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Écosystème

En écologie, un écosystème est un ensemble formé par une communauté d'êtres vivants en interaction (biocénose) avec leur environnement (biotope). Les composants de l'écosystème développent un dense réseau de dépendances, d'échanges d'énergie, d'information et de matière permettant le maintien et le développement de la vie. Un écosystème transformé par l'Homme dans le but de nourrir, c'est-à-dire dans un contexte agricole s'appelle un agroécosystème.

Le terme fut forgé au XXe siècle pour désigner l'unité de base de la nature, dans laquelle les êtres vivants interagissent entre eux et avec leur habitat. La notion d'écosystème regroupe toutes les échelles : de la Terre au simple caillou en passant par la flaque d'eau, la prairie, la forêt, et les organismes vivants eux-mêmes. Chacun constitue un écosystème à part entière.
Dans chaque écosystème se trouve un ou plusieurs réseaux trophiques (ou « chaînes alimentaires »). Les zones de transition entre deux écosystèmes sont nommées écotones.
Des concepts modélisateurs utilisent l'approche écosystémique pour mettre l'accent sur les processus d'un composant de l'écosystème (géosystème pour le sol, hydrosystème pour l'eau libre, sylvosystème pour les forêts, agroécosystème pour les activités agricoles).
Historique
Le terme « écosystème » naît en 1935 sous la plume du botaniste anglais Arthur George Tansley : il s'agissait d'attirer l'attention des chercheurs sur l'importance des échanges de matière entre les organismes et leur milieu. Il définit un écosystème comme étant un « complexe d'organismes et de facteurs physiques. » Il ajoute que « les systèmes ainsi formés sont […] les unités de base de la nature et […] offrent la plus grande diversité de type et de taille ». Pour désigner l'étendue géographique d'un écosystème, il inventa le terme d'« écotope ».
George Evelyn Hutchinson, un limnologiste contemporain de Tansley, rapprocha les idées de Charles Sutherland Elton sur la chaîne trophique, de celles du chimiste et biogéochimiste russe Vladimir Vernadsky, et conclut que la disponibilité de nutriments limite la production algale d'un lac et, par suite, la population des animaux qui se nourrissent d'algues. Raymond Lindeman prolongea ce raisonnement en avançant que le flux d'énergie échangé avec un lac est le principal moteur de la dynamique d'un écosystème. Deux étudiants d'Hutchinson, les frères Howard T. Odum et Eugene Odum, vont préciser quantitativement ces idées sur les échanges d'énergie et formuler une approche systémique de l'écologie.
Il est important de noter qu'à la même époque où Arthur George Tansley développait la notion d'écosystème, Vladimir Soukatchev (1880-1967) – qui comme Alekseï Severtsov (1866–1936) et (1884-1963) fut un membre éminent de l'Académie des sciences de Russie (puis d'Union soviétique) proche de Vladimir Vernadski – développait dans son pays le concept de biogéocénose. Ce concept est très proche de l'écosystème anglo-saxon, mais avec un caractère pédologique beaucoup plus prononcé, hérité de l'immense influence qu'eut en Russie (et en Ukraine), dans le milieu des naturalistes et des biologistes évolutionnaires, Vassili Dokoutchaïev le père de la science des sols (la pédologie), dont tant Severtsov que Vernadsky furent de grands disciples. Georgy S. Levit a pu ainsi montrer que la biogéocénose, par les relations qu'elle établit entre les organismes vivants, l'atmosphère, le sol organique et la roche mère minérale, peut être considérée comme une biosphère en miniature, et pour le moins comme l'unité structurale élémentaire de la biosphère, au point qu'il pourra définir cette dernière comme « la somme de toutes les biogéocénoses ».
Définitions
Le rapport de l'ONU sur l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire définit un écosystème comme un « complexe dynamique composé de plantes, d’animaux, de micro-organismes et de la nature morte environnante agissant en interaction en tant qu’unité fonctionnelle ».
Le Centre national de la recherche scientifique définit un écosystème comme l'« ensemble vivant formé par un groupement de différentes espèces en interrelations (nutrition, reproduction, prédation…), entre elles et avec leur environnement (minéral, air, eau), sur une échelle spatiale donnée ».
Composantes de l'écosystème

Les écosystèmes contiennent des combinaisons d'espèces plus ou moins complexes que l'on peut organiser de manière simplifiée en producteurs primaires (les plantes), consommateurs (les animaux) et bioréducteurs (micro-organismes). Ces différents groupes assurent tous ensemble les cycles de la matière, alimentés par l'énergie du soleil au sein d'un environnement d'éléments physiques, géologiques, édaphiques, hydrologiques, climatiques, etc. Dans un écosystème équilibré, à chaque niveau, en interactions avec les autres niveaux, la quantité de biomasse est stable.
Le sol est une composante majeure de l'écosystème ayant un rôle particulier : il est à la fois milieu naturel et support de la plus grande diversité des habitats. Il agit comme un accumulateur, un transformateur et un milieu de transfert pour les cycles biogéochimiques : l'eau, le carbone, les sels minéraux, les métaux…
La richesse spécifique des écosystèmes est extrêmement variable en fonction des latitudes, des sols et des climats. Ainsi, les scientifiques s'accordent à dire que plus de 50 % des espèces végétales et animales du globe sont concentrées dans les forêts tropicales. Ces dernières auraient subi de moindres variations climatiques au cours des temps, ce qui aurait permis aux espèces de poursuivre leur évolution sur une longue période, jusqu'à aujourd'hui.
L'espèce humaine fait partie intégrante des écosystèmes dans lesquels elle évolue. C'est sur cette base que l'anthropologue française Béatrice Galinon-Mélénec a conçu le paradigme de « L'Homme-trace » selon lequel les « conséquences-traces » des interactions multi-échelles humain-milieu provoquent une évolution de l'un comme de l'autre.
L'Association française de normalisation précise que, du point de vue humain, un écosystème est constitué « des êtres humains et de leur environnement physique, des plantes et des animaux » et que cet écosystème est dit durable si « ses composantes et leurs fonctions sont préservées pour les générations présentes et futures ».
La délimitation d'un écosystème est arbitraire : il n'y a pas de limites objectives, de frontières physiques. Il existe donc une quantité infinie d'écosystèmes. À l'échelle terrestre, il est possible de caractériser les différents types de milieux existants et d'établir une typologie, nécessairement incomplète et imprécise. Ces zones de vie, aussi appelées biomes ou écorégions, ont été classifiées par différents organismes dont le Fonds mondial pour la nature, qui en recense 14 pour le milieu terrestre. En Europe, la base de données de l'Union Européenne Corine biotopes sert de référentiel de classification des habitats.
Services écologiques
Les écosystèmes sont sources de très nombreux « bienfaits » pour l'espèce humaine, gratuits tant que les écosystèmes sont préservés. Depuis la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement de 1992, qui s’est tenue à Rio de Janeiro au Brésil, et avec l'Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, ces services écologiques commencent à être quantifiés, et certains tentent d'évaluer leur valeur économique. On les classe généralement en :
- services d'approvisionnement : nourriture, eau, bois, fibres, matières et molécules organiques, molécule d'intérêt pharmaceutique, ressources génétiques auto-entretenues, etc. ;
- services de régulation : régulation macro- et micro-climatiques, régulation des inondations et des maladies, résilience des écosystèmes face aux catastrophes, etc. ;
- services culturels : bénéfices non matériels, enrichissement spirituel, plaisirs récréatifs et culturels, expérience et valeurs esthétiques, intérêt pédagogique offert par la nature utile aux relations sociales et à la formation humaine. Ce sont les aménités environnementales ;
- services de soutien : ils sont la condition du maintien des conditions favorables à la vie sur Terre, avec notamment les cycles bio-géo-écologiques des éléments (nutritifs ou non). Ce sont les systèmes bouclés de rétroactions qui sont nécessaires à la production de tous les autres services fournis par les écosystèmes. Ils contribuent notamment à l'entretien des équilibres écologiques locaux et globaux, la stabilité de la production d'oxygène atmosphérique et du climat global, la formation et la stabilité des sols, le cycle entretenu des éléments et l'offre d'habitat pour toutes les espèces ;
- on leur ajoute parfois les « services ontogéniques », qui représentent l'apport au corps humain et à l'esprit qui se sont développés depuis trois millions d'années au contact direct de la nature et de ses stimuli. Cette interaction reste aujourd'hui nécessaire à l'épanouissement humain et à sa santé (immunitaire notamment)[réf. nécessaire].
Tous ces services dépendent de la biodiversité, élément clé du caractère auto-catalytique, évolutif et auto-adaptatif des écosystèmes.
Système dynamique

L'écosystème est un système naturel dynamique. Avec leurs interactions mutuelles et avec leur biotope, les espèces transforment l’écosystème qui évolue ainsi avec le temps : il s'agit d'un ensemble dynamique issu d'une coévolution entre les espèces et leur habitat. S'il tend à évoluer vers un état théorique stable, dit climacique, des événements et des pressions extérieures l'en détournent sans cesse. La biocénose met alors en œuvre ses capacités d'évolution et d'adaptation face au contexte écologique et abiotique en perpétuel changement. Cette capacité à supporter des impacts sans que cela ne modifie la structure de l'écosystème ou à revenir à l'état antérieur à la suite d'une perturbation est appelée résilience écologique.
Un écosystème vivant n'est jamais tout à fait stable : il suit une trajectoire vers un climax théorique, mais reste dans un état hors d'équilibre, sans cesse en mouvement, grâce à de complexes boucles de rétroactions. On parle de régression écologique lorsque le système évolue d'un état initial vers un état moins stable. Un écosystème est sain quand l'ensemble des organismes vivants et des milieux inertes forment un système capable de résilience.
Écosystèmes menacés
En 2012, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a annoncé vouloir créer, avant 2025, une liste rouge des écosystèmes vulnérables, menacés ou en danger critique dans le monde. C'est une initiative testée et portée par un biologiste vénézuélien, Jon Paul Rodríguez, qui a travaillé sur l'importance des données locales et les critères régionaux des listes rouges, puis réalisé un tel classement pour les écosystèmes terrestres du Venezuela, et publié en 2011 une liste argumentée de critères d'évaluation environnementale de la santé des écosystèmes et de hiérarchisation des menaces pour les écosystèmes.
À la suite notamment de cette initiative de nombreux travaux ont porté sur l'évaluation du statut de conservation des écosystèmes, et au-delà parfois sur les risques de collapsus écologique.
Il existe en Europe un projet de Liste rouge européenne des habitats, et en France un travail sur une Liste rouge des écosystèmes développé avec le service du patrimoine naturel du Muséum national d'histoire naturelle, lequel a produit à cette occasion une synthèse des démarches existantes de « Listes rouges écosystémiques » en Europe.
Mémoire écologique des écosystèmes
La mémoire écologique des écosystèmes correspond à l’influence de perturbations passées sur le fonctionnement actuel et futur des écosystèmes. Ces perturbations, biotiques ou abiotiques, ont ainsi un impact sur les dynamiques et les réponses des écosystèmes. Dans ces derniers, des mécanismes adaptatifs se développent et affectent les réponses aux perturbations futures, en modifiant des paramètres clés comme la et la résilience. Pour que cette mémoire existe, il faut que cette adaptation se maintienne lors des périodes de non-perturbation des écosystèmes,.
Dans la littérature scientifique certains auteurs font même l’analogie entre le système immunitaire humain et la mémoire écologique des écosystèmes.
En 1992, Padisak introduit le terme de mémoire écologique qu'il définit comme « la capacité des états ou expériences passés à influencer les réponses présentes ou futures de la communauté. » À cette époque elle est d’abord étudiée dans un contexte de succession dans des écosystèmes d’eau douce, puis elle s’est plus généralement étendue aux écosystèmes aquatiques. Ensuite, de nombreux modèles prédictifs ont été élaborés afin d’étudier de quelle manière la mémoire écologique pouvait façonner la dynamique d’un paysage ; cependant, le caractère ambigu de cette définition a amené à différentes interprétations et utilisations de la mémoire écologique selon les auteurs.
Les forêts représentent des écosystèmes particulièrement pertinents pour l’étude de la mémoire écologique. En effet, elles sont régulièrement soumises à de fortes perturbations (feux de forêts, pressions anthropiques, tempête, etc.) et les individus présentent une longue phase de croissance ainsi qu'une longévité allant jusqu'à plusieurs siècles,. Néanmoins, la mémoire écologique est restée relativement peu prise en compte dans les travaux de recherche en écologie et de conservation. La connaissance des mécanismes impliqués reste aussi très partielles selon les types d'écosystèmes. Enfin, la création d’indicateurs et l’évaluation de la mémoire écologique des écosystèmes représentent un autre défi pour les chercheurs.
Fonctionnement
La mémoire écologique s’applique à différentes échelles (métacommunauté, population, etc.) et concerne tous types d’organismes (animaux, végétaux, champignons, micro-organismes, etc.),,,. D’un point de vue spatial, elle s’applique à un écosystème dit 'local' mais peut également comprendre les écosystèmes qui l'entourent. C’est donc cette mémoire écologique qui va façonner les paysages.
La mémoire écologique des écosystèmes appliquée aux communautés peut augmenter leur tolérance aux stress récurrents qu’elles peuvent rencontrer. Cette adaptation évolutive implique de la sélection qui induit le remplacement des espèces sensibles à ces stress par des espèces plus tolérantes. Si elle est maintenue, cela amène in fine à une communauté plus résistante structurellement parlant. L’avantage ainsi procuré par la mémoire peut être mesuré en termes de fonctionnalité (comme la productivité par exemple). Dans ce cas, plus la mémoire écologique est grande, plus la communauté est résistante et résiliente.
Transmission de la mémoire écologique
La mémoire est maintenue dans les écosystèmes par deux types d'héritages : informationnels et matériels. Ils peuvent s’observer à l’échelle intraspécifique, de la communauté et du paysage.
- L’héritage informationnel correspond à la présence, à la fréquence et à la distribution des traits des espèces, dans les communautés ou les populations. Ce sont ces traits qui contiennent des informations sur les stratégies efficaces face aux perturbations passées. Cela correspond par exemple au comportement, à la physiologie, à la morphologie, ou encore aux traits d’histoire de vie, mais aussi à la diversité génétique des métapopulations, l’expression des gènes et à la structure des réseaux écologiques. L’héritage informationnel correspond aux adaptations à un régime de perturbation et apparaît donc à de grandes échelles spatiales et temporelles.
- L'héritage matériel correspond aux individus ou à la matière qui vont être encore présents dans un écosystème après la perturbation. Cela correspond par exemple aux propriétés d’un sol (texture, nutriments, etc.) ou aux survivants d’espèces (comme des graines ou des spores) et à leur distribution. L'héritage matériel a lieu à de petites échelles spatiales et temporelles en réponse à un événement perturbateur précis.
De par sa définition, lorsque l’on étudie un écosystème il est important de préciser l’échelle de temps et d’espace que l’on utilise (les interactions entre organismes étant définies dans le temps et dans l’espace). Ainsi, la mémoire écologique peut affecter les écosystèmes à des échelles de temps et d’espace très variées : de quelques générations aux échelles de temps macro-évolutif, et de la localité à l’écorégion.
Ces héritages (informationnels ou matériels) de la mémoire écologique peuvent être d’origine biotique ou abiotique. Deux composantes principales de la mémoire sont aussi définies : la mémoire exogène (1) et endogène (2) :
- (1) exogène: représente les effets de facteurs externes passés (biotiques ou abiotiques) qui vont affecter la dynamique du système (une sécheresse, une épidémie par exemple) ;
- (2) endogène : représente l’influence de variations des paramètres même du système; les dynamiques passées d’un écosystème dépendent ainsi des dynamiques précédentes de celui-ci (par exemple une densité de population dépendra de la densité passée de cette même population).
Paramètres de la mémoire écologique
On peut décomposer la mémoire écologique en différents paramètres, comme : sa longueur, son pattern temporel, sa force et sa latence :
- la longueur quantifie la période de temps durant laquelle la mémoire liée à ces perturbations va affecter l'écosystème ;
- le pattern temporel correspond au motif de variation des conditions passées dans le temps ;
- la force mesure le degré d’influence des perturbations passées sur les dynamiques et réponses de l'écosystème. Une forte perturbation peut affecter un écosystème au point de le faire changer d’état de stabilité. Par exemple, elle peut faire transitionner d’une forêt de conifères en une forêt de caduques de manière durable. On a alors une mémoire à travers le nouvel état stable, les nouvelles dynamiques du système étant des conséquences de la perturbation passée, ;
- la latence désigne le temps qui s’écoule avant que la mémoire créée commence à avoir un effet sur le système.
Ces différents paramètres sont notamment importants lorsque l’on veut modéliser les effets de la mémoire écologique.
Durée de vie de la mémoire
La mémoire écologique d’un écosystème n’est pas infinie, celle-ci tend à s’estomper avec le temps. Par exemple, si l'événement stressant ne se reproduit pas pendant une longue période de temps, des individus ou espèces moins tolérants, mais plus compétitifs, peuvent peu à peu remplacer les individus et espèces tolérants. En effet, si les traits liés à la tolérance sont impliqués dans des trade-offs, la mémoire écologique peut induire une valeur sélective relativement plus faible dans des conditions non stressantes.
Application en conservation
De nos jours, dans un contexte de changement climatique et de forte pression anthropique, on remarque une augmentation de la fréquence des événements extrêmes (sécheresse, ouragan, incendie, etc.). Ainsi, comprendre comment les écosystèmes affectés répondent à ces perturbations par le biais de la mémoire écologique peut être un atout majeur pour préserver les services écosystémiques dans le cadre de politiques de conservation.
L’augmentation du nombre de ces périodes de stress peut notamment perturber la mémoire écologique des écosystèmes, c’est ce qu’on observe à travers la notion de dette de résilience. En effet, lorsqu'un écosystème portant les héritages d’une perturbation passée est confronté à une perturbation pour laquelle la mémoire n’est pas adaptée, on observe une perte de résilience. C’est seulement après l’apparition de cet événement différent, une fois le système re-perturbé, que la dette est mise en évidence.
Les perturbations impliquant une dette de résilience peuvent déclencher une transition vers un nouvel état stable. Les boucles de rétroactions présentes dans l'écosystème peuvent alors freiner cette transition ou stabiliser le nouvel état.
Dans un contexte de conservation, il est donc pertinent de connaître les héritages mémoriels portés par un écosystème afin de savoir quelles perturbations seront susceptibles de déclencher cette dette, et lesquelles seront susceptibles d'être compensées par une forte résistance ou résilience du système.
Le concept de mémoire écologique est également étudié pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes lors de la réintroduction d'espèces, de programmes de gestion ou de restauration. En effet, connaître les facteurs clés qui entrent en jeu dans la mise en place d’une mémoire écologique, et donc dans la dynamique des écosystèmes, pourrait permettre d’anticiper la réponse du système à la suite de l’introduction d’une nouvelle espèce.
L’introduction d’espèces invasives peut amener à une modification des interactions biotiques et à l’établissement de nouvelles communautés perturbant l'écosystème. Dans ce cas, la mémoire écologique peut intervenir pour limiter la colonisation d’une espèce invasive. Ainsi selon Valentin Schaefer les projets de restauration écologique en zones urbaines pour lutter contre les espèces invasives rencontrent un meilleur succès lorsqu’ils prennent en compte la mémoire des écosystèmes.
Beaucoup de travaux visent à quantifier la mémoire écologique. Cela peut notamment avoir un intérêt dans le cadre de la restauration d’écosystèmes. En effet, cela pourrait permettre de déterminer un seuil utile pour caractériser l’effort de restauration.
- Au-dessus : La perturbation est trop puissante et entraîne une détérioration de l’écosystème contre laquelle la mémoire ne peut lutter.
- En dessous :
- la perturbation fait partie du cycle de l’écosystème (exemple des paysages entretenus par les feux de forêts, les éruptions volcaniques…) et où la mémoire écologique fonctionne parfaitement ;
- la perturbation est puissante et modifie la mémoire des écosystèmes, mais un effort de restauration pourrait entraîner un retour au système d’origine.
Ainsi, un écosystème possédant une mémoire écologique importante sera plus facile à restaurer.
Enfin, la mémoire écologique peut également être étudiée dans le cadre de l’auto-organisation, de la relation entre géomorphologie et écologie, lors du cycle de renouvellement dans les successions, de la dynamique des paysages ou de la gestion des écosystèmes urbains.
Exemples
Mémoire des communautés phytoplanctoniques après pollution
Une récente étude de a mis en évidence l’effet bénéfique de la mémoire des écosystèmes sur des communautés de phytoplanctons contaminées par un herbicide (isoproturon). En effet, les communautés « conditionnées », c’est-à-dire déjà soumises à cette pollution, se sont avérées plus tolérantes que les non contaminées initialement. Ces communautés ont ainsi pu retrouver une bonne efficacité photosynthétique et elles sont devenues plus résistantes structurellement parlant aux concentrations croissantes d’herbicide. Les chercheurs ont en revanche obtenu des résultats semblant montrer un trade-off entre tolérance au stress et productivité (en l’occurrence la production de biomasse).
Néanmoins, d’autres processus temporels et spatiaux (comme la dispersion au sein des métacommunautés, etc.) non pris en compte ici, peuvent aussi contribuer à la stabilité de la communauté. Les différences d’échelles temporelles entre efficacité photosynthétique et production de biomasse, peuvent aussi contribuer à la mise en évidence d’un compromis entre résistance et productivité. Ainsi, d’autres études sont aujourd’hui nécessaires pour statuer d’un réel lien entre trade-off et mémoire écologique.
Mémoire des communautés d’arbres après des feux de forêt
Une étude de 2017 a montré que des feux de forêt survenus il y a 100 à 200 ans ont toujours un impact sur la capacité de résilience des forêts actuelles après une coupe. Il s’agit ici d’une mémoire à long terme. Les auteurs ont appliqué une perturbation nouvelle (coupes partielles) sur des forêts boréales. Le but étant de déterminer si la végétation de début de succession après 1998 (après la coupe) était liée au passage d’un incendie (entre 1837 et 1895). Ils se sont également demandés si la structure et la composition de la végétation qui dominait le paysage étaient définies par les incendies, et si elles impactaient l’assemblage d’espèces. Les résultats ont d’abord montré que la structure et la composition (46 %), ainsi que le biote forestier (10 à 51 %), étaient influencés par les incendies jusqu’en 1998. Les pourcentages mentionnés correspondent aux variations observées qui sont expliquées par les incendies. Les résultats montrent aussi que le biote forestier après la perturbation artificielle, était encore significativement influencé par les incendies anciens jusqu’à 10 ans après la coupe de 1998.
Ainsi, la mémoire écologique des incendies, en plus de perdurer à travers les siècles, peut traverser des perturbations de natures différentes. Cette mémoire pourrait être utilisée à des fins de conservation, en protégeant les héritages informationnels et matériels, de manière à améliorer la résilience des écosystèmes forestiers. Enfin, les auteurs précisent que la mémoire écologique à des effets de moins en moins importants avec le temps.
Mémoire des communautés microbiennes après une sécheresse
Un article de Canarini et collaborateurs, publié en 2021, montre l’apparition d’une mémoire écologique dans des communautés de bactéries en réponse à des sécheresses en Autriche. L’équipe a suivi différents paramètres dans des communautés microbiennes du sol de prairies montagneuses, dans trois conditions de traitement : certaines ayant connu des épisodes de sécheresse récurrents pendant dix ans, d’autres seulement un épisode, et enfin un groupe contrôle n’ayant pas connu de sécheresse. Les chercheurs ont mesuré notamment la productivité primaire, la diversité spécifique dans la communauté, l’activité enzymatique et les quantités de nutriments (carbone, azote, phosphore) présents dans le sol.
Les résultats ont montré que les communautés ayant déjà été exposées à des sécheresses présentent une composition en espèces différente de celles n’y ayant pas été exposées. Grâce à la mémoire écologique développée par les bactéries exposées de manière récurrente, celles-ci ont gardé une activité similaire à la population contrôle non stressée, alors que les communautés sans mémoire ont subi des chutes significatives de productivité et de fonctionnement.
La mémoire de l'écosystème a donc contribué à l'amélioration de la résistance face au stress hydrique, ouvrant ainsi des pistes de recherches pour trouver des solutions face aux phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents.
Mémoire des communautés de coraux après un réchauffement
Cette étude de Hugues et collaborateurs parue en 2019, montre comment la mémoire écologique a permis de diminuer le blanchissement des coraux de la Grande Barrière de corail en 2017, en réponse à un stress thermique, et ce grâce à une vague de chaleur extrême l’année précédente. En effet, les coraux de 2017 se sont avérés plus résistants qu’en 2016 puisque pour des températures plus élevées en 2017 (8-9 °C semaines) qu’en 2016 (4-5 °C semaines), on observe une même probabilité de 50 % de blanchissement sévère (c'est-à-dire affectant au moins 30 % des coraux). Les chercheurs ont aussi fait une distinction entre trois zones de la grande barrière de corail avec :
- une région Nord : exposition à des températures très élevées en 2016 et 2017, mais avec un blanchissement moins important en 2017. Cela s’explique par la mortalité massive des colonies thermosensibles en 2016, augmentant la proportion des résistantes l'année suivante ;
- une région centrale : exposition à des températures plus élevées en 2017 qu’en 2016, donc blanchissement plus fort en 2017. Cela se traduit par une faible mortalité en 2016 dans cette zone (< 10 %), donc les populations centrales sensibles sont restées intactes mais vulnérables. Ainsi, les températures extrêmes de 2017 ont causé la disparition de la quasi-totalité des populations sensibles ;
- une région Sud : blanchissement moins fort en 2017 qu’en 2016, donc une nouvelle fois mise en évidence d’un effet historique mais moins important que dans la région Nord.
Les chercheurs ont donc montré que le blanchissement des coraux était fortement dépendant d'événements extrêmes passés mais aussi du schéma géographique de l’exposition passée aux températures élevées. Néanmoins, bien que la mémoire écologique ait été mise en évidence dans cette population de coraux, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité du blanchissement met en danger la résilience de ces coraux face au réchauffement climatique actuel.
Mémoire du microbiome après une modification de l’apport d’un nutriment
Dans une publication récente (pas encore évaluée par les pairs) Letourneau et collaborateurs ont montré l'existence d’une mémoire écologique du microbiome intestinal humain. En partant du fait que les bactéries possèdent un fort taux de reproduction, ils ont émis l’hypothèse que la mémoire écologique peut se former dans les écosystèmes microbiens de manière rapide (quelques jours). Celle-ci est donc facilement observable et testable en laboratoire. Pour ce faire, ils ont mesuré la capacité de dégradation de l’inuline dans un modèle d'intestin artificiel humain à la suite de plusieurs séries d'injections d’inuline. Ils ont alors étudié l’ARNr 16S de la communauté intestinale et ont remarqué une modification taxonomique. En effet, une exposition répétée à l’inuline a modifié la structure génomique microbienne. Cela se traduit notamment par une augmentation de l’abondance de Bacteroides spp. et Bifidobacterium spp., deux genres qui contiennent des espèces dégradant l'inuline. De plus, une analyse multi-omique indique des modifications dans l’expression des gènes au sein d’un génome donné, dont des gènes codant la famille des glycosides hydrolases dégradant l'inuline. Ainsi, ils ont montré une amélioration du métabolisme de l’inuline après plusieurs injections, sur une échelle de temps infra-journalière. Ici l’augmentation de l’inuline est considérée comme étant la perturbation, et la facilité du microbiome à dégrader l’inuline comme étant l’adaptation. Cette adaptation lui permet de résister à cette nouvelle augmentation de l’inuline longtemps après la première perturbation. Ils ont en effet remarqué que cette mémoire écologique persiste pendant plusieurs jours (ce qui correspond à plusieurs générations de bactéries) même sans apport constant d’inuline.Comptabilité des écosystèmes et des services écosystémiques
La Commission statistique des Nations unies a adopté en mars 2021 un nouveau cadre statistique pour la – System of Environmental-Economic Accounting– Ecosystem Accounting (SEEA EA) – qui vise à quantifier la contribution des écosystèmes à notre société, considérant leur état (santé) et les services qu'ils nous rendent. Au niveau européen, un projet de règlement créant les premiers comptes d’écosystèmes et de services écosystémiques a été proposé par la Commission européenne en juillet 2022, et est actuellement en discussion (2023). L’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (EFESE) contribue au suivi de ces travaux pour partager l’expertise et les connaissances développées dans le cadre du programme.
Extension de la notion
On trouve de plus en plus d'usages métaphoriques de l'écosystème pour désigner un ensemble d'entités qui interagissent dans un environnement.
En économie, un écosystème est constitué d'un regroupement d'entreprises d'une filière ou d'un territoire et de leurs parties prenantes (clients, employés, fournisseurs, sous-traitants, pouvoirs publics, dispositifs d'accompagnement…), qui ont en commun un projet de développement dans le temps, encadré par des engagements pris les uns envers les autres. Dans un écosystème d'entreprises, chacun contribue à la création de valeur qui profite à toutes les entreprises, à la différence d'un pole de compétitivité.
En sociologie et en écosophie le terme d' et politique est de plus en plus utilisé pour définir les rapports entre des individus au sein des communautés. Ainsi que pour préciser les rapports des communautés entre elles.
L'idée de l'existence d'un écosystème mental ou psychologique fait partie intégrante du concept d'écologie mentale.
Avec l'expansion des réseaux numériques, on parle aussi de l'écosystème du web ou écosystèmes virtuels. Ils sont analogues aux écosystèmes informationnels.
Notes et références
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- Catherine Vincent, « Les scientifiques veulent créer une "Liste rouge" des écosystèmes menacés », Le Monde, (lire en ligne)
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Voir aussi
Articles connexes
- Approche écosystémique
- Biodiversité
- Capital naturel
- Écocide
- Écologie
- Écologie du paysage
- Écopotentialité
- Écorégion
- Écosystème insulaire
- Évaluation des écosystèmes pour le millénaire
- Gestion durable des forêts
- Métaécosystème
- Réseau écologique
- Résilience (écologie)
Bibliographie
- Bernard Fischesser et Marie-France Dupuis-Tate, Le guide illustré de l'écologie, Éditions de la Martinière & CEMAGREF, Paris, 2007 (ISBN 978-2-85362-447-3)
Liens externes
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- Japon
- Tchéquie
- Greenfacts / Biodiversité
- Étude éco-potentialité en région Nord Pas-de-Calais (incluant cartographies des corridors et de la naturalité/fragmentation) ; Analyse du fonctionnement écologique du territoire régional par l'écologie du paysage, Biotope-Greet Nord-Pas-de-Calais, Diren Nord Pas de Calais, Conseil régional Nord Pas de Calais, MEDAD (Mise en ligne )
- Les zones Sèches : services écosystémiques et dégradation des terres CSFD, 2011
- Portail de l’écologie
Auteur: www.NiNa.Az
Date de publication:
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Cet article concerne la notion d ecosysteme en ecologie Pour les autres significations voir Ecosysteme homonymie En ecologie un ecosysteme est un ensemble forme par une communaute d etres vivants en interaction biocenose avec leur environnement biotope Les composants de l ecosysteme developpent un dense reseau de dependances d echanges d energie d information et de matiere permettant le maintien et le developpement de la vie Un ecosysteme transforme par l Homme dans le but de nourrir c est a dire dans un contexte agricole s appelle un agroecosysteme Tapis de Salix glauca sur le Scoresby Sund Groenland avec un crane de bœuf musque au premier plan deux especes caracteristiques de la toundra Le terme fut forge au XX e siecle pour designer l unite de base de la nature dans laquelle les etres vivants interagissent entre eux et avec leur habitat La notion d ecosysteme regroupe toutes les echelles de la Terre au simple caillou en passant par la flaque d eau la prairie la foret et les organismes vivants eux memes Chacun constitue un ecosysteme a part entiere Dans chaque ecosysteme se trouve un ou plusieurs reseaux trophiques ou chaines alimentaires Les zones de transition entre deux ecosystemes sont nommees ecotones Des concepts modelisateurs utilisent l approche ecosystemique pour mettre l accent sur les processus d un composant de l ecosysteme geosysteme pour le sol hydrosysteme pour l eau libre sylvosysteme pour les forets agroecosysteme pour les activites agricoles HistoriqueLe terme ecosysteme nait en 1935 sous la plume du botaniste anglais Arthur George Tansley il s agissait d attirer l attention des chercheurs sur l importance des echanges de matiere entre les organismes et leur milieu Il definit un ecosysteme comme etant un complexe d organismes et de facteurs physiques Il ajoute que les systemes ainsi formes sont les unites de base de la nature et offrent la plus grande diversite de type et de taille Pour designer l etendue geographique d un ecosysteme il inventa le terme d ecotope George Evelyn Hutchinson un limnologiste contemporain de Tansley rapprocha les idees de Charles Sutherland Elton sur la chaine trophique de celles du chimiste et biogeochimiste russe Vladimir Vernadsky et conclut que la disponibilite de nutriments limite la production algale d un lac et par suite la population des animaux qui se nourrissent d algues Raymond Lindeman prolongea ce raisonnement en avancant que le flux d energie echange avec un lac est le principal moteur de la dynamique d un ecosysteme Deux etudiants d Hutchinson les freres Howard T Odum et Eugene Odum vont preciser quantitativement ces idees sur les echanges d energie et formuler une approche systemique de l ecologie Il est important de noter qu a la meme epoque ou Arthur George Tansley developpait la notion d ecosysteme Vladimir Soukatchev 1880 1967 qui comme Aleksei Severtsov 1866 1936 et 1884 1963 fut un membre eminent de l Academie des sciences de Russie puis d Union sovietique proche de Vladimir Vernadski developpait dans son pays le concept de biogeocenose Ce concept est tres proche de l ecosysteme anglo saxon mais avec un caractere pedologique beaucoup plus prononce herite de l immense influence qu eut en Russie et en Ukraine dans le milieu des naturalistes et des biologistes evolutionnaires Vassili Dokoutchaiev le pere de la science des sols la pedologie dont tant Severtsov que Vernadsky furent de grands disciples Georgy S Levit a pu ainsi montrer que la biogeocenose par les relations qu elle etablit entre les organismes vivants l atmosphere le sol organique et la roche mere minerale peut etre consideree comme une biosphere en miniature et pour le moins comme l unite structurale elementaire de la biosphere au point qu il pourra definir cette derniere comme la somme de toutes les biogeocenoses DefinitionsLe rapport de l ONU sur l Evaluation des ecosystemes pour le millenaire definit un ecosysteme comme un complexe dynamique compose de plantes d animaux de micro organismes et de la nature morte environnante agissant en interaction en tant qu unite fonctionnelle Le Centre national de la recherche scientifique definit un ecosysteme comme l ensemble vivant forme par un groupement de differentes especes en interrelations nutrition reproduction predation entre elles et avec leur environnement mineral air eau sur une echelle spatiale donnee Composantes de l ecosystemeLa foret tropicale de l ile de Bali Les ecosystemes contiennent des combinaisons d especes plus ou moins complexes que l on peut organiser de maniere simplifiee en producteurs primaires les plantes consommateurs les animaux et bioreducteurs micro organismes Ces differents groupes assurent tous ensemble les cycles de la matiere alimentes par l energie du soleil au sein d un environnement d elements physiques geologiques edaphiques hydrologiques climatiques etc Dans un ecosysteme equilibre a chaque niveau en interactions avec les autres niveaux la quantite de biomasse est stable Le sol est une composante majeure de l ecosysteme ayant un role particulier il est a la fois milieu naturel et support de la plus grande diversite des habitats Il agit comme un accumulateur un transformateur et un milieu de transfert pour les cycles biogeochimiques l eau le carbone les sels mineraux les metaux La richesse specifique des ecosystemes est extremement variable en fonction des latitudes des sols et des climats Ainsi les scientifiques s accordent a dire que plus de 50 des especes vegetales et animales du globe sont concentrees dans les forets tropicales Ces dernieres auraient subi de moindres variations climatiques au cours des temps ce qui aurait permis aux especes de poursuivre leur evolution sur une longue periode jusqu a aujourd hui L espece humaine fait partie integrante des ecosystemes dans lesquels elle evolue C est sur cette base que l anthropologue francaise Beatrice Galinon Melenec a concu le paradigme de L Homme trace selon lequel les consequences traces des interactions multi echelles humain milieu provoquent une evolution de l un comme de l autre L Association francaise de normalisation precise que du point de vue humain un ecosysteme est constitue des etres humains et de leur environnement physique des plantes et des animaux et que cet ecosysteme est dit durable si ses composantes et leurs fonctions sont preservees pour les generations presentes et futures La delimitation d un ecosysteme est arbitraire il n y a pas de limites objectives de frontieres physiques Il existe donc une quantite infinie d ecosystemes A l echelle terrestre il est possible de caracteriser les differents types de milieux existants et d etablir une typologie necessairement incomplete et imprecise Ces zones de vie aussi appelees biomes ou ecoregions ont ete classifiees par differents organismes dont le Fonds mondial pour la nature qui en recense 14 pour le milieu terrestre En Europe la base de donnees de l Union Europeenne Corine biotopes sert de referentiel de classification des habitats Services ecologiques Article detaille Services ecosystemiques Les ecosystemes sont sources de tres nombreux bienfaits pour l espece humaine gratuits tant que les ecosystemes sont preserves Depuis la Conference des Nations unies sur l environnement et le developpement de 1992 qui s est tenue a Rio de Janeiro au Bresil et avec l Evaluation des ecosystemes pour le millenaire ces services ecologiques commencent a etre quantifies et certains tentent d evaluer leur valeur economique On les classe generalement en services d approvisionnement nourriture eau bois fibres matieres et molecules organiques molecule d interet pharmaceutique ressources genetiques auto entretenues etc services de regulation regulation macro et micro climatiques regulation des inondations et des maladies resilience des ecosystemes face aux catastrophes etc services culturels benefices non materiels enrichissement spirituel plaisirs recreatifs et culturels experience et valeurs esthetiques interet pedagogique offert par la nature utile aux relations sociales et a la formation humaine Ce sont les amenites environnementales services de soutien ils sont la condition du maintien des conditions favorables a la vie sur Terre avec notamment les cycles bio geo ecologiques des elements nutritifs ou non Ce sont les systemes boucles de retroactions qui sont necessaires a la production de tous les autres services fournis par les ecosystemes Ils contribuent notamment a l entretien des equilibres ecologiques locaux et globaux la stabilite de la production d oxygene atmospherique et du climat global la formation et la stabilite des sols le cycle entretenu des elements et l offre d habitat pour toutes les especes on leur ajoute parfois les services ontogeniques qui representent l apport au corps humain et a l esprit qui se sont developpes depuis trois millions d annees au contact direct de la nature et de ses stimuli Cette interaction reste aujourd hui necessaire a l epanouissement humain et a sa sante immunitaire notamment ref necessaire Tous ces services dependent de la biodiversite element cle du caractere auto catalytique evolutif et auto adaptatif des ecosystemes Systeme dynamique Plectorhinchus lineatus sur le recif corallien du Timor oriental L ecosysteme est un systeme naturel dynamique Avec leurs interactions mutuelles et avec leur biotope les especes transforment l ecosysteme qui evolue ainsi avec le temps il s agit d un ensemble dynamique issu d une coevolution entre les especes et leur habitat S il tend a evoluer vers un etat theorique stable dit climacique des evenements et des pressions exterieures l en detournent sans cesse La biocenose met alors en œuvre ses capacites d evolution et d adaptation face au contexte ecologique et abiotique en perpetuel changement Cette capacite a supporter des impacts sans que cela ne modifie la structure de l ecosysteme ou a revenir a l etat anterieur a la suite d une perturbation est appelee resilience ecologique Un ecosysteme vivant n est jamais tout a fait stable il suit une trajectoire vers un climax theorique mais reste dans un etat hors d equilibre sans cesse en mouvement grace a de complexes boucles de retroactions On parle de regression ecologique lorsque le systeme evolue d un etat initial vers un etat moins stable Un ecosysteme est sain quand l ensemble des organismes vivants et des milieux inertes forment un systeme capable de resilience Ecosystemes menacesEn 2012 l Union internationale pour la conservation de la nature UICN a annonce vouloir creer avant 2025 une liste rouge des ecosystemes vulnerables menaces ou en danger critique dans le monde C est une initiative testee et portee par un biologiste venezuelien Jon Paul Rodriguez qui a travaille sur l importance des donnees locales et les criteres regionaux des listes rouges puis realise un tel classement pour les ecosystemes terrestres du Venezuela et publie en 2011 une liste argumentee de criteres d evaluation environnementale de la sante des ecosystemes et de hierarchisation des menaces pour les ecosystemes A la suite notamment de cette initiative de nombreux travaux ont porte sur l evaluation du statut de conservation des ecosystemes et au dela parfois sur les risques de collapsus ecologique Il existe en Europe un projet de Liste rouge europeenne des habitats et en France un travail sur une Liste rouge des ecosystemes developpe avec le service du patrimoine naturel du Museum national d histoire naturelle lequel a produit a cette occasion une synthese des demarches existantes de Listes rouges ecosystemiques en Europe Memoire ecologique des ecosystemesLa memoire ecologique des ecosystemes correspond a l influence de perturbations passees sur le fonctionnement actuel et futur des ecosystemes Ces perturbations biotiques ou abiotiques ont ainsi un impact sur les dynamiques et les reponses des ecosystemes Dans ces derniers des mecanismes adaptatifs se developpent et affectent les reponses aux perturbations futures en modifiant des parametres cles comme la et la resilience Pour que cette memoire existe il faut que cette adaptation se maintienne lors des periodes de non perturbation des ecosystemes Dans la litterature scientifique certains auteurs font meme l analogie entre le systeme immunitaire humain et la memoire ecologique des ecosystemes En 1992 Padisak introduit le terme de memoire ecologique qu il definit comme la capacite des etats ou experiences passes a influencer les reponses presentes ou futures de la communaute A cette epoque elle est d abord etudiee dans un contexte de succession dans des ecosystemes d eau douce puis elle s est plus generalement etendue aux ecosystemes aquatiques Ensuite de nombreux modeles predictifs ont ete elabores afin d etudier de quelle maniere la memoire ecologique pouvait faconner la dynamique d un paysage cependant le caractere ambigu de cette definition a amene a differentes interpretations et utilisations de la memoire ecologique selon les auteurs Les forets representent des ecosystemes particulierement pertinents pour l etude de la memoire ecologique En effet elles sont regulierement soumises a de fortes perturbations feux de forets pressions anthropiques tempete etc et les individus presentent une longue phase de croissance ainsi qu une longevite allant jusqu a plusieurs siecles Neanmoins la memoire ecologique est restee relativement peu prise en compte dans les travaux de recherche en ecologie et de conservation La connaissance des mecanismes impliques reste aussi tres partielles selon les types d ecosystemes Enfin la creation d indicateurs et l evaluation de la memoire ecologique des ecosystemes representent un autre defi pour les chercheurs Fonctionnement La memoire ecologique s applique a differentes echelles metacommunaute population etc et concerne tous types d organismes animaux vegetaux champignons micro organismes etc D un point de vue spatial elle s applique a un ecosysteme dit local mais peut egalement comprendre les ecosystemes qui l entourent C est donc cette memoire ecologique qui va faconner les paysages La memoire ecologique des ecosystemes appliquee aux communautes peut augmenter leur tolerance aux stress recurrents qu elles peuvent rencontrer Cette adaptation evolutive implique de la selection qui induit le remplacement des especes sensibles a ces stress par des especes plus tolerantes Si elle est maintenue cela amene in fine a une communaute plus resistante structurellement parlant L avantage ainsi procure par la memoire peut etre mesure en termes de fonctionnalite comme la productivite par exemple Dans ce cas plus la memoire ecologique est grande plus la communaute est resistante et resiliente Transmission de la memoire ecologique La memoire est maintenue dans les ecosystemes par deux types d heritages informationnels et materiels Ils peuvent s observer a l echelle intraspecifique de la communaute et du paysage L heritage informationnel correspond a la presence a la frequence et a la distribution des traits des especes dans les communautes ou les populations Ce sont ces traits qui contiennent des informations sur les strategies efficaces face aux perturbations passees Cela correspond par exemple au comportement a la physiologie a la morphologie ou encore aux traits d histoire de vie mais aussi a la diversite genetique des metapopulations l expression des genes et a la structure des reseaux ecologiques L heritage informationnel correspond aux adaptations a un regime de perturbation et apparait donc a de grandes echelles spatiales et temporelles L heritage materiel correspond aux individus ou a la matiere qui vont etre encore presents dans un ecosysteme apres la perturbation Cela correspond par exemple aux proprietes d un sol texture nutriments etc ou aux survivants d especes comme des graines ou des spores et a leur distribution L heritage materiel a lieu a de petites echelles spatiales et temporelles en reponse a un evenement perturbateur precis De par sa definition lorsque l on etudie un ecosysteme il est important de preciser l echelle de temps et d espace que l on utilise les interactions entre organismes etant definies dans le temps et dans l espace Ainsi la memoire ecologique peut affecter les ecosystemes a des echelles de temps et d espace tres variees de quelques generations aux echelles de temps macro evolutif et de la localite a l ecoregion Ces heritages informationnels ou materiels de la memoire ecologique peuvent etre d origine biotique ou abiotique Deux composantes principales de la memoire sont aussi definies la memoire exogene 1 et endogene 2 1 exogene represente les effets de facteurs externes passes biotiques ou abiotiques qui vont affecter la dynamique du systeme une secheresse une epidemie par exemple 2 endogene represente l influence de variations des parametres meme du systeme les dynamiques passees d un ecosysteme dependent ainsi des dynamiques precedentes de celui ci par exemple une densite de population dependra de la densite passee de cette meme population Parametres de la memoire ecologique On peut decomposer la memoire ecologique en differents parametres comme sa longueur son pattern temporel sa force et sa latence la longueur quantifie la periode de temps durant laquelle la memoire liee a ces perturbations va affecter l ecosysteme le pattern temporel correspond au motif de variation des conditions passees dans le temps la force mesure le degre d influence des perturbations passees sur les dynamiques et reponses de l ecosysteme Une forte perturbation peut affecter un ecosysteme au point de le faire changer d etat de stabilite Par exemple elle peut faire transitionner d une foret de coniferes en une foret de caduques de maniere durable On a alors une memoire a travers le nouvel etat stable les nouvelles dynamiques du systeme etant des consequences de la perturbation passee la latence designe le temps qui s ecoule avant que la memoire creee commence a avoir un effet sur le systeme Ces differents parametres sont notamment importants lorsque l on veut modeliser les effets de la memoire ecologique Duree de vie de la memoire La memoire ecologique d un ecosysteme n est pas infinie celle ci tend a s estomper avec le temps Par exemple si l evenement stressant ne se reproduit pas pendant une longue periode de temps des individus ou especes moins tolerants mais plus competitifs peuvent peu a peu remplacer les individus et especes tolerants En effet si les traits lies a la tolerance sont impliques dans des trade offs la memoire ecologique peut induire une valeur selective relativement plus faible dans des conditions non stressantes Application en conservation De nos jours dans un contexte de changement climatique et de forte pression anthropique on remarque une augmentation de la frequence des evenements extremes secheresse ouragan incendie etc Ainsi comprendre comment les ecosystemes affectes repondent a ces perturbations par le biais de la memoire ecologique peut etre un atout majeur pour preserver les services ecosystemiques dans le cadre de politiques de conservation L augmentation du nombre de ces periodes de stress peut notamment perturber la memoire ecologique des ecosystemes c est ce qu on observe a travers la notion de dette de resilience En effet lorsqu un ecosysteme portant les heritages d une perturbation passee est confronte a une perturbation pour laquelle la memoire n est pas adaptee on observe une perte de resilience C est seulement apres l apparition de cet evenement different une fois le systeme re perturbe que la dette est mise en evidence Les perturbations impliquant une dette de resilience peuvent declencher une transition vers un nouvel etat stable Les boucles de retroactions presentes dans l ecosysteme peuvent alors freiner cette transition ou stabiliser le nouvel etat Dans un contexte de conservation il est donc pertinent de connaitre les heritages memoriels portes par un ecosysteme afin de savoir quelles perturbations seront susceptibles de declencher cette dette et lesquelles seront susceptibles d etre compensees par une forte resistance ou resilience du systeme Le concept de memoire ecologique est egalement etudie pour mieux comprendre le fonctionnement des ecosystemes lors de la reintroduction d especes de programmes de gestion ou de restauration En effet connaitre les facteurs cles qui entrent en jeu dans la mise en place d une memoire ecologique et donc dans la dynamique des ecosystemes pourrait permettre d anticiper la reponse du systeme a la suite de l introduction d une nouvelle espece L introduction d especes invasives peut amener a une modification des interactions biotiques et a l etablissement de nouvelles communautes perturbant l ecosysteme Dans ce cas la memoire ecologique peut intervenir pour limiter la colonisation d une espece invasive Ainsi selon Valentin Schaefer les projets de restauration ecologique en zones urbaines pour lutter contre les especes invasives rencontrent un meilleur succes lorsqu ils prennent en compte la memoire des ecosystemes Beaucoup de travaux visent a quantifier la memoire ecologique Cela peut notamment avoir un interet dans le cadre de la restauration d ecosystemes En effet cela pourrait permettre de determiner un seuil utile pour caracteriser l effort de restauration Au dessus La perturbation est trop puissante et entraine une deterioration de l ecosysteme contre laquelle la memoire ne peut lutter En dessous la perturbation fait partie du cycle de l ecosysteme exemple des paysages entretenus par les feux de forets les eruptions volcaniques et ou la memoire ecologique fonctionne parfaitement la perturbation est puissante et modifie la memoire des ecosystemes mais un effort de restauration pourrait entrainer un retour au systeme d origine Ainsi un ecosysteme possedant une memoire ecologique importante sera plus facile a restaurer Enfin la memoire ecologique peut egalement etre etudiee dans le cadre de l auto organisation de la relation entre geomorphologie et ecologie lors du cycle de renouvellement dans les successions de la dynamique des paysages ou de la gestion des ecosystemes urbains Exemples Exemples Memoire des communautes phytoplanctoniques apres pollution Une recente etude de novembre 2021 a mis en evidence l effet benefique de la memoire des ecosystemes sur des communautes de phytoplanctons contaminees par un herbicide isoproturon En effet les communautes conditionnees c est a dire deja soumises a cette pollution se sont averees plus tolerantes que les non contaminees initialement Ces communautes ont ainsi pu retrouver une bonne efficacite photosynthetique et elles sont devenues plus resistantes structurellement parlant aux concentrations croissantes d herbicide Les chercheurs ont en revanche obtenu des resultats semblant montrer un trade off entre tolerance au stress et productivite en l occurrence la production de biomasse Neanmoins d autres processus temporels et spatiaux comme la dispersion au sein des metacommunautes etc non pris en compte ici peuvent aussi contribuer a la stabilite de la communaute Les differences d echelles temporelles entre efficacite photosynthetique et production de biomasse peuvent aussi contribuer a la mise en evidence d un compromis entre resistance et productivite Ainsi d autres etudes sont aujourd hui necessaires pour statuer d un reel lien entre trade off et memoire ecologique Memoire des communautes d arbres apres des feux de foret Une etude de 2017 a montre que des feux de foret survenus il y a 100 a 200 ans ont toujours un impact sur la capacite de resilience des forets actuelles apres une coupe Il s agit ici d une memoire a long terme Les auteurs ont applique une perturbation nouvelle coupes partielles sur des forets boreales Le but etant de determiner si la vegetation de debut de succession apres 1998 apres la coupe etait liee au passage d un incendie entre 1837 et 1895 Ils se sont egalement demandes si la structure et la composition de la vegetation qui dominait le paysage etaient definies par les incendies et si elles impactaient l assemblage d especes Les resultats ont d abord montre que la structure et la composition 46 ainsi que le biote forestier 10 a 51 etaient influences par les incendies jusqu en 1998 Les pourcentages mentionnes correspondent aux variations observees qui sont expliquees par les incendies Les resultats montrent aussi que le biote forestier apres la perturbation artificielle etait encore significativement influence par les incendies anciens jusqu a 10 ans apres la coupe de 1998 Ainsi la memoire ecologique des incendies en plus de perdurer a travers les siecles peut traverser des perturbations de natures differentes Cette memoire pourrait etre utilisee a des fins de conservation en protegeant les heritages informationnels et materiels de maniere a ameliorer la resilience des ecosystemes forestiers Enfin les auteurs precisent que la memoire ecologique a des effets de moins en moins importants avec le temps Memoire des communautes microbiennes apres une secheresse Un article de Canarini et collaborateurs publie en 2021 montre l apparition d une memoire ecologique dans des communautes de bacteries en reponse a des secheresses en Autriche L equipe a suivi differents parametres dans des communautes microbiennes du sol de prairies montagneuses dans trois conditions de traitement certaines ayant connu des episodes de secheresse recurrents pendant dix ans d autres seulement un episode et enfin un groupe controle n ayant pas connu de secheresse Les chercheurs ont mesure notamment la productivite primaire la diversite specifique dans la communaute l activite enzymatique et les quantites de nutriments carbone azote phosphore presents dans le sol Les resultats ont montre que les communautes ayant deja ete exposees a des secheresses presentent une composition en especes differente de celles n y ayant pas ete exposees Grace a la memoire ecologique developpee par les bacteries exposees de maniere recurrente celles ci ont garde une activite similaire a la population controle non stressee alors que les communautes sans memoire ont subi des chutes significatives de productivite et de fonctionnement La memoire de l ecosysteme a donc contribue a l amelioration de la resistance face au stress hydrique ouvrant ainsi des pistes de recherches pour trouver des solutions face aux phenomenes climatiques extremes de plus en plus frequents Memoire des communautes de coraux apres un rechauffement Cette etude de Hugues et collaborateurs parue en 2019 montre comment la memoire ecologique a permis de diminuer le blanchissement des coraux de la Grande Barriere de corail en 2017 en reponse a un stress thermique et ce grace a une vague de chaleur extreme l annee precedente En effet les coraux de 2017 se sont averes plus resistants qu en 2016 puisque pour des temperatures plus elevees en 2017 8 9 C semaines qu en 2016 4 5 C semaines on observe une meme probabilite de 50 de blanchissement severe c est a dire affectant au moins 30 des coraux Les chercheurs ont aussi fait une distinction entre trois zones de la grande barriere de corail avec une region Nord exposition a des temperatures tres elevees en 2016 et 2017 mais avec un blanchissement moins important en 2017 Cela s explique par la mortalite massive des colonies thermosensibles en 2016 augmentant la proportion des resistantes l annee suivante une region centrale exposition a des temperatures plus elevees en 2017 qu en 2016 donc blanchissement plus fort en 2017 Cela se traduit par une faible mortalite en 2016 dans cette zone lt 10 donc les populations centrales sensibles sont restees intactes mais vulnerables Ainsi les temperatures extremes de 2017 ont cause la disparition de la quasi totalite des populations sensibles une region Sud blanchissement moins fort en 2017 qu en 2016 donc une nouvelle fois mise en evidence d un effet historique mais moins important que dans la region Nord Les chercheurs ont donc montre que le blanchissement des coraux etait fortement dependant d evenements extremes passes mais aussi du schema geographique de l exposition passee aux temperatures elevees Neanmoins bien que la memoire ecologique ait ete mise en evidence dans cette population de coraux l augmentation de la frequence et de l intensite du blanchissement met en danger la resilience de ces coraux face au rechauffement climatique actuel Memoire du microbiome apres une modification de l apport d un nutriment Dans une publication recente pas encore evaluee par les pairs Letourneau et collaborateurs ont montre l existence d une memoire ecologique du microbiome intestinal humain En partant du fait que les bacteries possedent un fort taux de reproduction ils ont emis l hypothese que la memoire ecologique peut se former dans les ecosystemes microbiens de maniere rapide quelques jours Celle ci est donc facilement observable et testable en laboratoire Pour ce faire ils ont mesure la capacite de degradation de l inuline dans un modele d intestin artificiel humain a la suite de plusieurs series d injections d inuline Ils ont alors etudie l ARNr 16S de la communaute intestinale et ont remarque une modification taxonomique En effet une exposition repetee a l inuline a modifie la structure genomique microbienne Cela se traduit notamment par une augmentation de l abondance de Bacteroides spp et Bifidobacterium spp deux genres qui contiennent des especes degradant l inuline De plus une analyse multi omique indique des modifications dans l expression des genes au sein d un genome donne dont des genes codant la famille des glycosides hydrolases degradant l inuline Ainsi ils ont montre une amelioration du metabolisme de l inuline apres plusieurs injections sur une echelle de temps infra journaliere Ici l augmentation de l inuline est consideree comme etant la perturbation et la facilite du microbiome a degrader l inuline comme etant l adaptation Cette adaptation lui permet de resister a cette nouvelle augmentation de l inuline longtemps apres la premiere perturbation Ils ont en effet remarque que cette memoire ecologique persiste pendant plusieurs jours ce qui correspond a plusieurs generations de bacteries meme sans apport constant d inuline Comptabilite des ecosystemes et des services ecosystemiquesLa Commission statistique des Nations unies a adopte en mars 2021 un nouveau cadre statistique pour la System of Environmental Economic Accounting Ecosystem Accounting SEEA EA qui vise a quantifier la contribution des ecosystemes a notre societe considerant leur etat sante et les services qu ils nous rendent Au niveau europeen un projet de reglement creant les premiers comptes d ecosystemes et de services ecosystemiques a ete propose par la Commission europeenne en juillet 2022 et est actuellement en discussion 2023 L Evaluation francaise des ecosystemes et des services ecosystemiques EFESE contribue au suivi de ces travaux pour partager l expertise et les connaissances developpees dans le cadre du programme Extension de la notionOn trouve de plus en plus d usages metaphoriques de l ecosysteme pour designer un ensemble d entites qui interagissent dans un environnement En economie un ecosysteme est constitue d un regroupement d entreprises d une filiere ou d un territoire et de leurs parties prenantes clients employes fournisseurs sous traitants pouvoirs publics dispositifs d accompagnement qui ont en commun un projet de developpement dans le temps encadre par des engagements pris les uns envers les autres Dans un ecosysteme d entreprises chacun contribue a la creation de valeur qui profite a toutes les entreprises a la difference d un pole de competitivite En sociologie et en ecosophie le terme d et politique est de plus en plus utilise pour definir les rapports entre des individus au sein des communautes Ainsi que pour preciser les rapports des communautes entre elles L idee de l existence d un ecosysteme mental ou psychologique fait partie integrante du concept d ecologie mentale Avec l expansion des reseaux numeriques on parle aussi de l ecosysteme du web ou ecosystemes virtuels Ils sont analogues aux ecosystemes informationnels Notes et references a b et c Historique de la notion d ecosysteme sur universalis fr consulte le 12 octobre 2017 en A G Tansley The Use and Abuse of Vegetational Concepts and Terms Ecology vol 16 no 3 juillet 1935 p 284 307 lire en ligne PDF Patrick Blandin La diversite du vivant avant et apres la biodiversite reperes historiques et epistemologiques dans Casetta E Delors J La biodiversite Enjeux philosophiques ethiques et scientifiques Paris Editions Materiologiques 2014 a et b en F Stuart Chapin P A Matson Peter Morrison Vitousek et Melissa C Chapin Principles of terrestrial ecosystem ecology 2nd ed New York Springer 2011 ISBN 978 1 4419 9504 9 OCLC 755081405 1 The Ecosystem Concept p 9 en A G Tansley The British Islands and Their Vegetation Cambridge University Press 1939 Levit G S 2007 The roots of Evo Devo in Russia Is there a characteristic Russian Tradition Theory Biosci DOI 0 1007 s12064 007 0013 9 a et b Rapports de synthese sur millenniumassessment org consulte le 12 octobre 2017 a et b Les ecosystemes sur cnrs fr consulte le 12 octobre 2017 La biodiversite sur cnrs fr consulte le 12 decembre 2017 en Galinon Melenec Beatrice From Traces to Human Trace Paradigm Springer Proceedings in Complexity 2015 pp 337 349 sur SPRINGER 2015 Projet de norme P 14 010 1 sur l Amenagement durable des Quartiers d affaires AFNOR n P 14 010 1 1re d une serie de trois normes sur l Amenagement durable des Quartiers d affaires soumise a enquete publique de mai 2012 a fin juillet 2012 a et b Catherine Vincent Les scientifiques veulent creer une Liste rouge des ecosystemes menaces Le Monde 19 septembre 2012 lire en ligne a et b en J P Rodriguez K M Rodriguez Clark J E M Baillie et al Establishing IUCN Red List Criteria for Threatened Ecosystems Conservation Biology vol 25 no 1 fevrier 2011 p 21 29 DOI 10 1111 j 1523 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Response of Phytoplankton Communities Ecosystems vol 24 no 7 novembre 2021 p 1591 1607 ISSN 1432 9840 et 1435 0629 DOI 10 1007 s10021 021 00604 0 lire en ligne consulte le 5 decembre 2021 a b c et d en Valentin Schaefer Alien Invasions Ecological Restoration in Cities and the Loss of Ecological Memory Restoration Ecology vol 17 no 2 mars 2009 p 171 176 DOI 10 1111 j 1526 100X 2008 00513 x lire en ligne consulte le 5 decembre 2021 a b et c en Zhongyu Sun Hai Ren Valentin Schaefer et Hongfang Lu Quantifying ecological memory during forest succession A case study from lower subtropical forest ecosystems in South China Ecological Indicators vol 34 novembre 2013 p 192 203 DOI 10 1016 j ecolind 2013 05 010 lire en ligne consulte le 5 decembre 2021 a b c d e f g h et i en Jill F Johnstone Craig D Allen Jerry F Franklin et Lee E Frelich Changing disturbance regimes ecological memory and forest resilience Frontiers in Ecology and the Environment vol 14 no 7 septembre 2016 p 369 378 ISSN 1540 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a et b en Alberto Canarini Hannes Schmidt Lucia Fuchslueger et Victoria Martin Ecological memory of recurrent drought modifies soil processes via changes in soil microbial community Nature Communications vol 12 no 1 6 septembre 2021 p 5308 ISSN 2041 1723 PMID 34489463 PMCID PMC8421443 DOI 10 1038 s41467 021 25675 4 lire en ligne consulte le 5 decembre 2021 a b c et d en Kiona Ogle Jarrett J Barber Greg A Barron Gafford et Lisa Patrick Bentley Quantifying ecological memory in plant and ecosystem processes Ecology Letters vol 18 no 3 mars 2015 p 221 235 ISSN 1461 023X et 1461 0248 DOI 10 1111 ele 12399 lire en ligne consulte le 5 decembre 2021 Sonia Kefi Ecosystemes et transitions catastrophiques sur Sfecologie 19 octobre 2012 consulte le 25 novembre 2021 Coral bleaching en Jeffrey Letourneau Zachary C Holmes Eric P Dallow et Heather K Durand Ecological memory of prior nutrient exposure in the human gut microbiome bioRxiv 22 juin 2021 p 2021 06 21 448853 DOI 10 1101 2021 06 21 448853 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