Pour les articles homonymes voir Technocratie homonymie La technocratie est une forme de gouvernement d entreprise d Éta
Technocratie

La technocratie est une forme de gouvernement (d'entreprise, d'État) où la place des experts techniques et de leurs méthodes est centrale dans les prises de décision. Selon le Dictionnaire de la langue philosophique, la technocratie est « la condition politique dans laquelle le pouvoir effectif appartient à des techniciens appelés « technocrates » ». Le terme même de « technocratie » trouve ses origines dans les années 1920, avec l'industrialisation, la crise économique et la Grande Dépression ; mais la notion correspondante possède des racines profondes dans la culture et dans l’histoire occidentale. Après un « âge d'or » dans les années 1920-1930 où l'on avait une véritable foi dans le progrès technique (avec notamment le groupe X-Crise en France, et le Mouvement technocratique aux États-Unis), la technocratie se retrouve sous diverses formes dérivées dans les sociétés post-industrielles, comme la technostructure de John Kenneth Galbraith.
Parmi les traits caractéristiques et récurrents de la notion de technocratie, on trouve la mise en avant de la compétence et des méthodes du technicien et du scientifique, identifiées aux notions de rigueur et de rationalité. Ces notions sont opposées aux caractéristiques supposées de l’homme et du système politique, ou de l’homme d’affaires, considérés comme vénaux, incompétents et soumis aux intérêts privés œuvrant dans un sens contraire aux intérêts de la société. Dans une technocratie, les compétences techniques et de leadership sont davantage sélectionnées par des processus bureaucratiques et méritocratiques basés sur le savoir et la performance, que par des procédures démocratiques.
Dans le langage populaire, le terme « technocrates » est souvent employé péjorativement, notamment par les mouvements populistes, pour désigner des experts et techniciens purs qui seraient déconnectés de la réalité et proposeraient des solutions plus néfastes que bénéfiques.
Origine du terme
Le terme « technocratie » dérive du grec « technè » qui désigne le savoir-faire et « kratos » qui désigne le pouvoir et la capacité de gouverner. La politique comme technè serait donc l'objet d'un savoir objectif.
C'est William Henry Smyth, un ingénieur californien, qui a forgé le terme « technocratie » en 1919 pour décrire « le pouvoir du peuple rendu effectif par la représentation de leurs serviteurs : les scientifiques et ingénieurs ». Smyth a utilisé le terme « technocratie » dans l'article « Technocracy : Ways and Means to Gain Industrial Democracy » publié dans le journal Industrial Management (57). Toutefois, dans l'idée de Smyth, il s'agissait plutôt de décrire une (en) : un mouvement qui intègre les travailleurs dans le processus de décision dans les entreprises.
Le terme « technocratie » ne fut employé pour désigner un type de gouvernement par des prises de décision techniques qu'à partir de 1932, quand il fut repris par le mouvement technocratique qui connut pendant les années 1930 une notoriété importante et une adhésion significative. Mais, bien que le terme date du début du XXe siècle, la notion d'experts rationnels et rigoureux gouvernant pour l'intérêt général a cependant connu diverses incarnations au fil de l'histoire occidentale.
Origines et histoire du concept

Dans la Grèce ancienne, Platon (IVe siècle av. J.-C.) proposait que le gouvernement soit l'affaire de philosophes, rompus aux formes de raisonnement les plus évoluées par une formation mathématique et logique poussée, ce qui peut être considérée comme une certaine forme de technocratie,,, dans le sens étymologique du terme. Pour Platon, les chefs politiques n'ont pas besoin de devoir justifier ce qu'ils font par des textes de loi parce que les lois seront toujours sans rapport avec les cas particuliers dans la réalité : les chefs savent et cela suffit légitimement. Cela a été exprimé par la métaphore du capitaine d'un navire dans Le Politique, 289c. Par ailleurs, dans le Gorgias, Platon fait une comparaison entre la médecine et la cuisine, analogie entre une technocratie et une démocratie : pour lui c'est au médecin, autrement dit à l'expert en politique, qu'il faut se fier. Dans 464d, il écrit : « Ainsi, la cuisine s'est glissée sous la médecine, elle en a pris le masque. Elle fait donc comme si elle savait quels aliments sont meilleurs pour le corps. Et s'il fallait que, devant des enfants, ou devant des gens qui n'ont pas plus de raison que des enfants, eût lieu la confrontation d'un médecin et d'un cuisinier afin de savoir lequel, du médecin ou du cuisinier, est compétent pour décider quels aliments sont bienfaisants et quels autres sont nocifs, le pauvre médecin n'aurait plus qu'à mourir de faim ! ». Cette citation met en lumière l'idée de Platon selon laquelle le peuple ne connaît pas son véritable bien, il aurait donc besoin d'être gouverné par un expert en politique qui sait ce qui est bon pour lui.
Cependant, la technique en tant que telle, est relativement peu développée par les Grecs anciens. Elle ne jouait pas de rôle déterminant. Mais, par la suite, la puissance et la rigueur des mathématiques a toujours joué un rôle important dans le concept technocratique.

Au XVIIe siècle, le philosophe Francis Bacon promeut l'idée que la connaissance des mécanismes de la nature et des moyens techniques de la maîtriser apporte une clarté d'esprit et une pureté d'action bénéfique au gouvernement. Il propose en 1624 dans une utopie La Nouvelle Atlantide, un système où un collège de savants (la « maison de Salomon ») est chargée de conseiller le gouvernement, vers une exploitation sage et raisonnée de la nature menant à la richesse et à la puissance de la nation. Dans ce système, la classe de la noblesse est constituée par les savants. Ce livre est considéré comme le premier paradigme de l'utopie scientifique, mais dans cette utopie, ce ne sont pas encore les scientifiques et les techniciens qui sont directement responsables du gouvernement.

Beaucoup de caractéristiques du concept technocratique se retrouvent, au début du XIXe siècle, dans l’œuvre de l'économiste et philosophe français Claude Henri de Rouvroy de Saint-Simon,,. Saint-Simon décrit, au fil de son œuvre, différents systèmes pour appliquer à la politique les qualités de rigueur et de fiabilité qu'il reconnaît à la science, et assurer la prééminence de l'économique et de l'industriel sur le politique. En 1802, il propose dans ses Lettres d'un habitant de Genève à ses contemporains la création d'un comité exécutif européen, composé de douze scientifiques et neuf artistes, chargés de guider la civilisation vers le progrès.
En 1820 il publie L'Organisation dans lequel il fait apparaître une des premières organisations qui peut être qualifiée de purement technocratique : un parlement composé de trois chambres; une chambre « d'invention » composée d'ingénieurs et d'artistes, une chambre « d'examen » composés de savants, et une chambre « d'exécution » comprenant des représentants de l'industrie. Ce parlement est pourvu des pouvoirs législatifs et exécutifs, et a aussi pour objectif de résoudre les problèmes sociaux et créer un ordre social rationnel par l'application du savoir technique. Pour Saint-Simon, le gouvernement est une « administration des choses », qui prendrait à tous en fonction de leur capacité, et redistribuerait à tous en fonction de leur performance. Cette prééminence de la technique et de l'industrie sur le politique et le social sera au cœur d'une doctrine : le saint-simonisme qui aura une influence déterminante au XIXe siècle, et par exemple sur certaines idées développées par Friedrich Engels et Lénine dont certaines phrases comme « la société est une vaste usine », ou « une organisation des choses et non des hommes » sont très représentatives du saint-simonisme. L'organisation de la future Union des républiques socialistes soviétiques présentera d'ailleurs de nombreuses similitudes avec le socialisme centralisé, technocratique et planifié de Saint-Simon.


Auguste Comte, secrétaire particulier et disciple de Saint-Simon, reprend et développe cette doctrine dans un sens cependant plus orienté vers l'ordre que vers le progrès. Pour Comte, la méthode scientifique doit être étendue au contrôle de la société, et les régimes politiques doivent être supplantés par une autorité sociale constituées d'administrateurs issus des sciences pures et appliquées. À la différence de Saint-Simon, ces administrateurs incluent des sociologues, des « ingénieurs sociaux », considérés par Comte comme d'authentiques scientifiques et techniciens au même titre que ceux associés à des sciences plus « dures ». Cette vision s'intègre dans la loi des trois états énoncée par Comte : si cette loi est surtout connue pour son application à la théorie de la connaissance, Comte la décline aussi en ce qui concerne l'évolution de la société : le premier état « théologique » correspond à une société gouvernée par la force militaire, le second état « métaphysique » à une société de lois et de politique, et le troisième état « positif » à une société industrielle et scientifique.
Afin de faciliter l'acceptation par la population de ce nouvel ordre social rationnel, Comte envisage la création d'une véritable « église » laïque chargée de promouvoir les valeurs de la science et du positivisme, en une sorte de « catéchisme positiviste ». L'église positiviste n'a jamais rencontré le succès, sauf brièvement au Brésil, où un « temple positiviste » a été construit en 1881, par le philosophe brésilien (pt) et le philosophe et mathématicien (en). La devise nationale du Brésil, « Ordre et Progrès », est issue de ces tentatives d'« évangélisation » comtienne. En France, il subsiste un temple positiviste : le Temple de l'Humanité.
La technocratie au XXe siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale
Aux États-Unis

Le concept de technocratie a connu un essor significatif aux États-Unis, dans les premières décennies du XXe siècle. C'est l'économiste Thorstein Veblen qui a donné l'élan d'un mouvement technocratique qui allait connaitre un développement rapide et une chute non moins brutale. Son œuvre consiste en une étude et critique acerbe de la classe des hommes d'affaires et des mœurs de consommation de son temps, ainsi que de la culture académique. Il est connu pour avoir mis en évidence et dénoncé le concept de consommation ostentatoire, associé à l'effet Veblen, dans son livre The Theory of the Leisure Class (1899).
Dans The Engineers and the Price System (1921) et Abstentee Ownership and business enterprise in recent time (1923), il pose les fondements d'une société technocratique. Il y oppose l'efficacité des ingénieurs et de leurs méthodes, à l'entrepreneur capitaliste préoccupé de spéculation et guidé par le profit, venant ruiner les perspectives prometteuses d'une société fondée sur l'industrie et la machine. Veblen propose une société où le contrôle de la production est attribué à un corps d'ingénieurs et de scientifiques qui remplaceraient entièrement les entrepreneurs capitalistes.

L'œuvre de Veblen tombe à point dans une société qui allait bientôt être ruinée par la Grande Dépression des années 1930, dans laquelle la spéculation a joué un rôle majeur. C'est au sein de ces bouleversements que Howard Scott, ingénieur autoproclamé, reprend et développe l’œuvre de Veblen. Après avoir fondé en 1919, inspiré notamment par les idées de Veblen et d'Edward Bellamy, un mouvement nommé « Technical Alliance », Scott se fait connaitre en 1932 en organisant une étude - l'Energy Survey of North America - visant à quantifier l'évolution et les rendements de l'industrie américaine depuis un siècle, et en extrapoler les tendances, non pas en unité monétaire de valeur, mais en unité d'énergie.
De cette étude, Scott tire la conclusion que le système industriel, économique et social existant se dirige inexorablement vers un effondrement total. De plus, les chiffres de cette étude montrent - selon lui - que seules 660 heures de travail par an et par citoyen seraient nécessaires pour fournir un meilleur revenu moyen à tous, si les produits du travail étaient équitablement répartis. Cette étude provoque un intérêt considérable des médias et du grand public. Scott se retrouve bientôt à la tête d'un véritable mouvement technocratique qui acquiert une notoriété et une audience très importante dans la société américaine en 1932 et 1933. Le plan d'organisation de la société, nommé par Scott lui-même « Technocracy », était le suivant :
- Organisation de toutes les industries en un petit nombre d'unités nationalisées, administrées par des experts techniques sélectionnés dans le rang des unités concernées.
- Les revenus et les biens et services sont échangés par un système « non monétaire », fondé sur une unité objective d'énergie, qui permet de comptabiliser et de gérer la production selon des lois rationnelles et scientifiques. Le « système prix », qui fixe arbitrairement une valeur aux biens et services en fonction de l'offre et de la demande est supprimé.
- Pour lutter contre la sous-consommation, considérée comme une des causes de la Grande Dépression, un crédit social est distribué à tous les citoyens de la société, chaque adulte recevant une part égale et équitable. Cette part est calculée en divisant les capacités productives de l'État (« Technat », dans la terminologie Technocratique) exprimées en unités d'énergie, desquelles est soustrait le coût des services publics, par le nombre de citoyens.
- Pas de gouvernement politique, abolition des partis politiques. Pas d'autres personnages officiels que les dirigeants techniques des unités productives et redistributives.

Début 1933, en réponse à la notoriété et aux controverses croissantes engendrées par son mouvement, Scott se voit attribuer une tribune à la radio qualifiée comme étant « la plus importante jamais attribuée à un orateur en Amérique », qui fut - selon tous les comptes rendus - un désastre total. Le mouvement technocratique se scinde alors en deux organisations concurrentes : Technocracy Inc. menée par Howard Scott, et Continental Comitee for Technocracy (CCT), mené par deux dissidents (en) et Felix Frazer.
Bien que l'intérêt du grand public et des médias pour le mouvement technocratique se soit brusquement effondré à cette date, le CCT connaît un certain succès, comptant jusqu'à 25 000 adhérents, jusqu'en 1936 où il disparaît complètement faute de capacité organisationnelle de ses deux dirigeants. Technocracy Inc. réussit à mieux s'organiser et progresse jusqu'au début des années 1940, comptant probablement jusqu'à 20 000 adhérents, avec au total environ 40 000 personnes ayant adhéré au mouvement à un moment ou à un autre. Après cette date, le mouvement décline irrésistiblement, mais subsiste toujours de nos jours,.
Cependant, les idées technocratiques s'étaient largement diffusées dans la société américaine, et on retrouve un certain nombre de composantes technocratiques dans la politique de New Deal menée par Roosevelt de 1933 à 1938.
En France et en Europe
En France, c'est au sortir de la Première Guerre mondiale que commence à se développer une volonté non seulement d'organiser l'économie par des procédures rationnelles, mais aussi de fonder un nouvel ordre social promouvant la science et la technique, où le contrat social serait fondé sur le partage des richesses produites par l'accroissement de productivité. Tel est le fond du rapport monumental d'Étienne Clémentel, remis à Georges Clemenceau en 1919, qui est considéré comme un acte fondateur de la technocratie en France.
Mais c'est davantage dans les années 1930, comme aux États-Unis, que l'on constate l’essor de l'idéologie technocratique, qui fait réellement partie - selon Jean Touchard - de l'« esprit des années 1930 ». En 1925, on peut noter la fondation du Redressement français par Ernest Mercier, qualifié de technocratique par Emmanuel Beau de Loménie de par notamment son antiparlementarisme et élitisme.
Mais c'est essentiellement sous une forme planiste que se manifestent ces idées, avec le « groupe du », auteur en 1934 d'un des plans les plus célèbres de l'époque, et surtout le groupe X-Crise fondé en 1931, qui peut être considéré comme l'une des principales expressions de la technocratie en France. Ses fondateurs - un groupe de polytechniciens mené notamment par Jean Coutrot - veulent analyser les problèmes posés par la Grande Dépression en mettant en valeur les « avantages de rapidité et de précision dans la discussion que procure une formation commune ».
Ces groupes promeuvent l'abandon du libéralisme économique, et le développement de modèles macroéconomiques et de l'économétrie pour « substituer une économie consciente à une économie aveugle », et permettre à l'État de planifier et organiser ses interventions. Comme les autres mouvements technocratiques, ils critiquent les idéologies qui sous-tendent les décisions politiques, et veulent une réflexion raisonnée, scientifique et ouverte à tous les courants politiques. Le groupe X-Crise tente également de réfléchir sur les fondements sociaux de la société et oriente sa réflexion vers une démarche se voulant humaniste, où les aspects techniques sont au service du progrès social.
Le groupe X-Crise a une influence importante sur l'organisation de l'État, notamment pendant la période du Front populaire et du régime de Vichy, où des membres de X-Crise ont collaboré avec le gouvernement, ou ont été ministre comme Charles Spinasse dans le gouvernement Léon Blum. Le développement de la comptabilité nationale et des normes comptables, la création du commissariat au plan, ou la conversion des experts de l'État à la macroéconomie procèdent de leurs actions politiques durant ces périodes.
Dans l'Espagne franquiste les tecnócratas étaient un groupe d'hommes politiques liés à l'Opus Dei qui lancèrent une reconversion à l'économie espagnole, à partir de la situation d'autarcie laissée par les phalangistes. Ils sortirent l'Espagne de son isolement en l'attelant au système capitaliste d'Europe occidentale et en amorçant le « miracle économique espagnol ».
En URSS
En URSS, à partir de 1928, l'économie du pays présente de fortes composantes technocratiques. En effet, à partir de cette date et jusqu'en 1991, l'économie de l'union va être planifiée et centralisée par des hommes experts dans différents domaines. Le Conseil des ministres définissait des objectifs économiques larges, l'administration donnait des chiffres sur les résultats et la situation économique, et le Gosplan donnait des objectifs plus précis. On aboutissait ainsi à un plan quinquennal, c'est-à-dire, à la fixation d'objectifs de production minimum, distribués à chacun des secteurs économiques concernés, et ce pendant cinq ans. Cet idéal de planification centralisée présente des similitudes avec les visions de Saint-Simon.
Une idéologie technocratique assez forte peut également être décelée dans la rhétorique staliniste d'« industrialisation forcée ».
La technocratie dans la société contemporaine
Les modèles de société technocratiques où les experts, guidés par des modèles scientifiques de production et de société, sont directement au pouvoir, n'ont jamais été véritablement appliqués. En revanche, la science et la technologie prenant une place de plus en plus importante dans les sociétés développées, il existe forcément des articulations et des rapports de force - tacites ou non - entre les scientifiques et experts techniques et les hommes politiques au pouvoir.
John G. Gunnel distingue trois composantes à ces rapports de force :
- Les décisions politiques nécessitent de plus en plus d'expertise technique, et les hommes politiques ont en conséquence tendance à graviter autour d'élites scientifiques et techniques à l'influence notable.
- La technologie et l'industrie deviennent des entités autonomes, qui ont tendance à échapper au pouvoir des hommes politiques (notions de complexe militaro-industriel ou de technostructure par exemple).
- La science et la technologie peuvent constituer une idéologie en soi, qui peut ainsi posséder une action sur la société, sur le plan collectif et sociologique (scientisme, ou société post-industrielle par exemple).
C'est notamment la forme post-industrielle des sociétés contemporaines, axées davantage sur l'économie de l'information, des services et de la finance que sur la production matérielle, qui implique l'émergence de ces nouveaux rapports. Daniel Bell, dans son ouvrage The Coming of Post-industrial society (1976) insiste sur l'émergence d'une classe professionnelle technique, éduquée, venant peu à peu remplacer la classe ouvrière et accédant aux postes de décision et de pouvoir par leurs compétences techniques, et pouvant influencer profondément la structure de la société. De même que le stade pré-industriel, fondé sur le travail humain a mené à une société de paysans et une société féodale, que le stade industriel, fondé sur les machines et le travail humain a mené à une classe ouvrière et à une société capitaliste, le stade post-industriel fondé sur l'information et la connaissance, peut mener à une classe d'ingénieurs, de techniciens et de spécialistes, et à une société ayant de fortes composantes technocratiques.

On retrouve des considérations similaires dans l’œuvre de John Kenneth Galbraith, qui met l'accent sur l'émergence d'organisations, au sein des entreprises ou des états, composée de « personnes ayant les compétences techniques, l'expérience ou autres talents nécessaires aux exigences de planification et de décision dans l'industrie moderne », ce qu'il appelle la technostructure. Le schéma d'organisation ci-contre se retrouve aussi bien dans les grandes entreprises, dans l'armée ou dans l'administration publique. L'articulation entre les élites scientifiques et techniques et le pouvoir (ou le management) semble avoir trouvé une structure naturelle et universelle dans les organisations contemporaines. Cependant, une des conséquences politique majeure de la technostructure, selon Galbraith, est que le système industriel et l’État deviennent inextricablement liés et interdépendants et qu'il n'y a plus de frontière nette entre le public et le privé, car dans le cas de l'administration publique, une partie de la technostructure peut provenir de l'industrie et du privé.
La technostructure, même dans les plus grandes organisations, a tendance à être d'une taille assez restreinte, en tout cas pour un domaine déterminé. Cela amène à s'interroger sur le pouvoir ou l'influence réelle que peut avoir un faible nombre de personnes sur des décisions politiques majeures, en éventuelle contradiction avec les grands principes d'une démocratie. Charles Percy Snow note que « une des caractéristiques les plus singulières de toute société industriellement avancée, est que certains choix cardinaux ne dépendent que d'une poignée d'hommes »,. (en) estime qu'il apparaît un « domaine » scientifique qui « remet en cause l'ancienne notion stipulant que, en matière de politique publique, les scientifiques doivent être dirigés par les objectifs définis par les politiques »,. Cependant, Price estime également que le système fonctionne en définitive correctement par un consensus sociétal stipulant que politiques et scientifiques doivent rester dans leurs domaines respectifs, avec la possibilité de s'évaluer et se critiquer mutuellement. De même, Daniel Bell ne perçoit pas une réelle menace de domination des politiques par une élite scientifique, arguant du fait que, quel que soit le processus de décision technique mis en place, les ultimes arbitrages prennent toujours une forme politique et que le pouvoir reste aux mains des politiciens,.
En Chine post-maoïste
Selon Jungwon Yoon, la Chine post-maoïste est gouvernée, depuis l'évolution majeure des élites chinoises instaurée par Deng Xiaoping au début des années 1980, par trois générations de gouvernement à forte tendance technocratique. Ces gouvernements sont de plus en plus constitués de politiciens ayant une formation poussée en ingénierie et en sciences, poussant à une modernisation et une industrialisation rationnelle du pays. Les instances politiques dirigeantes les plus puissantes du pays comme le politburo ou le comité central possèdent un fort taux de diplômés supérieur en ingénierie ou en sciences (plus de 50 % pour le comité central, et la quasi-totalité des nouveaux entrants au politburo).
Toutefois, la technocratie à la chinoise, à l'orientale presque, doit être selon Yoon distinguée de la technocratie occidentale où la technocratie a trouvé son berceau : la technocratie occidentale est plus orientée vers des solutions techniques tandis que la technocratie chinoise est orientée vers le développement économique et une rationalisation et une optimisation de celui-ci. De plus, certains commentateurs contestent l'existence d'une authentique technocratie en Chine car les instances dirigeantes sont avant tout des politiciens ayant une formation d'ingénieur, et non des experts techniques purs.
Points de vue en lien avec la technique
Au milieu du XXe siècle, Jacques Ellul estime que la technocratie n'est qu'un aspect parmi d'autres d'une idéologie nouvelle, « la technique », qui façonne toutes les autres, en premier lieu le socialisme et le capitalisme. Il estime que la technique est une idéologie du fait que « la préoccupation de l'immense majorité des hommes de notre temps est de rechercher en toutes choses la méthode absolument la plus efficace ». En 1977, il précise toutefois que la majorité des critiques à l'endroit de la technocratie doivent être nuancées :
« La technique [est un facteur] autonome et déterminant. Or cela ne peut s'effectuer qu'au travers d'une couche sociale qui tend à devenir caste ou classe : les technocrates, qui agissent par voie organisationnelle : donc il faut parler de société technocratique et bureaucratique. Et l'on part aussitôt en guerre contre la technocratie… [Voilà qui] est un peu artificiel ! Dire que la technique ne fonctionne qu'au travers d'une classe, c'est ne pas voir que, précisément, chacun participe à tous les niveaux au système technicien. Pour négliger un tel fait, il faut vouloir appliquer à toute force les catégories d'interprétation marxiste […]. Il faut ne pas voir que la croissance du système technique dissout les classes. »
Le pape François, dans son encyclique Laudato si’ (2015) estime que « la tendance, pas toujours consciente, à faire de la méthodologie et des objectifs de la techno-science un paradigme de compréhension qui conditionne la vie des personnes et le fonctionnement de la société » est à l’origine d'un grand nombre de difficultés du monde actuel. Car d'après lui, l’idée d’une croissance infinie ou illimitée est issue de la vision technicienne de la nature, et elle « suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la « presser » jusqu'aux limites et même au-delà des limites ». François va même jusqu'à accuser le « paradigme technocratique » de domination tyrannique, paradigme qu'il est presque impossible d'utiliser « sans être dominé par son pouvoir et sa logique ». L'emprise de la technocratie s'étend, d'après François, jusqu'à l'économie et la politique : le développement des technologies n'est guidé que par le profit, et « les finances étouffent l’économie réelle ». Le pape estime que les racines les plus profondes des dérèglements actuels sont liées à l'orientation, la fin et le contexte social de la croissance technologique et économique.
Suites de la crise de la dette dans la zone euro
Avec la crise de la dette dans la zone euro, certains États européens appellent à leur tête des techniciens plus que des hommes politiques pour gérer la crise. Les profils et les politiques engagées par Mario Monti ou Loukás Papadímos sont qualifiés de technocratiques par les observateurs.
Technocratie en entreprise
Dans le monde de l'entreprise, une organisation technocratique est une organisation qui met l'expertise des ingénieurs au cœur de son système de décision.
C'est avec une mise en cause de la technocratie[réf. souhaitée] au pouvoir dans la multinationale General Electric que Jack Welch, nouveau PDG en 1981, amorça une nouvelle ère qui a fait depuis école en matière de gestion d'entreprise[réf. souhaitée].
Bibliographie
Après 2000 :
- La technocratie en France, Une nouvelle classe dirigeante ? de Isabelle Grand, Salvador Juan et Julien Vignet (dir., GURVITCH), Le bord de l'eau, 2015
- Capitalisme ou technocratie. Sociologie des transformations sociales et politiques contemporaines, Le Roulley et Uhel (dir., GURVITCH), L'Harmattan, 2019
- Marianne Fischman et Emeric Lendjel, De X-Crise (1931-1939) à X-Sursaut (2005- ?) : L'apport des Polytechniciens à la réflexion sur le rôle de l'État dans la vie économique, (lire en ligne [PDF]) :
- p. 2
- p. 3
- p. 10
- p. 20
- Formation d'une technocratie, L'École polytechnique et ses élèves de Bruno Belhoste, Belin, 2003
- Les commissaires européens. Technocrates, diplomates ou politiques ?, de Jean Joana et Andy Smith, Presses de Sciences Po, 2002
- La question technocratique : De l'invention d'une figure aux transformations de l'action publique, de Vincent Dubois et Delphine Dulong, P.U.S., 2000
- L'ère des technocrates, de Jean-Claude Thoenig, L'Harmattan, 2000
Avant 2000 :
- Coup de gueule contre la technocratie. Les cannibales de l'État, de Marie-Noëlle Lienemann, Ramsey, 1995
- Le Paradoxe des technocrates, Georges Elgozy, Denoël, 1981
- La fin des technocrates, de Luc Rouban, Sciences Po, 1998
- Technocrates et technocratie en France, 1918-1945, de Gérard Brun, Albatros, 1985
- Les technocrates, les élus et les autres, de Jean Hussonnois, Entente, 1978
- Le système technicien, de Jacques Ellul, Calmann-Lévy, 1977; 3e édition, Le Cherche midi, 2012
- Technocratie et démocratie, de Raymond Boisdé, Plon, 1964
- Jean Meynaud, La technocratie. Mythe ou réalité ?, Payot, (lire en ligne) :
- p. 229
- p. 239
- p. 66
- p. 214
- p. 215
- p. 218
- p. 222
- p. 223
- p. 224
- La technocratie et les libertés, du Club Jean-Louis Richard, 1963
- Technique, développement économique et technocratie, de Henri Janne, Université libre de Bruxelles, 1963
- La dictature qui vient : la technocratie, de Jean Bourdier, Presses continentales, 1959
- La technocratie, nouveau pouvoir, de Jean Louis Cottier Éditions du Cerf, 1959
- Industrialisation et technocratie, de Georges Gurvitch, dir. Armand Colin, 1949
- La technocratie, de Joseph Le Breton de la Perrière, Faculté de droit de Paris, 1934
En anglais :
- (en) Val Dusek, Philosophy of Technology : An Introduction, Blackwell Publishing, :
- p. 38
- p. 51
- p. 39
- p. 41
- p. 43
- p. 44
- p. 46
- p. 45
- p. 47
- p. 48
- p. 49
- p. 50
- (en) John G. Gunnel, The Technocratic Image and the Theory of Technocracy, Johns Hopkins University Press, (lire en ligne [PDF]) :
- p. 393
- p. 394
- p. 397
- p. 400
- p. 401
- p. 398
- (en) David Adair, The Technocrats 1919-1967 : a case study of conflict and change in a social movement, Thèse universitaire Simon Fraser University, (lire en ligne [PDF]) :
- p. 16
- p. 36
- (en) Henry Elsner, The Technocrats : Prophets of Automation, Syracuse University Press, :
- p. 2
- p. 121
- p. 130
- p. 56
- p. 69
- p. 75
- p. 88
- (en) Jungwon Yoon, The Technocratic Trend and Its Implication in China, (lire en ligne [PDF]) :
- p. 1
- p. 15
- p. 4
- p. 17
- (en) Frank Fischer, Technocracy and Politics of Expertise, Sage Publications,
Notes et références
- Paris, 1962.
- (en) Barry Jones, Sleepers, Wake! Technology and the Future of Work, Oxford University Press, 1995, 4e édition), p. 214.
- (en) Oxford English Dictionary, 3e édition (Word from 2e édition 1989)
- Platon, Politique, 289c
- Platon, Gorgias, GF Flammarion, 2007, traduit par Monique Canto-Sperber, 464d, p. 164
- La Nouvelle Atlantide, Payot, 1983, Voyage dans la pensée baroque (postface), par Michèle Le Dœuff et Margaret Lasera, p. 112
- Lettres d'un habitant de Genève à ses contemporains sur Gallica
- (en) Thorstein Veblen, The Theory of the Leisure Class, (lire en ligne [PDF])
- (en) Thorstein Veblen, The Engineers and the Price System, (lire en ligne [PDF])
- (en) « Site officiel de Technocracy Inc. »
- La voie de la technocratie et de la rationalisation au sortir de la Première Guerre mondiale : le rapport d’Étienne Clémentel (1919) - Michel Letté, HAL-SHS, 1er décembre 2010[PDF]
- E. Beau de Loménie Les responsabilités des dynasties bourgeoises Tome IV, Paris, 1963, pp. 190-194.
- Olivier Dard L’État et l’économie en France au XXe siècle Ceras
- Plan du 9 juillet 1934, Gallimard, préface de Jules Romains, 1934, p. 44.
- Oussama Ouriemmi, L'histoire de la normalisation comptable en France (1936-1944), CEREGE, (lire en ligne [PDF])
- (en) K.E Bailes, Technology and Society under Lenin and Stalin : Origins of the Soviet Technical Intelligentsia, 1917-1941, Princeton University Press, 1978.
- (en) John Kenneth Galbraith, The New Industrial State, 1967, p. 59.
- (en) C.P. Snow, Science and Government, Cambridge, 1961.
- (en) Don K. Price, The Scientific Estate, Cambridge, 1965.
- (en) Daniel Bell, The coming of Post-industrial Society, New York, 1976.
- (en) Li Cheng et Lynn White, The Fifteenth Central Committee of the Chinese Communist Party : Full Fledged Technocratic Leadership with Partial Control by Jiang Zemin, Asian Survey 38(3), 1998.
- Jacques Ellul, La technique ou l'enjeu du siècle, Armand Colin, 1954 ; 3e édition, Economica, 2008, p. 292-293.
- Ibid. p. 18-19
- Jacques Ellul, Le système technicien, 1977 ; deuxième édition, Le cherche midi, 2004, p. 25.
- François, Loué sois-tu. Laudato si' : Encyclique, Montrouge/Paris, Cerf, coll. « Docs Eglises », , 120 p. (ISBN 978-2-204-10287-2, lire en ligne).
- François 2015, § 106-107
- François 2015, § 108-109
- Courrier International ou Financial Times
Annexes
Articles connexes
- Bureaucratie
- Méritocratie
- Épistocratie
- Mouvement technocratique
- Positivisme
- Progrès technique
- Scientisme
- Technique
- Technostructure
Théoriciens :
- Edward Bellamy
- Howard Scott
- Thorstein Veblen
Liens externes
- Ressource relative à la recherche :
- JSTOR
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
- Brockhaus
- Den Store Danske Encyklopædi
- Dictionnaire historique de la Suisse
- Dizionario di Storia
- Hrvatska Enciklopedija
- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Treccani
- Universalis
- Visuotinė lietuvių enciklopedija
- Notices d'autorité :
- BnF (données)
- LCCN
- Israël
- Tchéquie
- Portail de la philosophie
- Portail de la politique
- Portail de la sociologie
- Portail de l’économie
Auteur: www.NiNa.Az
Date de publication:
wikipedia, wiki, wikipédia, livre, livres, bibliothèque, article, lire, télécharger, gratuit, téléchargement gratuit, mp3, vidéo, mp4, 3gp, jpg, jpeg, gif, png, image, musique, chanson, film, livre, jeu, jeux, mobile, téléphone, android, ios, apple, téléphone portable, samsung, iphone, xiomi, xiaomi, redmi, honor, oppo, nokia, sonya, mi, pc, web, ordinateur
Pour les articles homonymes voir Technocratie homonymie La technocratie est une forme de gouvernement d entreprise d Etat ou la place des experts techniques et de leurs methodes est centrale dans les prises de decision Selon le Dictionnaire de la langue philosophique la technocratie est la condition politique dans laquelle le pouvoir effectif appartient a des techniciens appeles technocrates Le terme meme de technocratie trouve ses origines dans les annees 1920 avec l industrialisation la crise economique et la Grande Depression mais la notion correspondante possede des racines profondes dans la culture et dans l histoire occidentale Apres un age d or dans les annees 1920 1930 ou l on avait une veritable foi dans le progres technique avec notamment le groupe X Crise en France et le Mouvement technocratique aux Etats Unis la technocratie se retrouve sous diverses formes derivees dans les societes post industrielles comme la technostructure de John Kenneth Galbraith Parmi les traits caracteristiques et recurrents de la notion de technocratie on trouve la mise en avant de la competence et des methodes du technicien et du scientifique identifiees aux notions de rigueur et de rationalite Ces notions sont opposees aux caracteristiques supposees de l homme et du systeme politique ou de l homme d affaires consideres comme venaux incompetents et soumis aux interets prives œuvrant dans un sens contraire aux interets de la societe Dans une technocratie les competences techniques et de leadership sont davantage selectionnees par des processus bureaucratiques et meritocratiques bases sur le savoir et la performance que par des procedures democratiques Dans le langage populaire le terme technocrates est souvent employe pejorativement notamment par les mouvements populistes pour designer des experts et techniciens purs qui seraient deconnectes de la realite et proposeraient des solutions plus nefastes que benefiques Origine du termeLe terme technocratie derive du grec techne qui designe le savoir faire et kratos qui designe le pouvoir et la capacite de gouverner La politique comme techne serait donc l objet d un savoir objectif C est William Henry Smyth un ingenieur californien qui a forge le terme technocratie en 1919 pour decrire le pouvoir du peuple rendu effectif par la representation de leurs serviteurs les scientifiques et ingenieurs Smyth a utilise le terme technocratie dans l article Technocracy Ways and Means to Gain Industrial Democracy publie dans le journal Industrial Management 57 Toutefois dans l idee de Smyth il s agissait plutot de decrire une en un mouvement qui integre les travailleurs dans le processus de decision dans les entreprises Le terme technocratie ne fut employe pour designer un type de gouvernement par des prises de decision techniques qu a partir de 1932 quand il fut repris par le mouvement technocratique qui connut pendant les annees 1930 une notoriete importante et une adhesion significative Mais bien que le terme date du debut du XX e siecle la notion d experts rationnels et rigoureux gouvernant pour l interet general a cependant connu diverses incarnations au fil de l histoire occidentale Origines et histoire du conceptPlaton IV e siecle av J C Dans la Grece ancienne Platon IV e siecle av J C proposait que le gouvernement soit l affaire de philosophes rompus aux formes de raisonnement les plus evoluees par une formation mathematique et logique poussee ce qui peut etre consideree comme une certaine forme de technocratie dans le sens etymologique du terme Pour Platon les chefs politiques n ont pas besoin de devoir justifier ce qu ils font par des textes de loi parce que les lois seront toujours sans rapport avec les cas particuliers dans la realite les chefs savent et cela suffit legitimement Cela a ete exprime par la metaphore du capitaine d un navire dans Le Politique 289c Par ailleurs dans le Gorgias Platon fait une comparaison entre la medecine et la cuisine analogie entre une technocratie et une democratie pour lui c est au medecin autrement dit a l expert en politique qu il faut se fier Dans 464d il ecrit Ainsi la cuisine s est glissee sous la medecine elle en a pris le masque Elle fait donc comme si elle savait quels aliments sont meilleurs pour le corps Et s il fallait que devant des enfants ou devant des gens qui n ont pas plus de raison que des enfants eut lieu la confrontation d un medecin et d un cuisinier afin de savoir lequel du medecin ou du cuisinier est competent pour decider quels aliments sont bienfaisants et quels autres sont nocifs le pauvre medecin n aurait plus qu a mourir de faim Cette citation met en lumiere l idee de Platon selon laquelle le peuple ne connait pas son veritable bien il aurait donc besoin d etre gouverne par un expert en politique qui sait ce qui est bon pour lui Cependant la technique en tant que telle est relativement peu developpee par les Grecs anciens Elle ne jouait pas de role determinant Mais par la suite la puissance et la rigueur des mathematiques a toujours joue un role important dans le concept technocratique Francis Bacon 1561 1626 Au XVII e siecle le philosophe Francis Bacon promeut l idee que la connaissance des mecanismes de la nature et des moyens techniques de la maitriser apporte une clarte d esprit et une purete d action benefique au gouvernement Il propose en 1624 dans une utopie La Nouvelle Atlantide un systeme ou un college de savants la maison de Salomon est chargee de conseiller le gouvernement vers une exploitation sage et raisonnee de la nature menant a la richesse et a la puissance de la nation Dans ce systeme la classe de la noblesse est constituee par les savants Ce livre est considere comme le premier paradigme de l utopie scientifique mais dans cette utopie ce ne sont pas encore les scientifiques et les techniciens qui sont directement responsables du gouvernement Saint Simon 1760 1825 Beaucoup de caracteristiques du concept technocratique se retrouvent au debut du XIX e siecle dans l œuvre de l economiste et philosophe francais Claude Henri de Rouvroy de Saint Simon Saint Simon decrit au fil de son œuvre differents systemes pour appliquer a la politique les qualites de rigueur et de fiabilite qu il reconnait a la science et assurer la preeminence de l economique et de l industriel sur le politique En 1802 il propose dans ses Lettres d un habitant de Geneve a ses contemporains la creation d un comite executif europeen compose de douze scientifiques et neuf artistes charges de guider la civilisation vers le progres En 1820 il publie L Organisation dans lequel il fait apparaitre une des premieres organisations qui peut etre qualifiee de purement technocratique un parlement compose de trois chambres une chambre d invention composee d ingenieurs et d artistes une chambre d examen composes de savants et une chambre d execution comprenant des representants de l industrie Ce parlement est pourvu des pouvoirs legislatifs et executifs et a aussi pour objectif de resoudre les problemes sociaux et creer un ordre social rationnel par l application du savoir technique Pour Saint Simon le gouvernement est une administration des choses qui prendrait a tous en fonction de leur capacite et redistribuerait a tous en fonction de leur performance Cette preeminence de la technique et de l industrie sur le politique et le social sera au cœur d une doctrine le saint simonisme qui aura une influence determinante au XIX e siecle et par exemple sur certaines idees developpees par Friedrich Engels et Lenine dont certaines phrases comme la societe est une vaste usine ou une organisation des choses et non des hommes sont tres representatives du saint simonisme L organisation de la future Union des republiques socialistes sovietiques presentera d ailleurs de nombreuses similitudes avec le socialisme centralise technocratique et planifie de Saint Simon Auguste Comte 1798 1857 Le drapeau du Bresil incorporant une devise positiviste Comtienne Ordre et Progres Auguste Comte secretaire particulier et disciple de Saint Simon reprend et developpe cette doctrine dans un sens cependant plus oriente vers l ordre que vers le progres Pour Comte la methode scientifique doit etre etendue au controle de la societe et les regimes politiques doivent etre supplantes par une autorite sociale constituees d administrateurs issus des sciences pures et appliquees A la difference de Saint Simon ces administrateurs incluent des sociologues des ingenieurs sociaux consideres par Comte comme d authentiques scientifiques et techniciens au meme titre que ceux associes a des sciences plus dures Cette vision s integre dans la loi des trois etats enoncee par Comte si cette loi est surtout connue pour son application a la theorie de la connaissance Comte la decline aussi en ce qui concerne l evolution de la societe le premier etat theologique correspond a une societe gouvernee par la force militaire le second etat metaphysique a une societe de lois et de politique et le troisieme etat positif a une societe industrielle et scientifique Afin de faciliter l acceptation par la population de ce nouvel ordre social rationnel Comte envisage la creation d une veritable eglise laique chargee de promouvoir les valeurs de la science et du positivisme en une sorte de catechisme positiviste L eglise positiviste n a jamais rencontre le succes sauf brievement au Bresil ou un temple positiviste a ete construit en 1881 par le philosophe bresilien pt et le philosophe et mathematicien en La devise nationale du Bresil Ordre et Progres est issue de ces tentatives d evangelisation comtienne En France il subsiste un temple positiviste le Temple de l Humanite La technocratie au XX e siecle jusqu a la Seconde Guerre mondialeAux Etats Unis Article detaille Mouvement technocratique Thorstein Veblen 1857 1929 Le concept de technocratie a connu un essor significatif aux Etats Unis dans les premieres decennies du XX e siecle C est l economiste Thorstein Veblen qui a donne l elan d un mouvement technocratique qui allait connaitre un developpement rapide et une chute non moins brutale Son œuvre consiste en une etude et critique acerbe de la classe des hommes d affaires et des mœurs de consommation de son temps ainsi que de la culture academique Il est connu pour avoir mis en evidence et denonce le concept de consommation ostentatoire associe a l effet Veblen dans son livre The Theory of the Leisure Class 1899 Dans The Engineers and the Price System 1921 et Abstentee Ownership and business enterprise in recent time 1923 il pose les fondements d une societe technocratique Il y oppose l efficacite des ingenieurs et de leurs methodes a l entrepreneur capitaliste preoccupe de speculation et guide par le profit venant ruiner les perspectives prometteuses d une societe fondee sur l industrie et la machine Veblen propose une societe ou le controle de la production est attribue a un corps d ingenieurs et de scientifiques qui remplaceraient entierement les entrepreneurs capitalistes Howard Scott en 1942 L œuvre de Veblen tombe a point dans une societe qui allait bientot etre ruinee par la Grande Depression des annees 1930 dans laquelle la speculation a joue un role majeur C est au sein de ces bouleversements que Howard Scott ingenieur autoproclame reprend et developpe l œuvre de Veblen Apres avoir fonde en 1919 inspire notamment par les idees de Veblen et d Edward Bellamy un mouvement nomme Technical Alliance Scott se fait connaitre en 1932 en organisant une etude l Energy Survey of North America visant a quantifier l evolution et les rendements de l industrie americaine depuis un siecle et en extrapoler les tendances non pas en unite monetaire de valeur mais en unite d energie De cette etude Scott tire la conclusion que le systeme industriel economique et social existant se dirige inexorablement vers un effondrement total De plus les chiffres de cette etude montrent selon lui que seules 660 heures de travail par an et par citoyen seraient necessaires pour fournir un meilleur revenu moyen a tous si les produits du travail etaient equitablement repartis Cette etude provoque un interet considerable des medias et du grand public Scott se retrouve bientot a la tete d un veritable mouvement technocratique qui acquiert une notoriete et une audience tres importante dans la societe americaine en 1932 et 1933 Le plan d organisation de la societe nomme par Scott lui meme Technocracy etait le suivant Organisation de toutes les industries en un petit nombre d unites nationalisees administrees par des experts techniques selectionnes dans le rang des unites concernees Les revenus et les biens et services sont echanges par un systeme non monetaire fonde sur une unite objective d energie qui permet de comptabiliser et de gerer la production selon des lois rationnelles et scientifiques Le systeme prix qui fixe arbitrairement une valeur aux biens et services en fonction de l offre et de la demande est supprime Pour lutter contre la sous consommation consideree comme une des causes de la Grande Depression un credit social est distribue a tous les citoyens de la societe chaque adulte recevant une part egale et equitable Cette part est calculee en divisant les capacites productives de l Etat Technat dans la terminologie Technocratique exprimees en unites d energie desquelles est soustrait le cout des services publics par le nombre de citoyens Pas de gouvernement politique abolition des partis politiques Pas d autres personnages officiels que les dirigeants techniques des unites productives et redistributives Pancarte de Technocracy Inc dans les annees 1930 Debut 1933 en reponse a la notoriete et aux controverses croissantes engendrees par son mouvement Scott se voit attribuer une tribune a la radio qualifiee comme etant la plus importante jamais attribuee a un orateur en Amerique qui fut selon tous les comptes rendus un desastre total Le mouvement technocratique se scinde alors en deux organisations concurrentes Technocracy Inc menee par Howard Scott et Continental Comitee for Technocracy CCT mene par deux dissidents en et Felix Frazer Bien que l interet du grand public et des medias pour le mouvement technocratique se soit brusquement effondre a cette date le CCT connait un certain succes comptant jusqu a 25 000 adherents jusqu en 1936 ou il disparait completement faute de capacite organisationnelle de ses deux dirigeants Technocracy Inc reussit a mieux s organiser et progresse jusqu au debut des annees 1940 comptant probablement jusqu a 20 000 adherents avec au total environ 40 000 personnes ayant adhere au mouvement a un moment ou a un autre Apres cette date le mouvement decline irresistiblement mais subsiste toujours de nos jours Cependant les idees technocratiques s etaient largement diffusees dans la societe americaine et on retrouve un certain nombre de composantes technocratiques dans la politique de New Deal menee par Roosevelt de 1933 a 1938 En France et en Europe En France c est au sortir de la Premiere Guerre mondiale que commence a se developper une volonte non seulement d organiser l economie par des procedures rationnelles mais aussi de fonder un nouvel ordre social promouvant la science et la technique ou le contrat social serait fonde sur le partage des richesses produites par l accroissement de productivite Tel est le fond du rapport monumental d Etienne Clementel remis a Georges Clemenceau en 1919 qui est considere comme un acte fondateur de la technocratie en France Mais c est davantage dans les annees 1930 comme aux Etats Unis que l on constate l essor de l ideologie technocratique qui fait reellement partie selon Jean Touchard de l esprit des annees 1930 En 1925 on peut noter la fondation du Redressement francais par Ernest Mercier qualifie de technocratique par Emmanuel Beau de Lomenie de par notamment son antiparlementarisme et elitisme Mais c est essentiellement sous une forme planiste que se manifestent ces idees avec le groupe du 9 juillet auteur en 1934 d un des plans les plus celebres de l epoque et surtout le groupe X Crise fonde en 1931 qui peut etre considere comme l une des principales expressions de la technocratie en France Ses fondateurs un groupe de polytechniciens mene notamment par Jean Coutrot veulent analyser les problemes poses par la Grande Depression en mettant en valeur les avantages de rapidite et de precision dans la discussion que procure une formation commune Ces groupes promeuvent l abandon du liberalisme economique et le developpement de modeles macroeconomiques et de l econometrie pour substituer une economie consciente a une economie aveugle et permettre a l Etat de planifier et organiser ses interventions Comme les autres mouvements technocratiques ils critiquent les ideologies qui sous tendent les decisions politiques et veulent une reflexion raisonnee scientifique et ouverte a tous les courants politiques Le groupe X Crise tente egalement de reflechir sur les fondements sociaux de la societe et oriente sa reflexion vers une demarche se voulant humaniste ou les aspects techniques sont au service du progres social Le groupe X Crise a une influence importante sur l organisation de l Etat notamment pendant la periode du Front populaire et du regime de Vichy ou des membres de X Crise ont collabore avec le gouvernement ou ont ete ministre comme Charles Spinasse dans le gouvernement Leon Blum Le developpement de la comptabilite nationale et des normes comptables la creation du commissariat au plan ou la conversion des experts de l Etat a la macroeconomie procedent de leurs actions politiques durant ces periodes Dans l Espagne franquiste les tecnocratas etaient un groupe d hommes politiques lies a l Opus Dei qui lancerent une reconversion a l economie espagnole a partir de la situation d autarcie laissee par les phalangistes Ils sortirent l Espagne de son isolement en l attelant au systeme capitaliste d Europe occidentale et en amorcant le miracle economique espagnol En URSS En URSS a partir de 1928 l economie du pays presente de fortes composantes technocratiques En effet a partir de cette date et jusqu en 1991 l economie de l union va etre planifiee et centralisee par des hommes experts dans differents domaines Le Conseil des ministres definissait des objectifs economiques larges l administration donnait des chiffres sur les resultats et la situation economique et le Gosplan donnait des objectifs plus precis On aboutissait ainsi a un plan quinquennal c est a dire a la fixation d objectifs de production minimum distribues a chacun des secteurs economiques concernes et ce pendant cinq ans Cet ideal de planification centralisee presente des similitudes avec les visions de Saint Simon Une ideologie technocratique assez forte peut egalement etre decelee dans la rhetorique staliniste d industrialisation forcee La technocratie dans la societe contemporaineLes modeles de societe technocratiques ou les experts guides par des modeles scientifiques de production et de societe sont directement au pouvoir n ont jamais ete veritablement appliques En revanche la science et la technologie prenant une place de plus en plus importante dans les societes developpees il existe forcement des articulations et des rapports de force tacites ou non entre les scientifiques et experts techniques et les hommes politiques au pouvoir John G Gunnel distingue trois composantes a ces rapports de force Les decisions politiques necessitent de plus en plus d expertise technique et les hommes politiques ont en consequence tendance a graviter autour d elites scientifiques et techniques a l influence notable La technologie et l industrie deviennent des entites autonomes qui ont tendance a echapper au pouvoir des hommes politiques notions de complexe militaro industriel ou de technostructure par exemple La science et la technologie peuvent constituer une ideologie en soi qui peut ainsi posseder une action sur la societe sur le plan collectif et sociologique scientisme ou societe post industrielle par exemple C est notamment la forme post industrielle des societes contemporaines axees davantage sur l economie de l information des services et de la finance que sur la production materielle qui implique l emergence de ces nouveaux rapports Daniel Bell dans son ouvrage The Coming of Post industrial society 1976 insiste sur l emergence d une classe professionnelle technique eduquee venant peu a peu remplacer la classe ouvriere et accedant aux postes de decision et de pouvoir par leurs competences techniques et pouvant influencer profondement la structure de la societe De meme que le stade pre industriel fonde sur le travail humain a mene a une societe de paysans et une societe feodale que le stade industriel fonde sur les machines et le travail humain a mene a une classe ouvriere et a une societe capitaliste le stade post industriel fonde sur l information et la connaissance peut mener a une classe d ingenieurs de techniciens et de specialistes et a une societe ayant de fortes composantes technocratiques Emplacement de la technostructure dans les schemas d organisation selon Henry Mintzberg On retrouve des considerations similaires dans l œuvre de John Kenneth Galbraith qui met l accent sur l emergence d organisations au sein des entreprises ou des etats composee de personnes ayant les competences techniques l experience ou autres talents necessaires aux exigences de planification et de decision dans l industrie moderne ce qu il appelle la technostructure Le schema d organisation ci contre se retrouve aussi bien dans les grandes entreprises dans l armee ou dans l administration publique L articulation entre les elites scientifiques et techniques et le pouvoir ou le management semble avoir trouve une structure naturelle et universelle dans les organisations contemporaines Cependant une des consequences politique majeure de la technostructure selon Galbraith est que le systeme industriel et l Etat deviennent inextricablement lies et interdependants et qu il n y a plus de frontiere nette entre le public et le prive car dans le cas de l administration publique une partie de la technostructure peut provenir de l industrie et du prive La technostructure meme dans les plus grandes organisations a tendance a etre d une taille assez restreinte en tout cas pour un domaine determine Cela amene a s interroger sur le pouvoir ou l influence reelle que peut avoir un faible nombre de personnes sur des decisions politiques majeures en eventuelle contradiction avec les grands principes d une democratie Charles Percy Snow note que une des caracteristiques les plus singulieres de toute societe industriellement avancee est que certains choix cardinaux ne dependent que d une poignee d hommes en estime qu il apparait un domaine scientifique qui remet en cause l ancienne notion stipulant que en matiere de politique publique les scientifiques doivent etre diriges par les objectifs definis par les politiques Cependant Price estime egalement que le systeme fonctionne en definitive correctement par un consensus societal stipulant que politiques et scientifiques doivent rester dans leurs domaines respectifs avec la possibilite de s evaluer et se critiquer mutuellement De meme Daniel Bell ne percoit pas une reelle menace de domination des politiques par une elite scientifique arguant du fait que quel que soit le processus de decision technique mis en place les ultimes arbitrages prennent toujours une forme politique et que le pouvoir reste aux mains des politiciens En Chine post maoiste Selon Jungwon Yoon la Chine post maoiste est gouvernee depuis l evolution majeure des elites chinoises instauree par Deng Xiaoping au debut des annees 1980 par trois generations de gouvernement a forte tendance technocratique Ces gouvernements sont de plus en plus constitues de politiciens ayant une formation poussee en ingenierie et en sciences poussant a une modernisation et une industrialisation rationnelle du pays Les instances politiques dirigeantes les plus puissantes du pays comme le politburo ou le comite central possedent un fort taux de diplomes superieur en ingenierie ou en sciences plus de 50 pour le comite central et la quasi totalite des nouveaux entrants au politburo Toutefois la technocratie a la chinoise a l orientale presque doit etre selon Yoon distinguee de la technocratie occidentale ou la technocratie a trouve son berceau la technocratie occidentale est plus orientee vers des solutions techniques tandis que la technocratie chinoise est orientee vers le developpement economique et une rationalisation et une optimisation de celui ci De plus certains commentateurs contestent l existence d une authentique technocratie en Chine car les instances dirigeantes sont avant tout des politiciens ayant une formation d ingenieur et non des experts techniques purs Points de vue en lien avec la technique Au milieu du XX e siecle Jacques Ellul estime que la technocratie n est qu un aspect parmi d autres d une ideologie nouvelle la technique qui faconne toutes les autres en premier lieu le socialisme et le capitalisme Il estime que la technique est une ideologie du fait que la preoccupation de l immense majorite des hommes de notre temps est de rechercher en toutes choses la methode absolument la plus efficace En 1977 il precise toutefois que la majorite des critiques a l endroit de la technocratie doivent etre nuancees La technique est un facteur autonome et determinant Or cela ne peut s effectuer qu au travers d une couche sociale qui tend a devenir caste ou classe les technocrates qui agissent par voie organisationnelle donc il faut parler de societe technocratique et bureaucratique Et l on part aussitot en guerre contre la technocratie Voila qui est un peu artificiel Dire que la technique ne fonctionne qu au travers d une classe c est ne pas voir que precisement chacun participe a tous les niveaux au systeme technicien Pour negliger un tel fait il faut vouloir appliquer a toute force les categories d interpretation marxiste Il faut ne pas voir que la croissance du systeme technique dissout les classes Le pape Francois dans son encyclique Laudato si 2015 estime que la tendance pas toujours consciente a faire de la methodologie et des objectifs de la techno science un paradigme de comprehension qui conditionne la vie des personnes et le fonctionnement de la societe est a l origine d un grand nombre de difficultes du monde actuel Car d apres lui l idee d une croissance infinie ou illimitee est issue de la vision technicienne de la nature et elle suppose le mensonge de la disponibilite infinie des biens de la planete qui conduit a la presser jusqu aux limites et meme au dela des limites Francois va meme jusqu a accuser le paradigme technocratique de domination tyrannique paradigme qu il est presque impossible d utiliser sans etre domine par son pouvoir et sa logique L emprise de la technocratie s etend d apres Francois jusqu a l economie et la politique le developpement des technologies n est guide que par le profit et les finances etouffent l economie reelle Le pape estime que les racines les plus profondes des dereglements actuels sont liees a l orientation la fin et le contexte social de la croissance technologique et economique Suites de la crise de la dette dans la zone euroAvec la crise de la dette dans la zone euro certains Etats europeens appellent a leur tete des techniciens plus que des hommes politiques pour gerer la crise Les profils et les politiques engagees par Mario Monti ou Loukas Papadimos sont qualifies de technocratiques par les observateurs Technocratie en entrepriseDans le monde de l entreprise une organisation technocratique est une organisation qui met l expertise des ingenieurs au cœur de son systeme de decision C est avec une mise en cause de la technocratie ref souhaitee au pouvoir dans la multinationale General Electric que Jack Welch nouveau PDG en 1981 amorca une nouvelle ere qui a fait depuis ecole en matiere de gestion d entreprise ref souhaitee BibliographieApres 2000 La technocratie en France Une nouvelle classe dirigeante de Isabelle Grand Salvador Juan et Julien Vignet dir GURVITCH Le bord de l eau 2015 Capitalisme ou technocratie Sociologie des transformations sociales et politiques contemporaines Le Roulley et Uhel dir GURVITCH L Harmattan 2019 Marianne Fischman et Emeric Lendjel De X Crise 1931 1939 a X Sursaut 2005 L apport des Polytechniciens a la reflexion sur le role de l Etat dans la vie economique 2008 lire en ligne PDF p 2 p 3 p 10 a et b p 20 Formation d une technocratie L Ecole polytechnique et ses eleves de Bruno Belhoste Belin 2003 Les commissaires europeens Technocrates diplomates ou politiques de Jean Joana et Andy Smith Presses de Sciences Po 2002 La question technocratique De l invention d une figure aux transformations de l action publique de Vincent Dubois et Delphine Dulong P U S 2000 L ere des technocrates de Jean Claude Thoenig L Harmattan 2000 Avant 2000 Coup de gueule contre la technocratie Les cannibales de l Etat de Marie Noelle Lienemann Ramsey 1995 Le Paradoxe des technocrates Georges Elgozy Denoel 1981 La fin des technocrates de Luc Rouban Sciences Po 1998 Technocrates et technocratie en France 1918 1945 de Gerard Brun Albatros 1985 Les technocrates les elus et les autres de Jean Hussonnois Entente 1978 Le systeme technicien de Jacques Ellul Calmann Levy 1977 3e edition Le Cherche midi 2012 Technocratie et democratie de Raymond Boisde Plon 1964 Jean Meynaud La technocratie Mythe ou realite Payot 1964 lire en ligne p 229 p 239 p 66 p 214 a et b p 215 p 218 p 222 p 223 a b et c p 224 La technocratie et les libertes du Club Jean Louis Richard 1963 Technique developpement economique et technocratie de Henri Janne Universite libre de Bruxelles 1963 La dictature qui vient la technocratie de Jean Bourdier Presses continentales 1959 La technocratie nouveau pouvoir de Jean Louis Cottier Editions du Cerf 1959 Industrialisation et technocratie de Georges Gurvitch dir Armand Colin 1949 La technocratie de Joseph Le Breton de la Perriere Faculte de droit de Paris 1934 En anglais en Val Dusek Philosophy of Technology An Introduction Blackwell Publishing 2006 p 38 p 51 p 39 p 41 p 43 a et b p 44 a et b p 46 a et b p 45 a et b p 47 a et b p 48 p 49 p 50 en John G Gunnel The Technocratic Image and the Theory of Technocracy Johns Hopkins University Press 1982 lire en ligne PDF a et b p 393 a b c d et e p 394 p 397 p 400 a et b p 401 a et b p 398 en David Adair The Technocrats 1919 1967 a case study of conflict and change in a social movement These universitaire Simon Fraser University 1970 lire en ligne PDF a et b p 16 a et b p 36 en Henry Elsner The Technocrats Prophets of Automation Syracuse University Press 1967 p 2 p 121 p 130 p 56 p 69 p 75 p 88 en Jungwon Yoon The Technocratic Trend and Its Implication in China 2007 lire en ligne PDF p 1 p 15 p 4 p 17 en Frank Fischer Technocracy and Politics of Expertise Sage Publications 1990Notes et referencesParis 1962 en Barry Jones Sleepers Wake Technology and the Future of Work Oxford University Press 1995 4e edition p 214 a b et c en Oxford English Dictionary 3e edition Word from 2e edition 1989 Platon Politique 289c Platon Gorgias GF Flammarion 2007 traduit par Monique Canto Sperber 464d p 164 La Nouvelle Atlantide Payot 1983 Voyage dans la pensee baroque postface par Michele Le Dœuff et Margaret Lasera p 112 Lettres d un habitant de Geneve a ses contemporains sur Gallica en Thorstein Veblen The Theory of the Leisure Class 1899 lire en ligne PDF en Thorstein Veblen The Engineers and the Price System 1921 lire en ligne PDF en Site officiel de Technocracy Inc La voie de la technocratie et de la rationalisation au sortir de la Premiere Guerre mondiale le rapport d Etienne Clementel 1919 Michel Lette HAL SHS 1er decembre 2010 PDF E Beau de Lomenie Les responsabilites des dynasties bourgeoises Tome IV Paris 1963 pp 190 194 a et b Olivier Dard L Etat et l economie en France au XX e siecle Ceras Plan du 9 juillet 1934 Gallimard preface de Jules Romains 1934 p 44 Oussama Ouriemmi L histoire de la normalisation comptable en France 1936 1944 CEREGE 2007 lire en ligne PDF en K E Bailes Technology and Society under Lenin and Stalin Origins of the Soviet Technical Intelligentsia 1917 1941 Princeton University Press 1978 en John Kenneth Galbraith The New Industrial State 1967 p 59 en C P Snow Science and Government Cambridge 1961 a et b en Don K Price The Scientific Estate Cambridge 1965 en Daniel Bell The coming of Post industrial Society New York 1976 en Li Cheng et Lynn White The Fifteenth Central Committee of the Chinese Communist Party Full Fledged Technocratic Leadership with Partial Control by Jiang Zemin Asian Survey 38 3 1998 Jacques Ellul La technique ou l enjeu du siecle Armand Colin 1954 3e edition Economica 2008 p 292 293 Ibid p 18 19 Jacques Ellul Le systeme technicien 1977 deuxieme edition Le cherche midi 2004 p 25 Francois Loue sois tu Laudato si Encyclique Montrouge Paris Cerf coll Docs Eglises juin 2015 120 p ISBN 978 2 204 10287 2 lire en ligne Francois 2015 106 107 Francois 2015 108 109 Courrier International ou Financial TimesAnnexesSur les autres projets Wikimedia technocratie sur le Wiktionnaire Articles connexes Bureaucratie Meritocratie Epistocratie Mouvement technocratique Positivisme Progres technique Scientisme Technique Technostructure Theoriciens Edward Bellamy Howard Scott Thorstein Veblen Liens externes Ressource relative a la recherche JSTOR Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes Britannica Brockhaus Den Store Danske Encyklopaedi Dictionnaire historique de la Suisse Dizionario di Storia Hrvatska Enciklopedija Proleksis enciklopedija Store norske leksikon Treccani Universalis Visuotine lietuviu enciklopedija Notices d autorite BnF donnees LCCN Israel Tchequie Portail de la philosophie Portail de la politique Portail de la sociologie Portail de l economie