhétorique n'apparaît qu'avec le XXIe siècle. La psychologie d'abord s'y intéresse, et notamment dans la mesure où le discours reflète l'état d'esprit de celui qui le professe, des auteurs, surtout américains, la rapprochent d'autres domaines dans une dimension sociale et historique. Dans At the Intersection : Cultural Studies and Rhetorical Studies (ouvrage collectif sous sa direction) Thomas Rosteck établit une étude des rapports de la rhétorique avec la culture. Glenn Stillar quant à lui, dans Analyzing Everyday Texts: Discourse, Rhetoric and Social Perspectives explore les conditions sociologiques présidant à la constitution des discours. Enfin, sur internet, la revue Kairos rassemble de multiples universitaires travaillant sur l'apport technologique à l'analyse du discours, à travers la notion de « technorhétorique » (l’écriture assistée par ordinateur).
Enfin, la redécouverte du système rhétorique est pour certains auteurs comme Olivier Reboul et Chaïm Perelman un retour à une unité de la discipline, qui redevient une théorie générale de l'argumentation et de la communication. Le discours juridique, scientifique, pédagogique, philosophique, etc. sont autant de pratiques particulières de la rhétorique. Ainsi conçue, elle couvre « le champ immense de le pensée non-formalisée », à tel point que selon le philosophe allemand Walter Jens « elle est l'ancienne et nouvelle reine des sciences humaines ».
Système rhétorique
Le « système rhétorique » se présente sous la forme d'un classement : « on décompose la rhétorique en quatre parties, lesquelles représentent les quatre phases par lesquelles passe celui qui compose un discours » explique Olivier Reboul. Il s'agit en fait des grands chapitres des premiers traités de rhétorique. Le « système rhétorique » est traditionnellement, depuis Quintilien, divisé en cinq éléments dans la rhétorique. Cependant, ce classement a surtout valu pour l'enseignement de l'éloquence et de la rhétorique ; pour Aristote en effet, ces parties sont superflues alors que l'énoncé de la thèse et des arguments qui la prouvent sont fondamentaux. Ces phases sont surtout connues sous leur nom latin (en raison du fait que le traité de rhétorique de Quintilien a été longtemps pris comme base d’enseignement) : « inventio », « dispositio », « elocutio », « actio » et « memoria ». Chacune de ces étapes suppose ou appelle l'élaboration ou l'intervention de disciplines distinctes (la stylistique pour l'« elocutio », la logique pour la « dispositio », etc.).
L'« Invention »
L'invention (ou « inventio » ou « heurésis » en grec) est la première des cinq grandes parties de la rhétorique. L'invention est la recherche la plus exhaustive possible de tous les moyens de persuasion relatifs au thème de son discours. La découverte du genre de discours le mieux adapté au propos doit cependant être centrale. Cette partie correspond à l'adage « Rem tene, verba sequentur », qui se traduit par l'expression « Possède le sujet, les mots suivront » de Caton l'Ancien. Selon la Rhétorique à Herennius :
« L'invention consiste à trouver les arguments vrais ou vraisemblables propres à rendre la cause convaincante. »

L'invention pose par conséquent les fondamentaux du système rhétorique, à savoir : la cause (le sujet), le genre à utiliser, le cadre de l'argumentation et le raisonnement.
Connaissance du sujet : l'enjeu de la rhétorique
L'orateur doit parfaitement maîtriser son sujet, appelé aussi la « cause » (ou le « fait » dans le genre judiciaire), sans quoi, selon Aristote ou Quintilien, il ne pourra pas persuader ou convaincre son auditoire. Il s'agit, selon Joëlle Gardes-Tamine, d'un véritable « enjeu » que les traités classiques nomment la « matière » (« materia »). Les auteurs recommandent d'user de questions permettant d'en cerner les contours (néanmoins ces questions correspondent au type de discours pris en charge) :
- exploration du fait : le fait a-t-il lieu ou pas ?
- définition : en quoi consiste le fait ?
- qualification : en quoi peut-on le caractériser ?
- référence à la légalité : en vertu de quel droit l'examine-t-on ?
Michel Meyer note que le rhétoricien du XVIIe siècle Vossius envisage une cinquième question, qu'il nomme le « status quantitatis » qui permet de quantifier le fait (le préjudice subi ou la violation du droit pour le discours judiciaire par exemple).
Les trois genres de discours
La rhétorique classique distingue trois grands genres de discours : le « discours judiciaire », le « discours délibératif » et le « discours démonstratif ». Le terme de « genre » ne doit pas être ici confondu avec celui qui désigne les genres littéraires (roman, théâtre, poésie…) même s'ils entretiennent avec ces derniers des rapports étroits ; il s'agit en fait de la fonction qu'exerce le discours sur les « trois sortes d'auditoires ». Chaque genre étant spécifique, tous se démarquent quant aux actes, aux temps, aux valeurs et enfin aux arguments types mis en avant :
Auditoire | Temps | Acte | Valeurs | Argument type | |
---|---|---|---|---|---|
Le judiciaire | Juges | Passé simple | Accuser - défendre | Juste - injuste | Enthymème (ou déductif) |
Le délibératif | Assemblée | Futur simple | Conseiller - déconseiller | Utile - nuisible | Exemple (ou inductif) |
L'épidictique | Spectateur | Présent | Louer - blâmer | Noble - vil | Amplification |

Pour Chaïm Perelman, la distinction entre ces genres discursifs n'est qu'artificielle. Perelman cite, en guise d'exemple majeur le fameux discours d'Antoine dans le Jules César de William Shakespeare qui mêle les trois genres. Il propose donc de relativiser cette classification.
Les trois types d'arguments
Après avoir déterminé les discours, l'orateur doit trouver ses arguments. Il s'agit des « moyens de persuader », traduction du grec « pisteis » mais qu'Aristote nomme les « preuves » au nombre de trois :
- l'« êthos » est le caractère que doit prendre l'orateur pour inspirer confiance ; son « équité est presque la plus efficace des preuves » explique Aristote. L'êthos regroupe alors la sincérité, la sympathie, la probité et l'honnêteté. Cette dimension du discours est citoyenne, étroitement identifiée à l'idéal démocratique ;
- le « pathos » est l'ensemble des émotions, passions et sentiments que l'orateur doit susciter. Aristote consacre ainsi le livre II de sa Rhétorique à l'examen des passions et de la psychologie des auditoires ;
- le « logos » concerne l'argumentation proprement dite du discours. Il s'agit pour Aristote de la dialectique, qu'il examine dans ses Topiques, se fondant sur deux types d'arguments : l'enthymème et l'exemple.
Les preuves

L'orateur a à sa disposition deux types de preuves. Aristote appelle les premières « atechnai », soit extra-rhétoriques, et les secondes « entechnai », intra-rhétoriques. La rhétorique moderne les nomme preuves extrinsèques et intrinsèques (ou naturelles et artificielles selon la conception du XVIIe siècle parfois, chez Bernard Lamy notamment).
Les « preuves extrinsèques » sont celles données avant toute invention. Selon Aristote, elles sont au nombre de cinq et regroupent les textes de lois (jurisprudence et coutume également), les témoignages anciens (autorité morale des grands hommes) et nouveaux, les contrats et conventions entre particuliers, les aveux sous la torture (des esclaves) et enfin les serments.
Les « preuves intrinsèques » sont créées par l'orateur comme l'amplification d'un détail biographique dans le cadre de l'éloge funèbre. Jean-Jacques Robrieux les classe néanmoins en deux catégories : l'exemple au sens large d' inductif, et l'enthymème, au sens de syllogisme.
Les lieux et la topique
Les « lieux » ou « topoï » sont la façon de découvrir les arguments dans le cadre intra-technique. Il s'agit du concept le plus important de la rhétorique, selon Georges Molinié. Il s'agit d'un « stéréotype logico-déductif » que la linguistique moderne a classé comme figure de style. Cependant les lieux rhétoriques dépassent les cadres de la phrase et concernent bien plutôt le texte. Molinié les nomme ainsi des figures « macrostructurales ».
Dans la rhétorique ancienne, les lieux forment les preuves techniques de l'argumentation, ainsi que la matière de l'inventio. La Logique de Port-Royal les définit ainsi : « chefs généraux auxquels on peut rapporter toutes les preuves dont on se sert dans les diverses matières que l'on traite ». Aristote est le premier à en donner une méthodologie, dans son ouvrage Topiques. Pour lui, le lieu rhétorique est ce sur quoi se rencontrent un grand nombre de raisonnements oratoires, se développant sur certains sujets, selon certains schémas que l'art oratoire a préétabli. Selon Cicéron,
« les lieux […] sont comme les étiquettes des arguments sous lesquelles on va chercher ce qu'il y a à dire dans l'un ou l'autre sens. »
La stylistique les classe dans les lieux communs, ou « clichés » lorsqu'ils deviennent trop usités et éculés. Parmi ces lieux communs, il y a le célèbre « Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando ? » (c'est-à-dire le « Qui, quoi, où, par quels moyens, pourquoi, comment, quand ? »), les « lieux de la personne » (sa famille, sa patrie, sa façon de vivre, son métier, etc.) ou les « lieux littéraires » (le lieu paisible et pittoresque, le lieu de la rencontre amoureuse, etc.).
La « Disposition »
La disposition (« taxis » en grec ; « dispositio » en latin) étudie la structure du texte, son agencement, en cohérence avec les lieux rhétoriques. Elle a pour Olivier Reboul une fonction d'économie : elle permet de ne rien omettre ou de ne pas se répéter au cours de l'argumentation. Elle a par ailleurs une fonction heuristique (elle permet de s'interroger de façon méthodique) et est en somme en elle-même un argument selon Olivier Reboul.
La fonction de la disposition est de « rendre la cause intelligible, [de] faire adopter le point de vue de l'orateur ». Pour l'auteur anonyme de la Rhétorique à Herennius,
« la disposition sert à mettre en ordre les matériaux de l'invention de manière à présenter chaque élément à un endroit déterminé. »
La disposition doit présenter les preuves et arguments, tout en ménageant des moments pour émouvoir. Les canons rhétoriques de la disposition (garder le meilleur argument pour la fin, aller aux faits le plus tôt possible, ménager des transitions, etc.) se retrouvent ainsi dans les méthodologies des dissertations ou des commentaires composés utilisés dans l'enseignement. Les plans analytiques, oppositionnels, par examen du problème, thématiques ou encore chronologiques en sont dérivés. La disposition est également un canevas très utilisée en littérature, dans la poésie comme dans les lettres ou au théâtre.

La rhétorique classique propose trois rythmes canoniques :
- celui qui consiste à instaurer des arguments forts en exorde et en épilogue et ménager le public entre-temps, appelé l'« ordre homérique » ;
- celui qui consiste à commencer par des arguments faibles puis à progresser de manière ascendante (ou l'inverse) est recommandé par Quintilien ;
- celui qui consiste enfin à mettre en premier les arguments logiques puis ceux qui plaisent et enfin ceux qui émeuvent suivant l'ordre formulé par l'adage « docere, placere, movere ».
De nombreux auteurs ont proposé au cours de l'histoire des plans-types, allant de deux à sept parties parfois ; cependant, la tradition rhétorique n'en retient que quatre.
L'exorde
L'exorde (ou « prooimion » en grec ; « exordium » en latin) est l'introduction du discours, sa fonction première est phatique : elle a pour but de capter l'attention de l'auditoire (c'est la « captatio benevolentiae »). L'objectif est, selon Olivier Reboul, de le rendre docile (en état d'apprendre), attentif (le maintenir dans le raisonnement) et bienveillant (par l'èthos). Le genre épidictique utilise ainsi un exorde qui cherche à impliquer l'auditoire. La rhétorique de l'exorde consiste parfois à le supprimer et à commencer le discours ex abrupto (dans le vif du sujet) comme dans cette phrase de Cicéron : « Jusqu'à quand, Catilina, vas-tu exploiter notre patience ? ». L'exorde doit néanmoins présenter le sujet ou les faits.
La narration
La narration (« diegésis » en grec ; « narratio » en latin) est l'exposé des faits concernant la cause, sur un mode objectif, dans le sens du discours cependant. Selon Cicéron, la narration est la source (« fons » en latin) de toutes les autres parties car elle réclame le meilleur du talent de l'orateur. Pas indispensable dans le genre délibératif, elle est centrale dans le judiciaire car elle permet de matérialiser le raisonnement à suivre. La narration peut s'appuyer sur l'histoire, la légende ou la fiction. Le logos constitue la narration qui doit être :
- « claire » : le récit doit être chronologique ;
- « brève » : l'inutile doit être éliminé pour la clarté du propos ;
- « crédible » : par l'énoncé des faits et des causes. Le fait peut être faux, mais doit être vraisemblable.
La narration deviendra au Moyen Âge une pratique à part, se détachant du genre judiciaire, à travers le sermon et les exempla, et jusqu'à la propagande moderne.
La digression
La digression (ou « parekbasis » en grec) a pour fonction de distraire l'auditoire, de le ménager avant la conclusion. Elle recourt souvent à des figures comme l'hypotypose ou l'ekphrasis, sortes de descriptions comme vivantes et mises sous les yeux de l'auditoire. Selon la Rhétorique à Herennius la partie de la digression peut présenter « l'indignation, la commisération, la détestation, l'injure, l'excuse, la conciliation, la réfutation des propos outrageants ».

C'est aussi, selon Joëlle Gardes-Tamine, le moment de la plaisanterie, de la raillerie ou de l'ironie permettant la distraction (mais toujours dans un but de persuasion ou d'argumentation) du public. Pour Chaïm Perelman, l'ironie (comme celle de Socrate) est fortement manipulatrice en soi. Elle se fonde en effet sur l'accord explicite de l'interlocuteur, dont la recherche ponctue le discours, à des moments clés, de manière à le faire raisonner dans le cadre argumentatif voulu par l'orateur.
La péroraison
La péroraison (ou « epilogos » en grec ; peroratio en latin) met fin au discours. Elle se fonde elle-même sur trois parties :
- l'« amplification » (ou « auxèsis ») qui convoque le pathos et les valeurs pour demander le châtiment par exemple dans le genre judiciaire et qui s'appuie principalement sur les lieux rhétoriques ;
- la « passion », qui permet de susciter soit la pitié soit l'indignation, au moyen des apostrophes notamment ;
- la « récapitulation » (ou « anaképhalaiosis » en grec) qui résume l'argumentation, sans ajout de nouvel argument cependant.
La péroraison est le domaine propre du pathétique : il s'agit d'émouvoir et de convoquer les passions de l'auditoire. C'est le lieu de l'« appel à la pitié » selon Joëlle Gardes-Tamine.
L'« Élocution »
L'élocution (« elocutio », ou « lexis » en grec) est la rédaction (écrite) du discours, l'oral étant le ressort de l'action. Pour Cicéron elle est le propre de l'orateur et « adapte à ce que l'invention fournit des mots et des phrases appropriées. »
L'étude des figures de rhétorique constitue la partie générale de l'élocution, qui forme l'apport du talent de l'orateur au sein du discours, le style étant purement personnel, en dépit de règles prescrites. C'est aussi la partie la plus littéraire de la rhétorique. Pour Olivier Reboul elle est en effet le point de rencontre de l'art rhétorique avec la littérature, se focalisant sur la notion de style. Elle doit en effet être le lieu d'une bonne expression et de l'ornement (« ornatus »). Il s'agit selon Olivier Reboul d'une véritable prose qui a su se démarquer de la poésie et de ses codes. L'élocution concerne ainsi le choix des mots et la composition des phrases (les membres de phrases ou « cola » doivent être équilibrés), le rejet des archaïsmes et des néologismes, l'usage de métaphores et des figures adaptées aux propos (à condition toutefois qu'elles soient claires, autrement il s'agit de fautes d'expression), enfin, le rythme doit être souple et au service du sens. La Rhétorique à Herennius recommande ainsi « l'élégance, l'agencement des mots, la beauté ». L'élocution repose sur deux éléments : le style d'une part et les figures de rhétorique d'autre part.
Les styles
Cicéron distingue, dans les Divisions de l'art oratoire deux types d'élocution : « l'une qui se déroule librement, l'autre à formes travaillées et variées », distinction qui correspond à celle entre le style inspiré et le style travaillé. Le style, en rhétorique, doit s'adapter au sujet ; il existe ainsi trois style différents, délivrés par le traité Du Style du pseudo-Démétrios et repris dans la Rhétorique à Herennius :
- le « style noble », ou « grave » qui vise à émouvoir ;
- le « style simple », ou « tenue » qui permet d'informer et d'expliquer ;
- le « style agréable », ou « medium » qui met en avant l'anecdote et l'humour.
La distinction de la notion de style en trois, voire en davantage de catégories a une histoire complexe. Elle remonte sans doute à Antisthène et à Théophraste ; Denys d'Halicarnasse et Pline l'Ancien en parlent déjà. Dès ces origines, les types de style ont pour parangon des auteurs de renommée certaine ; l’historien Thucydide représente le style élevé (« noble ») alors que l'orateur Lysias utilise lui le style simple et qu'Isocrate a un style agréable (moyen). Il existe deux règles de style à respecter :
- la « convenance », pour laquelle l'usage d'un style se retrouve pour un moment du discours et pour un type de preuve :
Styles | But | Preuve | Moment du discours |
---|---|---|---|
Noble | émouvoir (« movere ») | pathos | péroraison et digression |
Tenue | expliquer (« docere ») | logos | narration, confirmation et récapitulation |
Medium | plaire (« delectare ») | èthos | exorde et digression |
- la « clarté » : l'adaptation du style à l'auditoire. Pour Quintilien, la clarté est la « première qualité de la parole ». Elle permet d'éviter les amphigouris, l' ou encore les ambiguïtés.
La rhétorique classique, et en particulier romaine (qui a le plus insisté sur la notion de style) reconnaît d'autres qualités. Théophraste prône quant à lui la clarté, la correction, la convenance et l'ornement alors que Cicéron dans ses Divisions de l'art oratoire distingue cinq « flambeaux » (« lumina », c'est-à-dire des traits de style notables) : la brièveté, la convenance, l'éclat, l'agrément et la clarté. À la suite de George Campbell, Olivier Reboul y adjoint une troisième règle, tenant de l'orateur, qui doit se montrer vivant. Campbell la nomme « vivacity » (la vivacité) et explique qu'elle repose sur le choix des mots concrets, sur les maximes et sur la détermination à vouloir se faire comprendre par tous.
La notion de « style » a traversé toute l'histoire littéraire, jusqu'à nourrir une discipline fille de la rhétorique, la stylistique, née notamment des réflexions des écrivains, à l'aune de l'art rhétorique. Ainsi Victor Hugo définit le style littéraire comme le respect de ces trois critères alors que, au demeurant, il combat la rhétorique comme une discipline archaïque :
- la correction, « indispensable mérite d'un écrivain dramatique » ;
- la simplicité, « vraie et naïve » ;
- la grandeur, c'est-à-dire l'art de toucher à des sujets universels.
Les figures rhétoriques
Les figures de rhétorique (ou « schèmata » en grec) sont des procédés stylistiques qui proviennent de la qualité de l'orateur. Elles procurent en premier lieu un plaisir (ou « delectatio ») car « leur mérite manifeste [est] de s'éloigner de l'usage courant » selon Quintilien. Pour la rhétorique classique, la figure s'écarte de l'usage minimal de la langue. Cette conception de la figure comme écart est l'un des points théoriques sur lequel la linguistique moderne a achoppé. La rhétorique voit dans la figure un moyen de persuasion reposant sur l'imagination de l'orateur. La stylistique est née de la scission de la partie de l'élocution d'avec le reste du système rhétorique. La notion de « figure de rhétorique » est ainsi à examiner, notamment au sein de la catégorie plus vaste des figures de style.
L'« Action »
L'action (« actio », ou « hypocrisis » en grec) est la phase de prononciation du discours, que l'on peut désigner par le terme actuel d'élocution, à ne pas confondre avec la partie rhétorique du même nom. Pour Démosthène, il s'agit du but de la rhétorique alors qu'Aristote l'évoque au livre III de sa Rhétorique, mais de manière elliptique. La racine grecque renvoie également à l'hypocrisie ; en effet, l'orateur doit paraître ce qu'il veut paraître durant l'action. Cicéron parle ainsi de l'« élocution du corps » que constitue l'action. Les gestuelles et les attitudes codées (tels les plis de la toge) sont en effet importantes, ainsi que le travail de la voix (c'est l'éloquence proprement dite), du ton, du débit et du souffle. Le rythme est capital et Quintilien rapproche l'action de la musique (eurythmie).

La voix est, en particulier, le noyau de l'action rhétorique. Elle doit, selon l'auteur de la Rhétorique à Herennius, être puissante, résistante et douée de souplesse. L'archétype est ici le rhéteur Démosthène qui réussit à vaincre son handicap (il bégayait) par la pratique d'exercices de déclamation, face à la mer et en dépit du bruit du ressac. Les expressions du visage, les mouvements des mains ainsi que les postures sont tous des éléments importants pour l'action, codifiés. La « chironomie » ou « art de régler les gestes des mains, et plus généralement les mouvements du corps, dans la comédie et dans la chorégraphie » est un élément important de l'action rhétorique (un mouvement lent exprime ainsi la promesse et l'assentiment par exemple), développé au XVIIe siècle par John Bulwer.
L'art du spectacle, théâtral surtout, s'en est largement inspiré. L'orateur y est un « actor », un acteur. Antoine Fouquelin note quant à lui que c'est de l'action que l'échange tire toute sa force, car, contrairement aux mots, les gestes sont universels et compréhensibles par tous.
La « Mémoire »
La mémoire (« memoria », ou « mnèmè » en grec) est l'art de retenir son discours. Partie souvent oubliée de l'art rhétorique et des études modernes, Cicéron en fait néanmoins une qualité naturelle de l'orateur alors que Quintilien en fait une technique se fondant sur la structure du discours d'une part et sur les procédés mnémotechniques d'autre part. Il est important de remarquer à ce titre que la mémoire ne figure pas dans les traités de rhétorique d'Aristote. Le but de ces techniques est avant tout de retenir les arguments, lors des procès par exemple. La mémoire est une partie ajoutée tardivement, par certains traités latins, et notamment l'auteur anonyme de la Rhétorique à Herennius qui la définit par ailleurs comme un « trésor qui rassemble toutes les idées fournies par l'invention et qui conserve toutes les parties de la rhétorique ». Cet auteur distingue par ailleurs deux mémoires :
- la « mémoire naturelle », qui demeure un don ;
- la « mémoire artificielle » (au sens technique), liée à l'apprentissage et à la pratique de l'art oratoire.
La mémoire artificielle prend ainsi appui principalement sur le sens visuel, sur des images et des techniques permettant de décrire un objet ou une personne comme s'ils étaient sous les yeux de l'auditoire. Il faut ainsi pour Cicéron ranger ces images et souvenirs dans des emplacements mentaux appropriés. Dans le système rhétorique, elle est ainsi mobilisée pour se souvenir des lieux communs, elle requiert ainsi de se remémorer convenablement et en détail (dans le cas des hypotyposes par exemple) des scènes constituant la culture greco-romaine, comme les scènes mythologiques ou épiques. La doctrine de l'imitation (l'orateur doit faire référence aux Anciens) se fonde donc sur l'art de mémoire. Parce qu'elle est le médium entre le passé et le présent, entre les origines cosmogoniques (les mythes) et l'actualité du débat, la mémoire est un don divin. Cicéron considère, dans De L'Orateur, qu'elle fut prodiguée par les dieux au poète Simonide de Céos, lors d'un drame domestique. Depuis ce mythe, la mémoire est liée à l'ordre car c'est l'ordre des convives avant la chute du toit de la maison qui permit au poète de retrouver les cadavres et de les identifier.
L'art de mémoire a ainsi perpétué cette technique à travers l'époque médiévale. Albert le Grand voit ainsi dans la métaphore l'expression de la mémoire, et qui permet d'émouvoir. Pour Frances Yates elle est à l'origine des créations d'allégories médiévales, qui enrichirent la statuaire.
Fondements de la rhétorique
Si le système rhétorique est avant tout formel, il repose également sur deux notions centrales : l'« argumentation » d'une part et les « figures de rhétorique » d'autre part, même si cette dernière compose, au XXe siècle la discipline annexe de la stylistique. Les arguments types doivent avoir une place à part, étant donné qu'ils sont souvent à la frontière des deux premières notions. Mais, la notion d'auditoire donne tout son sens à l'art rhétorique.
L'auditoire : « convaincre » et « persuader »
Le discours rhétorique s'adresse à un public, et ce même dans le cas d'un échange entre deux personnes car le discours est alors du domaine littéraire puisqu'il peut être porté à la connaissance du lecteur. Depuis Aristote, la problématique quant à la nature de l'auditoire est un point clé du système rhétorique. Le philosophe grec en distinguait trois différents, selon le discours rhétorique à mettre en pratique. Par ailleurs, les notions de « pathos », d'« èthos » et de « logos » ne se comprennent qu'en tenant compte de l'auditoire ; en d'autres mots, le discours oratoire s'articule autour de deux verbes qui l'ont souvent définis : convaincre et persuader. Pour Chaïm Perelman, dont l'analyse a su reposer le débat, comme pour Cicéron en son temps, l'auditoire doit rester le sens de la rhétorique : « Le seul conseil d'ordre général qu'une théorie de l'argumentation puisse donner en l'occurrence, c'est de demander à l'orateur de s'adapter à son auditoire ».
La distinction de ces notions a une longue histoire ; Blaise Pascal pensait que la persuasion était du domaine de l'imagination alors que la conviction tenait de la raison et Emmanuel Kant y voyait l'opposition entre le subjectif et l'objectif. Cependant, pour Chaïm Perelman, ces débats omettent la nature de l'auditoire, donnée élémentaire. Ce débat autour de la nature de l'auditoire a pourtant été premier historiquement.
Pour Cicéron et Quintilien, le citoyen est l'interlocuteur du discours rhétorique. Or, cette définition demeure par trop philosophique, la conscience de l'auditoire n'étant pas prise en compte.[pas clair] Perelman étend donc cette définition au champ de la pratique en expliquant que l'auditoire est : « l'ensemble de ceux sur lesquels l'orateur veut influer par son argumentation ». Perelman, qui est le spécialiste abouti de la rhétorique du milieu judiciaire, distingue ainsi deux types d'auditoire :
- un « auditoire universel » ;
- un « auditoire particulier », d'« une infinie variété » ajoute-t-il.
Pour lui, le discours s'adressant à un auditoire particulier vise à persuader alors que celui à destination d'un public universel vise à convaincre.
L'orateur
L'orateur est une « personne que sa fonction conduit souvent à prononcer des discours devant un public ». Néanmoins, le terme de « rhéteur » lui fait concurrence, désignant plus spécifiquement « celui qui fait profession de l'art de la rhétorique ». Ce statut existe dès la Grèce antique où l'orateur devient un homme politique et un enseignant. Isocrate résume ainsi ce double aspect :
« […] nous appelons orateurs ceux qui sont capables de parler devant la foule et nous considérons comme de bons conseils ceux qui peuvent sur les affaires s'entretenir avec eux-mêmes de la façon la plus judicieuse. »

L'orateur, selon le type de discours qu'il met en œuvre, peut être un prédicateur, un avocat ou un sophiste. Néanmoins, il y a autant d'orateurs qu'il y a de conversations et de genres discursifs note Olivier Reboul. Un homme d'église peut ainsi faire un sermon alors que l'homme de loi use d'apologie (défense d'une personne) ou de réquisitoire (attaque contre une personne). L'orateur dépend donc avant tout de son public.
Jean Starobinski, dans Les Lieux de mémoire note que les lieux traditionnels de la rhétorique (la chaire, la tribune et le barreau) sont aujourd'hui éclatés et diversifiés en affiches, cortèges politiques ou syndicaux, télévision, publicité, conférence, « si bien que la figure de l'orateur est devenue « anachronique ». Par ailleurs, ce statut, et sa perception dans la sphère publique, a évolué. Le sexe de la personne qui assume le discours, au moyen des techniques oratoires a également évolué. Selon Philippe-Joseph Salazar en effet, il existe « deux régimes de la parole publique », l'un oratoire, qui est masculin (en diplomatie, dans les domaines judiciaire, religieux et parlementaire) et un second féminin, dévolue à l'art de la conversation pur et formant une véritable « institution » selon Marc Fumaroli. Salazar rappelle alors qu'il existe en Suède, depuis le XIXe siècle une tradition oratoire féminine inexistante ailleurs en Europe (sauf peut être lors de la préciosité), et laissée de côté par les historiens de la littérature.
Enfin, pour la rhétorique classique, l'« orateur est homme de bien qui parle de bien », traduction de l'adage latin « uir bonus dicendi peritus » attribué au rhétoricien romain Quintilien, c'est-à-dire qu'il doit porter des valeurs civiques de probité et de respect de l'interlocuteur.
Dans les mondes grec puis romain surtout, l'orateur a une fonction de médiation : « la vie politique se nourrit de cette transaction rhétorique, par quoi l'orateur persuade de manière réglée afin que ceux qui sont persuadés puissent, à leur tour, persuader d'autres » explique Philippe-Joseph Salazar. Le « bien » dont parle Quintilien est alors le « bien commun », la justice sociale, la « res publica » des romains.
L'argumentation
Science du raisonnement

L'argumentation constitue une « méthode de recherche et de preuve à mi-chemin entre l'évidence et l'ignorance, entre le nécessaire et l'arbitraire. Elle est, comme la dialectique qu'elle continue sous d'autres formes, un des piliers de la rhétorique ». Elle a souvent été confondue, sans distinction, avec la rhétorique en tant que telle, alors que, si la rhétorique peut s'appuyer sur le discours argumentatif, l'inverse n'est pas vrai. Le but de l'argumentation est de faire progresser la pensée en partant du connu pour faire admettre l'inconnu ; ce que la logique formelle nomme l'inférence. Le maître-mot est alors le raisonnement, qui se divise lui-même en deux notions (la déduction et l'induction). Pour Joëlle Gardes-Tamine l'argumentation a pour but de réduire la distance entre l'orateur et son public. Elle rappelle en effet que les latins appelaient également l'argumentation l'aptum, c'est-à-dire l'« adaptation au public ».
Il existe néanmoins un type de raisonnement qui s'exclut du champ rhétorique remarque Jean-Jacques Robrieux. Il s'agit de la démonstration, qui est « un enchaînement de raisonnements, liés entre eux par un caractère de nécessité […] et à peu près indépendant de la volonté de son auteur », qui est l'apanage du domaine scientifique. Contrairement à l'argumentation, dans laquelle l'orateur est libre de sa stratégie argumentative, dans la démonstration (la mathématique par exemple, parmi les plus rigoureuses) la logique interne prime, « les axiomes ne sont pas en discussion [et] […] on ne se préoccupe guère de savoir s'ils sont ou non acceptés par l'auditoire ».
Il existe ainsi deux types d'argumentations, déterminant toute une gamme d'arguments utilisés dans le discours :
- l'argumentation « ad rem » (sur la chose), ou « ex concessis », qui s'adresse à un auditoire universel ;
- l'argumentation « ad hominem » (vers l'homme) qui est une opposition de thèses personnelles.
Déduction et syllogistique
La déduction est le principe de raisonnement qui va du général au particulier. La syllogistique étudie ce mode de raisonnement. Jean-Jacques Robrieux donne ainsi cet exemple :
« Toute l'Europe est démocratique. La France fait partie de l'Europe. Donc la France est un État démocratique. »

Les deux premières propositions (qui sont des « assertions » : elles énoncent un fait) sont appelées les prémisses du raisonnement. La première assertion est dite « majeure » car elle énonce une loi générale alors que la seconde est « mineure » car elle énonce un fait particulier. Par ailleurs, les termes sont appelés « grand terme » (ici « États démocratiques »), « moyen terme » (« Europe ») et « petit terme » (« France »). Selon leur place, au sein des prémisses, quatre figures sont possibles.
Par ailleurs, la syllogistique distingue les « modes » ou agencement des termes selon deux couples de variables :
- universel / particulier ;
- affirmatif / négatif.
qui donnent ainsi également quatre figures possibles (ou « syllogismes » de (grec ancien sun et logos, « qui utilise le discours »). Les modes combinés aux possibilités d'agencement des termes aboutissent à un ensemble de 256 combinaisons dont seulement 19 sont rationnelles et logiques. La scolastique les désigne au moyen de voyelles permettant de créer une matrice :
- universelle affirmative (a) ;
- universelle négative (e) ;
- particulière affirmative (i) ;
- particulière négative (o).
Les combinaisons forment ainsi des mots, par exemple « Barbara » (a, a, a), dans le cas de trois propositions universelles et affirmatives. Néanmoins, il existe quatre syllogismes dits « complexes », parmi les plus utilisés en rhétorique, au-delà des syllogismes formels et logiques spécifiques :
- le « sorite » (grec ancien sôreitês, « tas »). Le sorite se fonde sur la décomposition de la mineure en une suite de propositions enchaînées par des relations d'implications ; c'est un syllogisme continu ;
- l'« épichérème » (latin scientia, « connaissance ») est un syllogisme qui apporte des arguments (preuves ou lieux communs) aux prémisses. Il s'agit par exemple d'user de digressions pour détailler un point précis, dans le cours du raisonnement ;
- l'« enthymème » (grec ancien enthumeomaï, « je réfléchis »), est un syllogisme réduit car il y manque une prémisse (qui est soit évidente et juste ou fausse, soit elle est masquée volontairement comme dans le « je pense, donc je suis » de René Descartes.
Induction et la généralisation
L'induction part de faits particuliers pour aboutir à une loi générale. Elle prime notamment dans la démarche scientifique. Les rhétoriciens en distinguent deux types :
- l'« induction complète » qui permet des inférences à partir de la totalité des phénomènes sur lesquels se fonde l'orateur ;
- l'« induction amplifiante » qui n'en retient qu'un échantillon et extrapole ensuite en loi les propriétés découvertes.
Jean-Jacques Robrieux s'arrête sur la remarque selon laquelle le raisonnement inductif ne fait pas que généraliser ; il peut aussi induire des faits particuliers, c'est le cas des enquêtes de police par exemple.
Les figures de rhétorique

Il s'agissait à l'origine d'une partie de la rhétorique liée à l'« elocutio » mais également de l'agencement du discours (la « dispositio »), avant de devenir l'élément le plus analysé et le plus discuté de la rhétorique, dépassant même le cadre de la discipline oratoire pour devenir un aspect du style, surtout en littérature. La figure de rhétorique est perçue depuis les origines antiques de la discipline comme étant un « ornement du discours » (« colores rhetorici »).
Le classement des figures est un problème transversal à toute l'histoire de la rhétorique. Au XXe siècle, avec les recherches structuralistes surtout, les figures de style quittent le terrain de la rhétorique pour devenir des éléments de la persuasion et de la communication. La linguistique moderne les classe majoritairement en quatre niveaux :
- niveau du mot (exemple : tropes) ;
- niveau du syntagme (exemple : oxymore) ;
- niveau de la proposition (exemple : inversions) ;
- niveau du texte (exemples : ironie, hypotypose).

Cependant, les classements proposés ne rendent que difficilement compte des effets stylistiques des figures, complexes et reposant surtout sur le contexte (c'est le cas notamment de l'ironie). Enfin, toutes les figures de style ne concernent pas la rhétorique : seules celles affectant le discours et le rapport de locution sont dites rhétoriques.
Les figures de rhétorique permettent une vaste palette d'effets. La stylistique en étudie plus précisément les effets sur le lecteur, sans tenir compte d'une situation d'éloquence particulière. Nombre de ces figures peuvent devenir des arguments spécifiques. L'allégorie est ainsi très employée dans le discours oratoire car elle permet de donner à voir des concepts abstraits par définition. Le recours aux allégories mythologiques (comme Cupidon qui représente l'Amour) permet de rendre davantage didactique son discours. C'est le cas aussi de la métaphore comme dans « Ma femme aux cheveux de savane » d'André Breton ou du paradoxisme par exemple. Elles peuvent frapper l'esprit par le raccourci que constitue l'association des contraires dans l'oxymore : « Le superflu, chose très nécessaire […] » (Voltaire) ou produire un effet comique avec le zeugme : « On devrait faire l'amour et la poussière », (paroles de Zazie de Raymond Queneau). Si les figures permettent des effets sur le pathos et l'èthos, elles peuvent concerner également des tactiques de manipulation davantage complexes. Joëlle Gardes-Tamine, dans la Rhétorique distingue celles servant à polémiquer (comme l'ironie et l'analogie) à nommer (périphrase, antonomase), à frapper l'auditoire (par l'hyperbole et la description), à suggérer des idées (allusion, métonymie, euphémisme) ou encore à interpeller (apostrophe).
Les arguments
Les arguments sont les éléments de discours servant à étayer un propos ou une thèse. Pour Quintilien :
« un argument est un raisonnement fournissant une démonstration, qui permet d’inférer une chose d’une autre, et confirme ce qui est douteux par ce qui n’est pas douteux. »
Les auteurs en distinguent deux catégories majeures : ceux provenant du domaine de la logique formelle et ceux émettant un jugement. Jean-Jacques Robrieux distingue lui quatre classes d'arguments :
- les « arguments quasi logiques » ;
- les « arguments empiriques » ;
- les « arguments contraignants et de mauvaise foi » ;
- les « arguments jouant sur le pathos ».
Il est important de rappeler que l'on appelle « thème » le sujet de la proposition (c'est-à-dire ce qu'on dit), et « prédicat » l'information sur ce sujet.
Les arguments ont été l'objet de recherches importantes, tant dans leur dimension linguistique que logique. Aristote les analyse dans son Organon et dans les Arguments sophistiques. Port-Royal a rédigé par ailleurs une Logique de Port-Royal. Enfin, l'économiste John Stuart Mill a écrit lui aussi une Logique, et principalement le livre V consacré aux arguments paralogiques.
Les arguments quasi logiques
Chaïm Perelman est l'introducteur du concept d'argument quasi-logique. Il faut comprendre ici le « quasi-logique » comme similitude avec les règles d'inférences de la logique formelle).
Perelman identifie cinq types d'arguments quasi-logiques :
- l'incompatibilité ;
- la définition ;
- la transitivité ;
- la règle de justice ;
- la comparaison ;
L'incompatibilité est l'analogue dans l'argumentation de la contradiction logique dans un système formel. Pour illustration, la critique d'une personne sur le fait que ses actes ne sont pas conformes à ses propos est une forme d'argument quasi-logique d'incompatibilité. Il n'y a dans cet exemple à proprement parler aucune contradiction logique, c'est-à-dire que ne sont pas mis en présence des énoncés se niant logiquement.
La définition est un argument quasi-logique quand elle est choisie par l'orateur parmi différentes définitions possibles d'un même concept. Ce choix est argumentatif en ce qu'il influence la pensée de l'auditoire. Dans un système formel, la définition est une relation d'équivalence logique entre le défini et le définissant. Dans l'argumentation, il n'y a généralement pas d'équivalence logique en raison des différentes connotations portées par les termes du défini et du définissant.
La relation logique de transitivité est la relation qui veut que si A implique B et B implique C alors A implique C. Dans l'argumentation, il est souvent mobilisé une forme affaiblie de transitivité. Perelman cite comme exemple le fameux dicton : « Les amis de mes amis sont mes amis ». Cet énoncé ne contient pas une authentique relation logique de transitivité en raison de ce qu'il admet des exceptions selon le contexte.
La règle de justice est l'analogue dans l'argumentation de la règle de symétrie dans un système formel. Un exemple est la formule de Quintilien : « Ce qui est honorable d'apprendre, il est également honorable de l'enseigner ».
Enfin, Perelman conçoit également la comparaison comme un argument quasi-logique quand elle est une recherche d'identité. Il faut alors la distinguer de la figure de style du même nom.
Les arguments empiriques
Ces arguments se fondent sur l'expérience. Contrairement aux arguments logiques, ils ne peuvent exister sans une observation du champ de la réalité (appelée « empirie »). D'après Jean-Jacques Robrieux, ils se sous-divisent en trois groupes : les arguments fondés sur la causalité et la succession comme la description, ceux fondés sur la confrontation comme la disqualification ou l'argument d'autorité et enfin les arguments inductifs comme l'illustration ou l'analogie.
Les arguments contraignants et de mauvaise foi
Ces types d'arguments sont hautement manipulateurs, mais à des degrés divers. Ainsi, les auteurs distinguent ceux fondés sur le bon sens, l'appel au conformisme, la ruse ou la violence. Ils sont également peu logiques. Peu étudiés au cours des siècles, Jean-Jacques Robrieux remarque qu'ils font « l'objet d'un regain d'intérêt théorique depuis quelques décennies seulement, au moment où les démocraties, le système consumériste et les médias se sont mis à les employer abondamment ». Certains de ces arguments ont recours aux valeurs (ce sont les repères moraux admis par une société donnée et partagées par tous), d'autres sont plus particulièrement des ruses sophistiquées destinées à gagner à tout prix le débat. Ils sont : le proverbe, les lieux communs et les questions.

Les « questions éristiques » sont quant à elles polémiques ; elles cherchent à agresser l'interlocuteur. Le philosophe Arthur Schopenhauer en a proposé une étude précise dans L'Art d'avoir toujours raison ou Dialectique éristique (1830 - 1831).
Dans le domaine de la mauvaise foi, il existe un ensemble d'arguments particulièrement efficaces s'appuyant sur une déficience de logique formelle (appelés de manière générale les paralogismes) comme le sophisme, le paralogisme, la pétition de principe ou le paradoxe.
Les arguments jouant sur le pathos
Certains arguments ont pour but unique d'émouvoir ou de susciter la pitié. Le discours judiciaire y est particulièrement sensible, notamment lorsque l'avocat de la défense tente d'émouvoir le jury par exemple. Ils sont l'argument démagogique, l'argument ad misericordiam ou ad baculum.
Domaines de la rhétorique
Étant avant tout une pratique, la rhétorique s'incarne au sein de divers domaines, principalement les discours philosophique, politique et publicitaire. Le domaine religieux et pédagogique sont également très influencés par l'art oratoire, dans leur dimension historique mais aussi pratique. Tous les spécialistes de la discipline s'accordent à dire que celle-ci vit un renouveau, à travers ces « rhétoriques » du fait de l'expansion des techniques et des enjeux de la communication actuelle. Néanmoins, la rhétorique n'est pas qu'une somme de techniques ; pour Olivier Reboul, Chaïm Perelman, selon les mots de Bertrand Buffon elle « favorise l'exercice du jugement critique face à ces manipulations grandissantes de l'opinion par la parole et par l'image ».
Rhétorique et philosophie
Une histoire et des enjeux communs
Pour Michel Meyer, la philosophie et la rhétorique entretiennent des connexions certaines. D'une part, la philosophie est née de la rhétorique, avec Platon et Aristote surtout. C'est avec ce dernier que « la nouvelle rhétorique devient alors l'instrument de la philosophie » selon Chaïm Perelman. D'autre part, « Philosopher, c'est argumenter, structurer un discours qui va aussi loin que possible, du fondement aux conséquences ». Platon scella définitivement l’opposition entre la rhétorique « philosophique », et la rhétorique « littéraire ». Néanmoins, le discours demeure toujours une interrogation philosophique, alors que la philosophie se fonde de même toujours sur une méthodologie rhétorique. C'est surtout l'œuvre de Cicéron qui symbolise le rapport intime qui existe entre les deux disciplines.
S'il n'est pas public, le raisonnement philosophique doit néanmoins convaincre, argumenter et persuader, autant d'objectifs rhétoriques. Chaïm Perelman a ainsi réalisé une étude de cette double influence, dans Rhétorique et philosophie pour une théorie de l'argumentation en philosophie. Perelman note également l'importance de l'analogie et de la métaphore en philosophie, ce que le philosophe Paul Ricœur, dans La Métaphore vive pose comme un préalable au travail herméneutique. Par ailleurs, le philosophe Jacques Derrida s'intéresse à la construction du discours dans Rhétorique et philosophie.
Enfin, l'histoire des deux disciplines a souvent coévolué ; en effet, les préoccupations de la Renaissance, portant sur l'objet du langage les ont nourri. Il s'agissait alors de savoir si le langage devait être compris comme un instrument de compréhension (d'ouverture au divin) ou bien de communication (de manipulation politique). Les réponses de la philosophie ont considérablement, note Michel Meyer, fait progresser la rhétorique ; parallèlement, les conceptions des rhétoriciens jésuites notamment ont apporté à la philosophie la logique formelle et le logicisme.
Philosophies de la rhétorique
La rhétorique comme objet de connaissance et objet d'analyse philosophique a donné lieu à de nombreuses réflexions sur la nature du langage et sur le statut de la vérité au sein du discours. Les fonctions de la rhétorique et les notions de « pathos » et de « logos » vont passionner les thèses philosophiques dès la Renaissance, en effet « Il n'est pas un philosophe du XVIIe siècle qui ne pose le problème de la place et de la puissance du logos […]. ».

Francis Bacon (1561 - 1626) est ainsi le premier à proposer d'étendre la partie de l'« inventio » au domaine scientifique. Tout dans la rhétorique peut aider le savant et le langage construit peut venir à bout de chaque paradoxe et l'art oratoire est selon lui lié à l'imagination. Thomas Hobbes (1588 - 1679) voit lui dans le pathos un danger pour l'entreprise empirique, qui se fonde sur les faits bruts. La rhétorique est ainsi le langage du pouvoir, du Léviathan, et un mensonge qui permet de contrôler les hommes.
Mais c'est surtout René Descartes qui propose un renouveau, en philosophie, de la rhétorique, à travers son Discours de la méthode (1637). Confondant l'argumentation avec la rhétorique, Descartes voit dans l'art oratoire et ses techniques le moyen d'étudier les « raisons » des faits (leurs causes en somme). Il plaide également pour que la dialectique soit intégrée à la rhétorique ; selon lui, une démonstration scientifique ne peut s'en passer. Enfin, Descartes doit à la partie de l'invention rhétorique ses quatre préceptes déterminants sa méthode cartésienne. Michel Meyer voit en effet dans ces préceptes, permettant d'étudier un fait, qui sont : l'évidence, la décomposition, la recomposition et le dénombrement soit les quatre phases de l'invention. Blaise Pascal propose quant à lui un Art de persuader (1662) et affirme l'irréductibilité du pathos, qu'il formule par l'expression du « je ne sais quoi ». Pour lui, la rhétorique doit se cantonner à l'étude des logiques et ne pas chercher à expliquer la dimension pathétique de l'orateur.
La philosophie moderne va beaucoup revenir sur les acquis de la rhétorique. Dans la Dialectique éristique (1830-1831), le philosophe Schopenhauer explore les voies de la controverse. Il considère que la dialectique éristique est l'art de la controverse. Il explore les causes de celle-ci puis aboutit à postuler que, dans le discours rhétorique, la vérité n'existe pas, au contraire du discours logique.
Rhétorique et politique
Véhicule de l'idéologie
Analysé par Constantin Salavastru, dans Rhétorique et politique. Le pouvoir du discours et le discours du pouvoir, l'art oratoire entretient une « vieille complicité avec l'art de gérer [la Cité] ». Déjà, en 1815 - 1816 le rhétoricien français Edgar Quinet remarquait que la rhétorique s'est toujours accommodée de l'autorité politique : « Une seule chose s'était maintenue dans les collèges délabrés de l'Empire : la Rhétorique. Elle avait survécu à tous les régimes, à tous les changements d'opinion et de gouvernement, comme une plante vivace qui naît naturellement du vieux sol gaulois ». Enfin, « le discours politique est l'archétype du genre dit délibératif ».
En réalité, pour la linguistique, le discours est naturellement . La communication et la langue sont en elles-mêmes des systèmes « flous » car soit fragiles (le « bruit » ou le « blanc » peuvent altérer l'échange) soit polysémiques (un mot a ainsi plusieurs sens réels, des dénotations mais aussi des connotations). Oswald Ducrot a ainsi proposé une théorie dite de la « présupposition » dans Dire et ne pas dire. À chaque instant de l'échange, les locuteurs et interlocuteurs émettent un ensemble de présuppositions permettant le décodage du message. C'est sur ces présupposés cognitifs que, selon Marc Angenot, l'idéologie et la politique se fondent. Ils les nomment des « idéologèmes » et constate qu'ils accompagnent certains mots spécifiques, à forte connotation, comme « juif » par exemple, au sein de ce qu'il appelle les « discours sociaux », fortement idéologiques.
Rhétorique et démocratie
La manipulation par le verbe et le discours est souvent perçue comme un attribut du pouvoir politique. La rhétorique est ainsi considérée comme le cœur de la propagande ou de la démagogie. Or, pour nombre d'auteurs, la rhétorique est surtout un instrument démocratique.

Pour Jean-Jacques Robrieux, spécialiste de la rhétorique classique, « s'il n'est pas nécessairement manipulateur, il [le discours politique] est toujours rhétorique, tendu vers la persuasion, soit parce qu'il faut se mettre à la portée du public (cas de la pédagogie) soit parce qu'il existe un antagonisme (cas du judiciaire), ou au moins des divergences de vue (cas du délibératif) ». Autrement dit, l'équation selon laquelle la rhétorique est synonyme de manipulation reste un cliché que ni l'histoire, ni l'usage n'infèrent. En effet, pour certains auteurs, paradoxalement, la rhétorique ne peut se fonder que sur la liberté individuelle, ainsi que sur un climat de liberté sociale. Jacqueline de Romilly remarque, sur le plan de la méthode historique, que, à Athènes, au siècle de Périclès, la rhétorique progressait d'autant plus que progressait la liberté.
Pour Philippe-Joseph Salazar, dans Pratiques de la rhétorique dans la littérature de la fin du Moyen Âge et de la première modernité, la rhétorique a permis l'avènement de la démocratie, par le maintien de principes d'équité, tels l'égalité de temps de parole ou le débat contradictoire. Reprenant le néologisme de la spécialiste du monde grec en France, Barbara Cassin : « Je citoyenne, nous citoyennons » [sic], Salazar explique que l'art oratoire se fonde sur trois valeurs démocratiques : ce qui est « juste » (rhétorique judiciaire), ce qui est « utile » (rhétorique délibérative) et ce qui est « valable » (rhétorique épidictique). Pour synthétiser, il voit dans l'enseignement rhétorique le noyau de la démocratie :
« La formation rhétorique sert à établir, autant que possible, un équilibre entre la notion fondamentale, en démocratie, que le sens commun est également partagé et la réalité brutale que ce partage s'effectue mal. »
Rhétorique et psychologie
Un substitut à la violence
Depuis les débuts de la discipline, les auteurs remarquent que la rhétorique recherche en priorité les solutions de l'ordre des représentations. Loin de son image actuelle de moyen verbal au service de l'idéologie, la rhétorique a avant tout à voir avec le processus de civilisation et la notion de catharsis décrite par Aristote. Olivier Reboul dit ainsi :
« La polémique n'est pas la guerre. Elle est même exactement le contraire, car elle n'est possible que là où l'on dépose les armes, ou cedant arma togae, où le combat fait place au débat. Sans doute le débat peut-il être long, épuisant et cruel. Mais il n'est pas la guerre, la guerre où triomphe la causalité aveugle et la mort. Tant qu'on parle, on ne se tue pas. Mieux encore, dans la joute rhétorique, on ne perd ni ne gagne jamais tout à fait par hasard, et ni la victoire ni la défaite ne sont irrémédiables. Les Anciens n'avaient pas tort de comparer la rhétorique au sport ; l'un et l'autre canalisent l'agressivité humaine et constituent une victoire de l'art sur la guerre, du raisonnable sur l'arbitraire. »
C'est surtout l'approche « communicationnelle » (étudiant en quoi la rhétorique est avant tout une méthode de communication entre personnes) qui s'intéresse à la dimension psychologique de l'art oratoire. Selon Aron Kibédi Varga, dans Rhétorique et littérature, « à la base de toute rhétorique, il y a le désir de communication ». Pour nombre d'auteurs, les débuts quasi mythiques de la discipline, relatés par Aristote, selon qui la rhétorique est née après que les tyrans de Sicile aient été expulsés par le peuple, au Ve siècle av. J.-C., éclairent cette dimension. Il fallut en effet redistribuer aux paysans les terres confisquées, ce qui obligea de mettre en place un cadre procédurier ainsi qu'une technique de prise de parole. En d'autres termes, note Joëlle Garde-Tamine, la rhétorique devint un substitut à la violence.
Des processus cognitifs à l'œuvre dans le système rhétorique
La psycholinguistique a permis au XXe siècle de relever l'importance des processus de cognition que l'orateur ou l'interlocuteur mettent en pratique au sein du discours. La mémoire est ainsi particulièrement sollicitée, ainsi que l'imagination, à travers le pourvoir de figuration. Les figures de style sollicitent en effet les compétences d'imagerie mentale que le cognitivisme a pu mettre en exergue. Rudolf Arnheim, dans La Pensée visuelle (1976) énumère les processus cognitifs liés au sens de la vue auxquels à recours la communication.
Déjà, au XVIIe siècle, le cartésien Géraud de Cordemoy, dans son Discours physique de la parole (1668) voyait dans la rhétorique le résultat de l'interaction intime de l'âme et du corps, interaction consistant en « une heureuse disposition du cerveau » qui explique, par exemple, la force du pathos et des affects. S'il manipule, le discours rhétorique agit en premier lieu au niveau sentimental. La publicité redécouvre la puissance suggestive de l'art oratoire, que les sémioticiens comme Jacques Durand ou Roland Barthes ont étudiée. Roland Barthes voit ainsi dans la rhétorique un langage général à l'esprit : « Il est probable qu'il existe une seule forme rhétorique, commune par exemple au rêve, à la littérature et à l'image ».

Le discours publicitaire se fonde enfin sur la dimension psychologique de la rhétorique. À partir de l’analyse d’affiches électorales, Olivier Reboul conclut ainsi que la nature rhétorique de l’image concerne principalement l’èthos et le pathos alors que, au contraire, l’argumentation n'est pas première. Jacques Durand a lui abordé la fonction de l’usage des figures dans le discours de vente. Il propose de considérer la rhétorique de l’image publicitaire comme une rhétorique de recherche du plaisir qui permet au consommateur un double bénéfice : « d’une part en lui épargnant, le temps d’un regard, l’effort psychique nécessité par « l’inhibition ou par la répression » et, d’autre part, en lui permettant de rêver à un monde où tout est possible ».
La manipulation verbale enfin utilise des effets psychologiques, plus ou moins conscients. Ainsi, par exemple, cite Chaïm Perelman, le fait de hiérarchiser les valeurs (les qualifications destinées à présenter les idées ou les faits) conduit subliminalement à imposer un point de vue à l'auditeur. En effet, « par un curieux effet psychologique, ce qui perd en importance devient, par le fait même, abstrait, presque inexistant » dans la conscience de l'auditoire. Des figures de style permettent ainsi de jouer particulièrement sur ce genre d'effets (telles la métabole ou l'amplification par exemple).
Rhétorique et psychanalyse
Avec le psychanalyste Jacques Lacan apparaît la notion d'une relation étroite entre la rhétorique et l'inconscient : « Qu’on reprenne donc l’œuvre de Freud à la Traumdeutung pour s’y rappeler que le rêve a la structure d’une phrase, ou plutôt, à nous en tenir à sa lettre, d’un rébus, c’est-à-dire d’une écriture, dont le rêve de l’enfant représenterait l’idéographie primordiale. […] C’est à la version du texte que l’important commence, l’important dont Freud nous dit qu’il est donné dans l’élaboration du rêve, c’est-ā-dire dans sa rhétorique. Ellipse et pléonasme, hyperbate ou syllepse, régression, répétition, anaphore, apposition, tels sont les « déplacements » syntaxiques, métaphore, catachrèse, antonomase, allégorie, métonymie et synecdoque, les « condensations » sémantiques, où Freud nous apprend à lire les intentions ostentatoires ou démonstratives, dissimulatrices ou persuasives, rétorsives ou séductrices, dont le sujet module son discours onirique ». En résumé, il fait coïncider, quant aux procédés de constitution du rêve, la condensation de Freud avec la métaphore, et le déplacement avec la métonymie. « La métaphore est constitutive de l'inconscient », énonce-t-il par ailleurs.
Rhétorique et religion
La rhétorique prend une forme particulièrement vivante au sein des grandes religions. Les discours prophétiques emploient en effet un ensemble de moyens de persuasion allant de l'image (ou « parabole ») à la logique dans les propos théologiques.

Tout d'abord, la rhétorique et l'analyse du discours sont utilisées pour décrypter les logiques implicites des discours religieux. D. Marguerat et Y. Bourquin, dans La Bible se raconte. Initiation à l’analyse narrative posent ainsi les bases de cette dimension descriptive de la discipline rhétorique. La rhétorique sémitique est par ailleurs une forme de composition littéraire propre aux textes bibliques ou coraniques. Elle est étudiée en tant que telle depuis au moins le IXe siècle. Michel Cuypers indique qu'Al-Mutazz tentait déjà de définir, en 887, de quelle manière la structure des textes arabo-musulmans se différenciait de la rhétorique grecque. Cependant, il faut attendre le XVIIIe siècle, avec les travaux de Robert Lowth, pour que la rhétorique sémitique soit développée par la linguistique.
Pour Philippe-Joseph Salazar, citant Georges Dumézil, les religions font souvent le lien entre la rhétorique et la justice. Il prend ainsi comme exemple la déesse Vac dans l'hindouisme, dont le nom signifie « la Voix » et qui, dans le Rig-Veda préside aux arts de la parole ainsi qu'au lien social, par la justice rendue. Pour certains Michel Meyer, la rhétorique a une fonction sociale liée au sacré. Selon lui, le processus de « rhétorisation » est aussi celui d'un rationalisme de plus en plus réflexif destiné à lever les superstitions. Il explique en effet que
« La rhétorisation du discours fait suite à l'effondrement des vieux mythes explicatifs de l'univers et de l'arrangement social en vigueur. Les mythes étaient de belles histoires, des fables, chefs-d’œuvre de style et d'éloquence, et ils vont d'ailleurs apparaître comme tels, perdant ainsi leur crédibilité initiale. »
Si la rhétorique est née en Grèce, ce n'est pas un hasard, c'est aussi le lieu qui a produit le discours rationnel et scientifique ; dans cette optique, la rhétorique, par la dialectique, a une fonction contre-religieuse.
Rhétorique et stylistique
La rhétorique, née dans le milieu judiciaire, couvre potentiellement l’ensemble des messages sociaux, y compris les textes à visée esthétique. La pensée classique avait envisagé, à côté de la rhétorique, l’existence de la poétique, œuvrant dans le monde de l'imaginaire et ce dès les débuts de l'art oratoire. Aristote a ainsi écrit une Poétique, même si c'est à la Renaissance surtout que se multiplient les traités de poétique. Mais les textes à visée esthétique, parce qu'ils appartiennent à l’espace du vraisemblable, relèvent aussi d'une rhétorique comprise dans un sens large. De sorte qu'entre poétique et rhétorique, les passages sont possibles : des concepts élaborés dans le cadre de la seconde ont été sans difficultés transposés à la première.

La poétique est ainsi devenue avec le temps une discipline à part, la stylistique, utilisée actuellement, dans le milieu universitaire comme étant la science de la production littéraire, au sens de création d'un discours spécifique. Elle « étudie la valeur affective des faits du langage organisé, et l’action réciproque des faits expressifs qui concourent à former le système des moyens d’expression d’une langue » selon Charles Bally. Au XXe siècle, se nourrissant des apports de la sémiologie des années 1970 (avec Roland Barthes et le Groupe µ surtout), cette poétique se mue en stylistique qui se définit ainsi comme la « discipline qui a pour objet le style, qui étudie les procédés littéraires, les modes de composition utilisés par tel auteur dans ses œuvres ou les traits expressifs propres à une langue ».
La stylistique aujourd'hui se focalise sur l'énonciation, sur les figures de style et sur la narratologie parmi les domaines les plus importants.
Rhétorique et enseignement

Dès l'Antiquité, la rhétorique est enseignée. Isocrate y voit la condition d'une formation exemplaire de l'esprit citoyen, parallèlement à la formation physique, par le sport et la musique. En Grèce comme à Rome, l'enseignement se fondait sur la connaissance parfaite des textes classiques et sur la rédaction de commentaires, à l'écrit ou à l'oral. Ces commentaires consistaient en des éloges de personnages d'autorité. L'« invention », qui persiste encore aujourd'hui au Baccalauréat, devait permettre de se nourrir du style de ces auteurs. De 7 à 15 ans, l'élève (garçon ou fille) est sous la tutelle d'un « grammairien » (« magister ») ; à 15 ans, il est enseigné par un « rhéteur » (« rhetor ») qui lui apprend l'éloquence. Il s'agit dès lors d'étudier la rhétorique et non plus seulement de la pratiquer. Les exercices préparatoires (« progymnasmata » et « declamationes ») permettaient d'évaluer les élèves. Or, note Joëlle Gardes-Tamine, le but de ces enseignements était double : développer l'esprit critique d'une part (former le citoyen) mais aussi développer l'esprit créatif. Les jésuites reprendront l'enseignement traditionnel romain, en y incluant la pratique du théâtre. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que les auteurs français comme Bossuet ou Racine deviennent objets d'étude rhétorique.
À l'époque contemporaine, l'enseignement de la rhétorique connaît un net repli. En France, le républicanisme oscille, à partir du XIXe siècle, entre un usage de la rhétorique dans la formation du citoyen par l'école et le rejet de la rhétorique, d'après Philippe-Joseph Salazar[réf. nécessaire]. C'est finalement l'attitude de rejet qui l'emporte, le déclin de l'art oratoire aux programmes étant consommé depuis Jules Ferry, en 1902. Cependant, il y a périodiquement des débats concernant sa réintroduction. Pourtant, l'histoire littéraire portant sur la rhétorique témoigne d'un intérêt croissant depuis les années 1970, en France comme dans les pays anglo-saxons. Elle trouve un nouvel essor dans les associations étudiantes de débat (Fédération mondiale du débat francophone) et dans certaines Écoles comme Sciences Po à Paris. Un enseignement de l'art oratoire y a été systématisé depuis 2001 à partir des techniques de l'actio et de l'incarnation du discours. Le principe pédagogique est que chacune ou chacun peut devenir oratrice ou orateur à condition de s'approprier les techniques nécessaires, déjà évoquées, quoique partiellement, par Quintilien (Institution Oratoire, Livre XI), à l'encontre d'un propos qui laisse accroire à un talent oratoire de naissance. Cette approche volontariste est étayée par une méthode, Tous orateurs, manuel sur les fondations de l'action oratoire, écrit par Cyril Delhay et Hervé Biju-Duval. Les étudiants mettent en pratique leur capacité à débattre et à argumenter dans des débats sur des sujets de controverses en socio-sciences dans le cadre de réunions publiques simulées. Au Québec, pour des raisons historiques et culturelles, la rhétorique fut largement enseignée via ce qu'on appelait le cours classique, une formation qu'offrait la plupart des collèges francophones du Canada jusque dans les années 1960. Ce programme découlait du modèle d'enseignement créé par les jésuites au début de la colonie, avant la conquête anglaise.
Notes et références
Notes
- Le « document d’accompagnement des programmes de français pour la voie générale série littéraire », (version du sur Internet Archive), p. 9, explique en effet qu’« en seconde les élèves ont été amenés à réfléchir à la différence entre un mode rationnel et un mode affectif de l’argumentation (en distinguant entre démontrer et convaincre, d’une part, et persuader, d’autre part) ».
- Le chapitre « La problématologie comme clé pour l'unité de la rhétorique » dans Michel Meyer, p. 289-293, qui présente toutes les conceptions historiques autour de la définition de rhétorique.
- Joëlle Gardes-Tamine, p. 10. Cette autrice ajoute que selon Isocrate la parole est l'instrument de l'intelligence et la rhétorique différencie les hommes des animaux mais aussi les Grecs des « barbaros », des étrangers. Par ailleurs on peut voir dans la dichotomie moderne à propos du langage, divisé en une fonction cognitive et une fonction communicative, la reconduction de ces postulats fondateurs.
- Roland Barthes résume ainsi l'ambivalence de l'êthos aristotélicien : « ce sont les traits de caractère que l’orateur doit montrer à l’auditoire (peu importe sa sincérité) pour faire bonne impression : ce sont ses airs. L’orateur énonce une information, et en même temps il dit : « je suis ceci, je ne suis pas cela ». » Roland Barthes, « L'ancienne rhétorique », Communications, vol. 16, no 1, , p. 172–223 (ISSN 0588-8018, DOI 10.3406/comm.1970.1236, lire en ligne, consulté le ).
- Informations lexicographiques et étymologiques de « rhétorique » (sens I. B. 2.) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- « Rhétorique » ou « rhéto » est également un belgicisme pour désigner la Terminale. En France, elle a constitué un enseignement, au programme de l’enseignement secondaire qui disparut en 1902.
- Michael Purves-Smith, George Frideric Händel’s. Musical Treatment of Textual Rhetoric in His Oratorio, Susanna. Il s'agit d'une étude de la rhétorique en musique. L'auteur montre comment Händel construit des figures de rhétorique grâce aux rythmes, aux tons, à l’usage de la pédale et aux arrangements vocaux. Certaines figures de style peuvent également être transposées en musique, c'est le cas de la métonymie, de la métaphore, de l’hypotypose et de la synecdoque.
- Il existait aux Jeux olympiques antiques des concours oratoires qui vont inspirer les joutes oratoires médiévales.
- Dans le dialogue Le Gorgias rapporté par Platon, le sophiste délivre les clés de son art à Socrate.
- Légende de l'image : Luca della Robbia, 1437 - 1439. Panneau en marbre provenant de la façade nord, registre inférieur, du campanile de Florence.
- Du grec ancien signifiant « formation des âmes par la parole ».
- Voir les travaux de Barbara Cassin et notamment Le Plaisir de parler : études de sophistique comparée.
- Il s'agit en réalité de trois livres.
- C. Benoît dans son Essai historique sur les premiers manuels d'invention oratoire, Vrin, 1984, p. 4, explique ainsi la postérité d'Aristote. Il cite Cicéron faisant l'éloge du philosophe grec comme une démonstration de cette influence indéniable : « Tous les anciens rhéteurs, depuis Tisias, le premier de tous et l'inventeur de l'art, ont été rassemblés en un seul corps par Aristote, qui recueillit avec le plus grand soin le nom de chacun d'eux et les préceptes qui leur appartenaient, les exposa avec autant de netteté que d'exactitude, et les éclaircit par d’excellentes explications : il surpassa tellement ses premiers maîtres par l'élégance et la précision de son style que personne ne va plus chercher leurs leçons dans leurs propres ouvrages, et que tous ceux qui en veulent prendre quelque connaissance ont recours à Aristote comme à un interprète bien plus facile. », in Cicéron, II, 38.
- Aristote, I, 1355a. qui développe particulièrement ce point.
- Il s'agit de l'enseignement romain du latin. Voir pour plus de détails historiques « L'école du grammaticus » en ligne.
- Chaïm Perelman, p. 20 confirme ce point de vue mais porte le préjudice de Ramus sur la tradition héritée d'Aristote. Il explique que Ramus « enlève à la rhétorique d'Aristote ses deux parties essentielles, l'invention et la disposition, pour ne lui laisser que l'élocution. » De là date la rhétorique des figures.
- Michel Meyer, p. 160 explique en effet : « L'absolutisme monarchique qui se met lentement en place produira son cadre esthétique propre, le classicisme ».
- Michel Meyer explique qu'il s'agit d'« une montée des évidences rationnelles et sensibles ».
- Michel Meyer, p. 221 : « Mais la Révolution aidant, c'est finalement la thèse la plus radicale, celle des grammairiens philosophes, celle de l'universalité du logos, qu'il l'emportera », avec notamment Antoine Rivarol.
- « Le souci fondamental de Fontanier, qui s'était déjà exprimé avec force dans sa critique de Dumarsais, c'est en effet de définir ce concept le plus rigoureusement possible, dans son extension et sa compréhension, et de dresser un inventaire scrupuleusement fidèle, dans le détail de ses exclusions et de ses annexions, à la lettre et à l'esprit de la définition. » in l'Introduction de Gérard Genette, in Pierre Fontanier, p. 9.
- Michel Meyer cite, entre autres : le Candidatus rhetoricae du jésuite Joseph de Jouvancy, le Traité des études de Charles Rollin, la Nouvelle rhétorique de Joseph-Victor Le Clerc (1789 - 1865).
- À noter qu'en dépit de ces attaques, les romantiques n'ont pas totalement refusé d'employer la rhétorique parlementaire, brillante et techniciste. Victor Hugo, dans Réponse à un acte d'accusation par exemple, comme Alphonse de Lamartine par ailleurs, mettront en œuvre les discours les plus éloquents de l'historie de la République française.
- L'universitaire Antoine Compagnon parle même du « meurtre de la rhétorique », in Marc Fumaroli, p. 1215-1247.
- L'ouvrage Chaïm Perelman résume le Traité.
- Le « tournant rhétorique » en anglais.
- Le genre judiciaire est ainsi très présent dans la tragédie, où les conflits abondent alors que le genre épidictique se retrouve en poésie.
- « Les preuves administrées par le moyen du discours sont de trois espèces : les premières consistent dans le caractère de l’orateur ; les secondes, dans les dispositions où l’on met l’auditeur ; les troisièmes dans le discours même, parce qu’il démontre ou parait démontrer », in Aristote, Livre I, 2, 1356a-1.
- « la rhétorique a créé une véritable psychologie, dont profitera toute la littérature en particulier le théâtre. Toute l'analyse des sentiments et des passions dérive de la rhétorique » explique Olivier Reboul, p. 60.
- Illustration d'un poème d'Omar Khayyam, tr. Edward Fitzgerald: The Rubaiyat of Omar Khayyam (1905-1912)
- Le mot grec « topoï » se traduit par « lieu géographique », mais aussi « sphère, cercle, source, puits » d'après Georges Molinié, p. 234. Il est l'équivalent technique du terme de « lieu rhétorique », qui ne se confond pas, en stylistique, avec le lieu commun, appelée aussi « cliché ». Pour Olivier Reboul il existe en fait trois sens de ce mot, qui produisent les ambiguïtés les plus complexes de l'histoire de la rhétorique, in Olivier Reboul, p. 62-64.
- Il s'agit selon Olivier Reboul de l'usage d'« inventaire » de la partie rhétorique de l'invention, qui est, par définition, création d'arguments via le talent de l'orateur.
- Par exemple, Joëlle Gardes-Tamine, p. 103-111 cite et analyse le poème de Charles Baudelaire, L'Albatros, une lettre de les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos et un extrait de l'acte V, scène 7 de la pièce Bérénice de Jean Racine.
- L'auteur de la Rhétorique à Herennius distingue lui 6 parties : l'exorde, la narration, la division, la confirmation, la réfutation et la conclusion alors que Cicéron n'en retient que deux fondamentales : l'exposition et la démonstration.
- Selon A. Kibédi-varga, p. 16 « elle recouvre à peu près ce que nous entendons aujourd'hui par stylistique ».
- La notion de « style » est parmi les plus complexes et les plus irréductibles à l'analyse de la linguistique. Pour J. Marouzeau (in Introduction au Traité de stylistique latine, p. 14) le style est « l’attitude que prend l’usager, écrivant ou parlant, vis-à-vis du matériel que la langue lui fournit » alors que pour le linguiste allemand Leo Spitzer c'est « la mise en œuvre méthodique des éléments fournis par la langue ».
- Le « style littéraire » correspond au genre rhétorique du démonstratif, appelé également par Hermogène le « genre panégyrique » car il fait l'éloge de quelque chose ou de quelqu'un.
- Voir notamment l'ouvrage de Frances Yates.
- Aristote en parle néanmoins dans De l'âme, appendice « De Memoria et reminiscentia ».
- C'est le cas de Chaïm Perelman, professeur de droit, qui réduit la rhétorique au champ argumentatif, notamment dans Chaïm Perelman.
- Richard Rorty et Ian Hacking postulent néanmoins que les énoncés scientifiques eux-mêmes ont constitutivement un statut rhétorique, car ils sont conjecturaux et vraisemblables, donc toujours remis en question, qui est à rapprocher de la théorie de Thomas Samuel Kuhn, en épistémologie, selon laquelle les paradigmes scientifiques se distinguent des autres par leur réfutabilité.
- Le syllogisme est connu en latin sous l'expression « modus ponendo ponens » signifiant « manière d'affirmer, d'établir en affirmant » ou par contraction « modus ponens »).
- L'étymologie du mot « sorite » se réfère au mot grec « tas » car c'est à l'origine un paradoxe relatif à la constitution d'un tas de grains, soutenu par le dialecticien Eubulide.
- Olivier Reboul, p. 122 distingue par ailleurs les « figures de rhétorique », qui jouent un « rôle persuasif » et qui forment une classe de procédés fonctionnels, des figures autres dites « non-rhétoriques » et qui peuvent être « poétiques, humoristiques et lexicales ».
- Lorsque l'argument prend la forme d'une menace de violence, on parle de « commination ».
- Bertrand Buffon, p. 16 énumère quatre facteurs militant en faveur d'un « apprentissage renouvelé de la rhétorique et de la dialectique » : a) un premier d'ordre historique et politique (elle permet le débat citoyen), b) un facteur d'ordre technique et économique, c) un facteur social et culturel (« la maîtrise de la parole est un facteur de discrimination sociale ») et d) un facteur ontologique (elle facilite la connaissance, du monde et de soi).
- Il existe ainsi de nombreuses notions rattachées à la rhétorique qui possèdent une étymologie proche du champ lexical de la guerre. Ainsi, « agône », qui signifie les « débats d'idées » sont aussi les « combats physiques » en grec ancien ; l'« éristique » est la « discussion contradictoire » mais elle signifie avant tout « la querelle ».
Références
- Ruth Amossy, p. 6.
- Quintilien, chap. II, 15, 34.
- Michel Blay, Dictionnaire des concepts philosophiques, Larousse, CNRS éditions, 2005 (ISBN 2-03-582657-8), entrée « Rhétorique », p. 727.
- Franck Marmoz, Nicolas Chareyre et Cédric Putanier, 600 questions de culture juridique générale, Paris, Ellipses, , 125 p. (ISBN 9-782340-067523), p. 125.
- Joëlle Gardes-Tamine, p. 8.
- Aristote, I, II, 1355b.
- Roland Barthes, L'aventure sémiologique, Paris, Points Essais, Seuil, , « L'ancienne rhétorique : aide mémoire », p. 173.
- Cité par Chaïm Perelman, p. 33.
- Cité par Chaïm Perelman, p. 58.
- Michel Meyer, p. 5.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 2.
- Michel Meyer, p. 326.
- Joëlle Gardes-Tamine, p. 11.
- Michel Meyer, p. 329.
- Cicéron, XXXVII.
- Michel Meyer, p. 280 : « En fait, une institution oratoire se repère à son autonomie dans le traitement des problèmes, qui tient à la présence des trois composantes êthos-pathos-logos en son sein. »
- Michel Meyer, p. 7.
- « la rhétorique, loin de se restreindre, s'est métastasée au prix d'une unité de champ perdue », explique Michel Meyer, p. 9.
- Michel Meyer, p. 10.
- Joëlle Gardes-Tamine, p. 11.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 3.
- Michel Meyer, p. 3.
- Il ajoute que le mot « rhétorique » est employé de nos jours au même titre que des expressions comme « cinéma » ou « cirque » (Jean-Jacques Robrieux, p. 11).
- Philippe Breton, L'argumentation dans la communication, Paris, La Découverte, coll. « Repères », , 121 p., p. 16.
- Quintilien, vol. I, livre II, chap. XX, § 7.
- Cicéron, XXXVI.
- Michel Meyer, p. 13.
- Michel Meyer, p. 295-297.
- Aristote, I, I, 1355b.
- Michel Meyer, p. 2.
- Gérard Genette, « La rhétorique restreinte », in Figure III, Seuil, Paris, 1972, pp. 21-40, également publié dans la revue Communications, 1970, no 16, pp. 158-171, consultable en ligne.
- François Jullien, Le détour et l'accès. Stratégies du sens en Chine, en Grèce, Grasset, Paris, 1995.
- Ellen E. Facey, Nguma Voices. Text and Culture from Central Vanuatu, University of Calgary Press, 1988.
- David B. Coplan, In the Time of Cannibals, The World Music of South Africa's Basotho Migrants, University of Chicago Press, 1994.
- David Hutto, « Ancient Egyptian Rhetoric in the Old and Middila Kingdoms », in Rhetorica, 20, 3, 2002.
- Y. Gitay, Isaiah and his Audience. The Structure and. Meaning of Isaiah 1-12, Studia Semitica Neerlandic, Van Gorcum, Assen et Maastrich, 1991.
- [image] Statue de Polymnie. Marbre, œuvre romaine du IIe siècle apr. J.-C. Provenance : villa de Cassius près de Tivoli découverte en 1774.
- Polymnie sur le site Cosmovisions.
- Voir le site du colloque « Femmes, rhétorique et éloquence sous l’Ancien Régime Université » qui s'est tenu au Québec, à Rimouski les 13-15 septembre 2007, résumés des interventions consultables en ligne.
- Voir sur ce point et pour plus de détails l'ouvrage de Laurent Pernot, La rhétorique dans l'Antiquité, Ldp Références, no 553, 2000, (ISBN 2253905534).
- « Article Rhétorique » par Philippe Roussin, p. 167, in Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, 1995.
- Cette origine, peut être mystifiée, de la rhétorique est rapportée notamment dans l'article « L'ancienne rhétorique » de Roland Barthes, p. 90 in L'aventure sémiologique, Paris, 1985 ainsi que par Jean-Jacques Robrieux, p. 7.
- Jacob Burckhardt, Histoire de la civilisation grecque (1898-1902).
- Henri-Irénée Marrou, p. 85.
- Voir le discours de Gorgias : Défense d'Hélène, 9.
- Platon, Phèdre [détail des éditions] [lire en ligne] 261a, 271b
- Platon, Phèdre, 265d-271c.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 11.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 13.
- Voir le chapitre correspondant, in Michel Meyer, p. 47-52.
- Voir Guy Achard, édit. de La Rhétorique à Herennius, p. XXVI-XXXII
- « L'ancienne rhétorique » de Roland Barthes, p. 97 in L'aventure sémiologique, Paris, 1985.
- Pour une étude de cet ouvrage voir le site d'Agnès Vinas.
- Roland Barthes, p. 97.
- Quintilien, II, 20, 9.
- Roland Barthes, p. 99.
- Quintilien, livres VIII à X.
- Michel Meyer, p. 30-31.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 15.
- Michel Cuypers, entrée « Rhétorique et structure » in Dictionnaire du Coran, p. 759 explique que la rhétorique arabe a su profiter de celle des Grecs. Beaucoup de noms de figures de style sont en effet calquées sur les noms grecs.
- Dictionnaire du Coran, p. 759
- Akg Image
- Aristote, I, 1, 1354a.
- Michel Meyer, p. 92.
- Voir sur ce sujet la Thèse : La théorie et la taxonomie des tropes dans les ouvrages rhétoriques du Collège de Presle
- Jean-Jacques Robrieux, p. 24.
- Michel Meyer, p. 151.
- Michel Meyer, p. 144.
- Michel Meyer, p. 153.
- Michel Meyer, p. 189.
- Michel Meyer, p. 198.
- Des Tropes ou Des diferens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue (sic)
- Michel Meyer, p. 227.
- Voir l'Introduction de Gérard Genette, in Pierre Fontanier, p. 6.
- Michel Meyer, p. 230.
- Les Contemplations, (1856), « Réponse à un acte d'accusation », I, 7.
- (en) The Ends of Rhetoric: History, Theory, Practise, J. Bender, D. E. Wellbery éd., Stanford, 1990. (Non encore traduit en français).
- La lecture du chapitre « la période contemporaine », in Michel Meyer, p. 247-287 est recommandée pour prendre connaissance de la complexité des conceptions modernes.
- Michel Meyer, p. 252.
- « […] c'est à l'idée d'évidence, comme caractérisant la raison, qu'il faut s'attaquer si l'on veut faire une place à une théorie d'argumentation, qui admette l'usage de la raison pour diriger notre action et pour influencer sur celles des autres. » in Chaïm Perelman et Lucie Olbrecht-Tyteca, Traité de l'argumentation, la nouvelle rhétorique, 1958, p. 4. cité dans La nouvelle rhétorique, Dictionnaire Culturel en langue française sous la direction d'Alain Rey 2006, p. 322.
- L'Empire rhétorique, Paris, Vrin, , p. 23
- Jean-Jacques Robrieux, p. 27.
- Roland Barthes, p. 49-50.
- Rhétorique et image publicitaire, paru dans la revue Communications, no 15, 1970, pp. 70-95.
- L'Homme de parole, Fayard, Folio-Essais, 1985, pp. 310-311.
- (en) Richards, The Philosophy of Rhetoric, New York: Oxford, 1936, p. 3.
- Alex Pereira de Araújo, « Elements of a New Rhetoric in Foucault’s Work », International Journal of Advanced Engineering Research and Science, vol. 10, no 11, , p. 001–005 (ISSN 2349-6495, DOI 10.22161/ijaers.1011.1, lire en ligne, consulté le )
- La revue Kairos est disponible en ligne.
- Chaïm Perelman, p. 198.
- (de) Walter Jens, Von deutscher Rede, 1969.
- Olivier Reboul, p. 55.
- Philippe Roussin, p. 168.
- Aristote, livre III 1414a30-1414b10.
- George Molinié, p. 209.
- Rhétorique à Herennius, I, 3.
- Aristote, I, 1358a.
- Chaïm Perelman, p. 38-39 propose de voir dans le discours épidictique un genre davantage éducatif, source de la philosophie pratique.
- Aristote, p. 1356a.
- Aristote, I, 1375a - 1377b.
- Voire la rumeur publique selon la Rhétorique à Hérennius, II, 12.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 19.
- en latin « argumentum » selon Quintilien
- Quintilien, V, 10, 1.
- La section consacrée aux lieux rhétoriques de cet article est fondée sur : Georges Molinié, p. 223-241.
- Georges Molinié, p. 234.
- Cicéron, p. 46.
- Voir à ce sujet La littérature européenne et le Moyen Âge latin, de Curtius, 1948 pour une étude des thèmes et lieux communs de la littérature européenne.
- Olivier Reboul, p. 71.
- Joëlle Gardes-Tamine, p. 97.
- Rhétorique à Herennius, III, 16.
- Rhétorique à Herennius, V, 12, 14.
- Rhétorique à Herennius, IV, 3, 15.
- Chaïm Perelman, p. 52.
- Rhétorique à Herennius, IV, 17.
- Cicéron, Divisions de l'art oratoire, V, 16.
- Rhétorique à Herennius, IV, 11.
- Rhétorique à Herennius, II, 3, 8.
- Olivier Reboul, p. 74.
- Victor Hugo, Préface de Cromwell.
- Quintilien, II, 13, 11.
- Répondant à la question : « quelle est la première qualité de l'orateur ? » Démosthène répondit : « l'action ; et la seconde : l'action ; et la troisième : l'action », in Cicéron, Brutus, 142.
- Cicéron, XVII, 54.
- Leo H. Hoek et Kees Meerhoff, Rhétorique et image, Rodopi, , p. 105.
- Rhétorique à Herennius, III, 19-20.
- Entrée « Chironomie » du Trésor Informatisé de la Langue Française.
- Quintilien, XI, 3, 102 donnait néanmoins déjà un ensemble de règles chironomiques.
- Antoine Fouquelin, p. 443.
- Brutus, 140, 215 et 301 notamment.
- Quintilien, XI, 2.
- Rhétorique à Herennius, III, 28.
- Cicéron, II, LXXXVII, 352-353.
- Frances Yates, p. 118.
- Pour Olivier Reboul la rhétorique se compose de l'argumentatif et de l'oratoire, c'est-à-dire de l'affectif dans le discours, de la subjectivité du locuteur, soit les figures de style.
- Chaïm Perelman, p. 31. Il faut rappeler que pour Perelman « argumentation » et « rhétorique » sont des notions équivalentes.
- Blaise Pascal, Pensées, 470.
- Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, PUF, 1927, p. 634.
- Chaïm Perelman, p. 33.
- Chaïm Perelman, p. 36.
- Entrée « Orateur » du Trésor Informatisé de la Langue Française.
- Entrée « Rhéteur », opcit.
- Isocrate, Nicoclès, 8.
- Jean Starobinski, sous la direction de Pierre Nora, Les Lieux de mémoire, Gallimard, Quarto, 1997, 3 tomes.
- Joëlle Gardes-Tamine, p. 35.
- Marc Fumaroli, « La conversation », in Trois Institutions littéraires, Gallimard, 1994. Il cite, comme personnalités féminines représentant cette institution de la conversation : Madame de Sévigné, Anna de Noailles par exemple.
- Quintilien, XII, I. Pour une histoire de cet adage, voir l'article de Sophie Aubert, Stoïcisme et romanité. L’orateur comme « homme de bien habile à parler » en ligne [PDF].
- « Pour une renaissance de l'art citoyen de rhétorique. Quelques remarques », in Pratiques de la rhétorique dans la littérature de la fin du Moyen Âge et de la première modernité, Dominique de Courcelles, 2008, p. 4.
- Olivier Reboul, p. 99.
- Joëlle Garde-Tamine, p. 70.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 37.
- Chaïm Perelman, p. 27. Aristote dans les Topiques en a également parlé, 101, a. et b.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 32.
- Joëlle Gardes-Tamine, p. 130.
- « ratio probationem praestans, qua colligitur aliud per aliud, et quae quod est dubium per id, quod dubium non est, confirmat » in Quintilien, V, 10, §11.
- La plupart des arguments cités, ainsi que le mode de classement, proviennent de la classification de Jean-Jacques Robrieux, p. 94-167. La classification de Chaïm Perelman, p. 98-145 en est très proche.
- Port-Royal, Logique, 3e partie, chapitres XIX et XX pour l'essentiel.
- Perelman affirme que les arguments quasi-logiques étaient très employés dans l'Antiquité, lorsque la pensée scientifique d'allure mathématique était moins développée, in Chaïm Perelman, p. 80.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 154.
- [Où ?]Bertrand Buffon.
- Chaïm Perelman, p. 23.
- Michel Meyer, p. 89.
- Rapport étudié par Alain Michel dans Les rapports de la rhétorique et de la philosophie dans l'œuvre de Cicéron, Peeters Publishers, 2003, (ISBN 9042912723).
- Chaïm Perelman, L. Olbrechts-Tyteca, et Émile Bréhier, Rhétorique et philosophie pour une théorie de l'argumentation en philosophie, PUF, 1952, (ASIN B0017V7Y64).
- Michel Meyer, p. 152-153.
- Michel Meyer, p. 173.
- René Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, « règle X ».
- Michel Meyer, p. 181.
- Parfois publiée en France sous le titre L'Art d'avoir toujours raison.
- Constantin Salavastru, Rhétorique et politique. Le pouvoir du discours et le discours du pouvoir, Éditions L'Harmattan, coll. « Psychologie politique », 2005, 215 p., (ISBN 2747576523) consultable en ligne.
- Edgar Quinet : Histoire de mes idées, autobiographie, œuvres Complètes, tome X, éd. Germer-Baillière, Paris, 1880, p. 166-167.
- selon Bertrand Buffon Bertrand Buffon, p. 331.
- Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire, Herman, 1991.
- Aristote, I, 2, 1356a.
- Jean-Jacques Robrieux, p. 39.
- Jacqueline de Romilly, Les grands sophistes dans l'Athènes de Périclès, 1988, p. 78, cité par Gardes-Tamine, p. 15.
- in L'Effet sophistique, Gallimard, 1995. Le néologisme verbal provient en réalité du sophiste grec Antiphon.
- « Pour une renaissance de l'art citoyen de rhétorique. Quelques remarques », in Pratiques de la rhétorique dans la littérature de la fin du Moyen Âge et de la première modernité, Dominique de Courcelles, 2008, p. 3.
- Olivier Reboul, p. 121.
- A. Kibédi Varga, p. 20.
- Michel Meyer, p. 184.
- Article « Rhétorique et image publicitaire », in revue Communications, no 15, 1970, p. 70-95 disponible en ligne.
- Roland Barthes, revue Communications no 4, p. 50
- « Le discours publicitaire a pour but de promouvoir un produit pour en faciliter la vente. il relève ainsi de deux des trois grands genres rhétoriques : le délibératif qui conseille et l'épidictique, qui loue », in Bertrand Buffon, p. 393 ; Michel Meyer, p. 282 dit quant à lui : « La publicité est la rhétorique par laquelle l'offre se fait connaître de la demande et cherche à la susciter en fonction des problèmes que les produits prétendent résoudre. À l'inverse de la littérature, la publicité joue sur la modulation de la distance ».
- Olivier Reboul, p. 92-93.
- Martine Joly, Introduction à l’analyse de l’image, p. 75.
- « Des expressions telles que « sinon », « à l'exception de », minimisent le fait qu'elles introduisent », in Chaïm Perelman, p. 71.
- Chaïm Perelman, p. 59.
- Jacques Lacan, « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud » in Écrits, Seuil, coll. « Le champ freudien », 1966.
- in Apollon sonore et autres essais. Vingt-cinq esquisses de mythologie, Gallimard, Paris, 1987, pp. 11-24.
- La déesse Vac apparaît dans l'hymne X, 125 du Reg-Veda.
- « Aristote et les principes de la rhétorique contemporaine », Michel Meyer, introduction à Aristote, Rhétorique, Livre de Poche, 1996, p. 9.
- Charles Bally, Traité de stylistique française, vol. 1, 1.
- Définition du Trésor Informatisé de la Langue Française.
- Joëlle Gardes-Tamine, Rhétorique, p. 29, fiche sur « l'enseignement de la rhétorique ».
- L'auteur de la Rhétorique à Herennius, II, 4, 7 dit ainsi : « La nature qui me donnera le moins d'espérance, chez les enfants, est celle où la faculté critique se développe plus tôt que l'imagination. ».
- Voir la circulaire ministérielle publiée dans le B.O. no 6, 12 août 1999, qui pose que« la maîtrise progressive de l'expression est un élément essentiel dans l'accès à la citoyenneté » reprise dans le journal Libération, numéro de février-mars 2000 en ligne, par Hélène Merlin, et citée par P-J Salazar.
- Tous orateurs, Cyril Delhay, Hervé Biju-Duval, Eyrolles, Paris, 2015 (seconde édition)
Voir aussi
Articles connexes
- Argumentation
- Art de mémoire
- Analyse du discours
- Propagande
- Rhétorique politique
- Rhétorique sémitique
- Rhétorique de la science
- Sophisme
- Dialectique
- Éristique
- Logographe
- Raisonnement
- Persuasion
Wikisource
- Rhétorique d'Aristote
- Le Monde comme volonté et comme représentation, chapitre XI « À propos de la rhétorique » d'Arthur Schopenhauer
- Gorgias ou sur la Rhétorique de Platon
Liens externes
- Introduction à la rhétorique, cours de Carine Duteil-Mougel - ATILF / CNRS Nancy.
- Erik Neveu, « Rhétorique », Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Accès : https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/rhetorique.
- Les ouvrages classiques antiques sur la rhétorique en texte intégral
- Les figures de style recensées dont certaines illustrées par différents médias
- Lexique des figures de style de l'Office québécois de la langue française
- La mise en scène du discours par Jean-Pierre van Elslande, 2003, département de Français moderne, Université de Neuchâtel. Étude complète de la rhétorique.
- Introduction à la rhétorique
- Fleurs de rhétorique : articles et thèmes sur la rhétorique
- Rhétorique & argumentation, par Françoise Douay-Soublin
- Rhétorique d'Aristote, manuscrit numérisé (Gallica), traduction en français par Norbert Bonafous en 1856 avec texte en regard et notes
Bases de données et notices
- Informations lexicographiques et étymologiques de « Rhétorique » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Ressources relatives à la recherche :
- JSTOR
- Stanford Encyclopedia of Philosophy
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
- Den Store Danske Encyklopædi
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Store norske leksikon
- Treccani
- Universalis
- Notices d'autorité :
- BnF (données)
- LCCN
- GND
- Japon
- Espagne
- Israël
- Tchéquie
- Lettonie
Bibliographie
Traités et ouvrages historiques
- Platon (trad. du grec ancien), Gorgias, Paris, Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », , 380 p. (ISBN 2-08-070465-6)Texte intégral en ligne
- Platon (trad. du grec ancien), Phèdre : Œuvres Complètes, Paris, Éditions Gallimard, (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)
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Essais
- Bertrand Périer, La parole est un sport de combat, Paris, Jean-Claude Lattès, , 219 p. (ISBN 978-2-7096-6069-3).
- Bertrand Périer, Sur le bout de la langue, Paris, Jean-Claude Lattès, 2019.
- La Parole persuasive (Français) Broché – 16 mai 2002 de Bertrand Buffon, 374 pages Éditeur : Presses universitaires de France - PUF (16 mai 2002) Collection : L'interrogation philosophique (ISBN 2130524095) (ISBN 978-2130524090)
- Rhétorique de l’anti-socialisme. Essai d’histoire discursive 1830-1917 Auteur : Marc Angenot 14 décembre 2004 288 pages.
- Le pouvoir rhétorique : Apprendre à convaincre et à décrypter les discours (Français) Broché, 471 pages, Clément Viktorovitch, Editions Seuil, 2021 (ISBN 978-2-02-146587-7)
- Constantin Salavastru, Rhétorique et politique. Le pouvoir du discours et le discours du pouvoir, Paris/Budapest/Torino, Éditions L'Harmattan, coll. « Psychologie politique », , 217 p. (ISBN 2-7475-7652-3, lire en ligne)
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, La Bible se raconte. Initiation à l’analyse narrative, Genève, Labor et Fides, , 463 p. (ISBN 2-8309-1174-1)
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Vous lisez un article de qualite labellise en 2009 Pour les articles homonymes voir Rhetorique homonymie La rhetorique est l art de l action du discours sur les esprits Le mot provient du latin rhetorica emprunte au grec ancien ῥhtorikὴ texnh rhetorike tekhne technique art oratoire Plus precisement selon Ruth Amossy telle qu elle a ete elaboree par la culture de la Grece antique la rhetorique peut etre consideree comme une theorie de la parole efficace liee a une pratique oratoire Demosthene s exercant a la parole toile de Jean Jules Antoine Lecomte du Nouy 1842 1923 La rhetorique est d abord l art de l eloquence Elle a d abord concerne la communication orale La rhetorique traditionnelle comportait cinq parties l inventio invention art de trouver des arguments et des procedes pour convaincre la dispositio disposition art d exposer des arguments de maniere ordonnee et efficace l elocutio elocution art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments style l actio diction gestes de l orateur etc et la memoria procedes pour memoriser le discours La rhetorique a ensuite concerne la communication ecrite et a designe un ensemble de regles formes fixes destinees au discours Au XX e siecle la linguistique et l analyse des textes litteraires ont relance l interet pour la rhetorique Au dela de cette definition generale la rhetorique a connu au cours de son histoire une tension entre deux conceptions antagonistes la rhetorique comme art de la persuasion et la rhetorique comme art de l eloquence La rhetorique grecque telle qu elle fut pratiquee par les sophistes et codifiee par Aristote se preoccupait principalement de persuader Dans l Antiquite romaine se fait jour une nouvelle conception de la rhetorique comme art de bien dire bene dicendi scientia selon les mots de l orateur romain Quintilien A l epoque classique la rhetorique s etend a l etude des textes ecrits et notamment aux textes litteraires et dramatiques la conception romaine de la rhetorique l emporte progressivement sur la conception grecque La rhetorique s est ainsi progressivement restreinte a la stylistique c est a dire a un inventaire de figures relevant des ornements du discours Il en resulte une conception de la parole rhetorique qui se distingue de l argumentation et de la dialectique par l usage d effets pathetiques et ethiques du discours sur le public Contre cette evolution l ecole rhetorique contemporaine de Chaim Perelman renoue avec la rhetorique grecque en proposant une nouvelle rhetorique qui est une theorie de l argumentation DefinitionLa rhetorique correspond a l art de la persuasion L expression a ete fondee par Aristote puis elle fut qualifiee de manipulation de l auditoire par Platon Plus precisement la rhetorique est l art de bien parler de la faculte dans un discours d exposer ses arguments afin de convaincre un auditoire Problematiques de la rhetoriquePolemiques autour d une definition Marc Fumaroli comme Joelle Gardes Tamine ont etudie les conceptions de la rhetorique au cours des siecles et relevent que celles ci peuvent se rattacher a deux traditions philosophiques la definition d origine sophistique selon laquelle la rhetorique doit persuader Bien que propagee par les sophistes comme Gorgias il s agit de la conception heritee d Aristote qui la definit comme la faculte de considerer pour chaque question ce qui peut etre propre a persuader la definition d origine stoicienne qui pose qu elle est l art de bien discourir Elle requiert une bonne moralite et se rapproche en cela d une representation de la sagesse Ses representants sont Quintilien et Ciceron Cette double tradition a conduit les auteurs au cours des siecles a multiplier les definitions de l art rhetorique Meta langage dont le langage objet fut le discours qui a regne en Occident du V e siecle av J C au XIX e siecle apr J C pour Roland Barthes la rhetorique est pour Arthur Schopenhauer ou John Stuart Mill la technique du discours public alors que pour Antelme Edouard Chaignet dans La Rhetorique et son histoire 1888 elle consiste a persuader et convaincre deux buts qui lui sont associes systematiquement dans la conscience populaire et meme dans l enseignement du francais Pour le philosophe anglais Francis Bacon elle est l art d appliquer la raison a l imagination pour mieux mouvoir la volonte alors que pour l Americain Richard Weaver elle est un art de l emphase En depit de toutes ces definitions parfois nettement divergentes l expression d art rhetorique renvoie avant tout et historiquement au systeme rhetorique c est a dire l ensemble des techniques pour structurer son discours en vue de convaincre ou persuader l auditeur Partant de la selon Michel Meyer il existe trois definitions historiques concurrentes de la rhetorique la rhetorique est une manipulation centree sur l auditoire cette idee prevaut chez Platon qui y voit pour une part un mouvement verbal fallacieux Mais d autre part Platon apprehende la rhetorique sous un jour positif lorsque celle ci est au service du discours philosophique Il s agit alors de distinguer conformement a la methode dialectique entre une mauvaise rhetorique faisant abstraction du bien du juste et du vrai et une bonne rhetorique ordonnee a la saisie du bien la rhetorique est l art de bien parler suivant la formule latine de Quintilien la rhetorique est un ars bene dicendi un art du bien dit notion qui renvoie a celle d eloquence la rhetorique est le fait d un orateur en ce sens elle est l expose d arguments ou de discours qui doivent persuader l auditoire au sein d un cadre social et ethique Selon Michel Meyer l humanisme incarne cette definition Michel Meyer parle par ailleurs dans son Histoire de la rhetorique des Grecs a nos jours de veritable casse tete quant a donner une definition acceptable de la rhetorique il ajoute on peut tirer la rhetorique de tous les cotes mais ca sera aux depens de son unite si ce n est par reduction et extension arbitraires qui se verront de toute facon opposees par une autre Le specialiste et universitaire Jean Jacques Robrieux souhaite quant a lui mettre un terme au debat dans Elements de rhetorique en expliquant qu on peut essayer de resumer tres simplement la rhetorique est l art de s exprimer et de persuader Enfin Michel Meyer ajoute que la rhetorique lisse et arrondit les problemes qui s estompent du meme coup sous l effet du discours eloquent se focalisant alors sur la portee utile de la discipline oratoire qui reste un assemblage de techniques prevalant dans une situation de communication socialement cadree Les recherches contemporaines ont disseque la rhetorique et les interpretations se sont multipliees En depit de cela remarque Michel Meyer la rhetorique est demeuree coherente avec ses fondements En effet L unite est une exigence interne de la rhetorique selon cet auteur autrement dit il existe un noyau technique irreductible au sein de la discipline en depit d applications tres differentes les unes des autres Il existe ainsi une rhetorique judiciaire une autre politique une troisieme scolaire etc Cette logique interne a la discipline concerne en effet a la fois le droit la litterature la vente la publicite le discours religieux comme politique et bien sur le parler quotidien Ainsi pour les Grecs la rhetorique est la discipline de la parole en action de la parole agissante Une definition globale de l art rhetorique doit donc prendre en consideration l acte de communication et la dimension proprement personnelle de celui ci La rhetorique est la discipline qui situe les problemes philosophiques comme scientifiques dans le contexte humain et plus precisement inter subjectif la ou les individus communiquent et s affrontent a propos des problemes qui en sont les enjeux la ou se jouent leurs liaison et leur deliaison la ou il faut plaire et manipuler ou l on se laisse seduire et surtout ou l on s efforce d y croire Trois notions centrales le logos le pathos et l ethos Articles detailles Logos Pathos et Ethos Allegorie de la rhetorique La rhetorique utilise des ses fondements trois notions centrales dans la pensee grecque et latine que resume Ciceron lorsqu il dit que la rhetorique consiste a prouver la verite de ce qu on affirme se concilier la bienveillance des auditeurs eveiller en eux toutes les emotions qui sont utiles a la cause Michel Meyer les nomme les instances oratoires dont les relations determinent les genres rhetoriques ou institutions oratoires juridique politique litteraire ou economico publicitaire principalement Tout d abord la rhetorique est un discours rationnel ce que traduit le grec logos logos L argument permet ainsi par la logique de convaincre l auditoire Mais le logos designe a la fois la raison et le verbe la parole Selon Joelle Gardes Tamine en effet des les debuts grecs les deux conceptions ont existe La conception d une rhetorique comme discours rationnel fut promue par le philosophe Socrate alors que celle d un art praxis avant tout lie a la parole fut pronee par l orateur Isocrate Cependant il existe aussi une relation emotionnelle que vehicule la notion de pa8os pathos L auditoire doit etre seduit ou charme la raison n est ainsi pas le seul but de la rhetorique Selon Michel Meyer le pathos comporte trois elements passionnels la question choc le plaisir ou le deplaisir qu elle occasionne et la modalite sous forme de jugement qu elle engendre comme l amour et la haine par exemple L ἦ8os ethos enfin est la dimension de l orateur ses vertus et ses mœurs exemplaires meme si c est avant tout une image que donne l orateur de lui meme Cette notion est davantage romaine mise en avant par Ciceron notamment alors que le pathos et le logos sont des acquis grecs Pour Aristote en effet le logos est premier a contrario de Platon pour qui le pathos et non la verite commande le jeu de langage la raison etant l apanage de la philosophie discipline maitresse pour Platon La linguistique et la semiotique modernes fonderont leur discours epistemologique sur la reprise de ces trois poles de la rhetorique classique Roland Barthes liait ainsi l ethos a l emetteur le pathos au recepteur et le logos au message Neanmoins l histoire de la rhetorique peut aussi se voir comme a certaines periodes une focalisation particuliere sur l une ou l autre de ces notions Evolution de la definition linguistique et rhetorique Article detaille Linguistique Cette triple conception de l art rhetorique a ainsi parcouru toute l histoire de la rhetorique l une ou l autre des notions prenant le pas sur les autres et par extension determinant tout un art oratoire d une zone geographique ou d une periode donnees Ce phenomene fut largement le moteur de la dispersion de la rhetorique comme discipline qui culmina en 1890 en France avec sa disparition au programme des bacheliers Les conceptions modernes qui ont vu le jour au XX e siecle grace aux travaux des linguistes comme Ferdinand de Saussure John Searle le Groupe µ ou Roman Jakobson parmi les plus importants vont ainsi redecouvrir l art oratoire Les notions de logos de pathos et d ethos sont reinterpretees a la lumiere de la sociolinguistique notamment discipline qui examine l usage du langage au sein des groupes humains Des concepts comme ceux d argumentation ou de negociation permettent ainsi de depasser les imperfections des definitions classiques pour aboutir selon les mots de Michel Meyer a une conception selon laquelle la rhetorique est la negociation de la difference entre des individus sur une question donnee definition qui influence profondement les modeles communicationnels actuels Michel Meyer nomme ces theories modernes foisonnantes de propositions les rhetoriques Cependant tout au long du XX e siecle la rhetorique a ete reduite a ce qu elle a de plus linguistique c est a dire la theorie des figures au mepris du discours en lui meme et de sa dimension relationnelle et sociale Elle ne fut des lors comprise et etudiee qu a travers le prisme de la grammaire ou de la stylistique Ce n est que recemment qu elle fut redecouverte comme discipline autonome ayant sa propre epistemologie La redecouverte de la rhetorique par les intellectuels comme Kenneth Burke mais aussi par les professionnels de la communication publicite medias politique etc permit de redecouvrir les textes classiques et toute la richesse et les techniques de cet art oratoire Pour Jean Jacques Robrieux la societe du savoir et de la communication y est pour beaucoup le locuteur du XX e siecle a en effet un besoin d expression et de decoder des messages de plus en plus complexes Les termes rhetorique ou sophistique qui lui est souvent par meconnaissance associe sont souvent utilises de nos jours avec un sens pejoratif quand le locuteur souhaite opposer les paroles creuses a l action ou separer l information de la desinformation de la propagande ou encore pour qualifier des formes douteuses de discours pseudo argumentatif Il est ainsi courant d entendre que tel politicien fait de la rhetorique Michel Meyer resume ainsi la representation de la discipline dans l esprit commun Le sophiste est l antithese du philosophe comme la rhetorique est le contraire de la pensee juste Jean Jacques Robrieux explique lui que l usage du terme est souvent en usage pour devaloriser des modes d expressions affectes ampoules ou artificiels La rhetorique est ainsi vue traditionnellement comme l apanage de la demagogie du discours politique de la publicite ou du marketing Rhetorique et argumentation Article detaille Argumentation La confusion entre la rhetorique comme art de l eloquence mise en œuvre de techniques de seduction au moyen du langage et l argumentation comme deroulement d un raisonnement existe depuis les debuts de la discipline Souvent confondue avec la dialectique l argumentation met en œuvre un raisonnement dans une situation de communication selon Philippe Breton La dialectique etymologiquement l art de la discussion ancien terme pour designer le champ argumentatif etait en effet subordonnee a la rhetorique Le philosophe grec de l Antiquite Zenon d Elee comparait ainsi la dialectique technique du dialogue a un poing ferme alors que la rhetorique lui paraissait semblable a une main ouverte L orateur romain Ciceron explique ainsi que l argumentation devra s elever en proportion de la grandeur du sujet Pourtant les differences tant theoriques que d usages sont nombreuses Pour Michel Meyer la difference principale tient au fait que la rhetorique aborde la question par le biais de la reponse presentant la question comme disparue donc resolue tandis que l argumentation part de la question meme qu elle explicite pour arriver a ce qui resout la difference le differend entre les individus La publicite est a ce sujet eclairante il s agit par la rhetorique de plaire sans forcement demontrer le bien fonde d un produit alors que le milieu juridique au tribunal lui use d argumentation pour manifester la verite Une autre difference notable tient aux buts des deux disciplines Si l argumentation recherche la verite dans la demonstration mathematique par exemple la rhetorique cherche avant tout le vraisemblable Aristote explique en effet le premier que le propre de la rhetorique c est de reconnaitre ce qui est probable et ce qui n a que l apparence de la probabilite De la vient l image quelque peu pejorative synonyme de discours fallacieux que vehicule l art rhetorique depuis ses debuts notamment au sein de la sphere politique Or l art oratoire ne s occupe que de l opinion doxa selon Joelle Gardes Tamine Histoire de la rhetoriqueArticle detaille Histoire de la rhetorique Preambule a l histoire de la rhetorique Une double histoire de la rhetorique La rhetorique qualifiee par Roland Barthes de metalangage discours sur le discours a comporte plusieurs pratiques presentes successivement ou simultanement selon les epoques La rhetorique n a jamais ete abandonnee tout au long de l histoire car les besoins de convaincre et persuader ont toujours existe au sein de groupes sociaux Mais selon les epoques elle a eu des statuts bien differents En schematisant fortement son evolution on peut dire qu elle a constamment oscille entre une conception sociale et pratique et une conception formaliste La rhetorique comme systeme autonome a periclite au XIX e siecle avant de renaitre de maniere spectaculaire au XX e siecle L histoire de la rhetorique peut se lire suivant deux voies une histoire de sa conception sociale qui est celle qui mise principalement sur le discours en public et la controverse philosophique et politique surtout Cette conception de la rhetorique a surtout ete defendue durant l Antiquite par les stoiciens grecs comme Demosthene puis les romains Ciceron et Quintilien en particulier une histoire a l approche formaliste se focalise elle sur les techniques discursives et notamment sur celles qu etudiait l elocution sens a travers des auteurs comme Ramus Dumarsais Pierre Fontanier ou au XX e siecle Gerard Genette et le Groupe µ Des la basse Antiquite en effet a la suite de la disparition de la cite antique la fonction politique de la rhetorique s est perdue l eloquence perd son statut d instrument politique pour devenir simple fin recherchee en elle meme De pratique la rhetorique devient un art pour l art La rhetorique se reduit alors a l etude des ornements relevant de lelocutio et en premier lieu les figures de style C est pourquoi l approche sociale de la rhetorique tend a maintenir intacte l opposition entre rhetorique et poetique alors que la seconde approche l approche formaliste a l abolir voyant dans les deux disciplines une etude des structures des textes et discours Pour Gerard Genette la rhetorique n a eu de cesse d etre depouillee de ses elements constitutifs il parle en effet d une rhetorique restreinte concernant la discipline actuelle une rhetorique se focalisant d abord sur l elocution puis aux tropes On peut constater parallelement que peu a peu chacune des parties du grand edifice conceptuel qu elle constituait a pris son independance tant dans le domaine des disciplines theoriques que dans celui des disciplines pratiques Les moyens expressifs comme les figures de style sont ainsi l objet d une discipline autonome la stylistique D un autre cote l etude des mecanismes de demonstration a debouche sur la logique formelle L art mnemotechnique est devenu autonome et s est separe de la rhetorique egalement La linguistique ou la pragmatique se sont litteralement emparees du systeme rhetorique enfin Une discipline d origine essentiellement europeenne La rhetorique est un heritage greco romain qui ne peut etre transpose que difficilement dans les autres cultures et civilisations Cependant des etudes ethnologiques et historiques ont montre que des arts oratoires sans pour autant presenter une complexite de classification similaire a celle des Grecs et des Romains se sont developpes dans les differentes aires de civilisation Francois Jullien a ainsi montre dans Le detour et l acces Strategies du sens en Chine en Grece qu il existait dans l Empire du Milieu un art oratoire fonde egalement sur la persuasion Les travaux des anthropologues Ellen E Facey et de David B Coplan concernant les cultures orales d Afrique et d Australasie vont egalement dans ce sens La rhetorique concerne egalement les civilisations proches du monde greco romain comme l Egypte David Hutto a en effet montre que la civilisation egyptienne a developpe son propre art de persuasion alors qu Yehoshua Gitay a analyse les modes d argumentation propres au judaisme Dans le monde indien le Kavyalankara ou la science des ornements poetiques qui traverse les poemes sanskrits connus sous le nom de kavya peut s apparenter a une elocutio sans toutefois que le systeme rhetorique soit aussi complexe que celui des Grecs puis des Romains Cependant la rhetorique au sens propre est une discipline de tradition europeenne que le droit et la politique ont notamment exportee de par le monde Rhetorique dans l Antiquite grecque Article detaille rhetorique grecque Polymnie la muse de la rhetorique Sur les rapports entre musique et rhetorique voir Article detaille rhetorique musicale Representation de la muse Polymnie Polymnie Polymnia ou Polymnia celle qui dit de nombreux hymnes etymologiquement est la muse des chants nuptiaux du deuil et de la pantomime Elle personnifie la rhetorique mais aussi la musique Le rapport a la musique n est cependant pas totalement incongru Nombre d auteurs voient dans l architecture musicale une transposition savante des principes rhetoriques Ainsi le professeur de musique canadien Michael Purves Smith etudie les prologues composes au XVII e siecle par Philippe Quinault et Jean Baptiste Lully dans leurs tragedies lyriques comme autant d ouvertures ou d exordes rhetoriques Purves Smith note egalement les metaphores constantes des musiciens qui comparent ces prologues d opera a des vestibules ou a l entree d un edifice Polymnie est aussi connue sous le nom d Eloquentia mais elle est peu representee en litterature ou en iconographie Elle apparait cependant comme personnage du conte de Charles Perrault Fees ainsi que dans certains tableaux d inspiration antique Elle est couronnee de fleurs quelquefois de perles et de pierreries avec des guirlandes autour d elle et est toujours habillee de blanc Sa main droite est en action comme pour haranguer et elle tient de la main gauche tantot un sceptre tantot un rouleau sur lequel est ecrit le mot latin suadere signifiant persuader ainsi que les noms des deux grands orateurs Demosthene et Ciceron De facon generale la rhetorique est toujours personnifiee par des femmes Un art politique Article connexe Rhetorique politique La rhetorique est le premier des sept arts a maitriser dans le cursus scolaire du monde greco romain avec la grammaire la dialectique la geometrie l arithmetique l astronomie et la musique Dans l Antiquite la rhetorique s interessait a la persuasion dans des contextes publics et politiques comme les assemblees et les tribunaux A ce titre elle s est developpee dans les societes ouvertes et democratiques avec des droits de libre expression de libre reunion et des droits politiques pour une partie de la population c est a dire dans les societes tenant de la democratie athenienne Les theoriciens de la rhetorique Anaximene Aristote Demetrios Ciceron Quintilien Hermagoras de Temnos Hermogene d autres encore grecs et latins ont formalise la discipline tant sur le plan pratique que sur le plan theorique et principalement au sein de la sphere politique ou judiciaire Des les origines la rhetorique a un versant pratique et un versant theorique et philosophique D un cote elle s est constituee en ensemble de recettes se mettant a la disposition de l orateur ou de l ecrivain au sein des debats judiciaires ou politiques ludiques egalement Mais tres tot elle a mobilise des questions theoriques de premiere importance En effet elle situe son action dans le monde du possible et du vraisemblable Elle se prononce sur l opinion non sur l etre elle a sa source dans une theorie de la connaissance qui se fonde sur le vraisemblable eikos le plausible et le probable non sur le vrai alethes et la certitude logique explique Philippe Roussin En s occupant du vaste domaine des sentiments des opinions la rhetorique pose des questions comme la credibilite le lieu commun ou l evidence que la sociologie ou les sciences du discours assumeront par la suite La rhetorique en tant que discipline autonome nait vers 465 av J C en Grece antique lorsque deux tyrans siciliens Gelon et Hieron exproprient et deportent les populations de l ile de Syracuse pour le peuple de mercenaires a leur solde Les natifs de Syracuse se souleverent democratiquement et voulurent revenir a l etat anterieur des choses ce qui aboutit a d innombrables proces de propriete Ces proces mobiliserent de grands jurys devant lesquels il fallait etre eloquent Cette eloquence devint rapidement l objet d un enseignement dispense par Empedocle d Agrigente Corax et Tisias a qui est attribue le premier manuel enseignement qui se transmit ensuite en Attique par les commercants qui plaidaient conjointement a Syracuse et a Athenes Les sophistes La rhetorique fut ensuite rendue populaire au V e siecle av J C par les sophistes rheteurs itinerants qui donnaient des cours de rhetorique L objet central de leur preoccupation etait l ethos et le pathos ils laissaient de cote le logos car pour eux la fonction du langage est de persuader et non pas d expliquer La reputation de manipulateurs qui date des actes des sophistes a ete propagee par Platon a tel point que l historien Jacob Burckhardt a qualifie de monstrueuse aberration la rhetorique de l Antiquite Ils definissent les parties du discours analysent la poesie distinguent les synonymes inventent des strategies d argumentation Leur but est en effet avant tout pratique permettre de comprendre les types de discours et les modes d expression les plus a meme de convaincre leur auditoire et d acceder aux plus hautes places dans la cite Les Sophistes s adressent a quiconque veut acquerir la superiorite requise pour triompher dans l arene politique explique Henri Irenee Marrou dans Histoire de l education dans l Antiquite Les sophistes sont en effet des enseignants reputes qui ont ete les premiers a repandre l art rhetorique Les sophistes les plus celebres furent Protagoras Gorgias qui aupres de Socrate disait pouvoir soutenir n importe quelle these Prodicos de Ceos l un des premiers a etudier le langage et la grammaire et Hippias d Elis qui pretendait tout savoir Protagoras est considere comme le pere de l eristique l art de la controverse Son enseignement repose sur l idee que sur n importe quelle question l orateur peut soutenir deux theses contraires le vrai et le faux etant inutiles pour convaincre Gorgias etait surtout connu pour le travail du style de ses textes epidictiques Il developpe une veritable prose d art pour remplacer la metrique et la musicalite du vers Il inaugure quant a lui le genre epidictique L enseignement des sophistes enfin est fonde sur quatre methodes les lectures publiques de discours les seances d improvisation sur n importe quel theme la critique des poetes comme Homere ou Hesiode et l eristique ou art de la discussion Platon la dialectique Platon et Aristote discourant C est contre les sophistes que Platon 428 av J C env 347 av J C s eleve en premier lieu Posant que la verite doit etre l objet et le but de la rhetorique il en vient a rapprocher art oratoire et philosophie a travers la methode de la dialectique la raison et la discussion menent peu a peu a la decouverte d importantes verites Platon pensait en effet que les sophistes ne s interessaient pas a la verite mais seulement a la maniere de faire adherer autrui a leurs idees Ainsi il rejetait l ecrit et recherchait la relation verbale directe et personnelle l ad hominatio Le mode fondamental du discours est le dialogue entre le maitre et l eleve Platon oppose ainsi deux rhetoriques la rhetorique sophistique mauvaise qui est constituee par la logographie qui consiste a ecrire n importe quel discours et a pour objet la vraisemblance et qui se fonde sur l illusion la rhetorique de droit ou rhetorique philosophique qui constitue pour lui la vraie rhetorique qu il appelle psychagogie Les deux dialogues de Platon concernant precisement la rhetorique sont le Gorgias et le Phedre Dans ce dernier dialogue Socrate explique que la rhetorique use de deux procedes antagonistes la division et le rassemblement Toute l histoire de la rationalite en philosophie est traversee par le debat mis en forme par Platon entre la rhetorique qui argumente sur des opinions probables et transitoires afin de convaincre et la philosophie qui argumente sur des verites certaines Toute l histoire de la philosophie politique egalement en est le reflet depuis Platon il y a une politique du vrai de l absolu du dogme et des politiques du possible du relatif du negociable ce qui etait precisement comment les sophistes definissaient la pratique rhetorique fer de lance pour eux de la democratie deliberative Aristote et la logique des valeurs Aristote le fondateur du systeme rhetorique Aristote 384 av J C 322 av J C est l eleve de Platon Il compose trois ouvrages de rhetorique majeurs la Poetique la Rhetorique et les Topiques En matiere de rhetorique il est l auteur le plus central tant par son esprit d analyse que par son influence sur les penseurs successifs Pour Aristote la rhetorique est avant tout un art utile plus precisement elle est un moyen d argumenter a l aide de notions communes et d elements de preuve rationnels afin de faire admettre des idees a un auditoire Elle a pour fonction de communiquer les idees en depit des differences de langage des disciplines Aristote fonde ainsi la rhetorique comme science oratoire autonome de la philosophie Par ailleurs Aristote va developper le systeme rhetorique rassemblant l ensemble des techniques oratoires En distinguant trois types d auditeurs il distingue ainsi dans la Rhetorique trois genres rhetoriques chacun trouvant a s adapter a l auditeur vise et visant un certain type d effet social le deliberatif qui s adresse au politique et son objectif est de pousser a la decision et a l action et qui a pour fin le bien le judiciaire qui s adresse au juge et vise l accusation ou la defense et qui a pour fin le juste le demonstratif ou epidictique qui fait l eloge ou le blame d une personne et qui a pour fin le beau en termes actuels la valeur A chaque discours s accordent une serie de techniques et un temps particulier le passe pour le discours judiciaire puisque c est sur des faits accomplis que portent l accusation ou la defense le futur pour le deliberatif l orateur envisage les enjeux et consequences futures de la decision objet du debat enfin le present essentiellement mais aussi passe et futur pour le demonstratif il est question des actes passes presents et des souhaits futurs d une personne Le mode de raisonnement varie aussi Le judiciaire a le syllogisme rhetorique ou enthymeme comme instrument principal le deliberatif privilegie l exemple et l epidictique met en avant l amplification Chaque ouvrage d Aristote permettra ainsi de rendre une methodologie rationnelle de l art oratoire L heritage platonicien en depit de divergences fondamentales entre les deux philosophes est ainsi conserve a travers la dialectique Aristote en definit les regles dans les livres V des Topiques et VI des Refutations sophistiques de lOrganon Celles ci se fondent sur la logique egalement codifiee par Aristote Les Topiques definissent le cadre des possibilites argumentatives entre les parties c est a dire les lieux rhetoriques Pour Jean Jacques Robrieux Ainsi est tracee avec Aristote la voie d une rhetorique fondee sur la logique des valeurs Par ailleurs Aristote a surtout permis la tripartition ethos pathos logos selon l expression de Michel Meyer Rhetorique dans l Antiquite romaine L orateur statue en bronze grandeur nature Musee archeologique national Florence Les Romains chez lesquels l art oratoire etait devenu une partie importante de la vie publique tenaient les rheteurs grecs en si grande estime qu ils engagerent certains d entre eux dans leurs ecoles La rhetorique faisait partie integrante des humanites humanitas en latin qui promouvaient la reflexion sur l homme et l expression ecrite et orale La rhetorique romaine repose donc largement sur des bases grecques bien qu elle ait prefere une approche pratique a des reflexions theoriques et speculatives En realite les Romains n ont rien apporte de nouveau a la pensee grecque L orateur Ciceron et le pedagogue Quintilien furent les deux autorites romaines les plus importantes dans l histoire de la rhetorique Leurs travaux s inscrivent toutefois dans la lignee d Isocrate de Platon et d Aristote Ces trois auteurs et un quatrieme demeure anonyme ont marque la rhetorique romaine La Rhetorique a Herennius Bien que peu connu a l epoque romaine l ouvrage La Rhetorique a Herennius parfois attribue a Ciceron son auteur etait peut etre un rheteur latin de l ile de Rhodes voire un jeune senateur proche des Populares qui date des annees 86 ou 82 est le premier texte de la rhetorique latine presentant en detail et de maniere formelle le systeme rhetorique Il est meme le premier manuel complet en ce domaine que nous connaissions Les parties rhetoriques sont examinees une a une Les trois styles simple moyen et sublime sont egalement presentes Il s agit d une synthese des apports d Aristote dans un esprit davantage pratique temoin de l importance de l eloquence a Rome depuis le II e siecle av J C La Rhetorique a Herennius fournit un apercu des debuts de la rhetorique latine et au Moyen Age et a la Renaissance En effet l ouvrage fut largement publie et utilise comme un manuel de base de la rhetorique dans les ecoles de grammaire Ciceron Portrait de Ciceron un des plus grands rhetoriciens de l Antiquite L orateur et homme politique romain Ciceron 106 43 av J C est aux cotes de Quintilien l expert en rhetorique romain le plus celebre et le plus influent Son œuvre inclut le De inventione oratoria le De Oratore un traite complet des principes de la rhetorique sous forme dialoguee les Topiques un traite rhetorique des lieux communs dont l influence fut tres grande a la Renaissance le Brutus une histoire des orateurs grecs et romains les plus celebres et l Orator ad Brutum enfin qui concerne les qualites que doit avoir l orateur ideal Ciceron a laisse un grand nombre de discours et de plaidoiries qui posent les bases de l eloquence latine pour les generations a venir Il mit surtout en avant la notion d ethos ainsi que les valeurs civiques et citoyennes inevitablement a la base de tout discours Ce fut la redecouverte des discours de Ciceron comme la Defense d Archias et de ses lettres Lettres a Atticus mais aussi des œuvres d Aristote que Ciceron commente par des erudits et ecrivains italiens tels Petrarque qui fut a l origine du mouvement culturel de la Renaissance Le style et les principes mis en lumiere par Ciceron ont constitue les fondements avec Aristote et Quintilien surtout de l art rhetorique en Europe Il s agit selon Roland Barthes d une veritable tradition qu il nomme ciceronienne et qui influenca notamment la democratie americaine et le droit germano romain Quintilien Quintilien La renommee de Quintilien entre 30 et 35 v 100 ap J C est tres grande depuis l Antiquite Il est ainsi connu comme ayant place la rhetorique comme science fondamentale L eloquence comme la raison est la vertu de l homme Sa carriere commenca comme plaideur dans un tribunal Sa reputation grandissait tant que Vespasien crea une chaire de rhetorique pour lui a Rome Son Institutio oratoria Les Institutions oratoires un long traite ou il discute de l entrainement pour etre un rheteur accompli et recense les doctrines et opinions de nombreux grands rheteurs qui l ont precede a marque l histoire de la discipline Quintilien y montre en effet l organisation necessaire des etudes de rhetorique qu un futur orateur doit suivre La premiere phase de cet enseignement commence ainsi par l apprentissage du langage qui doit etre assure par des nourrices s exprimant dans un langage impeccable La deuxieme phase a partir de 7 ans repose sur l apprentissage en classe du grammaticus de la lecture de la decouverte de la poesie L eleve doit aussi realiser des redactions comme raconter des fables La troisieme phase debute vers 14 ans Il s agit de decouvrir la rhetorique en redigeant des narrations panegyriques elementaires paralleles et imitations et des declamationes ou discours sur des cas hypothetiques La redaction de discours dans un cadre pedagogique ou pour s entrainer se repandit et se popularisa sous le nom de declamation Les differentes phases de l entrainement rhetorique en lui meme etaient au nombre de cinq et furent suivies pendant des siecles en devenant les parties du systeme rhetorique Inventio invention Dispositio disposition ou structure Elocutio style et figure de style Memoria apprentissage par cœur du discours et art mnemotechnique Actio recitation du discours Quintilien tente de decrire non seulement l art rhetorique mais aussi la formation de l orateur parfait comme un citoyen politiquement actif et soucieux de la chose publique Sa mise en avant de l application de l entrainement rhetorique dans la vie reelle temoigne d une nostalgie pour l epoque ou la rhetorique etait un instrument politique important et en partie une reaction contre la tendance croissante dans les ecoles romaines de rhetorique a separer les exercices scolaires et la pratique juridique reelle Rhetorique au Moyen Age en Europe et dans le monde Les sept arts liberaux Maison de Tubingen bibliotheque de l universite de Tubingen De gauche a droite Geometrie Logique Arithmetique Grammaire Musique Physique et la Rhetorique Au Moyen Age europeen la rhetorique est une discipline faisant partie des arts liberaux Essentiellement orale elle est dispensee par des professeurs s opposant aux ecoles ecclesiastiques Abelard par exemple a marque cette periode Elle est inscrite avec la grammaire et la dialectique au programme d enseignement de base du trivium dans les ecoles cathedrales et monastiques tout au long de la periode En enseignant l art de comprendre et de se faire comprendre d argumenter de construire d ecrire et de parler la rhetorique permettait d evoluer avec aisance dans la societe et de dominer par la parole C est a son ecole que se formaient les hauts fonctionnaires les magistrats les officiers les diplomates les dignitaires de l eglise en un mot les cadres La rhetorique assurait une formation liberale c est a dire une formation professionnelle a long terme Michel Meyer La Rhetorique Elle est ainsi surtout utilisee par les clercs pour l elaboration des sermons et des preches et necessite une bonne connaissance du latin et des auteurs antiques qu il s agit d imiter La rhetorique est neanmoins peu utilisee jusqu a la Renaissance ou la poetique la fera ressusciter Les erudits lui preferent en effet la grammaire ou s illustrent Aelius Donatus au IV e siecle et Priscien ou la logique qui absorbe l essentiel des sciences du langage de l epoque Dans le monde arabo musulman le philosophe Farabi a ecrit des traites de rhetorique de tradition aristotelicienne La rhetorique ou ilm al balagha science de l eloquence de tradition essentiellement arabe mais aussi perse se fonde essentiellement sur l œuvre d Al Jahiz et le commentaire coranique d Al Farra La Balagha est elle plus particulierement la rhetorique restreinte aux figures Elle se fonde sur la purete du langage fasaha ou eloquence dans le choix des mots dans la correction morphologique et enfin dans la clarte de la syntaxe Rhetorique a la Renaissance et jusqu au XVII e siecle Rehabilitation de l art oratoire antique Antonio Riccobono 1541 1599 Professeur de rhetorique a l Universite de Padoue Giambattista Tiepolo vers 1743 Pinacoteca dell Accademia dei Concordi Rovigo A la Renaissance c est la dialectique l un des sept arts majeurs qui prend le pas sur la rhetorique L argumentation nait ainsi comme discipline autonome Antistrophe de la rhetorique selon Aristote l argumentation va influencer la naissance egalement de la grammaire Neanmoins des le XIV e siecle la rhetorique va prendre une place considerable dans le savoir religieux jou ant un role dans tous les domaines lies de pres ou de loin au sacre Les parties de l elocutio et de l inventio se detachent de la rhetorique la premiere se verra affiliee a la theologie alors que la seconde donnera naissance a la poetique Une des figures centrales dans la renaissance de la rhetorique classique fut Erasme 1466 ap J C 1536 ap J C Son ouvrage De Duplici Copia Verborum et Rerum 1512 connut plus de 150 tirages a travers toute l Europe et devint l un des manuels de base sur le sujet Son traitement de la rhetorique est moins etendu que celui des ouvrages classiques de l Antiquite mais il fournit une analyse classique de la res verba de la matiere et de la forme du texte Son premier livre traite de l elocutio montrant aux etudiants comment utiliser les tropes et lieux communs Le deuxieme recouvre l inventio Il insiste largement sur la notion de variation si bien que les deux livres donnent des recettes pour eviter les repetitions la paraphrase et sur la maniere d introduire la plus grande variete dans le texte L Eloge de la Folie eut egalement une influence considerable sur l enseignement de la rhetorique a la fin du XVI e siecle par l utilisation qui en est faite de l allegorie et de l ironie Pierre de La Ramee Pierre de La Ramee dit Ramus et ses disciples Omer Talon et Antoine Fouquelin fondent des 1545 le groupe des grammairiens du College de Presles qui jusqu en 1562 publie des ouvrages d etude rhetorique intitules les Ciceronianus ou ils proposent entre autres une typologie des tropes et des procedes d eloquence Ramus marque selon Jean Jacques Robrieux la fin de la rhetorique comme discipline maitresse notamment sur la philosophie et les sciences Gerard Genette affirma de son cote qu a partir du XVI e siecle et depuis Ramus la rhetorique s est reduite a l elocution et au seul inventaire des figures L influence de Ramus sera decisive sur l histoire de la rhetorique C est cependant surtout en Angleterre que les premiers signes d apparition de la poetique se font jour avec George Puttenham 1530 ap J C 1600 ap J C surtout Puttenham classe les tropes selon une echelle des effets qu ils realisent sur l auditeur ou le lecteur Il degage par ailleurs un certain nombre d effets qui vont de la memorisation au plaisir que procure la figure de rhetorique Cette conception deja stylistique de la rhetorique comme pathos trouve sa concretisation a travers le courant ephemere de l euphuisme Developpement de l heritage antique Ce sont les ecoles jesuites qui sont les principaux vecteurs de l enseignement rhetorique et ce durant toute la periode classique en Europe comme en France Les jesuites ecrivent de nombreux ouvrages en latin reprenant le schema d Aristote mais le perfectionnant Rene Bary publie ainsi en 1653 La Rhetorique francaise et Bernard Lamy compose La Rhetorique ou l art de parler en 1675 La pedagogie des jesuites en la matiere est de qualite notamment a travers l exercice de composition litteraire nomme chries qui inspirera les classes de rhetorique jusqu au XIX e siecle Le magistrat Guillaume du Vair est le representant d un usage judiciaire de la rhetorique Le magistrat parisien Guillaume du Vair synthetise cet esprit Dans son Traite de l eloquence francaise et des raisons pourquoi elle est demeuree si basse 1594 Du Vair condamne la corruption de l eloquence initiee depuis le debut du siecle Michel Meyer cite par ailleurs en Hollande le courant de pensee represente par Gerardus Johannis Vossius 1577 ap J C 1649 ap J C qui defend au nom du libre arbitre religieux une conception ethique de la rhetorique il est en cette matiere la principale reference du XVII e siecle protestant explique t il Tournant du XVII e siecle et Classicisme D une rhetorique universelle a une rhetorique nationale Pour Michel Meyer Ce siecle verra s achever le lent basculement de la tension entre l ethos et le pathos vers une autre tension cette fois entre le pathos et le logos Selon lui il faut attendre Bernard Lamy et sa Rhetorique pour voir apparaitre une synthese de cette division entre sensibilite et rationalite Avant Lamy cependant le mouvement artistique du baroque associe a la Contre Reforme va operer cette synthese Il s agit en realite bien plutot d une confusion des notions dethos et de pathos La sensibilite baroque trouve sa representation parfaite avec la monumentale encyclopedie 16 livres de la rhetorique de Nicolas Caussin 1583 ap J C 1651 ap J C intitulee Paralleles des eloquences sacree et humaine 1619 Des lors la langue et la rhetorique deviennent le moyen d integration sociale et l outil d existence du courtisan Se developpe selon Marc Fumaroli une rhetorique de Cour en France et a fortiori en Europe La clarte francaise etant le modele linguistique de l epoque La periode classique commence avec l avenement de l absolutisme royal de Louis XIII dont les auteurs phares Francois de Malherbe et Pierre Corneille rejettent l esthetique baroque La dimension ethique du discours passe au second plan et le modele social de l honnete homme privilegie la forme Nicolas Boileau La conception classique qui marquera durablement l histoire de France trouvera son aboutissement avec la fondation de l Academie francaise en 1635 grace a la volonte de Richelieu Celle ci ne defend plus une rhetorique qui cherche a convaincre ou persuader mais qui ambitionne d offrir une vitrine a la politesse francaise de representer la bienseance et l autorite monarchiques Avec elle le conformisme devient la regle et le logos est de nouveau mis en avant Pronee par Claude Favre de Vaugelas dans ses Remarques sur la langue francaise utiles a ceux qui veulent bien parler et bien ecrire 1647 Jean Chapelain et Rene Bary avec sa Rhetorique francaise 1653 mais aussi avec Les secrets de notre langue 1665 le poete Nicolas Boileau surtout la rhetorique a pour but de fortifier et de promouvoir une langue resolument nationale La conception classiciste d une langue claire et d une rhetorique a la faveur du pouvoir royal celui de Louis XIV s institutionnalise Le logos sert alors la foi chretienne a la Cour de France L Ecole francaise de Spiritualite creee par le cardinal de Berulle est un courant christologique qui considere que Jesus est le centre de l histoire Les modeles deviennent Saint Augustin Longin et Nicolas Boileau qui traduit le Traite du sublime du pseudo Longin en francais en 1674 L Art poetique de ce dernier est un veritable manifeste de la rhetorique classique dont le but est d abord de plaire et de toucher La conception classique entend depasser la simple imitation des Anciens Il ne s agit pas non plus insiste Michel Meyer d annoncer les Modernes En realite la rhetorique classique marque un retour au pathos antique tout en affirmant la superiorite de son eloquence sur le passe Bernard Lamy et la nouvelle rhetorique Le pere Bernard Lamy 1640 1715 oratorien de renom publie en 1675 L Art de parler qui expose une conception de la rhetorique a la charniere entre acquis classiques et lucidite moderne ouvrage qui sera cite par de nombreux auteurs Lamy fait en premier lieu le tour des conceptions de l epoque qu il synthetise dans son ouvrage En realite il est le premier a exprimer une reflexion non plus sur la forme mais sur le langage en lui meme vision qui influencera apres lui Condillac Denis Diderot Jean Jacques Rousseau et Nicolas Beauzee Pour Lamy la rhetorique emane avant tout des passions qui est qui sont la force du discours Les figures permettent ainsi de transmettre les sentiments de l orateur ainsi que sa representation du monde le langage devient donc par le discours l instrument de relations interpersonnelles Rhetorique en France et ailleurs aux XVIII e et XIX e siecles Theories de la rhetorique et traites Selon Michel Meyer des le XVII e siecle le logos devient l objet de la rhetorique qui passe ainsi dans le discours des philosophes comme au siecle des Lumieres Emmanuel Kant ou Jean Jacques Rousseau Cependant cette rhetorique n est pas coupee des sentiments et du pathos d une part l avenement du sujet permet de constituer un systeme rhetorique ou le locuteur est premier Celui ci peut des lors liberer a la fois ses idees personnelles et ses emotions il parle aussi d une esthetique rhetorique preromantique D autre part certains types de discours ne defendent plus des valeurs personnelles mais sont mis au service du pouvoir En France la rhetorique est percue apres la Revolution de 1789 comme un element de l Ancien Regime elle sera de fait exclue de l enseignement jusqu en 1814 Les harangueurs de la Revolution francaise dans toute l Europe useront ainsi d une rhetorique a dimension ethique et collective fondee sur la raison La conception francaise se fixe en effet jusqu a aujourd hui a travers le Discours sur l universalite de la langue francaise d Antoine Rivarol en 1784 qui associe la clarte a la raison et donc au francais langue claire et censee etre incorruptible Cesar Chesneau Dumarsais Le grammairien et encyclopediste Cesar Chesneau Dumarsais dans son Traite des Tropes 1730 son œuvre principale s attache aux figures de rhetorique Il consomme definitivement le divorce entre l art oratoire d une part et l art poetique d autre part Il expose d abord ce qui constitue le style figure et montre combien ce style est ordinaire a l ecrit comme a l oral Il appelle trope une espece particuliere de figure qui modifie la signification propre d un mot Il detaille ainsi l usage des tropes dans le discours en appuyant ses observations d exemples Il definit le trope notion non encore differenciee de celle de figure de style comme des figures par lesquelles on fait prendre a un mot une signification qui n est pas precisement la signification propre de ce mot Grammairien avant tout Dumarsais excelle neanmoins dans l analyse du genre de l eloge George Campbell Le philosophe ecossais George Campbell dans sa Philosophie de la rhetorique 1776 considere que la rhetorique ne doit pas persuader mais doit chercher l adhesion volontaire par la demonstration de l evidence des interlocuteurs Campbell entend par la contrer le scepticisme et le relativisme alors en developpement et battant en breche le sentiment religieux Il distingue deux types de discours celui de l historien qui est probable et celui du poete qui est plausible La verite devient le maitre mot de la rhetorique anglaise qui devient pragmatique en somme avant l heure et au sein de laquelle le discours est une production et un deploiement d effets de sens et d effets sur nos sens Pierre Fontanier un grammairien francais est l auteur de deux manuels qui recensent et etudient de maniere systematique les figures de style Ces deux ouvrages formerent la base de l enseignement de la rhetorique en France au XIX e siecle Il s agit du Manuel classique pour l etude des tropes 1821 et de Des figures autres que tropes 1827 inseparables l un de l autre Les Figures du discours 1821 1830 constituent l aboutissement de la rhetorique francaise Les Figures du discours representent une des tentatives les plus rigoureuses pour definir avec precision le concept de figure pour etablir un inventaire systematique et pertinent Mais Fontanier veut egalement definir le plus rigoureusement possible le concept de figure de style Developpement d une rhetorique du discours politique Article connexe Rhetorique politique Selon Michel Meyer la rhetorique perd son statut d art noble au profit de l histoire et de la poesie au XIX e siecle Sa dimension ethique disparait et elle devient un instrument oratoire au service du pouvoir principalement dimension accentuee par l usage qui en est fait par les revolutionnaires francais Il y a donc dans un premier temps une reduction du champ rhetorique au profit d autres disciplines Par ailleurs au sein meme du systeme rhetorique seule une tradition ethique demeure au sein des cercles catholiques conservateurs qui accusent la Decadence de l eloquence titre de l ouvrage de l eveque de Troyes Etienne Antoine Boulogne 1747 1825 publie en 1818 se maintient Parallelement partout en Europe les manuels de rhetorique classique se multiplient vehicules par l ideal de liberte amene par la Revolution francaise et propages par les conquetes napoleoniennes Cependant le mouvement esthetique du Romantisme declare la guerre a la rhetorique art royaliste par excellence symbolisant l Ancien Regime Victor Hugo chef de file des romantiques francais proclame ainsi dans son recueil de poesie intitule Les Contemplations en 1856 Guerre a la rhetorique et paix a la syntaxe L attaque romantique aboutira par le debat politique a la suppression de la rhetorique des programmes d enseignement en 1885 par Jules Ferry John Quincy Adams Aux Etats Unis selon Michel Meyer la rhetorique est associee au debat politique et democratique a l elevation sociale et a la defense du justiciable Les philosophes americains prennent en compte l histoire de la rhetorique et comparent les differentes traditions Ainsi Thomas Jefferson ecrit un Manuel de pratique parlementaire et une partie de la Declaration d independance des Etats Unis alors que Thomas Smith Grimke redige lui une Comparaison des eloquences grecques et americaines Le professeur de rhetorique John Quincy Adams sera ainsi elu en 1825 a la presidence Rhetoriques modernes au XX e siecle Conditions d un retour de la rhetorique Pour J Bender et D E Wellbery dans The Ends of Rhetoric History Theory Practise le XIX e siecle a d abord marque la mise a l ecart de la rhetorique La pensee positiviste qui voit dans l ecriture scientifique le seul type de discours permettant d acceder a la verite absolue rejette la rhetorique comme l art du mensonge institue notamment dans l enseignement En litterature le romantisme considere que l art oratoire constitue une entrave a la liberte d ecriture et a l inspiration de l ecrivain cette conception marquera durablement la litterature du XX e siecle La notion de style bat deja en breche l institution du systeme rhetorique qui sera consomme au debut du XX e siecle La difference essentielle avec la rhetorique ancienne est que la contemporaine n entend plus fournir des techniques mais avoir un caractere scientifique en ceci qu elle veut degager les regles generales de la production des messages Il ne s agit plus de former des rheteurs mais de reflechir sur les rheteurs et le discours sur les roles du locuteur et de l interlocuteur Il s agit d une periode riche en conceptions et theories parfois tres personnelles voire uniquement le fait d un auteur Par ailleurs un ensemble de sciences eclairent le discours sur l art oratoire qui s enrichit des apports de la linguistique de la psychologie ou encore des mathematiques Pour Michel Meyer contrairement aux siecles precedents le XX e siecle realise la synthese des trois rhetoriques originelles celles fondees alternativement sur l ethos le logos et le pathos Par ailleurs remarque t il la confusion entre argumentation et rhetorique est constante au sein des conceptions modernes tendant a etablir un systeme general du discours persuasif C est le cas des rhetoriques de Chaim Perelman ou d Oswald Ducrot par exemple La rhetorique a surtout ete etudiee par les specialistes francais mais aussi anglo saxons Les etudes francaises ont cependant considerablement marquees la discipline Sept neo rhetoriques de langue francaise naissent dans la seconde moitie du XX e siecle La Nouvelle Rhetorique renouveau de la tradition aristotelicienne Article detaille Nouvelle Rhetorique Le philosophe Chaim Perelman a grandement contribue a la resurrection de la rhetorique au XX e siecle en proposant en 1958 une nouvelle rhetorique dans son Traite de l argumentation la nouvelle rhetorique co ecrit avec Lucie Olbrechts Tyteca Perelman s inscrit dans la continuite de la tradition rhetorique d Aristote et d Isocrate qui concoit la rhetorique comme la theorie du discours persuasif Perelman reprend notamment la distinction aristotelicienne entre raisonnement analytique et raisonnement dialectique A charge pour la logique d etudier le premier et pour la rhetorique le second Autrement dit la ou la logique s occupe des arguments formels dont la verite des conclusions suit necessairement la verite des premisses par inference deductive la rhetorique s occupe de l argumentation non formalisee qui est affaire de vraisemblance Ainsi Perelman affirme t il que le but d une argumentation n est pas de deduire les consequences de certaines premisses mais de provoquer et d accroitre l adhesion d un auditoire aux theses qu on presente a son assentiment Pour Perelman la rhetorique se doit ainsi d etre une discipline distincte quoique complementaire de la logique En outre le point de depart de la nouvelle rhetorique est la recherche par Perelman d un fondement pour les jugements de valeur La posterite de la Nouvelle Rhetorique est large dans les etudes francophones sur la rhetorique et l argumentation Citons notamment le philosophe Michel Meyer qui s inscrit explicitement dans une filiation avec Chaim Perelman Il s en eloigne quelque peu en ce qu il reprend la definition de la rhetorique comme art de bien dire de Quintilien et critique les rhetoriques d Aristote et Perelman pour leur trop grande focalisation sur le logos au detriment du pathos et de l ethos Dans une perspective voisine Olivier Reboul propose une synthese de l approche argumentative de la nouvelle rhetorique et l approche stylistique du groupe µ Ces travaux visent notamment a pallier le defaut souvent reproche a la nouvelle rhetorique d abandonner des aspects importants de la rhetorique classique telle que l elocution Marc Angenot etudie quant a lui les effets manipulateurs du discours dans La parole pamphletaire 1982 Des auteurs americains Qui ont enfin complete la ligne theorique de Perelman evoques par Christian Plantin dans Essais sur l argumentation 1990 en Allemagne Heinrich Lausberg poursuit ses travaux L approche stylistique et semiotique du groupe µ et de Roland Barthes Le schema de la communication selon Roman Jakobson Dans les annees 1960 la linguistique a en effet ete en quete de structures linguistiques qui seraient specifiques a la litterature recherche que la stylistique ne permettait pas de mener Des 1958 Roman Jakobson donnait une nouvelle jeunesse au couple metaphore metonymie et des 1964 Roland Barthes notait que la rhetorique meritait d etre repensee en termes structuraux Cette approche met l accent sur la rhetorique des tropes ou figures d ecart la reduisant a l elocution La rhetorique n est plus l art de persuader mais simplement de plaire dorenavant Le Groupe Mu ou µ en 1970 a Liege De gauche a droite F Pire J M Klinkenberg H Trinon J Dubois F Edeline P Minguet Le Groupe µ se prononce mu de l Universite de Liege est un collectif de linguistes dont les travaux portent essentiellement sur les mecanismes semiotiques a l œuvre dans la figure et reposant davantage sur la rhetorique classique Visant une rhetorique generale 1982 les travaux du groupe µ ont permis d adapter la notion de figure a d autres semiotiques que la langue comme a la semiotique visuelle Sous l impulsion de Marc Fumaroli fondateur de la Societe internationale pour l histoire de la rhetorique avec Nancy Struever et Brian Vickers se developpe a partir des annees 1970 et sur la base des etudes de la Renaissance et du classicisme une Ecole francaise de rhetorique qui incarne vraiment ce qu on nomme le rhetorical turn suivi par la creation d une chaire de rhetorique au College de France et dont les preoccupations s etendent de la mythologie indo europeenne Georges Dumezil aux travaux de Jacques Derrida sur la voix en passant par le Moyen Age latin avec Alain Michel la Renaissance avec Pierre Laurens le 17e avec Roger Zuber Marc Fumaroli enfin pour l epoque moderne et contemporaine Partant des techniques de persuasion des les annees 1950 a travers le discours publicitaire l approche communicationnelle est une demarche semiologique heritee du structuralisme D abord psycho sociologique avec Vance Packard dans La persuasion clandestine 1958 la semiologie de Roland Barthes va marquer cette approche qui place le discours rhetorique au cœur de la societe de consommation Barthes dans son article Rhetorique de l image analyse les codes et les reseaux de signification d une image publicitaire Cette approche analyse egalement les messages non verbaux conditionnes par la sociologie et le groupe Pour Roland Barthes rejoint sur ce point par le Groupe µ Il est meme probable qu il existe une seule forme de rhetorique commune par exemple au reve a la litterature et a l image et pour laquelle la semiologie donne les cles de comprehension Les figures de style deviennent ainsi un instrument d analyse du discours et de l imaginaire existant en arriere plan de celui ci c est notamment les travaux de Jacques Durand dans son article Kenneth Burke poete rhetoricien et philosophe americain est l auteur d une analyse des motivations psychologiques en rhetorique a travers ses ouvrages Counterstatement 1931 A Grammar of Motives 1945 A Rhetoric of Motives 1950 et Language as Symbolic Action 1966 La rhetorique doit pour lui eduquer elle s enracine dans la fonction symbolique du langage La pragmatique Initiee par Jean Claude Anscombre et Oswald Ducrot l approche pragmatique dite de l ecole d Oxford s efforce de restituer les actes de langage dans le contexte enonciatif Le discours est ainsi un ensemble de presupposes et d implicites Neanmoins son objet reste la langue et non specifiquement le discours au sein desquels le locuteur comme personne sensible et intentionnelle a une place preponderante Pour Claude Hagege la rhetorique est l ancetre de la pragmatique actuelle heritee de Peirce et de Searle Les tropes et les figures sont ainsi des moyens detournes pour le locuteur de convaincre son interlocuteur par le recours a des specifications du discours Le travail de Ivor Armstrong Richards 1893 1979 est lie a ce courant Richards est un critique litteraire auteur de The Philosophy of Rhetoric 1936 texte important de la rhetorique moderne dans lequel il definit l art oratoire comme une etude du malentendu et de ses remedes a study of misunderstandings and its remedies Orientations trans disciplinaires Le XXI e siecle est marque par la naissance d etudes trans disciplinaires sur ou partant de la rhetorique L analyse de discours est une premiere approche multidisciplinaire qui s est developpee en France en Grande Bretagne et aux Etats Unis a partir des annees 1960 Elle emprunte de nombreux concepts aux champs de la sociologie de la philosophie de la psychologie de l informatique des sciences de la communication de la linguistique et de l histoire Elle s applique a des objets aussi varies que par exemple le discours politique religieux scientifique artistique Neanmoins la multiplication des champs d etudes sur les modalites et l implication sociale de la rhetorique n apparait qu avec le XXI e siecle La psychologie d abord s y interesse et notamment dans la mesure ou le discours reflete l etat d esprit de celui qui le professe des auteurs surtout americains la rapprochent d autres domaines dans une dimension sociale et historique Dans At the Intersection Cultural Studies and Rhetorical Studies ouvrage collectif sous sa direction Thomas Rosteck etablit une etude des rapports de la rhetorique avec la culture Glenn Stillar quant a lui dans Analyzing Everyday Texts Discourse Rhetoric and Social Perspectives explore les conditions sociologiques presidant a la constitution des discours Enfin sur internet la revue Kairos rassemble de multiples universitaires travaillant sur l apport technologique a l analyse du discours a travers la notion de technorhetorique l ecriture assistee par ordinateur Enfin la redecouverte du systeme rhetorique est pour certains auteurs comme Olivier Reboul et Chaim Perelman un retour a une unite de la discipline qui redevient une theorie generale de l argumentation et de la communication Le discours juridique scientifique pedagogique philosophique etc sont autant de pratiques particulieres de la rhetorique Ainsi concue elle couvre le champ immense de le pensee non formalisee a tel point que selon le philosophe allemand Walter Jens elle est l ancienne et nouvelle reine des sciences humaines Systeme rhetoriqueLe systeme rhetorique se presente sous la forme d un classement on decompose la rhetorique en quatre parties lesquelles representent les quatre phases par lesquelles passe celui qui compose un discours explique Olivier Reboul Il s agit en fait des grands chapitres des premiers traites de rhetorique Le systeme rhetorique est traditionnellement depuis Quintilien divise en cinq elements dans la rhetorique Cependant ce classement a surtout valu pour l enseignement de l eloquence et de la rhetorique pour Aristote en effet ces parties sont superflues alors que l enonce de la these et des arguments qui la prouvent sont fondamentaux Ces phases sont surtout connues sous leur nom latin en raison du fait que le traite de rhetorique de Quintilien a ete longtemps pris comme base d enseignement inventio dispositio elocutio actio et memoria Chacune de ces etapes suppose ou appelle l elaboration ou l intervention de disciplines distinctes la stylistique pour l elocutio la logique pour la dispositio etc L Invention L invention ou inventio ou heuresis en grec est la premiere des cinq grandes parties de la rhetorique L invention est la recherche la plus exhaustive possible de tous les moyens de persuasion relatifs au theme de son discours La decouverte du genre de discours le mieux adapte au propos doit cependant etre centrale Cette partie correspond a l adage Rem tene verba sequentur qui se traduit par l expression Possede le sujet les mots suivront de Caton l Ancien Selon la Rhetorique a Herennius L invention consiste a trouver les arguments vrais ou vraisemblables propres a rendre la cause convaincante La Condamnation de saint Laurent par l empereur Valerien Fra Angelico L invention pose par consequent les fondamentaux du systeme rhetorique a savoir la cause le sujet le genre a utiliser le cadre de l argumentation et le raisonnement Connaissance du sujet l enjeu de la rhetorique L orateur doit parfaitement maitriser son sujet appele aussi la cause ou le fait dans le genre judiciaire sans quoi selon Aristote ou Quintilien il ne pourra pas persuader ou convaincre son auditoire Il s agit selon Joelle Gardes Tamine d un veritable enjeu que les traites classiques nomment la matiere materia Les auteurs recommandent d user de questions permettant d en cerner les contours neanmoins ces questions correspondent au type de discours pris en charge exploration du fait le fait a t il lieu ou pas definition en quoi consiste le fait qualification en quoi peut on le caracteriser reference a la legalite en vertu de quel droit l examine t on Michel Meyer note que le rhetoricien du XVII e siecle Vossius envisage une cinquieme question qu il nomme le status quantitatis qui permet de quantifier le fait le prejudice subi ou la violation du droit pour le discours judiciaire par exemple Les trois genres de discours La rhetorique classique distingue trois grands genres de discours le discours judiciaire le discours deliberatif et le discours demonstratif Le terme de genre ne doit pas etre ici confondu avec celui qui designe les genres litteraires roman theatre poesie meme s ils entretiennent avec ces derniers des rapports etroits il s agit en fait de la fonction qu exerce le discours sur les trois sortes d auditoires Chaque genre etant specifique tous se demarquent quant aux actes aux temps aux valeurs et enfin aux arguments types mis en avant Auditoire Temps Acte Valeurs Argument typeLe judiciaire Juges Passe simple Accuser defendre Juste injuste Enthymeme ou deductif Le deliberatif Assemblee Futur simple Conseiller deconseiller Utile nuisible Exemple ou inductif L epidictique Spectateur Present Louer blamer Noble vil AmplificationLe theatre antique emploie les trois genres rhetoriques Rome Theatre de Marcellus Pour Chaim Perelman la distinction entre ces genres discursifs n est qu artificielle Perelman cite en guise d exemple majeur le fameux discours d Antoine dans le Jules Cesar de William Shakespeare qui mele les trois genres Il propose donc de relativiser cette classification Les trois types d arguments Apres avoir determine les discours l orateur doit trouver ses arguments Il s agit des moyens de persuader traduction du grec pisteis mais qu Aristote nomme les preuves au nombre de trois l ethos est le caractere que doit prendre l orateur pour inspirer confiance son equite est presque la plus efficace des preuves explique Aristote L ethos regroupe alors la sincerite la sympathie la probite et l honnetete Cette dimension du discours est citoyenne etroitement identifiee a l ideal democratique le pathos est l ensemble des emotions passions et sentiments que l orateur doit susciter Aristote consacre ainsi le livre II de sa Rhetorique a l examen des passions et de la psychologie des auditoires le logos concerne l argumentation proprement dite du discours Il s agit pour Aristote de la dialectique qu il examine dans ses Topiques se fondant sur deux types d arguments l enthymeme et l exemple Les preuves L art oratoire repose sur une methodologie et une pedagogie precises L orateur a a sa disposition deux types de preuves Aristote appelle les premieres atechnai soit extra rhetoriques et les secondes entechnai intra rhetoriques La rhetorique moderne les nomme preuves extrinseques et intrinseques ou naturelles et artificielles selon la conception du XVII e siecle parfois chez Bernard Lamy notamment Les preuves extrinseques sont celles donnees avant toute invention Selon Aristote elles sont au nombre de cinq et regroupent les textes de lois jurisprudence et coutume egalement les temoignages anciens autorite morale des grands hommes et nouveaux les contrats et conventions entre particuliers les aveux sous la torture des esclaves et enfin les serments Les preuves intrinseques sont creees par l orateur comme l amplification d un detail biographique dans le cadre de l eloge funebre Jean Jacques Robrieux les classe neanmoins en deux categories l exemple au sens large d inductif et l enthymeme au sens de syllogisme Les lieux et la topique Article detaille Topique rhetorique Les lieux ou topoi sont la facon de decouvrir les arguments dans le cadre intra technique Il s agit du concept le plus important de la rhetorique selon Georges Molinie Il s agit d un stereotype logico deductif que la linguistique moderne a classe comme figure de style Cependant les lieux rhetoriques depassent les cadres de la phrase et concernent bien plutot le texte Molinie les nomme ainsi des figures macrostructurales Dans la rhetorique ancienne les lieux forment les preuves techniques de l argumentation ainsi que la matiere de l inventio La Logique de Port Royal les definit ainsi chefs generaux auxquels on peut rapporter toutes les preuves dont on se sert dans les diverses matieres que l on traite Aristote est le premier a en donner une methodologie dans son ouvrage Topiques Pour lui le lieu rhetorique est ce sur quoi se rencontrent un grand nombre de raisonnements oratoires se developpant sur certains sujets selon certains schemas que l art oratoire a preetabli Selon Ciceron les lieux sont comme les etiquettes des arguments sous lesquelles on va chercher ce qu il y a a dire dans l un ou l autre sens La stylistique les classe dans les lieux communs ou cliches lorsqu ils deviennent trop usites et ecules Parmi ces lieux communs il y a le celebre Quis quid ubi quibus auxiliis cur quomodo quando c est a dire le Qui quoi ou par quels moyens pourquoi comment quand les lieux de la personne sa famille sa patrie sa facon de vivre son metier etc ou les lieux litteraires le lieu paisible et pittoresque le lieu de la rencontre amoureuse etc La Disposition La disposition taxis en grec dispositio en latin etudie la structure du texte son agencement en coherence avec les lieux rhetoriques Elle a pour Olivier Reboul une fonction d economie elle permet de ne rien omettre ou de ne pas se repeter au cours de l argumentation Elle a par ailleurs une fonction heuristique elle permet de s interroger de facon methodique et est en somme en elle meme un argument selon Olivier Reboul La fonction de la disposition est de rendre la cause intelligible de faire adopter le point de vue de l orateur Pour l auteur anonyme de la Rhetorique a Herennius la disposition sert a mettre en ordre les materiaux de l invention de maniere a presenter chaque element a un endroit determine La disposition doit presenter les preuves et arguments tout en menageant des moments pour emouvoir Les canons rhetoriques de la disposition garder le meilleur argument pour la fin aller aux faits le plus tot possible menager des transitions etc se retrouvent ainsi dans les methodologies des dissertations ou des commentaires composes utilises dans l enseignement Les plans analytiques oppositionnels par examen du probleme thematiques ou encore chronologiques en sont derives La disposition est egalement un canevas tres utilisee en litterature dans la poesie comme dans les lettres ou au theatre La structure du discours permet de soutenir le raisonnement La rhetorique classique propose trois rythmes canoniques celui qui consiste a instaurer des arguments forts en exorde et en epilogue et menager le public entre temps appele l ordre homerique celui qui consiste a commencer par des arguments faibles puis a progresser de maniere ascendante ou l inverse est recommande par Quintilien celui qui consiste enfin a mettre en premier les arguments logiques puis ceux qui plaisent et enfin ceux qui emeuvent suivant l ordre formule par l adage docere placere movere De nombreux auteurs ont propose au cours de l histoire des plans types allant de deux a sept parties parfois cependant la tradition rhetorique n en retient que quatre L exorde L exorde ou prooimion en grec exordium en latin est l introduction du discours sa fonction premiere est phatique elle a pour but de capter l attention de l auditoire c est la captatio benevolentiae L objectif est selon Olivier Reboul de le rendre docile en etat d apprendre attentif le maintenir dans le raisonnement et bienveillant par l ethos Le genre epidictique utilise ainsi un exorde qui cherche a impliquer l auditoire La rhetorique de l exorde consiste parfois a le supprimer et a commencer le discours ex abrupto dans le vif du sujet comme dans cette phrase de Ciceron Jusqu a quand Catilina vas tu exploiter notre patience L exorde doit neanmoins presenter le sujet ou les faits La narration La narration diegesis en grec narratio en latin est l expose des faits concernant la cause sur un mode objectif dans le sens du discours cependant Selon Ciceron la narration est la source fons en latin de toutes les autres parties car elle reclame le meilleur du talent de l orateur Pas indispensable dans le genre deliberatif elle est centrale dans le judiciaire car elle permet de materialiser le raisonnement a suivre La narration peut s appuyer sur l histoire la legende ou la fiction Le logos constitue la narration qui doit etre claire le recit doit etre chronologique breve l inutile doit etre elimine pour la clarte du propos credible par l enonce des faits et des causes Le fait peut etre faux mais doit etre vraisemblable La narration deviendra au Moyen Age une pratique a part se detachant du genre judiciaire a travers le sermon et les exempla et jusqu a la propagande moderne La digression La digression ou parekbasis en grec a pour fonction de distraire l auditoire de le menager avant la conclusion Elle recourt souvent a des figures comme l hypotypose ou l ekphrasis sortes de descriptions comme vivantes et mises sous les yeux de l auditoire Selon la Rhetorique a Herennius la partie de la digression peut presenter l indignation la commiseration la detestation l injure l excuse la conciliation la refutation des propos outrageants Faire rire est une des nombreuses techniques dont dispose l orateur lors de la digression pour gagner la faveur du public C est aussi selon Joelle Gardes Tamine le moment de la plaisanterie de la raillerie ou de l ironie permettant la distraction mais toujours dans un but de persuasion ou d argumentation du public Pour Chaim Perelman l ironie comme celle de Socrate est fortement manipulatrice en soi Elle se fonde en effet sur l accord explicite de l interlocuteur dont la recherche ponctue le discours a des moments cles de maniere a le faire raisonner dans le cadre argumentatif voulu par l orateur La peroraison La peroraison ou epilogos en grec peroratio en latin met fin au discours Elle se fonde elle meme sur trois parties l amplification ou auxesis qui convoque le pathos et les valeurs pour demander le chatiment par exemple dans le genre judiciaire et qui s appuie principalement sur les lieux rhetoriques la passion qui permet de susciter soit la pitie soit l indignation au moyen des apostrophes notamment la recapitulation ou anakephalaiosis en grec qui resume l argumentation sans ajout de nouvel argument cependant La peroraison est le domaine propre du pathetique il s agit d emouvoir et de convoquer les passions de l auditoire C est le lieu de l appel a la pitie selon Joelle Gardes Tamine L Elocution L elocution elocutio ou lexis en grec est la redaction ecrite du discours l oral etant le ressort de l action Pour Ciceron elle est le propre de l orateur et adapte a ce que l invention fournit des mots et des phrases appropriees L etude des figures de rhetorique constitue la partie generale de l elocution qui forme l apport du talent de l orateur au sein du discours le style etant purement personnel en depit de regles prescrites C est aussi la partie la plus litteraire de la rhetorique Pour Olivier Reboul elle est en effet le point de rencontre de l art rhetorique avec la litterature se focalisant sur la notion de style Elle doit en effet etre le lieu d une bonne expression et de l ornement ornatus Il s agit selon Olivier Reboul d une veritable prose qui a su se demarquer de la poesie et de ses codes L elocution concerne ainsi le choix des mots et la composition des phrases les membres de phrases ou cola doivent etre equilibres le rejet des archaismes et des neologismes l usage de metaphores et des figures adaptees aux propos a condition toutefois qu elles soient claires autrement il s agit de fautes d expression enfin le rythme doit etre souple et au service du sens La Rhetorique a Herennius recommande ainsi l elegance l agencement des mots la beaute L elocution repose sur deux elements le style d une part et les figures de rhetorique d autre part Les styles Article detaille Style ecriture Ciceron distingue dans les Divisions de l art oratoire deux types d elocution l une qui se deroule librement l autre a formes travaillees et variees distinction qui correspond a celle entre le style inspire et le style travaille Le style en rhetorique doit s adapter au sujet il existe ainsi trois style differents delivres par le traite Du Style du pseudo Demetrios et repris dans la Rhetorique a Herennius le style noble ou grave qui vise a emouvoir le style simple ou tenue qui permet d informer et d expliquer le style agreable ou medium qui met en avant l anecdote et l humour La distinction de la notion de style en trois voire en davantage de categories a une histoire complexe Elle remonte sans doute a Antisthene et a Theophraste Denys d Halicarnasse et Pline l Ancien en parlent deja Des ces origines les types de style ont pour parangon des auteurs de renommee certaine l historien Thucydide represente le style eleve noble alors que l orateur Lysias utilise lui le style simple et qu Isocrate a un style agreable moyen Il existe deux regles de style a respecter la convenance pour laquelle l usage d un style se retrouve pour un moment du discours et pour un type de preuve La regle de convenance Styles But Preuve Moment du discoursNoble emouvoir movere pathos peroraison et digressionTenue expliquer docere logos narration confirmation et recapitulationMedium plaire delectare ethos exorde et digressionla clarte l adaptation du style a l auditoire Pour Quintilien la clarte est la premiere qualite de la parole Elle permet d eviter les amphigouris l ou encore les ambiguites La rhetorique classique et en particulier romaine qui a le plus insiste sur la notion de style reconnait d autres qualites Theophraste prone quant a lui la clarte la correction la convenance et l ornement alors que Ciceron dans ses Divisions de l art oratoire distingue cinq flambeaux lumina c est a dire des traits de style notables la brievete la convenance l eclat l agrement et la clarte A la suite de George Campbell Olivier Reboul y adjoint une troisieme regle tenant de l orateur qui doit se montrer vivant Campbell la nomme vivacity la vivacite et explique qu elle repose sur le choix des mots concrets sur les maximes et sur la determination a vouloir se faire comprendre par tous La notion de style a traverse toute l histoire litteraire jusqu a nourrir une discipline fille de la rhetorique la stylistique nee notamment des reflexions des ecrivains a l aune de l art rhetorique Ainsi Victor Hugo definit le style litteraire comme le respect de ces trois criteres alors que au demeurant il combat la rhetorique comme une discipline archaique la correction indispensable merite d un ecrivain dramatique la simplicite vraie et naive la grandeur c est a dire l art de toucher a des sujets universels Les figures rhetoriques Les figures de rhetorique ou schemata en grec sont des procedes stylistiques qui proviennent de la qualite de l orateur Elles procurent en premier lieu un plaisir ou delectatio car leur merite manifeste est de s eloigner de l usage courant selon Quintilien Pour la rhetorique classique la figure s ecarte de l usage minimal de la langue Cette conception de la figure comme ecart est l un des points theoriques sur lequel la linguistique moderne a achoppe La rhetorique voit dans la figure un moyen de persuasion reposant sur l imagination de l orateur La stylistique est nee de la scission de la partie de l elocution d avec le reste du systeme rhetorique La notion de figure de rhetorique est ainsi a examiner notamment au sein de la categorie plus vaste des figures de style L Action L action actio ou hypocrisis en grec est la phase de prononciation du discours que l on peut designer par le terme actuel d elocution a ne pas confondre avec la partie rhetorique du meme nom Pour Demosthene il s agit du but de la rhetorique alors qu Aristote l evoque au livre III de sa Rhetorique mais de maniere elliptique La racine grecque renvoie egalement a l hypocrisie en effet l orateur doit paraitre ce qu il veut paraitre durant l action Ciceron parle ainsi de l elocution du corps que constitue l action Les gestuelles et les attitudes codees tels les plis de la toge sont en effet importantes ainsi que le travail de la voix c est l eloquence proprement dite du ton du debit et du souffle Le rythme est capital et Quintilien rapproche l action de la musique eurythmie Jacques Louis David La Mort de Socrate 1787 Socrate est mort en discourant La voix est en particulier le noyau de l action rhetorique Elle doit selon l auteur de la Rhetorique a Herennius etre puissante resistante et douee de souplesse L archetype est ici le rheteur Demosthene qui reussit a vaincre son handicap il begayait par la pratique d exercices de declamation face a la mer et en depit du bruit du ressac Les expressions du visage les mouvements des mains ainsi que les postures sont tous des elements importants pour l action codifies La chironomie ou art de regler les gestes des mains et plus generalement les mouvements du corps dans la comedie et dans la choregraphie est un element important de l action rhetorique un mouvement lent exprime ainsi la promesse et l assentiment par exemple developpe au XVII e siecle par John Bulwer L art du spectacle theatral surtout s en est largement inspire L orateur y est un actor un acteur Antoine Fouquelin note quant a lui que c est de l action que l echange tire toute sa force car contrairement aux mots les gestes sont universels et comprehensibles par tous La Memoire La memoire memoria ou mneme en grec est l art de retenir son discours Partie souvent oubliee de l art rhetorique et des etudes modernes Ciceron en fait neanmoins une qualite naturelle de l orateur alors que Quintilien en fait une technique se fondant sur la structure du discours d une part et sur les procedes mnemotechniques d autre part Il est important de remarquer a ce titre que la memoire ne figure pas dans les traites de rhetorique d Aristote Le but de ces techniques est avant tout de retenir les arguments lors des proces par exemple La memoire est une partie ajoutee tardivement par certains traites latins et notamment l auteur anonyme de la Rhetorique a Herennius qui la definit par ailleurs comme un tresor qui rassemble toutes les idees fournies par l invention et qui conserve toutes les parties de la rhetorique Cet auteur distingue par ailleurs deux memoires la memoire naturelle qui demeure un don la memoire artificielle au sens technique liee a l apprentissage et a la pratique de l art oratoire La memoire artificielle prend ainsi appui principalement sur le sens visuel sur des images et des techniques permettant de decrire un objet ou une personne comme s ils etaient sous les yeux de l auditoire Il faut ainsi pour Ciceron ranger ces images et souvenirs dans des emplacements mentaux appropries Dans le systeme rhetorique elle est ainsi mobilisee pour se souvenir des lieux communs elle requiert ainsi de se rememorer convenablement et en detail dans le cas des hypotyposes par exemple des scenes constituant la culture greco romaine comme les scenes mythologiques ou epiques La doctrine de l imitation l orateur doit faire reference aux Anciens se fonde donc sur l art de memoire Parce qu elle est le medium entre le passe et le present entre les origines cosmogoniques les mythes et l actualite du debat la memoire est un don divin Ciceron considere dans De L Orateur qu elle fut prodiguee par les dieux au poete Simonide de Ceos lors d un drame domestique Depuis ce mythe la memoire est liee a l ordre car c est l ordre des convives avant la chute du toit de la maison qui permit au poete de retrouver les cadavres et de les identifier L art de memoire a ainsi perpetue cette technique a travers l epoque medievale Albert le Grand voit ainsi dans la metaphore l expression de la memoire et qui permet d emouvoir Pour Frances Yates elle est a l origine des creations d allegories medievales qui enrichirent la statuaire Fondements de la rhetoriqueSi le systeme rhetorique est avant tout formel il repose egalement sur deux notions centrales l argumentation d une part et les figures de rhetorique d autre part meme si cette derniere compose au XX e siecle la discipline annexe de la stylistique Les arguments types doivent avoir une place a part etant donne qu ils sont souvent a la frontiere des deux premieres notions Mais la notion d auditoire donne tout son sens a l art rhetorique L auditoire convaincre et persuader Le discours rhetorique s adresse a un public et ce meme dans le cas d un echange entre deux personnes car le discours est alors du domaine litteraire puisqu il peut etre porte a la connaissance du lecteur Depuis Aristote la problematique quant a la nature de l auditoire est un point cle du systeme rhetorique Le philosophe grec en distinguait trois differents selon le discours rhetorique a mettre en pratique Par ailleurs les notions de pathos d ethos et de logos ne se comprennent qu en tenant compte de l auditoire en d autres mots le discours oratoire s articule autour de deux verbes qui l ont souvent definis convaincre et persuader Pour Chaim Perelman dont l analyse a su reposer le debat comme pour Ciceron en son temps l auditoire doit rester le sens de la rhetorique Le seul conseil d ordre general qu une theorie de l argumentation puisse donner en l occurrence c est de demander a l orateur de s adapter a son auditoire La distinction de ces notions a une longue histoire Blaise Pascal pensait que la persuasion etait du domaine de l imagination alors que la conviction tenait de la raison et Emmanuel Kant y voyait l opposition entre le subjectif et l objectif Cependant pour Chaim Perelman ces debats omettent la nature de l auditoire donnee elementaire Ce debat autour de la nature de l auditoire a pourtant ete premier historiquement Pour Ciceron et Quintilien le citoyen est l interlocuteur du discours rhetorique Or cette definition demeure par trop philosophique la conscience de l auditoire n etant pas prise en compte pas clair Perelman etend donc cette definition au champ de la pratique en expliquant que l auditoire est l ensemble de ceux sur lesquels l orateur veut influer par son argumentation Perelman qui est le specialiste abouti de la rhetorique du milieu judiciaire distingue ainsi deux types d auditoire un auditoire universel un auditoire particulier d une infinie variete ajoute t il Pour lui le discours s adressant a un auditoire particulier vise a persuader alors que celui a destination d un public universel vise a convaincre L orateur L orateur est une personne que sa fonction conduit souvent a prononcer des discours devant un public Neanmoins le terme de rheteur lui fait concurrence designant plus specifiquement celui qui fait profession de l art de la rhetorique Ce statut existe des la Grece antique ou l orateur devient un homme politique et un enseignant Isocrate resume ainsi ce double aspect nous appelons orateurs ceux qui sont capables de parler devant la foule et nous considerons comme de bons conseils ceux qui peuvent sur les affaires s entretenir avec eux memes de la facon la plus judicieuse L orateur grec Isocrate par Pierre Granier L orateur selon le type de discours qu il met en œuvre peut etre un predicateur un avocat ou un sophiste Neanmoins il y a autant d orateurs qu il y a de conversations et de genres discursifs note Olivier Reboul Un homme d eglise peut ainsi faire un sermon alors que l homme de loi use d apologie defense d une personne ou de requisitoire attaque contre une personne L orateur depend donc avant tout de son public Jean Starobinski dans Les Lieux de memoire note que les lieux traditionnels de la rhetorique la chaire la tribune et le barreau sont aujourd hui eclates et diversifies en affiches corteges politiques ou syndicaux television publicite conference si bien que la figure de l orateur est devenue anachronique Par ailleurs ce statut et sa perception dans la sphere publique a evolue Le sexe de la personne qui assume le discours au moyen des techniques oratoires a egalement evolue Selon Philippe Joseph Salazar en effet il existe deux regimes de la parole publique l un oratoire qui est masculin en diplomatie dans les domaines judiciaire religieux et parlementaire et un second feminin devolue a l art de la conversation pur et formant une veritable institution selon Marc Fumaroli Salazar rappelle alors qu il existe en Suede depuis le XIX e siecle une tradition oratoire feminine inexistante ailleurs en Europe sauf peut etre lors de la preciosite et laissee de cote par les historiens de la litterature Enfin pour la rhetorique classique l orateur est homme de bien qui parle de bien traduction de l adage latin uir bonus dicendi peritus attribue au rhetoricien romain Quintilien c est a dire qu il doit porter des valeurs civiques de probite et de respect de l interlocuteur Dans les mondes grec puis romain surtout l orateur a une fonction de mediation la vie politique se nourrit de cette transaction rhetorique par quoi l orateur persuade de maniere reglee afin que ceux qui sont persuades puissent a leur tour persuader d autres explique Philippe Joseph Salazar Le bien dont parle Quintilien est alors le bien commun la justice sociale la res publica des romains L argumentation Article detaille Argumentation Science du raisonnement Scene de conversation William Blades Pentateuch of Printing with a Chapter on Judges 1891 L argumentation constitue une methode de recherche et de preuve a mi chemin entre l evidence et l ignorance entre le necessaire et l arbitraire Elle est comme la dialectique qu elle continue sous d autres formes un des piliers de la rhetorique Elle a souvent ete confondue sans distinction avec la rhetorique en tant que telle alors que si la rhetorique peut s appuyer sur le discours argumentatif l inverse n est pas vrai Le but de l argumentation est de faire progresser la pensee en partant du connu pour faire admettre l inconnu ce que la logique formelle nomme l inference Le maitre mot est alors le raisonnement qui se divise lui meme en deux notions la deduction et l induction Pour Joelle Gardes Tamine l argumentation a pour but de reduire la distance entre l orateur et son public Elle rappelle en effet que les latins appelaient egalement l argumentation l aptum c est a dire l adaptation au public Il existe neanmoins un type de raisonnement qui s exclut du champ rhetorique remarque Jean Jacques Robrieux Il s agit de la demonstration qui est un enchainement de raisonnements lies entre eux par un caractere de necessite et a peu pres independant de la volonte de son auteur qui est l apanage du domaine scientifique Contrairement a l argumentation dans laquelle l orateur est libre de sa strategie argumentative dans la demonstration la mathematique par exemple parmi les plus rigoureuses la logique interne prime les axiomes ne sont pas en discussion et on ne se preoccupe guere de savoir s ils sont ou non acceptes par l auditoire Il existe ainsi deux types d argumentations determinant toute une gamme d arguments utilises dans le discours l argumentation ad rem sur la chose ou ex concessis qui s adresse a un auditoire universel l argumentation ad hominem vers l homme qui est une opposition de theses personnelles Deduction et syllogistique La deduction est le principe de raisonnement qui va du general au particulier La syllogistique etudie ce mode de raisonnement Jean Jacques Robrieux donne ainsi cet exemple Toute l Europe est democratique La France fait partie de l Europe Donc la France est un Etat democratique Schema du syllogisme de type Tout homme est mortel or Socrate est un homme donc Socrate est mortel Les deux premieres propositions qui sont des assertions elles enoncent un fait sont appelees les premisses du raisonnement La premiere assertion est dite majeure car elle enonce une loi generale alors que la seconde est mineure car elle enonce un fait particulier Par ailleurs les termes sont appeles grand terme ici Etats democratiques moyen terme Europe et petit terme France Selon leur place au sein des premisses quatre figures sont possibles Par ailleurs la syllogistique distingue les modes ou agencement des termes selon deux couples de variables universel particulier affirmatif negatif qui donnent ainsi egalement quatre figures possibles ou syllogismes de grec ancien sun et logos qui utilise le discours Les modes combines aux possibilites d agencement des termes aboutissent a un ensemble de 256 combinaisons dont seulement 19 sont rationnelles et logiques La scolastique les designe au moyen de voyelles permettant de creer une matrice universelle affirmative a universelle negative e particuliere affirmative i particuliere negative o Les combinaisons forment ainsi des mots par exemple Barbara a a a dans le cas de trois propositions universelles et affirmatives Neanmoins il existe quatre syllogismes dits complexes parmi les plus utilises en rhetorique au dela des syllogismes formels et logiques specifiques le sorite grec ancien soreites tas Le sorite se fonde sur la decomposition de la mineure en une suite de propositions enchainees par des relations d implications c est un syllogisme continu l epichereme latin scientia connaissance est un syllogisme qui apporte des arguments preuves ou lieux communs aux premisses Il s agit par exemple d user de digressions pour detailler un point precis dans le cours du raisonnement l enthymeme grec ancien enthumeomai je reflechis est un syllogisme reduit car il y manque une premisse qui est soit evidente et juste ou fausse soit elle est masquee volontairement comme dans le je pense donc je suis de Rene Descartes Induction et la generalisation L induction part de faits particuliers pour aboutir a une loi generale Elle prime notamment dans la demarche scientifique Les rhetoriciens en distinguent deux types l induction complete qui permet des inferences a partir de la totalite des phenomenes sur lesquels se fonde l orateur l induction amplifiante qui n en retient qu un echantillon et extrapole ensuite en loi les proprietes decouvertes Jean Jacques Robrieux s arrete sur la remarque selon laquelle le raisonnement inductif ne fait pas que generaliser il peut aussi induire des faits particuliers c est le cas des enquetes de police par exemple Les figures de rhetorique Articles detailles figure de style et liste des figures de style Allegorie de la rhetorique par Hans Sebald Beham Rhetorica tiree des Sept arts liberaux Il s agissait a l origine d une partie de la rhetorique liee a l elocutio mais egalement de l agencement du discours la dispositio avant de devenir l element le plus analyse et le plus discute de la rhetorique depassant meme le cadre de la discipline oratoire pour devenir un aspect du style surtout en litterature La figure de rhetorique est percue depuis les origines antiques de la discipline comme etant un ornement du discours colores rhetorici Le classement des figures est un probleme transversal a toute l histoire de la rhetorique Au XX e siecle avec les recherches structuralistes surtout les figures de style quittent le terrain de la rhetorique pour devenir des elements de la persuasion et de la communication La linguistique moderne les classe majoritairement en quatre niveaux niveau du mot exemple tropes niveau du syntagme exemple oxymore niveau de la proposition exemple inversions niveau du texte exemples ironie hypotypose Cupidon est dans ce tableau l allegorie de l Amour Cependant les classements proposes ne rendent que difficilement compte des effets stylistiques des figures complexes et reposant surtout sur le contexte c est le cas notamment de l ironie Enfin toutes les figures de style ne concernent pas la rhetorique seules celles affectant le discours et le rapport de locution sont dites rhetoriques Les figures de rhetorique permettent une vaste palette d effets La stylistique en etudie plus precisement les effets sur le lecteur sans tenir compte d une situation d eloquence particuliere Nombre de ces figures peuvent devenir des arguments specifiques L allegorie est ainsi tres employee dans le discours oratoire car elle permet de donner a voir des concepts abstraits par definition Le recours aux allegories mythologiques comme Cupidon qui represente l Amour permet de rendre davantage didactique son discours C est le cas aussi de la metaphore comme dans Ma femme aux cheveux de savane d Andre Breton ou du paradoxisme par exemple Elles peuvent frapper l esprit par le raccourci que constitue l association des contraires dans l oxymore Le superflu chose tres necessaire Voltaire ou produire un effet comique avec le zeugme On devrait faire l amour et la poussiere paroles de Zazie de Raymond Queneau Si les figures permettent des effets sur le pathos et l ethos elles peuvent concerner egalement des tactiques de manipulation davantage complexes Joelle Gardes Tamine dans la Rhetorique distingue celles servant a polemiquer comme l ironie et l analogie a nommer periphrase antonomase a frapper l auditoire par l hyperbole et la description a suggerer des idees allusion metonymie euphemisme ou encore a interpeller apostrophe Les arguments Article detaille argumentation Les arguments sont les elements de discours servant a etayer un propos ou une these Pour Quintilien un argument est un raisonnement fournissant une demonstration qui permet d inferer une chose d une autre et confirme ce qui est douteux par ce qui n est pas douteux Les auteurs en distinguent deux categories majeures ceux provenant du domaine de la logique formelle et ceux emettant un jugement Jean Jacques Robrieux distingue lui quatre classes d arguments les arguments quasi logiques les arguments empiriques les arguments contraignants et de mauvaise foi les arguments jouant sur le pathos Il est important de rappeler que l on appelle theme le sujet de la proposition c est a dire ce qu on dit et predicat l information sur ce sujet Les arguments ont ete l objet de recherches importantes tant dans leur dimension linguistique que logique Aristote les analyse dans son Organon et dans les Arguments sophistiques Port Royal a redige par ailleurs une Logique de Port Royal Enfin l economiste John Stuart Mill a ecrit lui aussi une Logique et principalement le livre V consacre aux arguments paralogiques Les arguments quasi logiques Chaim Perelman est l introducteur du concept d argument quasi logique Il faut comprendre ici le quasi logique comme similitude avec les regles d inferences de la logique formelle Perelman identifie cinq types d arguments quasi logiques l incompatibilite la definition la transitivite la regle de justice la comparaison L incompatibilite est l analogue dans l argumentation de la contradiction logique dans un systeme formel Pour illustration la critique d une personne sur le fait que ses actes ne sont pas conformes a ses propos est une forme d argument quasi logique d incompatibilite Il n y a dans cet exemple a proprement parler aucune contradiction logique c est a dire que ne sont pas mis en presence des enonces se niant logiquement La definition est un argument quasi logique quand elle est choisie par l orateur parmi differentes definitions possibles d un meme concept Ce choix est argumentatif en ce qu il influence la pensee de l auditoire Dans un systeme formel la definition est une relation d equivalence logique entre le defini et le definissant Dans l argumentation il n y a generalement pas d equivalence logique en raison des differentes connotations portees par les termes du defini et du definissant La relation logique de transitivite est la relation qui veut que si A implique B et B implique C alors A implique C Dans l argumentation il est souvent mobilise une forme affaiblie de transitivite Perelman cite comme exemple le fameux dicton Les amis de mes amis sont mes amis Cet enonce ne contient pas une authentique relation logique de transitivite en raison de ce qu il admet des exceptions selon le contexte La regle de justice est l analogue dans l argumentation de la regle de symetrie dans un systeme formel Un exemple est la formule de Quintilien Ce qui est honorable d apprendre il est egalement honorable de l enseigner Enfin Perelman concoit egalement la comparaison comme un argument quasi logique quand elle est une recherche d identite Il faut alors la distinguer de la figure de style du meme nom Les arguments empiriques Ces arguments se fondent sur l experience Contrairement aux arguments logiques ils ne peuvent exister sans une observation du champ de la realite appelee empirie D apres Jean Jacques Robrieux ils se sous divisent en trois groupes les arguments fondes sur la causalite et la succession comme la description ceux fondes sur la confrontation comme la disqualification ou l argument d autorite et enfin les arguments inductifs comme l illustration ou l analogie Les arguments contraignants et de mauvaise foi Ces types d arguments sont hautement manipulateurs mais a des degres divers Ainsi les auteurs distinguent ceux fondes sur le bon sens l appel au conformisme la ruse ou la violence Ils sont egalement peu logiques Peu etudies au cours des siecles Jean Jacques Robrieux remarque qu ils font l objet d un regain d interet theorique depuis quelques decennies seulement au moment ou les democraties le systeme consumeriste et les medias se sont mis a les employer abondamment Certains de ces arguments ont recours aux valeurs ce sont les reperes moraux admis par une societe donnee et partagees par tous d autres sont plus particulierement des ruses sophistiquees destinees a gagner a tout prix le debat Ils sont le proverbe les lieux communs et les questions Les cubes impossibles de Maurits Cornelis Escher sont des representations graphiques de paradoxes Les questions eristiques sont quant a elles polemiques elles cherchent a agresser l interlocuteur Le philosophe Arthur Schopenhauer en a propose une etude precise dans L Art d avoir toujours raison ou Dialectique eristique 1830 1831 Dans le domaine de la mauvaise foi il existe un ensemble d arguments particulierement efficaces s appuyant sur une deficience de logique formelle appeles de maniere generale les paralogismes comme le sophisme le paralogisme la petition de principe ou le paradoxe Les arguments jouant sur le pathos Certains arguments ont pour but unique d emouvoir ou de susciter la pitie Le discours judiciaire y est particulierement sensible notamment lorsque l avocat de la defense tente d emouvoir le jury par exemple Ils sont l argument demagogique l argument ad misericordiam ou ad baculum Domaines de la rhetoriqueEtant avant tout une pratique la rhetorique s incarne au sein de divers domaines principalement les discours philosophique politique et publicitaire Le domaine religieux et pedagogique sont egalement tres influences par l art oratoire dans leur dimension historique mais aussi pratique Tous les specialistes de la discipline s accordent a dire que celle ci vit un renouveau a travers ces rhetoriques du fait de l expansion des techniques et des enjeux de la communication actuelle Neanmoins la rhetorique n est pas qu une somme de techniques pour Olivier Reboul Chaim Perelman selon les mots de Bertrand Buffon elle favorise l exercice du jugement critique face a ces manipulations grandissantes de l opinion par la parole et par l image Rhetorique et philosophie Une histoire et des enjeux communs Pour Michel Meyer la philosophie et la rhetorique entretiennent des connexions certaines D une part la philosophie est nee de la rhetorique avec Platon et Aristote surtout C est avec ce dernier que la nouvelle rhetorique devient alors l instrument de la philosophie selon Chaim Perelman D autre part Philosopher c est argumenter structurer un discours qui va aussi loin que possible du fondement aux consequences Platon scella definitivement l opposition entre la rhetorique philosophique et la rhetorique litteraire Neanmoins le discours demeure toujours une interrogation philosophique alors que la philosophie se fonde de meme toujours sur une methodologie rhetorique C est surtout l œuvre de Ciceron qui symbolise le rapport intime qui existe entre les deux disciplines S il n est pas public le raisonnement philosophique doit neanmoins convaincre argumenter et persuader autant d objectifs rhetoriques Chaim Perelman a ainsi realise une etude de cette double influence dans Rhetorique et philosophie pour une theorie de l argumentation en philosophie Perelman note egalement l importance de l analogie et de la metaphore en philosophie ce que le philosophe Paul Ricœur dans La Metaphore vive pose comme un prealable au travail hermeneutique Par ailleurs le philosophe Jacques Derrida s interesse a la construction du discours dans Rhetorique et philosophie Enfin l histoire des deux disciplines a souvent coevolue en effet les preoccupations de la Renaissance portant sur l objet du langage les ont nourri Il s agissait alors de savoir si le langage devait etre compris comme un instrument de comprehension d ouverture au divin ou bien de communication de manipulation politique Les reponses de la philosophie ont considerablement note Michel Meyer fait progresser la rhetorique parallelement les conceptions des rhetoriciens jesuites notamment ont apporte a la philosophie la logique formelle et le logicisme Philosophies de la rhetorique La rhetorique comme objet de connaissance et objet d analyse philosophique a donne lieu a de nombreuses reflexions sur la nature du langage et sur le statut de la verite au sein du discours Les fonctions de la rhetorique et les notions de pathos et de logos vont passionner les theses philosophiques des la Renaissance en effet Il n est pas un philosophe du XVII e siecle qui ne pose le probleme de la place et de la puissance du logos Rene Descartes a bati son raisonnement scientifique sur la rhetorique Portrait par Frans Hals Francis Bacon 1561 1626 est ainsi le premier a proposer d etendre la partie de l inventio au domaine scientifique Tout dans la rhetorique peut aider le savant et le langage construit peut venir a bout de chaque paradoxe et l art oratoire est selon lui lie a l imagination Thomas Hobbes 1588 1679 voit lui dans le pathos un danger pour l entreprise empirique qui se fonde sur les faits bruts La rhetorique est ainsi le langage du pouvoir du Leviathan et un mensonge qui permet de controler les hommes Mais c est surtout Rene Descartes qui propose un renouveau en philosophie de la rhetorique a travers son Discours de la methode 1637 Confondant l argumentation avec la rhetorique Descartes voit dans l art oratoire et ses techniques le moyen d etudier les raisons des faits leurs causes en somme Il plaide egalement pour que la dialectique soit integree a la rhetorique selon lui une demonstration scientifique ne peut s en passer Enfin Descartes doit a la partie de l invention rhetorique ses quatre preceptes determinants sa methode cartesienne Michel Meyer voit en effet dans ces preceptes permettant d etudier un fait qui sont l evidence la decomposition la recomposition et le denombrement soit les quatre phases de l invention Blaise Pascal propose quant a lui un Art de persuader 1662 et affirme l irreductibilite du pathos qu il formule par l expression du je ne sais quoi Pour lui la rhetorique doit se cantonner a l etude des logiques et ne pas chercher a expliquer la dimension pathetique de l orateur La philosophie moderne va beaucoup revenir sur les acquis de la rhetorique Dans la Dialectique eristique 1830 1831 le philosophe Schopenhauer explore les voies de la controverse Il considere que la dialectique eristique est l art de la controverse Il explore les causes de celle ci puis aboutit a postuler que dans le discours rhetorique la verite n existe pas au contraire du discours logique Rhetorique et politique Article detaille rhetorique politique Vehicule de l ideologie Analyse par Constantin Salavastru dans Rhetorique et politique Le pouvoir du discours et le discours du pouvoir l art oratoire entretient une vieille complicite avec l art de gerer la Cite Deja en 1815 1816 le rhetoricien francais Edgar Quinet remarquait que la rhetorique s est toujours accommodee de l autorite politique Une seule chose s etait maintenue dans les colleges delabres de l Empire la Rhetorique Elle avait survecu a tous les regimes a tous les changements d opinion et de gouvernement comme une plante vivace qui nait naturellement du vieux sol gaulois Enfin le discours politique est l archetype du genre dit deliberatif En realite pour la linguistique le discours est naturellement La communication et la langue sont en elles memes des systemes flous car soit fragiles le bruit ou le blanc peuvent alterer l echange soit polysemiques un mot a ainsi plusieurs sens reels des denotations mais aussi des connotations Oswald Ducrot a ainsi propose une theorie dite de la presupposition dans Dire et ne pas dire A chaque instant de l echange les locuteurs et interlocuteurs emettent un ensemble de presuppositions permettant le decodage du message C est sur ces presupposes cognitifs que selon Marc Angenot l ideologie et la politique se fondent Ils les nomment des ideologemes et constate qu ils accompagnent certains mots specifiques a forte connotation comme juif par exemple au sein de ce qu il appelle les discours sociaux fortement ideologiques Rhetorique et democratie La manipulation par le verbe et le discours est souvent percue comme un attribut du pouvoir politique La rhetorique est ainsi consideree comme le cœur de la propagande ou de la demagogie Or pour nombre d auteurs la rhetorique est surtout un instrument democratique La rhetorique prend le masque de la politique et ceux qui ont l intention de la pratiquer font de meme Aristote Stoa d Attalus restes de l agora a Athenes Pour Jean Jacques Robrieux specialiste de la rhetorique classique s il n est pas necessairement manipulateur il le discours politique est toujours rhetorique tendu vers la persuasion soit parce qu il faut se mettre a la portee du public cas de la pedagogie soit parce qu il existe un antagonisme cas du judiciaire ou au moins des divergences de vue cas du deliberatif Autrement dit l equation selon laquelle la rhetorique est synonyme de manipulation reste un cliche que ni l histoire ni l usage n inferent En effet pour certains auteurs paradoxalement la rhetorique ne peut se fonder que sur la liberte individuelle ainsi que sur un climat de liberte sociale Jacqueline de Romilly remarque sur le plan de la methode historique que a Athenes au siecle de Pericles la rhetorique progressait d autant plus que progressait la liberte Pour Philippe Joseph Salazar dans Pratiques de la rhetorique dans la litterature de la fin du Moyen Age et de la premiere modernite la rhetorique a permis l avenement de la democratie par le maintien de principes d equite tels l egalite de temps de parole ou le debat contradictoire Reprenant le neologisme de la specialiste du monde grec en France Barbara Cassin Je citoyenne nous citoyennons sic Salazar explique que l art oratoire se fonde sur trois valeurs democratiques ce qui est juste rhetorique judiciaire ce qui est utile rhetorique deliberative et ce qui est valable rhetorique epidictique Pour synthetiser il voit dans l enseignement rhetorique le noyau de la democratie La formation rhetorique sert a etablir autant que possible un equilibre entre la notion fondamentale en democratie que le sens commun est egalement partage et la realite brutale que ce partage s effectue mal Rhetorique et psychologie Un substitut a la violence Depuis les debuts de la discipline les auteurs remarquent que la rhetorique recherche en priorite les solutions de l ordre des representations Loin de son image actuelle de moyen verbal au service de l ideologie la rhetorique a avant tout a voir avec le processus de civilisation et la notion de catharsis decrite par Aristote Olivier Reboul dit ainsi La polemique n est pas la guerre Elle est meme exactement le contraire car elle n est possible que la ou l on depose les armes ou cedant arma togae ou le combat fait place au debat Sans doute le debat peut il etre long epuisant et cruel Mais il n est pas la guerre la guerre ou triomphe la causalite aveugle et la mort Tant qu on parle on ne se tue pas Mieux encore dans la joute rhetorique on ne perd ni ne gagne jamais tout a fait par hasard et ni la victoire ni la defaite ne sont irremediables Les Anciens n avaient pas tort de comparer la rhetorique au sport l un et l autre canalisent l agressivite humaine et constituent une victoire de l art sur la guerre du raisonnable sur l arbitraire C est surtout l approche communicationnelle etudiant en quoi la rhetorique est avant tout une methode de communication entre personnes qui s interesse a la dimension psychologique de l art oratoire Selon Aron Kibedi Varga dans Rhetorique et litterature a la base de toute rhetorique il y a le desir de communication Pour nombre d auteurs les debuts quasi mythiques de la discipline relates par Aristote selon qui la rhetorique est nee apres que les tyrans de Sicile aient ete expulses par le peuple au V e siecle av J C eclairent cette dimension Il fallut en effet redistribuer aux paysans les terres confisquees ce qui obligea de mettre en place un cadre procedurier ainsi qu une technique de prise de parole En d autres termes note Joelle Garde Tamine la rhetorique devint un substitut a la violence Des processus cognitifs a l œuvre dans le systeme rhetorique La psycholinguistique a permis au XX e siecle de relever l importance des processus de cognition que l orateur ou l interlocuteur mettent en pratique au sein du discours La memoire est ainsi particulierement sollicitee ainsi que l imagination a travers le pourvoir de figuration Les figures de style sollicitent en effet les competences d imagerie mentale que le cognitivisme a pu mettre en exergue Rudolf Arnheim dans La Pensee visuelle 1976 enumere les processus cognitifs lies au sens de la vue auxquels a recours la communication Deja au XVII e siecle le cartesien Geraud de Cordemoy dans son Discours physique de la parole 1668 voyait dans la rhetorique le resultat de l interaction intime de l ame et du corps interaction consistant en une heureuse disposition du cerveau qui explique par exemple la force du pathos et des affects S il manipule le discours rhetorique agit en premier lieu au niveau sentimental La publicite redecouvre la puissance suggestive de l art oratoire que les semioticiens comme Jacques Durand ou Roland Barthes ont etudiee Roland Barthes voit ainsi dans la rhetorique un langage general a l esprit Il est probable qu il existe une seule forme rhetorique commune par exemple au reve a la litterature et a l image La publicite tente de convaincre sa cible le consommateur et pour cela les figures mais aussi les techniques rhetoriques sont utilisees Publicites a Times Square New York Le discours publicitaire se fonde enfin sur la dimension psychologique de la rhetorique A partir de l analyse d affiches electorales Olivier Reboul conclut ainsi que la nature rhetorique de l image concerne principalement l ethos et le pathos alors que au contraire l argumentation n est pas premiere Jacques Durand a lui aborde la fonction de l usage des figures dans le discours de vente Il propose de considerer la rhetorique de l image publicitaire comme une rhetorique de recherche du plaisir qui permet au consommateur un double benefice d une part en lui epargnant le temps d un regard l effort psychique necessite par l inhibition ou par la repression et d autre part en lui permettant de rever a un monde ou tout est possible La manipulation verbale enfin utilise des effets psychologiques plus ou moins conscients Ainsi par exemple cite Chaim Perelman le fait de hierarchiser les valeurs les qualifications destinees a presenter les idees ou les faits conduit subliminalement a imposer un point de vue a l auditeur En effet par un curieux effet psychologique ce qui perd en importance devient par le fait meme abstrait presque inexistant dans la conscience de l auditoire Des figures de style permettent ainsi de jouer particulierement sur ce genre d effets telles la metabole ou l amplification par exemple Rhetorique et psychanalyse Avec le psychanalyste Jacques Lacan apparait la notion d une relation etroite entre la rhetorique et l inconscient Qu on reprenne donc l œuvre de Freud a la Traumdeutung pour s y rappeler que le reve a la structure d une phrase ou plutot a nous en tenir a sa lettre d un rebus c est a dire d une ecriture dont le reve de l enfant representerait l ideographie primordiale C est a la version du texte que l important commence l important dont Freud nous dit qu il est donne dans l elaboration du reve c est a dire dans sa rhetorique Ellipse et pleonasme hyperbate ou syllepse regression repetition anaphore apposition tels sont les deplacements syntaxiques metaphore catachrese antonomase allegorie metonymie et synecdoque les condensations semantiques ou Freud nous apprend a lire les intentions ostentatoires ou demonstratives dissimulatrices ou persuasives retorsives ou seductrices dont le sujet module son discours onirique En resume il fait coincider quant aux procedes de constitution du reve la condensation de Freud avec la metaphore et le deplacement avec la metonymie La metaphore est constitutive de l inconscient enonce t il par ailleurs Rhetorique et religion La rhetorique prend une forme particulierement vivante au sein des grandes religions Les discours prophetiques emploient en effet un ensemble de moyens de persuasion allant de l image ou parabole a la logique dans les propos theologiques Le sermon sur la montagne de Jesus Christ Tout d abord la rhetorique et l analyse du discours sont utilisees pour decrypter les logiques implicites des discours religieux D Marguerat et Y Bourquin dans La Bible se raconte Initiation a l analyse narrative posent ainsi les bases de cette dimension descriptive de la discipline rhetorique La rhetorique semitique est par ailleurs une forme de composition litteraire propre aux textes bibliques ou coraniques Elle est etudiee en tant que telle depuis au moins le IX e siecle Michel Cuypers indique qu Al Mutazz tentait deja de definir en 887 de quelle maniere la structure des textes arabo musulmans se differenciait de la rhetorique grecque Cependant il faut attendre le XVIII e siecle avec les travaux de Robert Lowth pour que la rhetorique semitique soit developpee par la linguistique Pour Philippe Joseph Salazar citant Georges Dumezil les religions font souvent le lien entre la rhetorique et la justice Il prend ainsi comme exemple la deesse Vac dans l hindouisme dont le nom signifie la Voix et qui dans le Rig Veda preside aux arts de la parole ainsi qu au lien social par la justice rendue Pour certains Michel Meyer la rhetorique a une fonction sociale liee au sacre Selon lui le processus de rhetorisation est aussi celui d un rationalisme de plus en plus reflexif destine a lever les superstitions Il explique en effet que La rhetorisation du discours fait suite a l effondrement des vieux mythes explicatifs de l univers et de l arrangement social en vigueur Les mythes etaient de belles histoires des fables chefs d œuvre de style et d eloquence et ils vont d ailleurs apparaitre comme tels perdant ainsi leur credibilite initiale Si la rhetorique est nee en Grece ce n est pas un hasard c est aussi le lieu qui a produit le discours rationnel et scientifique dans cette optique la rhetorique par la dialectique a une fonction contre religieuse Rhetorique et stylistique Article detaille Stylistique La rhetorique nee dans le milieu judiciaire couvre potentiellement l ensemble des messages sociaux y compris les textes a visee esthetique La pensee classique avait envisage a cote de la rhetorique l existence de la poetique œuvrant dans le monde de l imaginaire et ce des les debuts de l art oratoire Aristote a ainsi ecrit une Poetique meme si c est a la Renaissance surtout que se multiplient les traites de poetique Mais les textes a visee esthetique parce qu ils appartiennent a l espace du vraisemblable relevent aussi d une rhetorique comprise dans un sens large De sorte qu entre poetique et rhetorique les passages sont possibles des concepts elabores dans le cadre de la seconde ont ete sans difficultes transposes a la premiere La stylistique s attache a mettre en lumiere la specificite du texte La poetique est ainsi devenue avec le temps une discipline a part la stylistique utilisee actuellement dans le milieu universitaire comme etant la science de la production litteraire au sens de creation d un discours specifique Elle etudie la valeur affective des faits du langage organise et l action reciproque des faits expressifs qui concourent a former le systeme des moyens d expression d une langue selon Charles Bally Au XX e siecle se nourrissant des apports de la semiologie des annees 1970 avec Roland Barthes et le Groupe µ surtout cette poetique se mue en stylistique qui se definit ainsi comme la discipline qui a pour objet le style qui etudie les procedes litteraires les modes de composition utilises par tel auteur dans ses œuvres ou les traits expressifs propres a une langue La stylistique aujourd hui se focalise sur l enonciation sur les figures de style et sur la narratologie parmi les domaines les plus importants Rhetorique et enseignement Le jeune Ciceron lisant fresque de Vincenzo Foppa de Brescia datee vers 1464 Des l Antiquite la rhetorique est enseignee Isocrate y voit la condition d une formation exemplaire de l esprit citoyen parallelement a la formation physique par le sport et la musique En Grece comme a Rome l enseignement se fondait sur la connaissance parfaite des textes classiques et sur la redaction de commentaires a l ecrit ou a l oral Ces commentaires consistaient en des eloges de personnages d autorite L invention qui persiste encore aujourd hui au Baccalaureat devait permettre de se nourrir du style de ces auteurs De 7 a 15 ans l eleve garcon ou fille est sous la tutelle d un grammairien magister a 15 ans il est enseigne par un rheteur rhetor qui lui apprend l eloquence Il s agit des lors d etudier la rhetorique et non plus seulement de la pratiquer Les exercices preparatoires progymnasmata et declamationes permettaient d evaluer les eleves Or note Joelle Gardes Tamine le but de ces enseignements etait double developper l esprit critique d une part former le citoyen mais aussi developper l esprit creatif Les jesuites reprendront l enseignement traditionnel romain en y incluant la pratique du theatre Ce n est qu au XVIII e siecle que les auteurs francais comme Bossuet ou Racine deviennent objets d etude rhetorique A l epoque contemporaine l enseignement de la rhetorique connait un net repli En France le republicanisme oscille a partir du XIX e siecle entre un usage de la rhetorique dans la formation du citoyen par l ecole et le rejet de la rhetorique d apres Philippe Joseph Salazar ref necessaire C est finalement l attitude de rejet qui l emporte le declin de l art oratoire aux programmes etant consomme depuis Jules Ferry en 1902 Cependant il y a periodiquement des debats concernant sa reintroduction Pourtant l histoire litteraire portant sur la rhetorique temoigne d un interet croissant depuis les annees 1970 en France comme dans les pays anglo saxons Elle trouve un nouvel essor dans les associations etudiantes de debat Federation mondiale du debat francophone et dans certaines Ecoles comme Sciences Po a Paris Un enseignement de l art oratoire y a ete systematise depuis 2001 a partir des techniques de l actio et de l incarnation du discours Le principe pedagogique est que chacune ou chacun peut devenir oratrice ou orateur a condition de s approprier les techniques necessaires deja evoquees quoique partiellement par Quintilien Institution Oratoire Livre XI a l encontre d un propos qui laisse accroire a un talent oratoire de naissance Cette approche volontariste est etayee par une methode Tous orateurs manuel sur les fondations de l action oratoire ecrit par Cyril Delhay et Herve Biju Duval Les etudiants mettent en pratique leur capacite a debattre et a argumenter dans des debats sur des sujets de controverses en socio sciences dans le cadre de reunions publiques simulees Au Quebec pour des raisons historiques et culturelles la rhetorique fut largement enseignee via ce qu on appelait le cours classique une formation qu offrait la plupart des colleges francophones du Canada jusque dans les annees 1960 Ce programme decoulait du modele d enseignement cree par les jesuites au debut de la colonie avant la conquete anglaise Notes et referencesNotes Le document d accompagnement des programmes de francais pour la voie generale serie litteraire 2006 version du 6 fevrier 2007 sur Internet Archive p 9 explique en effet qu en seconde les eleves ont ete amenes a reflechir a la difference entre un mode rationnel et un mode affectif de l argumentation en distinguant entre demontrer et convaincre d une part et persuader d autre part Le chapitre La problematologie comme cle pour l unite de la rhetorique dans Michel Meyer p 289 293 qui presente toutes les conceptions historiques autour de la definition de rhetorique Joelle Gardes Tamine p 10 Cette autrice ajoute que selon Isocrate la parole est l instrument de l intelligence et la rhetorique differencie les hommes des animaux mais aussi les Grecs des barbaros des etrangers Par ailleurs on peut voir dans la dichotomie moderne a propos du langage divise en une fonction cognitive et une fonction communicative la reconduction de ces postulats fondateurs Roland Barthes resume ainsi l ambivalence de l ethos aristotelicien ce sont les traits de caractere que l orateur doit montrer a l auditoire peu importe sa sincerite pour faire bonne impression ce sont ses airs L orateur enonce une information et en meme temps il dit je suis ceci je ne suis pas cela Roland Barthes L ancienne rhetorique Communications vol 16 no 1 1970 p 172 223 ISSN 0588 8018 DOI 10 3406 comm 1970 1236 lire en ligne consulte le 5 mars 2025 Informations lexicographiques et etymologiques de rhetorique sens I B 2 dans le Tresor de la langue francaise informatise sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales Rhetorique ou rheto est egalement un belgicisme pour designer la Terminale En France elle a constitue un enseignement au programme de l enseignement secondaire qui disparut en 1902 Michael Purves Smith George Frideric Handel s Musical Treatment of Textual Rhetoric in His Oratorio Susanna Il s agit d une etude de la rhetorique en musique L auteur montre comment Handel construit des figures de rhetorique grace aux rythmes aux tons a l usage de la pedale et aux arrangements vocaux Certaines figures de style peuvent egalement etre transposees en musique c est le cas de la metonymie de la metaphore de l hypotypose et de la synecdoque Il existait aux Jeux olympiques antiques des concours oratoires qui vont inspirer les joutes oratoires medievales Dans le dialogue Le Gorgias rapporte par Platon le sophiste delivre les cles de son art a Socrate Legende de l image Luca della Robbia 1437 1439 Panneau en marbre provenant de la facade nord registre inferieur du campanile de Florence Du grec ancien signifiant formation des ames par la parole Voir les travaux de Barbara Cassin et notamment Le Plaisir de parler etudes de sophistique comparee Il s agit en realite de trois livres C Benoit dans son Essai historique sur les premiers manuels d invention oratoire Vrin 1984 p 4 explique ainsi la posterite d Aristote Il cite Ciceron faisant l eloge du philosophe grec comme une demonstration de cette influence indeniable Tous les anciens rheteurs depuis Tisias le premier de tous et l inventeur de l art ont ete rassembles en un seul corps par Aristote qui recueillit avec le plus grand soin le nom de chacun d eux et les preceptes qui leur appartenaient les exposa avec autant de nettete que d exactitude et les eclaircit par d excellentes explications il surpassa tellement ses premiers maitres par l elegance et la precision de son style que personne ne va plus chercher leurs lecons dans leurs propres ouvrages et que tous ceux qui en veulent prendre quelque connaissance ont recours a Aristote comme a un interprete bien plus facile in Ciceron II 38 Aristote I 1355a qui developpe particulierement ce point Il s agit de l enseignement romain du latin Voir pour plus de details historiques L ecole du grammaticus en ligne Chaim Perelman p 20 confirme ce point de vue mais porte le prejudice de Ramus sur la tradition heritee d Aristote Il explique que Ramus enleve a la rhetorique d Aristote ses deux parties essentielles l invention et la disposition pour ne lui laisser que l elocution De la date la rhetorique des figures Michel Meyer p 160 explique en effet L absolutisme monarchique qui se met lentement en place produira son cadre esthetique propre le classicisme Michel Meyer explique qu il s agit d une montee des evidences rationnelles et sensibles Michel Meyer p 221 Mais la Revolution aidant c est finalement la these la plus radicale celle des grammairiens philosophes celle de l universalite du logos qu il l emportera avec notamment Antoine Rivarol Le souci fondamental de Fontanier qui s etait deja exprime avec force dans sa critique de Dumarsais c est en effet de definir ce concept le plus rigoureusement possible dans son extension et sa comprehension et de dresser un inventaire scrupuleusement fidele dans le detail de ses exclusions et de ses annexions a la lettre et a l esprit de la definition in l Introduction de Gerard Genette in Pierre Fontanier p 9 Michel Meyer cite entre autres le Candidatus rhetoricae du jesuite Joseph de Jouvancy le Traite des etudes de Charles Rollin la Nouvelle rhetorique de Joseph Victor Le Clerc 1789 1865 A noter qu en depit de ces attaques les romantiques n ont pas totalement refuse d employer la rhetorique parlementaire brillante et techniciste Victor Hugo dans Reponse a un acte d accusation par exemple comme Alphonse de Lamartine par ailleurs mettront en œuvre les discours les plus eloquents de l historie de la Republique francaise L universitaire Antoine Compagnon parle meme du meurtre de la rhetorique in Marc Fumaroli p 1215 1247 L ouvrage Chaim Perelman resume le Traite Le tournant rhetorique en anglais Le genre judiciaire est ainsi tres present dans la tragedie ou les conflits abondent alors que le genre epidictique se retrouve en poesie Les preuves administrees par le moyen du discours sont de trois especes les premieres consistent dans le caractere de l orateur les secondes dans les dispositions ou l on met l auditeur les troisiemes dans le discours meme parce qu il demontre ou parait demontrer in Aristote Livre I 2 1356a 1 la rhetorique a cree une veritable psychologie dont profitera toute la litterature en particulier le theatre Toute l analyse des sentiments et des passions derive de la rhetorique explique Olivier Reboul p 60 Illustration d un poeme d Omar Khayyam tr Edward Fitzgerald The Rubaiyat of Omar Khayyam 1905 1912 Le mot grec topoi se traduit par lieu geographique mais aussi sphere cercle source puits d apres Georges Molinie p 234 Il est l equivalent technique du terme de lieu rhetorique qui ne se confond pas en stylistique avec le lieu commun appelee aussi cliche Pour Olivier Reboul il existe en fait trois sens de ce mot qui produisent les ambiguites les plus complexes de l histoire de la rhetorique in Olivier Reboul p 62 64 Il s agit selon Olivier Reboul de l usage d inventaire de la partie rhetorique de l invention qui est par definition creation d arguments via le talent de l orateur Par exemple Joelle Gardes Tamine p 103 111 cite et analyse le poeme de Charles Baudelaire L Albatros une lettre de les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos et un extrait de l acte V scene 7 de la piece Berenice de Jean Racine L auteur de la Rhetorique a Herennius distingue lui 6 parties l exorde la narration la division la confirmation la refutation et la conclusion alors que Ciceron n en retient que deux fondamentales l exposition et la demonstration Selon A Kibedi varga p 16 elle recouvre a peu pres ce que nous entendons aujourd hui par stylistique La notion de style est parmi les plus complexes et les plus irreductibles a l analyse de la linguistique Pour J Marouzeau in Introduction au Traite de stylistique latine p 14 le style est l attitude que prend l usager ecrivant ou parlant vis a vis du materiel que la langue lui fournit alors que pour le linguiste allemand Leo Spitzer c est la mise en œuvre methodique des elements fournis par la langue Le style litteraire correspond au genre rhetorique du demonstratif appele egalement par Hermogene le genre panegyrique car il fait l eloge de quelque chose ou de quelqu un Voir notamment l ouvrage de Frances Yates Aristote en parle neanmoins dans De l ame appendice De Memoria et reminiscentia C est le cas de Chaim Perelman professeur de droit qui reduit la rhetorique au champ argumentatif notamment dans Chaim Perelman Richard Rorty et Ian Hacking postulent neanmoins que les enonces scientifiques eux memes ont constitutivement un statut rhetorique car ils sont conjecturaux et vraisemblables donc toujours remis en question qui est a rapprocher de la theorie de Thomas Samuel Kuhn en epistemologie selon laquelle les paradigmes scientifiques se distinguent des autres par leur refutabilite Le syllogisme est connu en latin sous l expression modus ponendo ponens signifiant maniere d affirmer d etablir en affirmant ou par contraction modus ponens L etymologie du mot sorite se refere au mot grec tas car c est a l origine un paradoxe relatif a la constitution d un tas de grains soutenu par le dialecticien Eubulide Olivier Reboul p 122 distingue par ailleurs les figures de rhetorique qui jouent un role persuasif et qui forment une classe de procedes fonctionnels des figures autres dites non rhetoriques et qui peuvent etre poetiques humoristiques et lexicales Lorsque l argument prend la forme d une menace de violence on parle de commination Bertrand Buffon p 16 enumere quatre facteurs militant en faveur d un apprentissage renouvele de la rhetorique et de la dialectique a un premier d ordre historique et politique elle permet le debat citoyen b un facteur d ordre technique et economique c un facteur social et culturel la maitrise de la parole est un facteur de discrimination sociale et d un facteur ontologique elle facilite la connaissance du monde et de soi Il existe ainsi de nombreuses notions rattachees a la rhetorique qui possedent une etymologie proche du champ lexical de la guerre Ainsi agone qui signifie les debats d idees sont aussi les combats physiques en grec ancien l eristique est la discussion contradictoire mais elle signifie avant tout la querelle References Ruth Amossy p 6 Quintilien chap II 15 34 Michel Blay Dictionnaire des concepts philosophiques Larousse CNRS editions 2005 ISBN 2 03 582657 8 entree Rhetorique p 727 Franck Marmoz Nicolas Chareyre et Cedric Putanier 600 questions de culture juridique generale Paris Ellipses mai 2022 125 p ISBN 9 782340 067523 p 125 Joelle Gardes Tamine p 8 Aristote I II 1355b Roland Barthes L aventure semiologique Paris Points Essais Seuil 1985 L ancienne rhetorique aide memoire p 173 Cite par Chaim Perelman p 33 Cite par Chaim Perelman p 58 Michel Meyer p 5 Jean Jacques Robrieux p 2 Michel Meyer p 326 Joelle Gardes Tamine p 11 Michel Meyer p 329 Ciceron XXXVII Michel Meyer p 280 En fait une institution oratoire se repere a son autonomie dans le traitement des problemes qui tient a la presence des trois composantes ethos pathos logos en son sein Michel Meyer p 7 la rhetorique loin de se restreindre s est metastasee au prix d une unite de champ perdue explique Michel Meyer p 9 Michel Meyer p 10 a et b Joelle Gardes Tamine p 11 Jean Jacques Robrieux p 3 Michel Meyer p 3 Il ajoute que le mot rhetorique est employe de nos jours au meme titre que des expressions comme cinema ou cirque Jean Jacques Robrieux p 11 Philippe Breton L argumentation dans la communication Paris La Decouverte coll Reperes 1996 121 p p 16 Quintilien vol I livre II chap XX 7 Ciceron XXXVI Michel Meyer p 13 Michel Meyer p 295 297 Aristote I I 1355b Michel Meyer p 2 Gerard Genette La rhetorique restreinte in Figure III Seuil Paris 1972 pp 21 40 egalement publie dans la revue Communications 1970 no 16 pp 158 171 consultable en ligne Francois Jullien Le detour et l acces Strategies du sens en Chine en Grece Grasset Paris 1995 Ellen E Facey Nguma Voices Text and Culture from Central Vanuatu University of Calgary Press 1988 David B Coplan In the Time of Cannibals The World Music of South Africa s Basotho Migrants University of Chicago Press 1994 David Hutto Ancient Egyptian Rhetoric in the Old and Middila Kingdoms in Rhetorica 20 3 2002 Y Gitay Isaiah and his Audience The Structure and Meaning of Isaiah 1 12 Studia Semitica Neerlandic Van Gorcum Assen et Maastrich 1991 image Statue de Polymnie Marbre œuvre romaine du II e siecle apr J C Provenance villa de Cassius pres de Tivoli decouverte en 1774 Polymnie sur le site Cosmovisions Voir le site du colloque Femmes rhetorique et eloquence sous l Ancien Regime Universite qui s est tenu au Quebec a Rimouski les 13 15 septembre 2007 resumes des interventions consultables en ligne Voir sur ce point et pour plus de details l ouvrage de Laurent Pernot La rhetorique dans l Antiquite Ldp References no 553 2000 ISBN 2253905534 Article Rhetorique par Philippe Roussin p 167 in Nouveau dictionnaire encyclopedique des sciences du langage Paris 1995 Cette origine peut etre mystifiee de la rhetorique est rapportee notamment dans l article L ancienne rhetorique de Roland Barthes p 90 in L aventure semiologique Paris 1985 ainsi que par Jean Jacques Robrieux p 7 Jacob Burckhardt Histoire de la civilisation grecque 1898 1902 Henri Irenee Marrou p 85 Voir le discours de Gorgias Defense d Helene 9 Platon Phedre detail des editions lire en ligne 261a 271b Platon Phedre 265d 271c Jean Jacques Robrieux p 11 a et b Jean Jacques Robrieux p 13 Voir le chapitre correspondant in Michel Meyer p 47 52 Voir Guy Achard edit de La Rhetorique a Herennius p XXVI XXXII L ancienne rhetorique de Roland Barthes p 97 in L aventure semiologique Paris 1985 Pour une etude de cet ouvrage voir le site d Agnes Vinas Roland Barthes p 97 Quintilien II 20 9 Roland Barthes p 99 Quintilien livres VIII a X Michel Meyer p 30 31 Jean Jacques Robrieux p 15 Michel Cuypers entree Rhetorique et structure in Dictionnaire du Coran p 759 explique que la rhetorique arabe a su profiter de celle des Grecs Beaucoup de noms de figures de style sont en effet calquees sur les noms grecs Dictionnaire du Coran p 759 Akg Image Aristote I 1 1354a Michel Meyer p 92 Voir sur ce sujet la These La theorie et la taxonomie des tropes dans les ouvrages rhetoriques du College de Presle Jean Jacques Robrieux p 24 Michel Meyer p 151 Michel Meyer p 144 Michel Meyer p 153 Michel Meyer p 189 Michel Meyer p 198 Des Tropes ou Des diferens sens dans lesquels on peut prendre un meme mot dans une meme langue sic Michel Meyer p 227 Voir l Introduction de Gerard Genette in Pierre Fontanier p 6 Michel Meyer p 230 Les Contemplations 1856 Reponse a un acte d accusation I 7 en The Ends of Rhetoric History Theory Practise J Bender D E Wellbery ed Stanford 1990 Non encore traduit en francais La lecture du chapitre la periode contemporaine in Michel Meyer p 247 287 est recommandee pour prendre connaissance de la complexite des conceptions modernes Michel Meyer p 252 c est a l idee d evidence comme caracterisant la raison qu il faut s attaquer si l on veut faire une place a une theorie d argumentation qui admette l usage de la raison pour diriger notre action et pour influencer sur celles des autres in Chaim Perelman et Lucie Olbrecht Tyteca Traite de l argumentation la nouvelle rhetorique 1958 p 4 cite dans La nouvelle rhetorique Dictionnaire Culturel en langue francaise sous la direction d Alain Rey 2006 p 322 L Empire rhetorique Paris Vrin 1988 p 23 Jean Jacques Robrieux p 27 Roland Barthes p 49 50 Rhetorique et image publicitaire paru dans la revue Communications no 15 1970 pp 70 95 L Homme de parole Fayard Folio Essais 1985 pp 310 311 en Richards The Philosophy of Rhetoric New York Oxford 1936 p 3 Alex Pereira de Araujo Elements of a New Rhetoric in Foucault s Work International Journal of Advanced Engineering Research and Science vol 10 no 11 2023 p 001 005 ISSN 2349 6495 DOI 10 22161 ijaers 1011 1 lire en ligne consulte le 6 novembre 2023 La revue Kairos est disponible en ligne Chaim Perelman p 198 de Walter Jens Von deutscher Rede 1969 Olivier Reboul p 55 Philippe Roussin p 168 Aristote livre III 1414a30 1414b10 George Molinie p 209 a et b Rhetorique a Herennius I 3 Aristote I 1358a a et b Chaim Perelman p 38 39 propose de voir dans le discours epidictique un genre davantage educatif source de la philosophie pratique Aristote p 1356a Aristote I 1375a 1377b Voire la rumeur publique selon la Rhetorique a Herennius II 12 Jean Jacques Robrieux p 19 en latin argumentum selon Quintilien Quintilien V 10 1 La section consacree aux lieux rhetoriques de cet article est fondee sur Georges Molinie p 223 241 Georges Molinie p 234 Ciceron p 46 Voir a ce sujet La litterature europeenne et le Moyen Age latin de Curtius 1948 pour une etude des themes et lieux communs de la litterature europeenne Olivier Reboul p 71 Joelle Gardes Tamine p 97 Rhetorique a Herennius III 16 Rhetorique a Herennius V 12 14 Rhetorique a Herennius IV 3 15 Chaim Perelman p 52 Rhetorique a Herennius IV 17 Ciceron Divisions de l art oratoire V 16 Rhetorique a Herennius IV 11 Rhetorique a Herennius II 3 8 Olivier Reboul p 74 Victor Hugo Preface de Cromwell Quintilien II 13 11 Repondant a la question quelle est la premiere qualite de l orateur Demosthene repondit l action et la seconde l action et la troisieme l action in Ciceron Brutus 142 Ciceron XVII 54 Leo H Hoek et Kees Meerhoff Rhetorique et image Rodopi 1995 p 105 Rhetorique a Herennius III 19 20 Entree Chironomie du Tresor Informatise de la Langue Francaise Quintilien XI 3 102 donnait neanmoins deja un ensemble de regles chironomiques Antoine Fouquelin p 443 Brutus 140 215 et 301 notamment Quintilien XI 2 Rhetorique a Herennius III 28 Ciceron II LXXXVII 352 353 Frances Yates p 118 Pour Olivier Reboul la rhetorique se compose de l argumentatif et de l oratoire c est a dire de l affectif dans le discours de la subjectivite du locuteur soit les figures de style Chaim Perelman p 31 Il faut rappeler que pour Perelman argumentation et rhetorique sont des notions equivalentes Blaise Pascal Pensees 470 Emmanuel Kant Critique de la raison pure PUF 1927 p 634 a et b Chaim Perelman p 33 Chaim Perelman p 36 Entree Orateur du Tresor Informatise de la Langue Francaise Entree Rheteur opcit Isocrate Nicocles 8 Jean Starobinski sous la direction de Pierre Nora Les Lieux de memoire Gallimard Quarto 1997 3 tomes Joelle Gardes Tamine p 35 Marc Fumaroli La conversation in Trois Institutions litteraires Gallimard 1994 Il cite comme personnalites feminines representant cette institution de la conversation Madame de Sevigne Anna de Noailles par exemple Quintilien XII I Pour une histoire de cet adage voir l article de Sophie Aubert Stoicisme et romanite L orateur comme homme de bien habile a parler en ligne PDF Pour une renaissance de l art citoyen de rhetorique Quelques remarques in Pratiques de la rhetorique dans la litterature de la fin du Moyen Age et de la premiere modernite Dominique de Courcelles 2008 p 4 Olivier Reboul p 99 Joelle Garde Tamine p 70 a et b Jean Jacques Robrieux p 37 Chaim Perelman p 27 Aristote dans les Topiques en a egalement parle 101 a et b Jean Jacques Robrieux p 32 Joelle Gardes Tamine p 130 ratio probationem praestans qua colligitur aliud per aliud et quae quod est dubium per id quod dubium non est confirmat in Quintilien V 10 11 La plupart des arguments cites ainsi que le mode de classement proviennent de la classification de Jean Jacques Robrieux p 94 167 La classification de Chaim Perelman p 98 145 en est tres proche Port Royal Logique 3e partie chapitres XIX et XX pour l essentiel Perelman affirme que les arguments quasi logiques etaient tres employes dans l Antiquite lorsque la pensee scientifique d allure mathematique etait moins developpee in Chaim Perelman p 80 Jean Jacques Robrieux p 154 Ou Bertrand Buffon Chaim Perelman p 23 Michel Meyer p 89 Rapport etudie par Alain Michel dans Les rapports de la rhetorique et de la philosophie dans l œuvre de Ciceron Peeters Publishers 2003 ISBN 9042912723 Chaim Perelman L Olbrechts Tyteca et Emile Brehier Rhetorique et philosophie pour une theorie de l argumentation en philosophie PUF 1952 ASIN B0017V7Y64 Michel Meyer p 152 153 Michel Meyer p 173 Rene Descartes Regles pour la direction de l esprit regle X Michel Meyer p 181 Parfois publiee en France sous le titre L Art d avoir toujours raison Constantin Salavastru Rhetorique et politique Le pouvoir du discours et le discours du pouvoir Editions L Harmattan coll Psychologie politique 2005 215 p ISBN 2747576523 consultable en ligne Edgar Quinet Histoire de mes idees autobiographie œuvres Completes tome X ed Germer Bailliere Paris 1880 p 166 167 selon Bertrand Buffon Bertrand Buffon p 331 Oswald Ducrot Dire et ne pas dire Herman 1991 Aristote I 2 1356a Jean Jacques Robrieux p 39 Jacqueline de Romilly Les grands sophistes dans l Athenes de Pericles 1988 p 78 cite par Gardes Tamine p 15 in L Effet sophistique Gallimard 1995 Le neologisme verbal provient en realite du sophiste grec Antiphon Pour une renaissance de l art citoyen de rhetorique Quelques remarques in Pratiques de la rhetorique dans la litterature de la fin du Moyen Age et de la premiere modernite Dominique de Courcelles 2008 p 3 Olivier Reboul p 121 A Kibedi Varga p 20 Michel Meyer p 184 Article Rhetorique et image publicitaire in revue Communications no 15 1970 p 70 95 disponible en ligne Roland Barthes revue Communications no 4 p 50 Le discours publicitaire a pour but de promouvoir un produit pour en faciliter la vente il releve ainsi de deux des trois grands genres rhetoriques le deliberatif qui conseille et l epidictique qui loue in Bertrand Buffon p 393 Michel Meyer p 282 dit quant a lui La publicite est la rhetorique par laquelle l offre se fait connaitre de la demande et cherche a la susciter en fonction des problemes que les produits pretendent resoudre A l inverse de la litterature la publicite joue sur la modulation de la distance Olivier Reboul p 92 93 Martine Joly Introduction a l analyse de l image p 75 Des expressions telles que sinon a l exception de minimisent le fait qu elles introduisent in Chaim Perelman p 71 Chaim Perelman p 59 Jacques Lacan L instance de la lettre dans l inconscient ou la raison depuis Freud in Ecrits Seuil coll Le champ freudien 1966 in Apollon sonore et autres essais Vingt cinq esquisses de mythologie Gallimard Paris 1987 pp 11 24 La deesse Vac apparait dans l hymne X 125 du Reg Veda Aristote et les principes de la rhetorique contemporaine Michel Meyer introduction a Aristote Rhetorique Livre de Poche 1996 p 9 Charles Bally Traite de stylistique francaise vol 1 1 Definition du Tresor Informatise de la Langue Francaise Joelle Gardes Tamine Rhetorique p 29 fiche sur l enseignement de la rhetorique L auteur de la Rhetorique a Herennius II 4 7 dit ainsi La nature qui me donnera le moins d esperance chez les enfants est celle ou la faculte critique se developpe plus tot que l imagination Voir la circulaire ministerielle publiee dans le B O no 6 12 aout 1999 qui pose que la maitrise progressive de l expression est un element essentiel dans l acces a la citoyennete reprise dans le journal Liberation numero de fevrier mars 2000 en ligne par Helene Merlin et citee par P J Salazar Tous orateurs Cyril Delhay Herve Biju Duval Eyrolles Paris 2015 seconde edition Voir aussiSur les autres projets Wikimedia Rhetorique sur Wikimedia Commonsrhetorique sur le WiktionnaireRhetorique sur WikiversityRhetorique sur WikibooksRhetorique sur WikisourceRhetorique sur WikiquoteRhetorique sur Wikinews Une categorie est consacree a ce sujet Rhetorique Articles connexes Argumentation Art de memoire Analyse du discours Propagande Rhetorique politique Rhetorique semitique Rhetorique de la science Sophisme Dialectique Eristique Logographe Raisonnement PersuasionWikisource Rhetorique d Aristote Le Monde comme volonte et comme representation chapitre XI A propos de la rhetorique d Arthur Schopenhauer Gorgias ou sur la 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071135 9 et 2 08 071135 0 Texte integral en ligne Pseudo Longin Traite du sublime Rivages coll Petite bibliotheque Rivages 1991 ISBN 2 86930 420 X Quintilien trad Jean Cousin Institutions oratoires t I Paris Les Belles Lettres coll Bude Serie Latine 1989 392 p ISBN 2 251 01202 8 Texte integral en ligne la Anonyme trad G Achard La Rhetorique a Herennius Les Belles Lettres coll Collection des universites de France Serie latine n 287 485 p ISBN 978 2 251 01346 6 Texte integral en ligne Ciceron L Orateur Paris Les Belles Lettres coll Bude Serie Latine 2001 314 p ISBN 2 251 01047 5 Texte integral en ligne Antoine Fouquelin La Rhetorique Francoise Paris A Wechel 1557 ASIN B001C9C7IQ lire en ligne Cesar Chesneau Dumarsais Des tropes ou Des diferens sens dans lesquels on peut prendre un meme mot dans une meme langue Impr de Delalain 1816 362 p ASIN B001CAQJ52 lire en ligne Nouvelle edition augmentee de la Construction oratoire par l abbe Batteux Pierre Fontanier Les Figures du discours Paris Flammarion 1977 ISBN 2 08 081015 4 lire en ligne Yusuf ibn Muḥammad Ibn Ṭumlus trad Maroun Aouad Le livre de la rhetorique Vrin 2006 177 p Ouvrages utilises Georges Molinie et Michele Aquien Dictionnaire de rhetorique et de poetique Paris LGF Livre de Poche coll Encyclopedies d aujourd hui 1996 350 p ISBN 2 253 13017 6 Marc Fumaroli Histoire de la rhetorique dans l Europe moderne 1450 1950 Presses universitaires de France 1999 1359 p ISBN 978 2 13 049526 0 Jean Jacques Robrieux Elements de rhetorique et d argumentation Paris Dunod 1993 225 p ISBN 2 10 001480 3 Olivier Reboul La Rhetorique Paris Presses universitaires de France coll Que sais je 1998 128 p ISBN 978 2 13 045380 2 Olivier Reboul Introduction a la rhetorique Paris Presses universitaires de France coll Premier cycle 2009 4e edition ouvrage fondamental 256 p 15 cm 22 cm ISBN 978 2 13 043917 2 et 2 13 043917 9 Michel Meyer La rhetorique Paris Presses universitaires de France coll Que sais je n 2133 2004 126 p ISBN 2 13 053368 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Salazar L Art de parler anthologie de manuels d eloquence Klincksieck 2006 361 p ISBN 978 2 252 03438 5 Philippe Roussin Rhetorique in Nouveau dictionnaire encyclopedique des sciences du langage de Ducrot et Schaeffer Editions du Seuil coll Point Essais 1995 817 p ISBN 978 2 02 038181 9 Henri Irenee Marrou Histoire de l education dans l Antiquite tome I et II Editions du Seuil coll Points histoire 1964 ISBN 978 2 02 006015 8 Roland Barthes L ancienne rhetorique Communications n 16 1970 pages 172 224 Roland Barthes L aventure semiologique Paris Editions du Seuil 1985 358 p ISBN 2 02 008936 X en John Bender et David Wellbery The Ends of Rhetoric History Theory Practise Stanford University Press 1990 238 p ISBN 978 0 8047 1818 9 lire en ligne Alain Michel Rhetorique et philosophie chez Ciceron Essai sur les fondements philosophiques de l art de persuader P U F 1960 reimpr 2003 a Louvain Peeters ASIN B0014S1Y98 Michel Pougeoise Dictionnaire de rhetorique Paris Armand Colin coll Dictionnaires 2004 223 p ISBN 2 200 25239 0 La Puissance du discours Une petite histoire de la rhetorique dans la Grece antique et a Rome Francais Broche 16 novembre 2010 ISBN 978 2251346045 Frances Yates L Art de la memoire Editions Gallimard coll Bibliotheque des histoires 1987 ISBN 978 2 07 070982 3 Essais Bertrand Perier La parole est un sport de combat Paris Jean Claude Lattes 2017 219 p ISBN 978 2 7096 6069 3 Bertrand Perier Sur le bout de la langue Paris Jean Claude Lattes 2019 La Parole persuasive Francais Broche 16 mai 2002 de Bertrand Buffon 374 pages Editeur Presses universitaires de France PUF 16 mai 2002 Collection L interrogation philosophique ISBN 2130524095 ISBN 978 2130524090 Rhetorique de l anti socialisme Essai d histoire discursive 1830 1917 Auteur Marc Angenot 14 decembre 2004 288 pages Le pouvoir rhetorique Apprendre a convaincre et a decrypter les discours Francais Broche 471 pages Clement Viktorovitch Editions Seuil 2021 ISBN 978 2 02 146587 7 Constantin Salavastru Rhetorique et politique Le pouvoir du discours et le discours du pouvoir Paris Budapest Torino Editions L Harmattan coll Psychologie politique 2005 217 p ISBN 2 7475 7652 3 lire en ligne Daniel Marguerat et Yvan Bourquin La Bible se raconte Initiation a l analyse narrative Geneve Labor et Fides 1998 463 p ISBN 2 8309 1174 1 Portail de la Grece antique Portail de la litterature Portail de la philosophie Portail de la linguistiqueCet article est reconnu comme article de qualite depuis sa version du 7 juillet 2009 comparer avec la version actuelle Pour toute information complementaire consulter sa page de discussion et le vote l ayant promu La version du 7 juillet 2009 de cet article a ete reconnue comme article de qualite c est a dire qu elle repond a des criteres de qualite concernant le style la clarte la pertinence la citation des sources et l illustration