L eudémonisme est parfois confondu avec l hédonisme les deux doctrines pouvant soit se rapprocher soit s opposer selon l
Eudémonisme

L’eudémonisme (du grec : εὐδαιμονία / eudaimonía, « béatitude ») est une doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine. Le bonheur n'est pas perçu comme opposé à la raison, il en est la finalité naturelle. Ce lien entre raison et bonheur est particulièrement mis en avant par le stoïcisme, mais se retrouve également dans d'autres courants philosophiques issus de l'époque hellénistique. Il se différencie de l'hédonisme, doctrine qui fixe la recherche de plaisir (et non le bonheur) et l'évitement de la souffrance comme but de la vie humaine.
On peut en revanche rattacher à l'eudémonisme la recherche de la félicité chez Spinoza ainsi que l'idéal du bonheur (ou bien) commun au XVIIIe siècle (voir notamment l'Article 1er de la constitution française de 1793 et de sa nouvelle Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, ainsi que les notions d'utilitarisme, ou la théorie de la main invisible d'Adam Smith, etc.).
L'eudémonisme qualifie les doctrines éthiques qui font du bonheur le souverain bien et le critère ultime de choix des actions humaines : c'est le cas, depuis Socrate, de la quasi-totalité des écoles de philosophie antiques, mais celles-ci s'opposent en ce qui concerne les moyens pour atteindre le bonheur.
L'eudémonisme se fonde sur une confiance générale en l'être humain, qui reste la clé irremplaçable de l'humanisme. La doctrine se concentre sur cette seule chance d'épanouissement que constitue la vie terrestre, et c'est par conséquent à la réussite de cette vie, au bonheur immédiat ou rationalisé sur un temps long, tant au sien qu'à celui d'autrui, qu'elle consacre logiquement l'essentiel de son effort.
Eudémonia était aussi le nom donné à la personnification du bonheur par les anciens grecs, considérée parfois comme l'une des Charites.
Platon
Selon Louis Guillermit, « Platon veut faire valoir les droits d'un eudémonisme vrai, authentiquement réfléchi, inauguré par une critique de l'hédonisme qui montre que le bonheur s'ajoute comme un surcroît à la vie vertueuse ».
Selon Jean-Luc Périllié, ce qui fait à la fois l’unité et l’esprit de pratiquement tous les dialogues de Platon, de l’Apologie de Socrate aux Lois, n’est autre que le message même de l’eudémonisme. C’est-à-dire l’annonce de la possibilité pour l’homme d’atteindre l’eudaimonia, en tant que «bonheur démonique», bonheur plus qu’humain, ceci au moyen de la pratique des vertus. Socrate, soi-disant à l’écoute d’une «voix démonique», se définit dans l’Apologie comme « pourvoyeur de bonheur réel » (36d-e). Enfin, dans son dernier dialogue, les Lois, Platon redéploie d’une manière solennelle et hiératique le message eudémoniste, le replaçant sous la tutelle d’une antique tradition cosmo-théologique : « Amis, le Dieu qui a dans ses mains, suivant l’Ancien Récit (Palaios Logos), le commencement, la fin et le milieu de toutes choses qui sont, va droit à son but traversant toutes choses selon la nature ; et vient toujours à sa suite Justice (Dikè), châtiant ceux qui s’écartent de la loi divine (tou theiou nomou). Et celui qui, modeste et rangé, veut être heureux (eudaimonèsein), doit s’attacher étroitement à elle… »
L’Ancien Récit, dans l’état actuel des connaissances, est identifié au grand Poème orphique à partir duquel, dans une lointaine antiquité, a été instituée la religion des Mystères. Platon nous fait ainsi comprendre que l’eudémonisme philosophique tire son origine de la sotériologie des Mystères (religion à caractère initiatique promettant aux hommes le salut).
Quoi qu’il en soit, la première formulation philosophique du message, chez Platon, se découvre dans le Gorgias, 470e : « L’individu (homme ou femme) qui est bel et bon (kaloskagathos) est heureux (eudaimona), alors que celui qui est injuste et mauvais est malheureux ».
Ce point de vue énoncé par Socrate provoque l’incompréhension et les sarcasmes de ses interlocuteurs, à savoir les représentants de l’hédonisme mondain, Polos et Calliclès. Car, d’après la thèse socratique, le juste, quand bien même il serait persécuté, serait infiniment plus heureux que l’injuste. Et ce dernier, tel le tyran Archélaos, parvenu au pouvoir en perpétrant moult crimes crapuleux — pouvant dès lors assouvir ses sinistres passions dans la plus totale impunité —, ne peut être que le plus malheureux des hommes (Gorgias, 478e-479e). La thèse énoncée par Socrate est alors mise au compte de la Philosophia, celle-ci étant assimilée à une personne parlant à travers lui (482a-b), l’amenant à répéter inlassablement ce même message. De cette manière, l’eudémonisme se voit immédiatement promu à la dignité de thèse philosophique par excellence. Une thèse qui, en tout cas, ordonne toute la progression du Gorgias, puisque le credo socratique est d’abord présenté comme triomphant dans l’entretien avec Polos, pour être ensuite soumis à une rude réfutation de la part de Calliclès. Bien évidemment, la mise en scène a pour fonction d’amener Socrate à produire une contre-réfutation à valeur définitive, ceci jusqu’à la fin du dialogue. Le mythe final du dialogue, tiré encore une fois de la religion des Mystères, est censé apporter une ultime confirmation relativement au bonheur des âmes philosophiques séjournant pour l’éternité dans les « Îles des Bienheureux » (Gorgias, 523b-526c).
Certes, Platon n’aura pas ménagé ses efforts pour répéter et défendre cette thèse perçue à l’époque comme tout à fait atypique, mettant littéralement les choses sens dessus-dessous (Gorgias, 481c). L’eudémonisme est encore reformulé dans le livre I de la République pour faire l’objet d’une longue démonstration de nature morale et politique, tout au long des neuf livres suivants. De leur côté, Le Banquet et le Phèdre montrent que l’eudaimonia provient de la médiation (Metaxu) du grand démon Éros (Banquet, 202d), pouvant guider les hommes vers la plus grande félicité (Phèdre, 245b, 266a-b) — félicité s’obtenant par la contemplation du monde hyper-ouranien des Idées (Phèdre, 247c). Touché par la grâce du « don divin » (theia moira), dans le Phédon (58e), Socrate étonne son entourage en paraissant profondément heureux (eudaimôn), alors qu’il est au seuil de la mort, en attente de son exécution. Le message du bonheur démonique, avec le fameux jeu de mots daimôn – eudaimôn, sera encore restitué dans un cadre ontologique et même scientifique, à la fin du Timée, comme le montre le message conclusif de ce dialogue de maturité : « Au sujet de l’espèce d’âme qui est la principale en nous, il faut faire la remarque suivante : le dieu en a fait cadeau à chacun d’entre nous comme d’un démon (hôs ara auto daimona)… Quand un homme a cultivé en lui-même l’amour de la science et des pensées vraies, quand de toutes ses facultés, il a exercé principalement la capacité de penser aux choses immortelles et divines, un tel homme, s’il parvient à toucher la vérité, il est absolument nécessaire que, dans la mesure où la nature humaine peut participer à l’immortalité, il ne lui en échappe pas la moindre parcelle, vu que sans cesse, il rend un culte à la partie divine de l’âme et qu’il comble de tous ces soins le démon qui réside en lui (ton daimona sunoikon en autôi), ce qui le rend parfaitement heureux (diapherontôs eudaimona). »
Aristote
On peut considérer que l'aristotélisme, à la suite de Platon, est un eudémonisme intellectualiste, qui place le bonheur dans la satisfaction liée à la contemplation de la vérité par l'esprit de la phronesis. Pour Aristote : « Le bonheur, [eudaimonia] est un principe ; c’est pour l’atteindre que nous accomplissons tous les autres actes ; il est bien le génie de nos motivations. ». Précisons toutefois que deux modèles du bonheur sont présentés de manière concurrentielle dans l'Éthique à Nicomaque d'Aristote : un bonheur contemplatif, propre aux dieux, et un bonheur découlant de la vie politique, accessible aux hommes. Les commentateurs ne s'entendent toujours pas sur la question de savoir lequel des deux types de bonheur Aristote privilégiait, étant donné que plusieurs de ces auteurs veulent voir en Aristote un contradicteur des doctrines éthiques de Platon.
Épicure
L'épicurisme, quant à lui, est une forme d'eudémonisme particulière parfois présenté comme un hédonisme raisonné qui propose d'atteindre le bonheur par la rationalisation du plaisir sensible du corps. Le but de l'épicurisme est d'arriver à un état de bonheur constant, une sérénité de l'esprit, tout en bannissant toute forme de plaisir non utile. Il repose également sur la pratique de la philosophie, seul moyen de libérer l'âme de ses tourments et d'atteindre la sérénité et l'amitié.
Spinoza
Le spinozisme est un eudémonisme qui place le bonheur, selon une interprétation traditionnelle, dans la joie de comprendre la nature, l'amour de soi et du monde et la puissance de la raison qui permet de vivre libre des passions. Pour d'autres, le bonheur par la joie visé par Spinoza ne peut être qu'une joie en acte, c'est-à-dire une joie dans tous les actes concrets de la vie, et selon sa modalité psychique comme corporelle.
Les Lumières
L’utilitarisme est une doctrine en philosophie politique ou en éthique sociale qui prescrit d'agir (ou de ne pas agir) de manière à maximiser le bonheur collectif.
« Le but de la société est le bonheur commun » postule l'article 1er de la Constitution française du .
« Le bonheur est une idée neuve en Europe » affirme Saint-Just en 1794.
Eudémonisme et hédonisme
L'eudémonisme place comme valeur fondamentale le bonheur, alors que l'hédonisme se fonde avant tout sur le plaisir. L'un n'implique pas forcément l'autre et les deux ne sont pas forcément contradictoires non plus. Tout dépend de la manière dont on définit la recherche du bonheur et de la manière dont on définit la recherche du plaisir. Si on définit le bonheur comme une joie spirituelle, qui s'oppose au plaisir charnel, comme chez Platon, l'eudémonisme exclut dans ce cas l'hédonisme. Si au contraire on définit le bonheur comme la recherche de n'importe quel plaisir de l'instant, sans se soucier des conséquences, alors l'hédonisme s'oppose à l'eudémonisme. Mais certains hédonismes, comme celui de Michel Onfray, supposent d'écarter les plaisirs qui ont des conséquences néfastes dans le futur ou sur autrui. Dans ce cas l'hédonisme, tempéré par la réflexion, rejoint l'eudémonisme. D'autres eudémonismes, comme celui d'Épicure ou de Robert Misrahi, recherchent le bonheur par le plaisir ou par une joie qui n'exclut pas la jouissance charnelle. Dans ce cas, l'eudémonisme rejoint l'hédonisme réflexif.
Notes et références
- André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, PUF, .
- Louis Guillermit, L'enseignement de Platon, éditions de l’éclat, , 279 p. (ISBN 978-2-84162-057-9, lire en ligne), p. 98
- Périllié 2015
- Platon, Lois, IV, 715e
- Alberto Bernabé, "Orphisme et Présocratiques, Bilan et perspectives d'un dialogue complexe" in Qu'est-ce que la philosophie présocratique? André Lacks et Claire Louguet, Presses Universitaires du Septentrion, Lille, 2002, p. 220.
- Voir le commentaire de Jean-Luc Périllié, Mystères et traditions orales de l'eudémonisme dans les dialogues de Platon, 2015, p. 31 sq.
- Platon, Timée (90a-c)
- Aristote, Éthique à Nicomaque 1.12.8.
- Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie
- Robert Misrahi
- Louis Antoine de Saint-Just, Rapport à la convention du 3 mars 1794 (second décret du 13 ventôse)
Bibliographie
- Claude Louis-Combet, Ascétisme et eudémonisme chez Platon, Presses Univ. Franche-Comté, , 192 p. (ISBN 978-2-251-60626-2, lire en ligne)
- Jean-Luc Périllié, Mystères socratiques et Traditions orales de l'eudémonisme dans les Dialogues de Platon, Sankt Augustin, Academia Verlag, Sankt Augustin, , 524 p. (ISBN 978-3-89665-649-0, lire en ligne)
- François Schroeter, La critique kantienne de l'eudémonisme, P. Lang, , 225 p. (ISBN 978-3-261-04475-4)
- Michel Onfray, L'eudémonisme social, Grasset, , 352 p. (ISBN 978-2-246-68939-3, lire en ligne)
- Guilhem Farrugia et Michel Delon, Le bonheur au XVIIIe siècle, Rennes, La Licorne, , 220 p. (ISBN 978-2-7535-4047-7, lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
- Bonheur
- Modèle de bien-être psychologique à six dimensions
- Psychologie humaniste
- Psychologie positive
Liens externes
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L eudemonisme est parfois confondu avec l hedonisme les deux doctrines pouvant soit se rapprocher soit s opposer selon les theories L eudemonisme du grec eὐdaimonia eudaimonia beatitude est une doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine Le bonheur n est pas percu comme oppose a la raison il en est la finalite naturelle Ce lien entre raison et bonheur est particulierement mis en avant par le stoicisme mais se retrouve egalement dans d autres courants philosophiques issus de l epoque hellenistique Il se differencie de l hedonisme doctrine qui fixe la recherche de plaisir et non le bonheur et l evitement de la souffrance comme but de la vie humaine On peut en revanche rattacher a l eudemonisme la recherche de la felicite chez Spinoza ainsi que l ideal du bonheur ou bien commun au XVIII e siecle voir notamment l Article 1er de la constitution francaise de 1793 et de sa nouvelle Declaration des droits de l homme et du citoyen ainsi que les notions d utilitarisme ou la theorie de la main invisible d Adam Smith etc L eudemonisme qualifie les doctrines ethiques qui font du bonheur le souverain bien et le critere ultime de choix des actions humaines c est le cas depuis Socrate de la quasi totalite des ecoles de philosophie antiques mais celles ci s opposent en ce qui concerne les moyens pour atteindre le bonheur L eudemonisme se fonde sur une confiance generale en l etre humain qui reste la cle irremplacable de l humanisme La doctrine se concentre sur cette seule chance d epanouissement que constitue la vie terrestre et c est par consequent a la reussite de cette vie au bonheur immediat ou rationalise sur un temps long tant au sien qu a celui d autrui qu elle consacre logiquement l essentiel de son effort Eudemonia etait aussi le nom donne a la personnification du bonheur par les anciens grecs consideree parfois comme l une des Charites PlatonSelon Louis Guillermit Platon veut faire valoir les droits d un eudemonisme vrai authentiquement reflechi inaugure par une critique de l hedonisme qui montre que le bonheur s ajoute comme un surcroit a la vie vertueuse Selon Jean Luc Perillie ce qui fait a la fois l unite et l esprit de pratiquement tous les dialogues de Platon de l Apologie de Socrate aux Lois n est autre que le message meme de l eudemonisme C est a dire l annonce de la possibilite pour l homme d atteindre l eudaimonia en tant que bonheur demonique bonheur plus qu humain ceci au moyen de la pratique des vertus Socrate soi disant a l ecoute d une voix demonique se definit dans l Apologie comme pourvoyeur de bonheur reel 36d e Enfin dans son dernier dialogue les Lois Platon redeploie d une maniere solennelle et hieratique le message eudemoniste le replacant sous la tutelle d une antique tradition cosmo theologique Amis le Dieu qui a dans ses mains suivant l Ancien Recit Palaios Logos le commencement la fin et le milieu de toutes choses qui sont va droit a son but traversant toutes choses selon la nature et vient toujours a sa suite Justice Dike chatiant ceux qui s ecartent de la loi divine tou theiou nomou Et celui qui modeste et range veut etre heureux eudaimonesein doit s attacher etroitement a elle L Ancien Recit dans l etat actuel des connaissances est identifie au grand Poeme orphique a partir duquel dans une lointaine antiquite a ete instituee la religion des Mysteres Platon nous fait ainsi comprendre que l eudemonisme philosophique tire son origine de la soteriologie des Mysteres religion a caractere initiatique promettant aux hommes le salut Quoi qu il en soit la premiere formulation philosophique du message chez Platon se decouvre dans le Gorgias 470e L individu homme ou femme qui est bel et bon kaloskagathos est heureux eudaimona alors que celui qui est injuste et mauvais est malheureux Ce point de vue enonce par Socrate provoque l incomprehension et les sarcasmes de ses interlocuteurs a savoir les representants de l hedonisme mondain Polos et Callicles Car d apres la these socratique le juste quand bien meme il serait persecute serait infiniment plus heureux que l injuste Et ce dernier tel le tyran Archelaos parvenu au pouvoir en perpetrant moult crimes crapuleux pouvant des lors assouvir ses sinistres passions dans la plus totale impunite ne peut etre que le plus malheureux des hommes Gorgias 478e 479e La these enoncee par Socrate est alors mise au compte de la Philosophia celle ci etant assimilee a une personne parlant a travers lui 482a b l amenant a repeter inlassablement ce meme message De cette maniere l eudemonisme se voit immediatement promu a la dignite de these philosophique par excellence Une these qui en tout cas ordonne toute la progression du Gorgias puisque le credo socratique est d abord presente comme triomphant dans l entretien avec Polos pour etre ensuite soumis a une rude refutation de la part de Callicles Bien evidemment la mise en scene a pour fonction d amener Socrate a produire une contre refutation a valeur definitive ceci jusqu a la fin du dialogue Le mythe final du dialogue tire encore une fois de la religion des Mysteres est cense apporter une ultime confirmation relativement au bonheur des ames philosophiques sejournant pour l eternite dans les Iles des Bienheureux Gorgias 523b 526c Certes Platon n aura pas menage ses efforts pour repeter et defendre cette these percue a l epoque comme tout a fait atypique mettant litteralement les choses sens dessus dessous Gorgias 481c L eudemonisme est encore reformule dans le livre I de la Republique pour faire l objet d une longue demonstration de nature morale et politique tout au long des neuf livres suivants De leur cote Le Banquet et le Phedre montrent que l eudaimonia provient de la mediation Metaxu du grand demon Eros Banquet 202d pouvant guider les hommes vers la plus grande felicite Phedre 245b 266a b felicite s obtenant par la contemplation du monde hyper ouranien des Idees Phedre 247c Touche par la grace du don divin theia moira dans le Phedon 58e Socrate etonne son entourage en paraissant profondement heureux eudaimon alors qu il est au seuil de la mort en attente de son execution Le message du bonheur demonique avec le fameux jeu de mots daimon eudaimon sera encore restitue dans un cadre ontologique et meme scientifique a la fin du Timee comme le montre le message conclusif de ce dialogue de maturite Au sujet de l espece d ame qui est la principale en nous il faut faire la remarque suivante le dieu en a fait cadeau a chacun d entre nous comme d un demon hos ara auto daimona Quand un homme a cultive en lui meme l amour de la science et des pensees vraies quand de toutes ses facultes il a exerce principalement la capacite de penser aux choses immortelles et divines un tel homme s il parvient a toucher la verite il est absolument necessaire que dans la mesure ou la nature humaine peut participer a l immortalite il ne lui en echappe pas la moindre parcelle vu que sans cesse il rend un culte a la partie divine de l ame et qu il comble de tous ces soins le demon qui reside en lui ton daimona sunoikon en autoi ce qui le rend parfaitement heureux diapherontos eudaimona AristoteOn peut considerer que l aristotelisme a la suite de Platon est un eudemonisme intellectualiste qui place le bonheur dans la satisfaction liee a la contemplation de la verite par l esprit de la phronesis Pour Aristote Le bonheur eudaimonia est un principe c est pour l atteindre que nous accomplissons tous les autres actes il est bien le genie de nos motivations Precisons toutefois que deux modeles du bonheur sont presentes de maniere concurrentielle dans l Ethique a Nicomaque d Aristote un bonheur contemplatif propre aux dieux et un bonheur decoulant de la vie politique accessible aux hommes Les commentateurs ne s entendent toujours pas sur la question de savoir lequel des deux types de bonheur Aristote privilegiait etant donne que plusieurs de ces auteurs veulent voir en Aristote un contradicteur des doctrines ethiques de Platon EpicureArticle detaille Epicure Ethique et politique L epicurisme quant a lui est une forme d eudemonisme particuliere parfois presente comme un hedonisme raisonne qui propose d atteindre le bonheur par la rationalisation du plaisir sensible du corps Le but de l epicurisme est d arriver a un etat de bonheur constant une serenite de l esprit tout en bannissant toute forme de plaisir non utile Il repose egalement sur la pratique de la philosophie seul moyen de liberer l ame de ses tourments et d atteindre la serenite et l amitie SpinozaLe spinozisme est un eudemonisme qui place le bonheur selon une interpretation traditionnelle dans la joie de comprendre la nature l amour de soi et du monde et la puissance de la raison qui permet de vivre libre des passions Pour d autres le bonheur par la joie vise par Spinoza ne peut etre qu une joie en acte c est a dire une joie dans tous les actes concrets de la vie et selon sa modalite psychique comme corporelle Les LumieresL utilitarisme est une doctrine en philosophie politique ou en ethique sociale qui prescrit d agir ou de ne pas agir de maniere a maximiser le bonheur collectif Le but de la societe est le bonheur commun postule l article 1er de la Constitution francaise du 24 juin 1793 Le bonheur est une idee neuve en Europe affirme Saint Just en 1794 Eudemonisme et hedonismeL eudemonisme place comme valeur fondamentale le bonheur alors que l hedonisme se fonde avant tout sur le plaisir L un n implique pas forcement l autre et les deux ne sont pas forcement contradictoires non plus Tout depend de la maniere dont on definit la recherche du bonheur et de la maniere dont on definit la recherche du plaisir Si on definit le bonheur comme une joie spirituelle qui s oppose au plaisir charnel comme chez Platon l eudemonisme exclut dans ce cas l hedonisme Si au contraire on definit le bonheur comme la recherche de n importe quel plaisir de l instant sans se soucier des consequences alors l hedonisme s oppose a l eudemonisme Mais certains hedonismes comme celui de Michel Onfray supposent d ecarter les plaisirs qui ont des consequences nefastes dans le futur ou sur autrui Dans ce cas l hedonisme tempere par la reflexion rejoint l eudemonisme D autres eudemonismes comme celui d Epicure ou de Robert Misrahi recherchent le bonheur par le plaisir ou par une joie qui n exclut pas la jouissance charnelle Dans ce cas l eudemonisme rejoint l hedonisme reflexif Notes et referencesAndre Comte Sponville Dictionnaire philosophique PUF 2001 Louis Guillermit L enseignement de Platon editions de l eclat 2001 279 p ISBN 978 2 84162 057 9 lire en ligne p 98 Perillie 2015 Platon Lois IV 715e Alberto Bernabe Orphisme et Presocratiques Bilan et perspectives d un dialogue complexe in Qu est ce que la philosophie presocratique Andre Lacks et Claire Louguet Presses Universitaires du Septentrion Lille 2002 p 220 Voir le commentaire de Jean Luc Perillie Mysteres et traditions orales de l eudemonisme dans les dialogues de Platon 2015 p 31 sq Platon Timee 90a c Aristote Ethique a Nicomaque 1 12 8 Lalande Vocabulaire technique et critique de la philosophie Robert Misrahi Louis Antoine de Saint Just Rapport a la convention du 3 mars 1794 second decret du 13 ventose BibliographieClaude Louis Combet Ascetisme et eudemonisme chez Platon Presses Univ Franche Comte 1997 192 p ISBN 978 2 251 60626 2 lire en ligne Jean Luc Perillie Mysteres socratiques et Traditions orales de l eudemonisme dans les Dialogues de Platon Sankt Augustin Academia Verlag Sankt Augustin 2015 524 p ISBN 978 3 89665 649 0 lire en ligne Francois Schroeter La critique kantienne de l eudemonisme P Lang 1992 225 p ISBN 978 3 261 04475 4 Michel Onfray L eudemonisme social Grasset 2008 352 p ISBN 978 2 246 68939 3 lire en ligne Guilhem Farrugia et Michel Delon Le bonheur au XVIIIe siecle Rennes La Licorne 2015 220 p ISBN 978 2 7535 4047 7 lire en ligne Voir aussiSur les autres projets Wikimedia eudemonisme sur le Wiktionnaire Articles connexes Bonheur Modele 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