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Montesquieu

Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, est un penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières, né le à La Brède (Guyenne, près de Bordeaux) et mort le à Paris.

Fauteuil 2 de l'Académie française | |
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Louis de Sacy Jean-Baptiste Vivien de Châteaubrun | |
Juge |
Baron |
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Naissance | La Brède ![]() |
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Décès | (à 66 ans) Paris ![]() |
Sépulture | Église Saint-Sulpice de Paris |
Nom de naissance | Charles Louis de Secondat |
Formation | Collège de Juilly Lycée Saint-Louis |
Activité | Écrivain Philosophe |
Conjoint | Jeanne de Lartigue |
Enfant | Jean-Baptiste de Secondat |
Membre de | Académie française (- Royal Society () Académie de Stanislas Académie royale des sciences de Prusse Club de l'Entresol |
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Mouvement | Lumières Libéralisme |
Genre artistique | Roman épistolaire Essai |
Distinction | Fauteuil 2 de l'Académie française 1728-1755 |
Lettres persanes (1721) Les considérations (1734)De l'esprit des lois (1748) |

Jeune homme passionné par les sciences, plein d'esprit, Montesquieu publie anonymement les Lettres persanes (1721), un roman épistolaire qui fait la satire amusée de la société française de la Régence, vue par des Persans fictifs. Le roman met en cause les différents systèmes politiques et sociaux, y compris celui des Persans.
Il voyage ensuite en Europe et séjourne plus d'un an en Angleterre où il observe la monarchie constitutionnelle et parlementaire qui a remplacé la monarchie autocratique.
De retour dans son château de La Brède, il se consacre à ses grands ouvrages qui associent histoire et philosophie politique : Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734) et De l'esprit des lois (1748), dans lequel il développe sa réflexion sur la répartition des fonctions de l'État entre ses différentes composantes, appelée postérieurement « principe de séparation des pouvoirs ».
Montesquieu, avec entre autres John Locke, est l'un des penseurs de l'organisation politique et sociale sur lesquels les sociétés modernes et politiquement libérales s'appuient. Ses conceptions — notamment en matière de séparation des pouvoirs — ont contribué à définir le principe des démocraties occidentales.
Biographie
Fils aîné de Jacques de Secondat (1654-1713) et de Marie-Françoise de Pesnel (1665-1696), baronne de La Brède, Montesquieu naît dans une famille de magistrats de bonne noblesse de robe, au château de La Brède (près de Bordeaux, en Gironde), dont il porte d'abord le nom et auquel il reste toujours très attaché. Ses parents lui choisissent un mendiant pour parrain afin qu'il se souvienne toute sa vie que les pauvres sont ses frères.
Il est le neveu de Jean-Baptiste de Secondat, baron de Montesquieu.
Après une scolarité au collège de Juilly et des études de droit, il devient conseiller au parlement de Bordeaux en 1714. Le à Bordeaux, il épouse Jeanne de Lartigue, une protestante issue d'une riche famille et de noblesse récente, originaire de Clairac, qui lui apporte une dot importante, alors que le protestantisme restait interdit en France depuis la révocation de l'édit de Nantes en 1685. C'est en 1716, à la mort de son oncle, que Montesquieu hérite d'une vraie fortune, de la charge de président à mortier du parlement de Bordeaux et du titre de baron de Montesquieu, dont il prend le nom. Délaissant sa charge dès qu'il le peut, il s'intéresse au monde et au plaisir.

À cette époque l'Angleterre s'est constituée en monarchie constitutionnelle à la suite de la Glorieuse Révolution (1688-1689) et s'est unie à l'Écosse en 1707 pour former la Grande-Bretagne. En 1715, le Roi-Soleil s'éteint après un très long règne, lui succède un monarque plus effacé. Ces transformations nationales influencent grandement Montesquieu ; il s'y réfère souvent.
Comme en témoigne l'Académie de Bordeaux, dont il a assumé les responsabilités de directeur en 1718, 1726, 1735 et 1748 : « Également propre à tous les genres, aux tableaux gracieux autant qu'aux compositions sérieuses, aux sciences naturelles autant qu'aux recherches historiques, Montesquieu, dès 1716, fonda un prix d'anatomie à l'Académie de Bordeaux ; en 1721, il lut un Mémoire contenant des observations faites au microscope sur des insectes, le gui de chêne, les grenouilles, la mousse des arbres, et des expériences sur la respiration des animaux plongés sous l'eau ; en 1723, une dissertation sur le mouvement relatif, et une réfutation du mouvement absolu ; en 1731, un Mémoire sur les mines d'Allemagne, et sur les intempéries de la campagne de Rome. L'Académie, si occupée dans cette période des questions d'anatomie et de physiologie, trouvait en Montesquieu un de ses auditeurs et de ses coopérateurs les plus assidus ».
Il se passionne pour les sciences et mène des expériences scientifiques (anatomie, botanique, physique, etc.). Il écrit, à ce sujet, trois communications scientifiques qui donnent la mesure de la diversité de son talent et de sa curiosité : Les causes de l'écho, Les glandes rénales et La cause de la pesanteur des corps. Il est reçu dans les salons littéraires de la duchesse du Maine, au château de Sceaux et aux fêtes des Grandes Nuits de Sceaux dans le cercle des chevaliers de la Mouche à Miel.
Puis il oriente sa curiosité vers la politique et l'analyse de la société à travers la littérature et la philosophie. Dans les Lettres persanes, qu'il publie anonymement (bien que personne ne s'y trompe) en à Amsterdam, il dépeint admirablement, sur un ton humoristique et satirique, la société française à travers le regard de visiteurs persans. Cette œuvre connaît un succès considérable : le côté exotique, parfois érotique, la veine satirique mais sur un ton spirituel et amusé sur lesquels joue Montesquieu, plaisent.
Le , un arrêt du parlement de Bordeaux, signé de la main même de Montesquieu, exige que soit respecté un arrêt du du même Parlement de Bordeaux, cet arrêt visait à mettre fin à la ségrégation et aux brimades dont est alors victime une partie de la population du Sud-Ouest, les charpentiers (les cagots ou gahets).
En , Montesquieu vend sa charge pour payer ses dettes, tout en préservant prudemment les droits de ses héritiers sur celle-ci. Après son élection à l'Académie française (1728), il réalise une série de longs voyages à travers l'Europe, lors desquels il se rend en Autriche, en Hongrie, en Italie (), en Allemagne (), en Hollande et en Angleterre (1729-1731), où il séjourne plus d'un an. Lors de ces voyages, il observe attentivement la géographie, l'économie, la politique et les mœurs des pays qu'il visite. Il est initié à la franc-maçonnerie au sein de la loge londonienne Horn (le Cor) le . Pour son appartenance à la franc-maçonnerie, Montesquieu sera inquiété par l'intendant de Guyenne Claude Boucher et le cardinal de Fleury en 1737. Il continue néanmoins à fréquenter les loges bordelaises et parisiennes (dont John Theophilus Desaguliers).
De retour au château de La Brède, en , il publie les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence. Ce monument dense, couronnement de ses années de voyages qui l'ont initié à la diplomatie et à la politique, qui a eu une influence certaine sur Decline and fall of the Roman Empire d'Edward Gibbon, est surtout une œuvre politique. Montesquieu explique lui-même dans une préface (non publiée de son vivant) qu'il a voulu expliquer le changement de régime, de la république à l'empire, puis qu'il est remonté de proche en proche pour en chercher les causes. Il étend sa réflexion jusqu'à la fin de l'Empire romain d'Orient, autrement dit jusqu'à la chute de Constantinople (1453). La matière historique alimente surtout une réflexion politique, qui multiplie les références et les allusions à l'histoire moderne et surtout récente, voire contemporaine.
Il travaille ensuite plusieurs années, accumulant notes et réflexions ; vers 1739, il commence son maître-livre, De l'esprit des lois. D'abord publié anonymement en 1748, le livre acquiert rapidement une influence majeure. L'ouvrage, qui rencontre un énorme succès, établit les principes fondamentaux des sciences économiques et sociales et concentre toute la substance de la pensée libérale. Il est cependant critiqué et attaqué, notamment par les jansénistes, ce qui conduit son auteur à publier en 1750 la Défense de l'Esprit des lois. Il devient membre de l'Académie de Stanislas en .
L'Église catholique romaine interdit le livre — de même que de nombreux autres ouvrages de Montesquieu — en 1751 et l'inscrit à l'Index tout comme l'avaient été Machiavel, Montaigne et Descartes. On lui reproche notamment d'avoir fait primer des facteurs physiques et sociaux sur la religion. L'expression d' « esprit des lois » laisse entendre qu'il y a une rationalité immanente aux institutions humaines. Tout s'explique, rien n'est par conséquent complètement absurde ou scandaleux : institutions et religions relèvent du même déterminisme géographique ou climatique, perdent tout privilège de statut et cessent d’être absolues.
Dès la publication de ce monument, Montesquieu est entouré d'un véritable culte. À travers l'Europe, et particulièrement en Grande-Bretagne, De l'esprit des lois est couvert d'éloges. En 1754, il publie Lysimaque, essai politique qui est sa dernière œuvre, alors qu'il continue à travailler beaucoup, revoyant et corrigeant ses œuvres (notamment les Lettres persanes et L'Esprit des lois dont une édition posthume sera publiée en 1758, dans ses Œuvres en trois tomes). Il ne finit jamais l'article qu'il avait proposé à D'Alembert pour l'Encyclopédie (alors que cet article avait déjà été dévolu à Voltaire, qui fournit le sien) : l'article « Goût » n'est qu'une ébauche à partir de documents anciens ; il trouve place néanmoins au tome VII (1757).
Montesquieu souffrait d'une vue déficiente, qui serait l'une des causes de l'abandon de sa charge de Président à mortier au Parlement de Bordeaux en 1748 après un diagnostic de cataracte. Sa cécité souvent présumée, ne semble pas avoir eu de conséquences pour son œuvre.
C'est le qu'il meurt d'une « fièvre chaude » (fièvre ardente). Il est inhumé le dans la chapelle Sainte-Geneviève de l'église Saint-Sulpice à Paris.
Philosophie
Les principes
Dans cette œuvre capitale, qui rencontra un énorme succès, Montesquieu tente de dégager les principes fondamentaux et la logique des différentes institutions politiques par l'étude des lois considérées comme simples rapports entre les réalités sociales. Cependant après sa mort, ses idées furent souvent radicalisées et les principes de son gouvernement monarchique furent interprétés de façon détournée. Ce n'est qu'au moment de la Révolution française que les révolutionnaires monarchiens tenteront vainement de les faire adopter par l'Assemblée constituante pour contrer l'abbé Sieyès, partisan de la rupture avec tout héritage et tout modèle.
Son œuvre, qui inspira les auteurs de la constitution de 1791, mais également des constitutions suivantes, est à l'origine du principe de distinction des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, base de toute république.
Il est aussi considéré comme l'un des pères de la sociologie, notamment par Raymond Aron.
Cependant, malgré l'immensité de son apport à la théorie moderne de la démocratie parlementaire et du libéralisme, il est nécessaire de replacer un certain nombre de ses idées dans le contexte de son œuvre, De l'esprit des lois :
- Il n'a pas eu de réflexion réellement poussée sur le rôle central du pouvoir judiciaire ;
- Il n'a jamais parlé d'une doctrine des droits de l'homme ;
- La réflexion sur la liberté a moins d'importance à ses yeux que celle sur les règles formelles qui lui permettent de s'exercer.
La distribution des pouvoirs
Selon Pierre Manent, il n'y a principalement chez Montesquieu que deux pouvoirs : l'exécutif et le législatif, qu'un jeu institutionnel doit mutuellement restreindre. Le principal danger pour la liberté viendrait du législatif, plus susceptible d'accroître son pouvoir. Les deux pouvoirs sont soutenus par deux partis qui, ne pouvant ainsi mécaniquement pas prendre l'avantage l'un sur l'autre, s'équilibrent mutuellement. Il s'agit selon Manent de « séparer la volonté de ce qu'elle veut » et ainsi, c'est le compromis qui gouverne, rendant les citoyens d'autant plus libres.
Les régimes politiques
Montesquieu s'appuie sur l'importance de la représentation. Les corps intermédiaires sont les garants de la liberté — la Révolution française montrera toute son ambiguïté quand elle supprimera les corporations, défendant à la fois la liberté du travail et dissipant les corps intermédiaires, laissant l'individu seul face à l'État — et le peuple doit pouvoir simplement élire des dirigeants.
Montesquieu distingue alors trois formes de gouvernement — dans les deux premiers, la transparence est indispensable —, chaque type étant défini d'après ce que Montesquieu appelle le « principe » du gouvernement, c'est-à-dire le sentiment commun qui anime les hommes vivant sous un tel régime :
- la monarchie, « où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies », fondée sur l'ambition, le désir de distinction, la noblesse, la franchise et la politesse ; le principe en est l'honneur ;
- la république, « où le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la souveraine puissance », comprenant deux types :
- la démocratie, régime libre où le peuple est souverain et sujet. Les représentants sont tirés au sort parmi les citoyens qui sont tous égaux. Elle repose sur le principe de vertu (dévouement, patriotisme, comportements moraux et austérité traditionaliste, liberté, amour des lois et de l'égalité). Montesquieu voit ce système comme plus adapté aux communautés de petite taille ;
- l'aristocratie, régime où un type de personnes est favorisé à travers les élections. Repose sur le principe de modération (fondée sur la vertu et non sur une « lâcheté ou paresse de l'âme ») pour éviter le glissement à la monarchie ou le despotisme. La vertu y est utile mais non nécessaire.
- et le despotisme, régime d'asservissement où « un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices » dirigé par un dictateur ne se soumettant pas aux lois, qui repose sur la crainte.
Selon le jugement actuel, il est surprenant de constater que, pour Montesquieu, la monarchie permet plus de liberté que la république puisqu'en monarchie il est permis de faire tout ce que les lois n'interdisent pas alors qu'en république la morale et le dévouement contraignent les individus.
Les régimes libres dépendent de fragiles arrangements institutionnels. Montesquieu affecte quatre chapitres De l'esprit des lois à la discussion du cas anglais, un régime libre contemporain dans lequel la liberté est assurée par la balance des pouvoirs. Montesquieu s'inquiétait que, en France, les pouvoirs intermédiaires comme la noblesse s'érodaient, alors qu'à ses yeux ils permettaient de modérer le pouvoir du prince[réf. nécessaire].
Comme nombre de ses contemporains, Montesquieu tenait pour évidentes certaines opinions qui prêteraient aujourd'hui à controverse. Alors qu'il défendait l'idée qu'une femme pouvait gouverner, il tenait en revanche qu'elle ne pouvait être à la tête de la famille. Il acceptait fermement le rôle d'une aristocratie héréditaire et de la primogéniture, qui permet de conserver les patrimoines[réf. nécessaire].
Alors que, selon Thomas Hobbes, l'homme a pour passion naturelle la quête de pouvoir, Montesquieu ne voit de danger que dans « l'abus du pouvoir », considérant que celui qui dispose d'un pouvoir est naturellement porté à en abuser. Il convient dès lors d'organiser les institutions, notamment en instaurant une séparation des pouvoirs : « pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
Influences sur Catherine II
Montesquieu influença particulièrement Catherine II de Russie qui prétend avoir puisé abondamment dans De l'esprit des lois pour rédiger le Nakaz, un ensemble de principes. Elle avoua à d'Alembert qui le rapporta : « pour l'utilité de mon empire, j'ai pillé le livre de Montesquieu sans le nommer. J'espère que si, de l'autre monde, il me voit travailler, il me pardonnera ce plagiat, pour le bien de vingt millions d'hommes. Il aimait trop l'humanité pour s'en formaliser. Son livre est mon bréviaire ». L'impératrice reprit de lui le principe de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire et condamna le servage à défaut de l'abolir, mais au cours de son règne, les conditions faites aux serfs furent plutôt aggravées.
La théorie des climats
Une des idées de Montesquieu, soulignée dans De l'esprit des lois et esquissée dans les Lettres persanes, est la théorie des climats, selon laquelle le climat pourrait influencer substantiellement la nature de l'homme et de sa société. Il va jusqu'à affirmer que certains climats sont supérieurs à d'autres, le climat tempéré de France étant l'idéal. Il soutient que les peuples vivant dans les pays chauds ont tendance à s'énerver alors que ceux dans les pays du nord sont rigides. Montesquieu fut là influencé par La Germanie de Tacite, un de ses auteurs favoris. Si cette idée peut sembler aujourd'hui relativement absurde, elle témoigne néanmoins d'un relativisme inédit à l'époque en matière de philosophie politique. Elle inaugure dans ce domaine une nouvelle approche du fait politique, plus scientifique que dogmatique, et s'inscrit ainsi comme point de départ des sciences sociales modernes.
De l'esprit des lois (1748)
« Les peuples des pays chauds sont timides comme les vieillards le sont ; ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens. […] nous sentons bien que les peuples du nord, transportés dans les pays du midi, n'y ont pas fait d'aussi belles actions que leurs compatriotes qui, combattant dans leur propre climat, y jouissent de tout leur courage. […] Vous trouverez dans les climats du nord des peuples qui ont peu de vices, assez de vertus, beaucoup de sincérité et de franchise. Approchez des pays du midi vous croirez vous éloigner de la morale même ; des passions plus vives multiplient les crimes […] La chaleur du climat peut être si excessive que le corps y sera absolument sans force. Pour lors l'abattement passera à l'esprit même : aucune curiosité, aucune noble entreprise, aucun sentiment généreux ; les inclinations y seront toutes passives ; la paresse y sera le bonheur. »
« La plupart des peuples des côtes de l'Afrique sont sauvages ou barbares. Je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays presque inhabitables séparent de petits pays qui peuvent être habités. Ils sont sans industrie ; ils n'ont point d'arts ; ils ont en abondance des métaux précieux qu'ils tiennent immédiatement des mains de la nature. Tous les peuples policés sont donc en état de négocier avec eux avec avantage ; ils peuvent leur faire estimer beaucoup des choses de nulle valeur, et en recevoir un très grand prix. »
L'esclavage dans L'Esprit des lois
« L'histoire des idées, comme l'écrit Céline Spector, a retenu en Montesquieu la figure de l'un des premiers philosophes anti-esclavagistes » sinon le premier. Certains même de soutenir que Montesquieu aurait « puissamment contribué à modifier les idées morales des générations postérieures ». Ainsi, L'Esprit des lois aurait « inauguré cette évolution de l'opinion publique qui, cent ans plus tard, amènera l'abolition de l'esclavage dans toutes les possessions de la France ». Mais pour Jean Ehrard, la « position de Montesquieu », loin de présenter ce saut qualitatif, manifesterait, tout au contraire, une évidente « timidité » : ses « conclusions pratiques » n'iraient pas au-delà d'une « condamnation de principe ». Et cette position de principe qui serait, tout au plus, conforme à « l'air du temps », a été vivement réprouvée par nombre de ses contemporains, à l'exemple de Mirabeau, le révolutionnaire, membre avec Condorcet de la Société des amis des Noirs pour une abolition immédiate de la traite qui condamne Montesquieu : ce « coryphée des Aristocrates » n'aurait jamais employé son « esprit » que « pour justifier ce qui est ». Grouvelle partageait cet avis. Helvétius aussi :
« Vous composez avec le préjugé comme un jeune homme entrant dans le monde en use avec les vieilles femmes qui ont encore des prétentions et auprès desquelles il ne veut qu'être poli et paraître bien élevé. Mais aussi ne les flattez-vous pas trop ? […] Quant aux aristocrates et à nos despotes de tout genre, s'ils vous entendent, ils ne doivent pas trop vous en vouloir ; c’est le reproche que j'ai toujours fait à vos principes. »
En somme, Montesquieu, « robin » de « bonne noblesse bourgeoise », ne ferait, pour Alphonse Dupront, que défendre les intérêts du groupe social auquel il appartient : cette « philosophie française de la science des sociétés humaines » ne serait que le résultat d'une « longue patience bourgeoise » pour asseoir sa souveraineté par une « mise en ordre du divers », c'est-à-dire une recomposition du monde afin de contenir voire étouffer les « fécondités diverses de la singularité ».
De ce point de vue, le parallèle avec la théorie du « premier grand doctrinaire du racisme », le comte de Gobineau, est des plus éloquents. Comme le remarquait Michel Leiris, les « racines économiques et sociales du préjugé de race apparaissent très clairement » chez Gobineau : appartenant à la noblesse, il s'agissait, pour lui, « de défendre l'aristocratie européenne menacée dans ses intérêts de caste par le flot montant des démocrates, et c'est pourquoi il fit des aristocrates les représentants d'une race prétendue supérieure, qu'il qualifia d'aryenne et à laquelle il assigna une mission civilisatrice ». Et l'on trouve, en effet, chez Montesquieu, quand il s'oppose à l'affranchissement des esclaves massivement, cette « haine de la démocratie », comme l'écrit Jacques Rancière, qui appartient à l'une des grandes formes de la critique historique du « fait démocratique » afin de le contenir pour « préserver » le « gouvernement des meilleurs » et défendre « l'ordre propriétaire » :
« Lorsqu'il y a beaucoup d'affranchis, il faut que les lois civiles fixent ce qu'ils doivent à leur patron, ou que le contrat d'affranchissement fixe ces devoirs pour elles. On sent que leur condition doit être plus favorisée dans l'État civil que dans l'État politique, parce que, dans le gouvernement même populaire, la puissance ne doit point tomber entre les mains du bas peuple. »
Cet argument politique qui limite les droits des affranchis en leur imposant des devoirs à l'égard de leur « patron » n'est donc qu'une manière de reconnaître et d'affirmer une autorité qui légitime une violence de fait et une exploitation que Montesquieu justifie, par ailleurs, en louant une justice de « convention réciproque » selon laquelle un homme libre pourrait choisir, « pour son utilité » (L'Esprit des lois, XV, 6), un maître. Selon Montesquieu, cet « esclavage très doux » aurait une « origine juste » et « conforme à la raison ». Sade ne voyait dans cette « convention réciproque » entre maître et esclave soutenue par Montesquieu rien d'autre qu'un « sophisme » :
« Est-il au monde un sophisme plus grand que celui-là ? Jamais la justice ne fut un rapport de convenances existant réellement entre deux choses. »
Condorcet a dénoncé ce « sophisme », pour conclure :
« Un homme a-t-il renoncé à ses droits, sans doute alors il devient esclave ; mais aussi son engagement devient nul par lui-même, comme l'effet d'une folie habituelle ou d'une aliénation d'esprit, causée par la passion ou l'excès du besoin. Ainsi tout homme qui, dans ses conventions, a conservé les droits naturels que nous venons d'exposer, n'est pas esclave, et celui qui y a renoncé, ayant fait un engagement nul, il est aussi en droit de réclamer sa liberté que l'esclave fait par la violence. Il peut rester le débiteur, mais seulement le débiteur libre de son maître. Il n'y a donc aucun cas où l'esclavage même volontaire dans son origine puisse n'être pas contraire au droit naturel. »
Enfin, la servitude, selon Montesquieu, peut s'avérer « nécessaire » pour la prospérité des territoires conquis. C'est sur cet argument économique que Michèle Duchet insiste : si Montesquieu en est resté au « principe » c'est parce que « l'intérêt des colonies exigeait le maintien de l'esclavage » afin de « fournir des hommes pour le travail des mines et des terres » de « nos colonies » si « admirables ». Cette légitimation du « crime », comme l'a écrit Condorcet, pour des intérêts économiques, que l'on peut relever dans de nombreux dictionnaires de l'époque, a été reprise, sous l'autorité de Montesquieu, au sein même d'assemblées coloniales, pour maintenir cette institution oppressive, et vivement dénoncée, notamment par le Chevalier Louis de Jaucourt dans son article sur la "Traite des Nègres", publié dans l'Encyclopédie :
« On dira peut-être qu'elles seraient bientôt ruinées, ces colonies, si l'on y abolissait l'esclavage des nègres. Mais quand cela serait, faut-il conclure de là que le genre humain doit être horriblement lésé, pour nous enrichir ou fournir à notre luxe ? Il est vrai que les bourses des voleurs des grands chemins seraient vides, si le vol était absolument supprimé : mais les hommes ont-ils le droit de s'enrichir par des voies cruelles et criminelles ? Quel droit a un brigand de dévaliser les passants ? À qui est-il permis de devenir opulent, en rendant malheureux ses semblables ? Peut-il être légitime de dépouiller l'espèce humaine de ses droits les plus sacrés, uniquement pour satisfaire son avarice, sa vanité, ou ses passions particulières ? Non… Que les colonies européennes soient donc plutôt détruites, que de faire tant de malheureux ! »
Et Condorcet, lui aussi, a condamné fermement la nécessité et la légitimité de cette « violence » et de cet « avilissement » de l'homme exercés, bien au-delà de « la lutte pour l'existence », par une « minorité » privilégiée pour satisfaire un « nouveau monde de besoins » :
« On prétend qu'il est impossible de cultiver les colonies sans Nègres esclaves. Nous admettrons ici cette allégation, nous supposerons cette impossibilité absolue. Il est clair qu'elle ne peut rendre l'esclavage légitime. En effet, si la nécessité absolue de conserver notre existence peut nous autoriser à blesser le droit d'un autre homme, la violence cesse d'être légitime à l'instant où cette nécessité absolue vient à cesser : or il n'est pas question ici de ce genre de nécessité, mais seulement de la perte de la fortune des colons. Ainsi demander si cet intérêt rend l'esclavage légitime, c'est demander s'il m'est permis de conserver ma fortune par un crime. »
C'est cette justification économique de la servitude qui a fait dire à Diderot que Montesquieu n'avait « pu se résoudre à traiter sérieusement la question de l'esclavage » :
« En effet, c'est dégrader la raison que de l'employer, on ne dira pas à défendre, mais à combattre même un abus si contraire à la raison. Quiconque justifie un si odieux système, mérite du philosophe un silence plein de mépris, & du nègre un coup de poignard. »
Pour comprendre, comme l'écrit Diderot, par quelle « extravagance » Montesquieu parvient à « transformer en un acte d'humanité une si étrange barbarie », il importe de rendre compte de sa progression théorique.
L'institution de l'esclavage est centrale dans l'œuvre majeure de Montesquieu, De l'esprit des lois, puisque quatre Livres lui sont consacrés : les Livres XIV, XV, XVI et XVII examinent, respectivement, les rapports des lois en général, des lois de l'esclavage civil, des lois de l'esclavage domestique et de la servitude politique avec les différents climats. Dans son Éloge de Montesquieu, Marat, grand admirateur de Montesquieu, l'énonce simplement : « La servitude civile ou domestique ne dépend pas moins du climat que la servitude politique ».
Au Livre XV de L'Esprit des lois, Montesquieu réfute d'abord les fausses justifications (ou justifications traditionnelles) du droit d'asservir (XV, 2-5) : servitude contractuelle, droit de conquête, conversion religieuse et coutume. Dans la suite, il n'en détaille pas moins les « raisons naturelles » ou véritables qui fonderaient la servitude (XV, 6-7), avant d'énoncer la nécessité de la limiter (XV, 8-9) et de proposer d'en réguler juridiquement les abus et les dangers (XV, 10-19). Mais jamais il ne condamne l'esclavage universellement et ne propose de l'abolir définitivement. Plusieurs chapitres du Livre XV sont même consacrés aux justifications possibles de la traite (chap. 3 à 5, 9).
C'est avec une « amère ironie » que l'on peut remarquer qu'au Livre XIV, pour fonder sa thèse naturaliste de l'esclavage, Montesquieu a recours au « soleil de la science ». Le « savoir physiologique » qu'il mobilise, inspiré des théories fibrillaire et climatique, doit lui permettre d'établir, dans une perspective qui se veut scientifique, une mise en rapport des passions et des caractères humains avec le climat afin de présenter « combien les hommes sont différents ». C'est à partir de l'examen « au microscope, instrument emblématique de la révolution scientifique des modernes », des « modifications d'une langue de mouton soumise » à des variations de température, que Montesquieu entend « mettre en évidence les variations de la sensibilité selon la température de l'air » :
« J'ai observé le tissu extérieur d’une langue de mouton, dans l'endroit où elle paraît, à la simple vue, couverte de mamelons. J’ai vu avec un microscope, sur ces mamelons, de petits poils ou une espèce de duvet ; entre les mamelons étaient des pyramides, qui formaient par le bout comme de petits pinceaux. Il y a grande apparence que ces pyramides sont le principal organe du goût.
J’ai fait geler la moitié de cette langue, et j'ai trouvé, à la simple vue, les mamelons considérablement diminués ; quelques rangs même de mamelons s'étaient enfoncés dans leur gaine. J’en ai examiné le tissu avec le microscope, je n'ai plus vu de pyramides. À mesure que la langue s'est dégelée, les mamelons, à la simple vue, ont paru se relever ; et, au microscope, les petites houppes ont commencé à reparaître. »
Cette « assise expérimentale », bien fragile pour un savant moderne, lui donne, par extension, une image explicative qui l'autorise à examiner, parmi les « facteurs physiques qui déterminent les organisations » humaines (religieuses, juridiques et politiques), l'influence souveraine exercée par le climat (froid, tempéré et chaud). Marat résume ainsi la thèse naturaliste de Montesquieu : le climat modifierait « le degré de la servitude ou de la liberté des différens peuples de la terre. » Ainsi, dans la « chaleur du climat », « la plupart des châtiments » seraient « moins difficiles à soutenir » et « la servitude moins insupportable que la force d’esprit qui est nécessaire pour se conduire soi-même. » La chaleur énerverait le corps et rendrait les hommes inaptes à tout travail sans crainte du châtiment. L'esclavage, dans les pays au climat ardent, « choque donc moins la raison » (XV, 7). De même, la lâcheté supposée des méridionaux favoriserait la servitude politique et leur sensibilité extrême à la volupté engendrerait la servitude domestique associée à la polygamie ; leur paresse justifierait la servitude civile. Le naturel actif ou passif des hommes donnerait lieu à un caractère libre ou servile (XIV, 2). S'il existe, pour Montesquieu, des esclaves « par nature », c'est donc dans un sens très différent de celui d'Aristote : l'esclave par nature n'est pas l'homme robuste propre aux travaux d'exécution, inapte à la délibération et impropre au commandement, c'est l'homme incapable de travailler, en raison de sa paresse, sans crainte du châtiment. Apparaît ici la raison d'une tolérance à l'égard de l'institution de l'esclavage qui avait pourtant fait l'objet, au début du livre XV, d'une condamnation de principe.
Ainsi, en soumettant l'homme à « l'empire du climat », Montesquieu admet un déterminisme ou une « fatalité aveugle » dont l'origine, toute extérieure à l'homme lui-même, se trouve dans la nature : « Les raisons humaines sont toujours subordonnées à cette cause suprême, qui fait tout ce qu’elle veut, et se sert de tout ce qu'elle veut. »
Mais il y a plus. Comme le relève Céline Spector, au livre XXI, Montesquieu « détourne un argument providentialiste » pour soutenir que, par une sorte de « mécanisme régulateur » des ressources naturelles et humaines, le sort des hommes sur la terre s'équilibrerait naturellement : si au Sud les besoins sont moindres, les commodités sont nombreuses ; inversement, si au Nord les besoins sont nombreux, les ressources sont moindres ; « l'équilibre, selon Montesquieu, se maintient par la paresse [que la nature] a donnée aux nations du midi, et par l'industrie et l'activité qu’elle a données à celles du nord » (XXI, 3). Le « besoin de liberté » serait donc proportionnel au besoin des richesses et les peuples du midi seraient « dans un état violent » s'ils n'étaient pas esclaves. La « servitude coloniale » est, de fait, naturalisée et légitimée, « sans autre forme de procès ».
Si Montesquieu récuse le naturalisme d'Aristote (XV, 7) pour lui substituer une autre causalité elle-même naturaliste, on n'en retrouve pas moins chez l'un comme chez l'autre, comme l'écrit Bruno Guigue, la « même structure » qui organise la « répartition spatiale » entre « liberté » et « servitude », la « même dissymétrie » dans les « régimes politiques », le « même dualisme qui exclut l'oppression chez nous et la justifie chez les autres » et le « même principe inégalitaire » pour justifier une « géopolitique de l'esclavage ». Chez Montesquieu, cette « entreprise de rationalisation » aboutit même à l'esquisse d'un « véritable code de conduite esclavagiste ».
La position de Montesquieu face à l'esclavage est des plus ambiguës. Cette « articulation des valeurs et des normes » à des « considérations climatiques » ou providentielles soulève de nombreux problèmes d'interprétation. Qui plus est, alors qu'il rejette certaines justifications de la servitude, il n'en admet pas moins une forme de naturalité de l'esclavage, le légitime à maintes reprises, même dans sa pratique la plus brutale, en invoquant la nécessité de la traite dans les colonies, sans jamais rien dire de sa « cruauté ». Toute l'ambiguïté se cristallise dans les références à la « nature » qu'il emploie dans L'Esprit des lois. Comme le précise Jean Starobinski, tout au long de L'Esprit des lois, la « notion de nature » est « double », opposée, contradictoire voire paradoxale : l'esclavage est à la fois présenté comme « une coutume contre-nature » et justifié par des « raisons naturelles ». Si Montesquieu met en évidence un rapport entre l'homme dans son milieu et l'ordre intérieur de l'homme, jamais il ne le théorise.
Dès lors, ces justifications naturelles, providentielles, économiques ou politiques qui contreviennent à l'universalité du droit naturel ne laissent d'interroger : quelle valeur reconnaître à l'ironie du célèbre chapitre V du Livre XV, "De l'esclavage des nègres", alors même que l'esclavage, dans L'Esprit des lois, est reconnu comme un fait de nature et légitimé dans sa forme la plus cruelle ? « Mais pourquoi, comme l'écrit Brunetière, nous indignerons-nous contre l'esclavage […], si les phénomènes historiques et sociaux sont conditionnés eux-mêmes par d'autres phénomènes, sur lesquels nous ne pouvons rien de plus que sur la révolution de la terre autour de son axe ou sur le refroidissement du soleil ? »
À propos de l'ironie du chapitre V du Livre XV
L'exercice scolaire du commentaire littéraire, quelle qu'en soit la vertu, ne retient, le plus souvent, que le seul chapitre V du Livre XV de L'Esprit des lois, pour illustrer la position de Montesquieu sur « l'esclavage des Nègres ».
On ne peut que s'étonner de voir comment « ce texte éminemment classique, voire canonique, est proposé aux élèves des classes secondaires ». Un tel « statut » devrait pourtant lui valoir « une attention particulière », une « rigueur » dans l'explication et l'exploitation. Mais on s'aperçoit, tout au contraire, « qu'il est présenté de manière fort peu soigneuse, sans le moindre respect de son intégrité ». Une « pareille désinvolture » interroge : pourquoi les travaux les plus savants dont ce texte a fait l'objet sont-ils si étrangers au grand public et aux enseignants du secondaire ?
Par ailleurs, l'analyse centrée sur ce seul chapitre, isolé des Livres consacrés à l'esclavage dans L'Esprit de lois, à l'exemple de celle proposée par René Pommier, présente deux défauts majeurs : ce texte est donné comme le « dernier mot de Montesquieu » sur cette institution alors qu'il s'agit d'un « rejet des prétendues origines du droit d'esclavage » et l'argumentation générale de L'Esprit des lois est expurgée de la « véritable origine » du droit de l'esclavage qui, selon Montesquieu, serait fondée « sur la nature des choses » (XV, chap. VI et VII) qui justifie les pires abus. Thèse naturaliste que même les plus fervents admirateurs de Montesquieu en son temps, comme Marat, n'avaient pas manqué de relever :
« Le climat modifie aussi le degré de la servitude ou de la liberté des différens peuples de la terre. La diverse température de l'air ayant une si prodigieuse influence sur la force du corps et la hardiesse de l'esprit, il est simple que la lâcheté des peuples du Midi les ait presque tous rendus esclaves ; tandis que le courage des peuples du Nord les a presque tous maintenus libres. »
De plus, la question de l'utilisation de l'ironie par Montesquieu, dont les modalités sont délicates à décrire, ainsi que l'atteste par exemple l'analyse logique de J. Depresle et d'Oswald Ducrot, ne se résout nullement dans la seule constatation, sans ambiguïté possible, du sens « anti-esclavagiste » de ce chapitre V, à moins de supposer une axiomatique ou une koinè rhétorique partagée « par la quasi-totalité des lecteurs » de Montesquieu, comme le fait René Pommier. Sur ce point, on fera remarquer que « toutes les descriptions de l'ironie que ce célèbre chapitre a occasionnées divergent dans la façon dont elles décrivent le renversement ironique ».
Condorcet, dans une note insérée au bas de la page 41 de ses Réflexions sur l'esclavage des nègres, donne une effroyable illustration de cette difficulté du renversement de l'ironie et de ses conséquences qui peuvent être tragiques :
« Il y a quelque temps que les habitants de la Jamaïque s'assemblèrent pour prononcer sur le sort des mulâtres, & pour savoir si, attendu qu'il était prouvé physiquement que leur père était Anglais, il n'était pas à propos de les mettre en jouissance de la liberté & des droits qui doivent appartenir à tout Anglais. L'assemblée penchait vers ce parti, lorsqu'un zélé défenseur des privilèges de la chair blanche s'avisa d'avancer que les Nègres n'étaient pas des êtres de notre espèce, & de le prouver par l'autorité de Montesquieu ; alors il lut une traduction du chapitre de L'Esprit des lois sur l'esclavage des Nègres. L'assemblée ne manqua pas de prendre cette ironie sanglante contre ceux qui tolèrent cet exécrable usage, ou qui en profitent pour le véritable avis de l'auteur de L'Esprit des lois ; & les mulâtres de la Jamaïque restèrent dans l'oppression. »
Cette anecdote, telle que Condorcet la rapporte, montre que l' « ironie sanglante » de ce texte a été, pour le moins, inefficace à lutter contre l' « oppression ». Ce qui explique pourquoi Condorcet ne donne jamais Montesquieu pour digne « déclamateur » contre l'esclavage, comme il le fait, dans la suite de cette anecdote, pour Le Gentil et, un peu loin, pour Bernardin de Saint-Pierre.
Qui plus est, tous les arguments de ce chapitre ne relèvent pas d'un retournement contraire et, pour ceux que l'on peut retourner, comme « les indices de l'ironie sont souvent incertains » ou équivoques, personne ne les renverse de la même manière. Comment et pourquoi retourner, par exemple, l'argument économique sur le coût des biens d'importation en provenance des colonies d'autant que, selon Montesquieu, la « navigation d'Afrique » est « nécessaire » pour fournir « des hommes pour le travail des mines et des terres de l'Amérique » ? Le voici :
« Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :… Le sucre seroit trop cher, si l'on ne faisoit travailler la plante qui le produit par des esclaves. »
Selon René Pommier, Montesquieu « renverse l'ordre des choses » : « normalement », écrit-il, le prix du sucre « devrait varier en fonction » du coût du « travail humain ». René Pommier aurait raison si la norme, universellement admise et de tout temps, était, comme l'écrit Helvétius, celle d'une « humanité » qui commande, d'abord et avant tout, à « l'amour de tous les hommes » et non « l'espoir du gain attaché à celui de la récolte ». Or, dans la logique du « grand commerce », dont la « consommation d'hommes » est « si grande », plutôt que d'élever le prix du sucre, c'est le coût du travail humain qui est abaissé et l'esclavage donné comme la conséquence inéluctable du bon marché.
Même si cet argument peut bien paraître des plus cyniques, il n'en est pas moins « le plus fort » de ce texte, comme l'a écrit René Pommier lui-même, parce qu'il a le mérite de mettre à nu les racines économiques de l'esclavage. En effet, pour bien des exploitants, planteurs et commerçants, « l'existence des colonies » et « la prospérité du commerce » dépendaient effectivement « du maintien de la servitude ». Raisons pour lesquelles certains dictionnaires de commerce n'en disent pas plus pour justifier l'esclavage des « Nègres », sous l'autorité de Montesquieu et sans la moindre ironie :

« Il est difficile de justifier tout à fait le commerce des Nègres ; mais on en a un besoin indispensable pour les cultures des sucres, des tabacs, des indigo, &c. Le sucre, dit Mr. de Montesquieu, seroit trop cher si l'on ne faisoit travailler la plante qui le produit par des esclaves. »
Isolément, cet argument économique a une « rationalité pleine et entière ». Et face à cette « allure rationnelle », l'explication par l'ironie se révèle bien « insuffisante ».
Par son travail dans « l'épaisseur » du texte, par « couches successives », jusqu'à sa version définitive, Catherine Volpilhac-Auger offre une approche bien plus profitable pour l'interprétation que la lecture ironique. Voici l'argument dans sa première rédaction :
« Le sucre seroit trop cher si on ne faisoit pas travailler la plante qui le produit par des esclaves et si on les traitoit avec quelque humanité. »
Le « processus » de réécriture montre que cet argument économique recèle, dans ses corrections, un élément qui peut servir à son analyse. En supprimant la dernière proposition, « …et si on les traitoit avec quelque humanité », Montesquieu a rendu une « plénitude rationnelle à l'argument » en lui « redonnant, précisément, une allure purement économique ». Dans une perspective esclavagiste, une exigence liée à l'« humanité » du traitement des esclaves serait, évidemment, contraire aux raisons qui la gouvernent.
Par ailleurs, il est remarquable que Montesquieu ait donné à cet argument une concision dont la force persuasive relève bien moins de la singularité que du stéréotype ou du « préjugé ». Ce simplisme est tout à fait semblable à ce que l'on trouve dans les dictionnaires de commerce qui reprennent son argument selon une modalité didactique ou pédagogique. Ce que Montesquieu donne à lire, c'est un énoncé qui, de son texte aux dictionnaires qui le reprennent, s'est figé, un savoir ou un imaginaire moyen, appartenant à une sorte de catalogue d'idées reçues ou admises, comme le sont tout autant les dictionnaires qui lui empruntent son argument et ceux auxquels Montesquieu a bien pu puiser lui-même, à l'exemple du Dictionnaire universel de commerce (1723) de Savary, antérieur à L'Esprit des lois (1748) :
« Il est difficile de justifier tout à fait le commerce des Nègres ; cependant il est vrai que ces misérables Esclaves trouvent ordinairement leur salut dans la perte de leur liberté, & la raison de l'instruction Chrétienne qu'on leur donne jointe au besoin indispensable qu'on a d'eux les cultures des sucres, des tabacs, des indigos, &c. adoucissent ce qui paroît d'inhumain dans un négoce où des hommes sont les Marchands d'autres hommes, & les achètent de même que des bestiaux pour cultiver leurs terres. »
Il est caractéristique de tels énoncés, comme l'écrit Jean Dubois, qu'ils supposent un lecteur pour les accepter comme ils se donnent, à savoir comme la vérité sur le sujet. Et lorsque l'on analyse, comme le propose J.-P. Courtois, le dispositif énonciatif créé par Montesquieu au regard de la progression argumentative, on peut remarquer que « chaque argument » à son propre « auditoire » et que cet « auditoire » passe de l'« universel » au particulier. De plus, à « cette particularisation progressive de l'auditoire » correspond une « progression inverse » de l'argumentation qui va, quant à elle, « du plus rationnel acceptable au moins rationnel accepté ». L'argument économique ayant la « rationalité » la plus « englobante » et l'auditoire le plus « universel ».
Aussi convient-il de remarquer, comme le fait J.-P. Courtois, que le chapitre V du livre XV de L'Esprit des lois, selon l'endroit précis où il se trouve et le dispositif à partir duquel Montesquieu énonce, propose une configuration propre : Montesquieu cède la parole à un esclavagiste au sein même d'une argumentation consacrée aux origines et aux justifications de l'esclavage. Construit à partir d'arguments déjà explicités et sur d'autres arguments qui le seront dans la suite, ce chapitre a une fonction de pivot ou charnière dans l'argumentation de Montesquieu. Dès lors, plusieurs questions se posent : pourquoi Montesquieu cède-t-il ici la parole à un esclavagiste de fiction qui fait entendre des arguments que Montesquieu vient, pour partie au moins, de réfuter ? Cette argumentation partiellement à contre-sens change-t-elle l'argumentation générale de L'Esprit des lois ? Enfin, on peut encore s'interroger sur l'efficacité d'un texte qui, « paradoxalement », permet ou autorise, par son simplisme ou son « style », sa récupération à des fins contraires, à savoir le maintien de l'institution de l'esclavage pour certaines raisons. C'est là, peut-être, toute sa force idéologique.
Points de vue sur Montesquieu
Le philosophe marxiste Louis Althusser le décrit comme un « libertin » partagé entre l'idéalisation de la problématique des contre-pouvoirs féodaux et le désir de grandeur parlementaire.
D'autre part, Montesquieu appellerait à une alliance des privilégiés (bourgeoisie et aristocratie) contre les aspirations populaires. La monarchie étant la formule préférée de Montesquieu, à condition qu'elle ne s'abîme pas en monarchie absolue, il note la nécessité de « lois fixes et établies » et de pouvoirs intermédiaires entre le monarque et ses sujets, assurés surtout par la noblesse et les ecclésiastes (ce qui relève de la structure féodale classique).
Les travaux de Louis Desgraves et Pierre Gascar ont montré, que contrairement à Voltaire, il était un homme bien intégré à la société de son temps, et nullement en révolte contre son monde : aristocrate et bon catholique, héritier et bon gestionnaire de ses biens, académicien soucieux de sa réputation, habitué des « salons ». Sa pensée échappe au caractère radical et parfois dogmatique de la philosophie des Lumières. Ses incohérences et ses ambiguïtés sont les marques d'une œuvre dénuée d'esprit de système, qui tente de combiner la raison et le progrès avec les traditions et autres « irrationalités » que charrie l'histoire.
Postérité

Pour de nombreux juristes, Montesquieu figure comme un des premiers comparatistes modernes du droit. Le droit comparé est ainsi une discipline redevable à Montesquieu. Les écrits de ce penseur ont également ouvert de nouveaux champs d'investigation dans divers domaines comme la philosophie ou la science politique.
Keynes considérait Montesquieu comme « le plus grand économiste français, celui qu'il est juste de comparer à Adam Smith ».
Joseph Pilhes a fait d'un acte de générosité de Montesquieu l'argument de sa pièce Le Bienfait anonyme en 1782. Le fils de Montesquieu, qui ignorait l'épisode, la découvrit lors d'une représentation de la pièce à la Comédie-Française en . Mais il ne s'agit que d'une légende, Montesquieu n'ayant jamais mis les pieds à Marseille, où est située cette anecdote qui n'est fondée sur aucun document[réf. nécessaire]. On doit également un Montesquieu à Marseille (1784) à Louis-Sébastien Mercier.
Le prix Montesquieu, décerné depuis 1989 par l'Association française des historiens des idées politiques, rend hommage au penseur éponyme en récompensant la meilleure thèse d'histoire des idées politiques en langue française.
Une rose du nom de 'Montesquieu' lui est dédiée en 1959 par le rosiériste espagnol Pedro Dot.
Numismatique
- Billet de 200 francs Montesquieu (1981-1994).
- Pièce de 10 francs Montesquieu (1989).
Œuvres de Montesquieu
- La Damnation éternelle des païens (1711)
- Éloge de la sincérité (1717)
- Lettres persanes (1721), roman épistolaire
- Le Temple de Gnide (1725), poème en prose
- Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (1734). L'unique exemplaire de cet ouvrage est conservé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux (cote MS 2511)
- Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734)
- Histoire Véritable (manuscrit écrit entre 1730 et 1738)
- De l'esprit des lois (1re éd. 1748)
- Défense de l'Esprit des lois (1750)
- Essai sur le goût (1757)
- Mes pensées (recueil de réflexions personnelles, édition posthume)
- Spicilège (recueil de notes, anecdotes, etc., édition posthume)
- Voyages de Montesquieu (notes sur son voyage en Europe, d’avril 1728 à mai 1731), t. I ; t. II (édition posthume)
- Discours sur la cause de l'écho,
- Discours sur l'usage des glandes rénales
- Discours sur la cause de la pesanteur des corps
- Mémoire sur le principe et la nature du mouvement (précédemment intitulé: Dissertation sur le mouvement relatif)
- Notes sur l'Angleterre
- Arsace et Isménie (écrit vers 1754, publication posthume en 1783)
- Correspondance. Un millier de lettres de Montesquieu fut recouvré. Un assez grand nombre fut perdu.

Éditions
Plusieurs éditeurs ont compilé les écrits de Montesquieu, bien que certaines souffrent de lacunes.
- Éd. André Masson, Paris, Nagel, 1950, 3 t.
- Éd. Roger Caillois dans La Pléiade, 1949-1951, 2 t.
- Éd. Seuil, collection « L'Intégrale », 1964
- Éd. Robert Derathé mise à jour par Denis de Casabianca, Paris, Classiques Garnier, 2011, 2 t.
- Éd. Société Montesquieu, sur l'initiative de Jean Ehrard, 1988-. 18 volumes parus sur 22 prévus : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?rubrique5
- Correspondance choisie, Philip Stewart (éd.), Paris, Classiques Garnier, 2015.
Armoiries
- Les armes de Montesquieu sont : D'azur, à deux coquilles d'or en chef, accompagnées d'un croissant d'argent en pointe (ce sont les armes de la branche cadette, celle des barons de La Brède ; elles figurent sur l'ancien billet de 200 francs (1981-1994) à son effigie),
- couronne de baron,
- manteau de Président à mortier.
- (Les armes de la branche ainée de sa famille, celle des barons de Roquefort, étaient : D'azur, à la fasce d'or, accompagnée de deux coquilles d'or eu chef, et d'un croissant d'argent en pointe).
Notes et références
Notes
- Denis de Casabianca note, par exemple, comme « sources probables de Montesquieu sur ces questions climatiques » : Aristote, Hippocrate, Huarte, Bodin. Selon Anne-Marie Chabrolle-Cerretini, cette « idée d'un rapport triangulaire entre les conditions extérieures (surtout climatiques), un peuple et une culture », notamment les éléments « institutionnels », analysés comme le résultat d'une « causalité », « reprise par Montesquieu », serait l'héritage d'une « opposition pays nordiques/pays du Sud, développée dès le XVIe siècle ». Voir Anne-Marie Chabrolle-Cerretini, La vision du monde de Wilhelm von Humboldt / Histoire d'un concept linguistique, Lyon, ENS Éditions, 2007, p. 35-57
- Voir à ce sujet le Journal de Paris, , p. 1101 et les ‘’Œuvres complètes de Montesquieu’’, Paris, Belin, 1817, tome premier, 1re partie.
Références
- Ce fait fut d'ailleurs mentionné dans l'acte paroissial : « ce jour 18 janvier 1689, a été baptisé dans notre église paroissiale, le fils de M. de Secondat, notre seigneur. Il a été tenu sur les fonds par un pauvre mendiant de cette paroisse, nommé Charles, à telle fin que son parrain lui rappelle toute sa vie que les pauvres sont nos frères. Que le bon Dieu nous conserve cet enfant. »
- Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, « Table historique et méthodique (1712-1875). Documents historiques (1711-1713). Catalogue des manuscrits de l'ancienne Académie (1712-1793). », Imprimerie Gounouilhou, (consulté le ), p. 16.
- Dr H.-M. Fay, Dr H.-Marcel, Histoire de la lèpre en France . I. Lépreux et cagots du Sud-Ouest, notes historiques, médicales, philologiques, suivies de documents, Paris, H. Champion, (ark:/12148/bpt6k57243705)
- « Charles Montesquieu », sur Grand Lodge of British Columbia and Yukon, (consulté le ).
- « Montesquieu le philosophe oublié », sur l'Édifice, (consulté le ).
- Montesquieu, Considérations sur les […] Romains, Œuvres complètes, t. II, Oxford, Voltaire Foundation, 2000, p. 315-316.
- « MONTESQUIEU Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de », sur cths.fr (consulté le )
- M.-L. Dufrénoy, « Évolution d’un phénomène pathologique et évolution du style chez Montesquieu », Revue de pathologie comparée, , p. 305-310
- Denis Huisman, De Socrate à Foucault (pages célèbres de la philosophie occidentale), Paris, Perrin, 1989.
- Jean Dalat, Montesquieu magistrat. L'homme en lutte avec ses contradictions., Archives Montesquieu n° 4, , p. 91
- « mes lectures ont affoibli mes yeux, et il me semble que ce qui me reste encore de lumiere n’est que l’aurore du jour où ils se fermeront pour jamais ». Pensées, n° 1805.
- Jacques Battin, « Montesquieu malvoyant, puis aveugle », Histoire des sciences médicales - Tome XLVIII - N° 2, (lire en ligne)
- Jean Starobinski ("La cécité obligera Montesquieu à dicter son livre; L'Esprit des lois..."), Monstequieu par lui-même, Paris, Éditions du Seuil, , 191 p., p. 25
- Catherine Volpilhac-Auger, « La cécité supposée de Montesquieu - Montesquieu », sur montesquieu.ens-lyon.fr, (consulté le )
- Extrait du registre paroissial de l'église Saint-Sulpice à Paris : « ledit jour () a esté fait le convoi et enterrement de haut et puissant seigneur Charles de Secondat, baron de Montesquieu et de la Brède, ancien président à mortier du parlement de Bordeaux, l'un des quarante de l'Académie françoise, décédé le jour d'hier rue Saint-Dominique, âgé de soixante-cinq ans, en présence de Messire Joseph de Marans, ancien maître des requestes honoraire et de Messire Charles Darmajant petit-fils du deffunt qui ont signé Marans, Darmajan, Guerin de Lamotte, de Guyonnet, de Guyonnet de Coulon, Marans cte d'Estillac, J. Rolland, vicaire » ; (registre détruit par l'incendie de 1871 mais acte recopié par l'archiviste Auguste Jal dans son Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Paris, Henri Plon).
- cf. son Histoire intellectuelle du libéralisme.
- De l'Esprit des lois, II, 1.
- De l'Esprit des lois, IV, 2.
- De l'Esprit des lois, II, 2 ; IV, 5 ; V, 3..
- De l'Esprit des lois, III, 4.
- De l'Esprit des lois, III, 7 : « il faut que la crainte y abatte tous les courages et y éteigne jusqu'au moindre sentiment d'ambition ».
- De l'esprit des loix, Livre xi, chap. iv.
- Aristote (Les Politiques, Livre VII, chapitre VII), Poseidonios d'Apamée, Ibn Khaldoun (Les Prolégomènes, Livre I, section I) ou Jean Bodin (La République, Livre V, chap. I) avaient déjà prétendu établir une différenciation dans le tempérament attribué aux différents peuples et dans l'organisation politique des sociétés ou déterminer le plus ou moins grand degré d'avancement des civilisations par la théorie des climats.
- De l'Esprit des lois, XIV, 2.
- De l'Esprit des lois, XXI, 2.
- Céline Spector, « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes » : la théorie de l'esclavage au livre XV de L'Esprit des lois, 2011. Article en ligne.
- « Défense de Montesquieu », sur Assez décodé !
- Russel Parsons Jameson, Montesquieu et l'esclavage, Paris, Hachette, 1911, p. 347.
- Jean Ehrard, L'Idée de Nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle, rééd. Paris, Albin Michel, 1994, p. 500.
- Denis de Casabianca, De l'esprit des lois, Paris, Éditions Ellipses, 2003, p. 58
- Mirabeau, Courrier de Provence, du 24 au 27 juillet 1789.
- Mirabeau, Courrier de Provence, du 8 au 10 août 1789.
- Condorcet reprend intégralement un long extrait de M. Grouvelle, De l'autorité de Montesquieu dans la révolution présente in La Bibliothèque de l'Homme public ou Analyse raisonnée des principaux ouvrage français et étrangers, tome 7, Paris, Buisson, 1790, p. 3-100
- "Lettre d'Helvétius à Montesquieu", Œuvres de Montesquieu, tome IV, Paris, Dalibon, 1837, p. 299
- Alphonse Dupront, "Espace et humanisme", Bibliothèque d'humanisme et de renaissance, tome VIII, 1946, p. 39-40
- Voir la critique formulée contre les législateurs par Helvétius dans De l'Esprit, Paris, Durand, 1758, note c, p. 21 : « Dans les pays policés, l'art de la législation n'a souvent consisté qu'à faire concourir une infinité d'hommes au bonheur d'un petit nombre ; à tenir, pour cet effet, la multitude dans l'oppression, et à violer envers elle tous les droits de l'humanité. »
- Alphonse Dupront, "Espace et humanisme", Bibliothèque d'humanisme et de renaissance, tome VIII, 1946, p. 39-40 Voir également l'article de Denis de Casabianca, "Une anthropologie des différences dans L'Esprit des lois", Archives de Philosophie, 2012/3, Tome 75, p. 405-423 : « Le regard que Montesquieu entend porter sur l'ensemble des institutions humaines dans L'Esprit des lois suppose une attention à ce qui gouverne les hommes vivant en sociétés ».
- Michel Leiris, "Race et civilisation", Cinq études d'ethnologie, Éditions Denoël, 1969, p. 76-77
- De l'Esprit des lois, XV, 18.
- Jacques Rancière, La haine de la démocratie, Paris, La Fabrique, 2005. Voir l'introduction.
- Sade, Histoire de Juliette, 1801, Quatrième partie.
- Condorcet, Réflexions sur l'esclavage des nègres, Neufchâtel, Société Typographique, 1781, chapitre 4.
- Michèle Duchet, Anthropologie et histoire au siècle des Lumières, rééd. Paris, Albin Michel, 1995, p. 154
- De l'Esprit des lois, XXI, 21.
- Condorcet, Réflexions sur l'esclavage des nègres, Neufchâtel, Société Typographique, 1781, p. 9 : « Demander si cet intérêt rend l'esclavage légitime, c'est demander s'il m'est permis de conserver ma fortune par un crime. »
- Delesalle Simone, Valensi Lucette, "Le mot « nègre » dans les dictionnaires français d'Ancien régime ; histoire et lexicographie", Langue française [sous la direction de Jean-Claude Chevalier et Pierre Kuentz], no 15, 1972, p. 79-104.
- Voir, entre autres, l'anecdote rapportée par Condorcet dans ses Réflexions sur l'esclavage des nègres, Neufchâtel, Société Typographique, 1781, p. 41.
- Frédéric Descroizilles, Essai sur l'agriculture et le commerce des îles de France et de la Réunion, Rouen, 1803, p. 37 : « Tous les hommes éclairés des vrais intérêts de l'État sont aujourd'hui convaincus que l'existence des colonies si intimement liée avec la prospérité du commerce et de la marine nationale dépend du maintien de la servitude. »
- L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 16, 1755, p. 533
- Cette expression et les suivantes sont de Nietzsche. Friedrich Nietzsche, "L'État chez les Grecs" In La philosophie à l'époque tragique des Grecs [trad. de Michel Haar et Marc B. De Launay], Paris, Gallimard, 1975, p. 180-191.
- Condorcet, Réflexions sur l'esclavage des nègres, Neufchâtel, Société Typographique, 1781, chapitre 3.
- Guillaume-Thomas Raynal, Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les Deux Indes, Tome IV, Amsterdam, 1770, pp. 167-168.
- Guillaume-Thomas Raynal, Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les Deux Indes, Tome III, Genève, Jean-Léonard Pellet Imprimeur, 1780, p. 199
- Louis Sala-Molins, Le Code Noir ou le calvaire de Canaan [rééd. 2012], Paris, Presses Universitaires de France, p. 217 : « Du liv. 14 au liv. 17, Montesquieu n'analyse-t-il pas le rapport au climat successivement des lois en général, des lois de l'esclavage civil, des lois de l'esclavage domestique et celles de la servitude politique ? »
- Jean-Paul Marat, Éloge de Montesquieu, présenté à l'Académie de Bordeaux, le 28 mars 1785 [publié par Arthur de Brézetz], Libourne, G. Maleville Libraire-Éditeur, 1883, p. 40
- Michel Leiris, "Race et civilisation", Cinq études d'ethnologie, Éditions Denoël, 1969, p. 78 Michel Leiris établit un parallèle entre le développement du racisme, l'idéal démocratique et le recours à la science « chaque fois que, de façon criante, on viol[e] ou refus[e] de reconnaître les droits d'une portion de l'humanité ».
- L'expression est empruntée à la préface de Gobineau, Essai sur l'inégalité des races humaines, Tome I, Paris, Firmin Didot, 1853.
- Denis de Casabianca, "Une anthropologie des différences dans L'Esprit des lois", Archives de Philosophie, 2012/3, tome 75, p. 406.
- Georges Canguilhem, "Note sur le passage de la théorie fibrillaire à la théorie cellulaire", La connaissance de la vie, Paris, Hachette, 1952, p. 212-215
- Casabianca 2003, p. 53.
- De l'Esprit des lois, XIV, 2.
- Casabianca 2012, p. 405-423.
- Jean-Paul Marat, ibid., p. 80
- Aristote, Les Politiques [trad. P. Pellegrin], Paris, GF-Flammarion, 1993, I, 2, 4-5, 13.
- De l'Esprit des lois, XIX, 15 : « L'empire du climat est le premier de tous les empires ».
- Casabianca 2003, p. 53 : « Soumettre l'homme au climat, c'est admettre une fatalité aveugle ».
- De l'Esprit des lois, XVI, 2.
- Céline Spector, « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes » : la théorie de l’esclavage au livre XV de L’Esprit des lois, 2011. Article en ligne.
- Bruno Guigue, Montesquieu ou les paradoxes du relativisme, Études, Tome 401, 2004, pp. 193-204.
- Casabianca 2003, p. 53-54.
- « Il est sûr que Montesquieu écrit à une époque où la traite négrière bat son plein et où l’esclavagisme colonial est en plein essor ; où l'information des milieux cultivés auxquels il appartient ne souffre aucune lacune sur le sujet ; où la cruauté de telles pratiques n’est ignorée de personne ». Bruno Guigue, "Montesquieu ou les paradoxes du relativisme", Études, Tome 401, 2004, p. 193-204.
- Jean Starobinski, Montesquieu par lui-même, Éditions du Seuil, Paris, 1953, p. 77-78.
- De l'Esprit des lois, XV, 7.
- Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 82, 1887, p. 703.
- « Défense de Montesquieu », sur Assez décodé ! Le propos de René Pommier est représentatif de cette pratique très courante en milieu scolaire : « J'ai beaucoup pratiqué l'explication de texte que je considère comme l'exercice le plus propre à faire aimer la littérature aux lycéens et aux étudiants à la condition qu'elle soit aussi précise et exhaustive que possible. Le texte de Montesquieu fait partie des nombreux textes que j'ai expliqués lorsque j'étais en activité et dont j'ai cru pouvoir publier le commentaire que j'en avais fait, parce qu'il me semblait, à tort ou à raison, plus abouti que d'autres. »
- Rappelons que Montesquieu a disparu du programme d'agrégation des Lettres pendant plusieurs décennies. Pour un auteur aussi présent dans les manuels scolaires des lycées, voire des collèges, le fait est pour le moins curieux sinon paradoxal. Voir Catherine Volpilhac-Auger, "Pitié pour les nègres", L'information littéraire, 2003, Vol. 55, p. 11-16.
- Catherine Volpilhac-Auger, "Pitié pour les nègres", L'information littéraire, 2003, Vol. 55, p. 11-16.
- Par une sorte de « dévotion académique », comme l'écrit Bruno Guigue, « la postérité retiendra l'ironie anti-esclavagiste et fera l'impasse sur ce qui la vide de sa substance deux pages plus loin. » Voir Bruno Guigue, "Montesquieu ou les paradoxes du relativisme", Études, Tome 401, 2004, p. 193-204.
- « Défense de Montesquieu », sur rene.pommier.free.fr,
- Céline Spector, « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes » : la théorie de l'esclavage au livre XV de L’Esprit des lois, 2011. Article en ligne.
- Comme l'écrit J.-P. Courtois, ce chapitre 5 a la fonction de pivot ou frontière entre les « fausses raisons de l'esclavage » et les « vraies origines de l'esclavage » (soutenues par Montesquieu). J.-P. Courtois, "Des voix dans le Traité. De l'esclavage des nègres à la très humble remontrance", Revue Montesquieu, no 1, 1997.
- J. Depresle et Oswald Ducrot, "Analyse « logique » d'un texte de Montesquieu sur l'esclavage", Langue française, no 12, 1971, p. 93-97.
- La formalisation logique, selon J. Depresle et Oswald Ducrot, montre que si « le texte » peut bien apparaître « comme la simple destruction de l'argumentation esclavagiste », il n'est « pas véritablement » une « argumentation anti-esclavagiste. » J. Depresle et Oswald Ducrot, "Analyse « logique » d'un texte de Montesquieu sur l'esclavage", Langue française, no 12, 1971, p. 93-97.
- « Défense de Montesquieu », sur Assez décodé ! : « Cette opinion, à l'évidence, a toujours été partagée par la quasi totalité des lecteurs et d'abord par les contemporains de Montesquieu. » Les autres seraient « bêtes ».
- J.-P. Courtois, "Des voix dans le Traité. De l'esclavage des nègres à la très humble remontrance", Revue Montesquieu, no 1, 1997.
- Condorcet, Réflexions sur l'esclavage des nègres, Neufchâtel, Société Typographique, 1781, voir les chapitres 7 et 9. Chapitre après chapitre, Condorcet prend le contre-pied complet de Montesquieu, en rejetant notamment sa thèse naturaliste qui légitime l'esclavage et autorise le maintien d'une organisation vicieuse de la société : « Ce n'est ni au climat, ni au terrein, ni à la constitution physique, ni à l'esprit national qu'il faut attribuer la paresse de certains peuples ; c'est aux mauvaises loix qui les gouvernent » (chapitre 6).
- Olivier Reboul, La rhétorique [1re éd. 1984], Paris, Presses Universitaires de France, 1996, p. 60.
- Voir la conclusion de l'analyse de J. Depresle et Oswald Ducrot, "Analyse « logique » d'un texte de Montesquieu sur l'esclavage", Langue française, no 12, 1971, pp. 93-97.
- Ferdinand Brunetière, par exemple, voyait, dans ce « fameux chapitre sur l'Esclavage des nègres », « mêlés à des traits d'une ironie supérieure », « des plaisanteries de robin, ou qui sentent la province. » Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 82, 1887, p. 697.
- De l'Esprit des lois, XXI, 21.
- BnF 2014.
- Helvétius, De l'Esprit, Paris, Durand, 1758, chapitre 3.
- Si le terme de libéralisme n'a été introduit, dans les langues européennes, qu'au début du XIXe siècle, que « parler du libéralisme de Montesquieu, ou de tout autre auteur du XVIIIe siècle », est un « anachronisme », rien, en revanche, n'interdit de reconnaître ici certaines « configurations conceptuelles qui ont précédé l'énonciation de la doctrine » libérale et en ont « favoriser l’émergence », et notamment dans « l'acceptation des conduites orientées par le gain » qui a « aidé au développement du capitalisme dans l'Europe des Lumières ». Cette « critique de la réduction marchande de toutes les valeurs, y compris celles de la dignité humaine, est le support des critiques du libéralisme, du capitalisme ou de l’esprit de calcul qui l’accompagne » et ce, « depuis Montesquieu ». Catherine Larrère, "Montesquieu et le « doux commerce » : un paradigme du libéralisme", Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, no 123, 2014, pp. 21-38.
- Frédéric Descroizilles, Essai sur l'agriculture et le commerce des îles de France et de la Réunion, Rouen, 1803, p. 37
- Dictionnaire portatif de commerce, Tome 6, Copenhague, Chez les Freres C. & A. Philibert, 1762, p. 11.
- Le dictionnaire qu'il ait pour objet la langue ou quelque « savoir sur le monde » relève « du discours pédagogique. Comme lui, il est plus précisément un énoncé sur un autre énoncé déjà réalisé. Le savoir sur le monde que le dictionnaire communique est lui-même un discours tenu sur un corpus fait de formulations scientifiques ou culturelles. […] Au sens plein du terme un dictionnaire ne peut être qu'un ouvrage de seconde main. » Jean Dubois, "Dictionnaire et discours didactique", Langages, no 19, 1970, p. 35-47.
- Comme l'écrit Jean Dubois, le lecteur qui ouvre un dictionnaire lui pose une question et attend une réponse sans détour, une réponse qui ne souffre ni débat ni doute ni ambiguïté mais un savoir propre à la communauté à laquelle il appartient et dont le dictionnaire se doit d'être le conservateur. Le dictionnaire est un texte culturel : « Cette culture est faite d'un ensemble d'assertions sur l'homme et sur la société, assertions prenant valeur de lois universelles. » Voir Jean Dubois, "Dictionnaire et discours didactique", Langages, no 19, 1970, pp. 35-47.
- Le Dictionnaire universel de commerce de Savary a connu un « grand succès, en France et au dehors ». Il a été rédigé, pour partie, sur la base de « mémoires » reçus des « négociants » eux-mêmes. Il jouissait, en son temps, « dans le monde scientifique », de la plus haute « estime ». Voir à ce sujet l'article de Léon Vignols, "Le dictionnaire universel du commerce de Savary des Bruslons. L'opinion des négociants nantais en 1738, etc.", Annales de Bretagne, Tome 38, numéro 4, 1928. p. 742-751.
- Jean Dubois, "Dictionnaire et discours didactique", Langages, no 19, 1970, p. 35-47 : « Le dictionnaire tente de se situer non comme un énoncé variable dans le temps, mais comme un universel. »
- Ce que J.-P. Courtois appelle une confrontation entre la voix fictive qui défend l'esclavage (« Si j'avais à soutenir le droit que… ») et l'auditoire qu'elle suppose, « ce qui recouvre à peu près l'ensemble supposé et problématique des lecteurs implicites construits par le chapitre. », J.-P. Courtois, "Des voix dans le Traité. De l'esclavage des nègres à la très humble remontrance", Revue Montesquieu, no 1, 1997
- Ce chapitre présente une argumentation dont la progression est à la fois cumulative et disjonctive : elle observe un respect strict de l'alinéa pour chaque argument et une absence totale de lien argumentatif entre chaque argument.
- À l'exemple de l'argument sur la valeur des minéraux (« Une preuve que les Negres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre, que de l'or, qui chez les nations policées est d'une si grande conséquence. ») qui est soutenu, par ailleurs, par Montesquieu au chapitre 2 du Livre XXI intitulé "Des peuples d'Afrique" : « La plupart des peuples des côtes de l'Afrique sont sauvages ou barbares. Je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays presqu'inhabitables séparent de petits pays qui peuvent être habités. Ils sont sans industrie ; ils n’ont point d'arts ; ils ont en abondance des métaux précieux qu'ils tiennent immédiatement des mains de la nature. Tous les peuples policés sont donc en état de négocier avec eux avec avantage ; ils peuvent leur faire estimer beaucoup des choses de nulle valeur, & en recevoir un très-grand prix. »
- Simone Delesalle et Lucette Valensi, dans leur article "Le mot « nègre » dans les dictionnaires français d'Ancien régime ; histoire et lexicographie" (Langue française, no 15, 1972, p. 79-104), s'interrogent sur cette « transparence » du texte de Montesquieu : « On peut donc se poser un certain nombre de questions sur l'efficacité polémique des écrits polémiques, et se demander si ce n'est pas leur écriture même qui paradoxalement peut permettre leur récupération dans un discours contraire (ici le discours pédagogique de l'idéologie dominante). »
- « On avouera sa perplexité devant une indétermination que l'élégance du style vient conforter, généralement, plutôt qu’elle ne la dissipe », Bruno Guigue, "Montesquieu ou les paradoxes du relativisme", Études, Tome 401, 2004, p. 193-204.
- Voir ci-dessus la section sur les justifications de l'esclavage dans L'Esprit des lois. Comme l'écrit J.-P. Courtois, « un peu de certaines raisons se glisse, ce pourquoi, paradoxe qu'il faut envisager, le chapitre 5 ne sonne pas la disjonction définitive de l'esclavage et de la raison. », J.-P. Courtois, "Des voix dans le Traité. De l'esclavage des nègres à la très humble remontrance", Revue Montesquieu, no 1, 1997.
- Cf. son ouvrage Montesquieu, la politique et l'histoire, éditions PUF, 1959.
- John Maynard Keynes, Préface pour l'édition française de La théorie générale, 20 février 1939
- « bienfait anonyme » (consulté le )
- Montesquieu à Marseille : pièce en trois actes, Lausanne, J.P. Heubach et Comp., , 142 p. (lire en ligne).
- Montesquieu, Réflexions sur la monarchie universelle en Europe, , 44 p. (lire en ligne).
- Montesquieu (préf. Henri Barckhausen), Voyages de Montesquieu, t. 1, Bordeaux, Imprimerie G. Gounouilhou, , 422 p. (lire en ligne)
- Montesquieu (préf. Henri Barckhausen), Voyages de Montesquieu, t. II, Bordeaux, Imprimerie G. Gounouilhou, , 422 p. (lire en ligne)
- Voir Montesquieu, Œuvres et écrits divers II (Œuvres complètes, t. VIII), Oxford, Voltaire Foundation, 2003.
- Montesquieu, Discours académiques in : Œuvres complètes, édition Édouard Laboulaye, Garnier frères, (lire en ligne [PDF]), p. 10
- Montesquieu, Discours académiques in : Œuvres complètes, édition Édouard Laboulaye, Garnier frères, (lire en ligne [PDF]), p. 15
- Montesquieu, Discours académiques in : Œuvres complètes, édition Édouard Laboulaye, Garnier frères, (lire en ligne [PDF]), p. 23
- Montesquieu, « Ms 2500 : Arsace et Isménie », sur Bibliothèque municipale de Bordeaux
Voir aussi
Bibliographie
En français
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- Guillaume Barrera, Les Lois du Monde. Enquête sur le dessein politique de Montesquieu, Paris, Gallimard,
- Georges Benrekassa, Montesquieu, la liberté et l'histoire, Paris, coll. « Le Livre de poche »,
- Alain Cambier, Montesquieu et la liberté, Paris, Éditions Hermann,
- Denis de Casabianca, Montesquieu, L'Esprit des lois, Paris, Éditions Ellipses, .
- Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, Champion, coll. « Travaux de philosophie », .
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- Jean-François Chiappe, Montesquieu, l'homme et l'héritage, Éditions du Rocher, , 471 p.
- Jean Dagen, « L’esprit de l’histoire : Montesquieu », dans L’Histoire de l’esprit humain dans la pensée française. De Fontenelle à Condorcet, Paris, Klincksieck, , p. 203-250
- Jean Dalat, Montesquieu magistrat, t. 1 : Au Parlement de Bordeaux ; t. 2 : L'homme en lutte avec ses contradictions, Archives des lettres modernes, 1971-1972 (lire en ligne)
- Louis Desgraves, Montesquieu, Paris, Fayard,
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- Pierre Gascar, Montesquieu, Paris, Éditions Flammarion,
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- Jean Rostand, « Montesquieu (1689-1755) et la Biologie. », Revue d'histoire des sciences, vol. 8, no 2, , p. 129–136 (DOI 10.3406/rhs.1955.3511, lire en ligne, consulté le )
- Jacques Bins de Saint-Victor, Les Racines de la liberté - Le débat français oublié, 1689-1789, Paris, Éditions Perrin, Un essai sur les origines du discours de la liberté lors du siècle avant la révolution et l'histoire des intellectuels (Fénelon, Boulainvilliers, Saint-Simon, Montesquieu, Turgot, Mably).
- Robert Shackleton, Montesquieu, biographie critique [« Montesquieu: a critical biography »], Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, (1re éd. 1961)
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- Catherine Volpilhac-Auger (dir.), Montesquieu en 2005, Oxford, Voltaire Foundation, SVEC,
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En italien
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- (en) Catherine Volpilhac-Auger (trad. Philip Stewart), Montesquieu: Let there be Enlightenment [« Montesquieu : Que les Lumières soient »], Cambridge University Press,
Publications diverses et séminaires
- Lectures critiques sur des ouvrages récents portant uniquement ou partiellement sur Montesquieu, au rythme d'une par mois (le premier jour du mois) : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?rubrique153
- Montesquieu (UMR CNRS 5037): Séminaires et entretiens en ligne : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?rubrique163
- BnF, Bibliothèque nationale de France, « De l'esclavage des nègres, Montesquieu, 1748 », Les essentiels littérature (extrait),
Liens externes
- « Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu », sur larousse.fr, Encyclopédie Larousse (consulté le ).
- Site de la société Montesquieu : actualités, recherches, etc. (projet de l'École normale supérieure de Lyon - (ENS de Lyon)).
- Dictionnaire électronique Montesquieu (projet de l'École normale supérieure de Lyon).
- Lire Montesquieu: Les enjeux d'une édition (projet de l'École normale supérieure de Lyon et de l'Université ouverte des Humanités - site consacré à l'édition critique).
- [1] Plusieurs nouvelles éditions critiques, dont notamment Lettres persanes, Le Temple de Gnide, De la manière gothique, et l'Essai sur le goût sont désormais disponibles en libre accès sur le site Montesquieu, bibliothèque et éditions.
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Pour les articles homonymes voir Montesquieu homonymie Charles Louis de Secondat baron de La Brede et de Montesquieu est un penseur politique precurseur de la sociologie philosophe et ecrivain francais des Lumieres ne le 18 janvier 1689 a La Brede Guyenne pres de Bordeaux et mort le 10 fevrier 1755 a Paris MontesquieuMontesquieu en 1728 peinture anonyme FonctionsFauteuil 2 de l Academie francaise5 janvier 1728 wbr 10 fevrier 1755Louis de SacyJean Baptiste Vivien de ChateaubrunJugeTitre de noblesseBaronBiographieNaissance18 janvier 1689 La Brede Royaume de FranceDeces10 fevrier 1755 a 66 ans Paris Royaume de FranceSepultureEglise Saint Sulpice de ParisNom de naissanceCharles Louis de SecondatFormationCollege de Juilly Lycee Saint LouisActiviteEcrivain PhilosopheConjointJeanne de LartigueEnfantJean Baptiste de SecondatAutres informationsMembre deAcademie francaise 1728 wbr 1755 Royal Society 1730 Academie de Stanislas Academie royale des sciences de Prusse Club de l EntresolMouvementLumieres LiberalismeGenre artistiqueRoman epistolaire EssaiDistinctionFauteuil 2 de l Academie francaise 1728 1755BlasonŒuvres principalesLettres persanes 1721 Les considerations 1734 De l esprit des lois 1748 Signature modifier modifier le code modifier Wikidata Jeune homme passionne par les sciences plein d esprit Montesquieu publie anonymement les Lettres persanes 1721 un roman epistolaire qui fait la satire amusee de la societe francaise de la Regence vue par des Persans fictifs Le roman met en cause les differents systemes politiques et sociaux y compris celui des Persans Il voyage ensuite en Europe et sejourne plus d un an en Angleterre ou il observe la monarchie constitutionnelle et parlementaire qui a remplace la monarchie autocratique De retour dans son chateau de La Brede il se consacre a ses grands ouvrages qui associent histoire et philosophie politique Considerations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur decadence 1734 et De l esprit des lois 1748 dans lequel il developpe sa reflexion sur la repartition des fonctions de l Etat entre ses differentes composantes appelee posterieurement principe de separation des pouvoirs Montesquieu avec entre autres John Locke est l un des penseurs de l organisation politique et sociale sur lesquels les societes modernes et politiquement liberales s appuient Ses conceptions notamment en matiere de separation des pouvoirs ont contribue a definir le principe des democraties occidentales BiographieFils aine de Jacques de Secondat 1654 1713 et de Marie Francoise de Pesnel 1665 1696 baronne de La Brede Montesquieu nait dans une famille de magistrats de bonne noblesse de robe au chateau de La Brede pres de Bordeaux en Gironde dont il porte d abord le nom et auquel il reste toujours tres attache Ses parents lui choisissent un mendiant pour parrain afin qu il se souvienne toute sa vie que les pauvres sont ses freres Il est le neveu de Jean Baptiste de Secondat baron de Montesquieu Apres une scolarite au college de Juilly et des etudes de droit il devient conseiller au parlement de Bordeaux en 1714 Le 30 avril 1715 a Bordeaux il epouse Jeanne de Lartigue une protestante issue d une riche famille et de noblesse recente originaire de Clairac qui lui apporte une dot importante alors que le protestantisme restait interdit en France depuis la revocation de l edit de Nantes en 1685 C est en 1716 a la mort de son oncle que Montesquieu herite d une vraie fortune de la charge de president a mortier du parlement de Bordeaux et du titre de baron de Montesquieu dont il prend le nom Delaissant sa charge des qu il le peut il s interesse au monde et au plaisir Le chateau de La Brede A cette epoque l Angleterre s est constituee en monarchie constitutionnelle a la suite de la Glorieuse Revolution 1688 1689 et s est unie a l Ecosse en 1707 pour former la Grande Bretagne En 1715 le Roi Soleil s eteint apres un tres long regne lui succede un monarque plus efface Ces transformations nationales influencent grandement Montesquieu il s y refere souvent Comme en temoigne l Academie de Bordeaux dont il a assume les responsabilites de directeur en 1718 1726 1735 et 1748 Egalement propre a tous les genres aux tableaux gracieux autant qu aux compositions serieuses aux sciences naturelles autant qu aux recherches historiques Montesquieu des 1716 fonda un prix d anatomie a l Academie de Bordeaux en 1721 il lut un Memoire contenant des observations faites au microscope sur des insectes le gui de chene les grenouilles la mousse des arbres et des experiences sur la respiration des animaux plonges sous l eau en 1723 une dissertation sur le mouvement relatif et une refutation du mouvement absolu en 1731 un Memoire sur les mines d Allemagne et sur les intemperies de la campagne de Rome L Academie si occupee dans cette periode des questions d anatomie et de physiologie trouvait en Montesquieu un de ses auditeurs et de ses cooperateurs les plus assidus Il se passionne pour les sciences et mene des experiences scientifiques anatomie botanique physique etc Il ecrit a ce sujet trois communications scientifiques qui donnent la mesure de la diversite de son talent et de sa curiosite Les causes de l echo Les glandes renales et La cause de la pesanteur des corps Il est recu dans les salons litteraires de la duchesse du Maine au chateau de Sceaux et aux fetes des Grandes Nuits de Sceaux dans le cercle des chevaliers de la Mouche a Miel Puis il oriente sa curiosite vers la politique et l analyse de la societe a travers la litterature et la philosophie Dans les Lettres persanes qu il publie anonymement bien que personne ne s y trompe en 1721 a Amsterdam il depeint admirablement sur un ton humoristique et satirique la societe francaise a travers le regard de visiteurs persans Cette œuvre connait un succes considerable le cote exotique parfois erotique la veine satirique mais sur un ton spirituel et amuse sur lesquels joue Montesquieu plaisent Le 19 janvier 1724 un arret du parlement de Bordeaux signe de la main meme de Montesquieu exige que soit respecte un arret du 7 juillet 1723 du meme Parlement de Bordeaux cet arret visait a mettre fin a la segregation et aux brimades dont est alors victime une partie de la population du Sud Ouest les charpentiers les cagots ou gahets En 1726 Montesquieu vend sa charge pour payer ses dettes tout en preservant prudemment les droits de ses heritiers sur celle ci Apres son election a l Academie francaise 1728 il realise une serie de longs voyages a travers l Europe lors desquels il se rend en Autriche en Hongrie en Italie 1728 en Allemagne 1729 en Hollande et en Angleterre 1729 1731 ou il sejourne plus d un an Lors de ces voyages il observe attentivement la geographie l economie la politique et les mœurs des pays qu il visite Il est initie a la franc maconnerie au sein de la loge londonienne Horn le Cor le 12 mai 1730 Pour son appartenance a la franc maconnerie Montesquieu sera inquiete par l intendant de Guyenne Claude Boucher et le cardinal de Fleury en 1737 Il continue neanmoins a frequenter les loges bordelaises et parisiennes dont John Theophilus Desaguliers De retour au chateau de La Brede en 1734 il publie les Considerations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur decadence Ce monument dense couronnement de ses annees de voyages qui l ont initie a la diplomatie et a la politique qui a eu une influence certaine sur Decline and fall of the Roman Empire d Edward Gibbon est surtout une œuvre politique Montesquieu explique lui meme dans une preface non publiee de son vivant qu il a voulu expliquer le changement de regime de la republique a l empire puis qu il est remonte de proche en proche pour en chercher les causes Il etend sa reflexion jusqu a la fin de l Empire romain d Orient autrement dit jusqu a la chute de Constantinople 1453 La matiere historique alimente surtout une reflexion politique qui multiplie les references et les allusions a l histoire moderne et surtout recente voire contemporaine Il travaille ensuite plusieurs annees accumulant notes et reflexions vers 1739 il commence son maitre livre De l esprit des lois D abord publie anonymement en 1748 le livre acquiert rapidement une influence majeure L ouvrage qui rencontre un enorme succes etablit les principes fondamentaux des sciences economiques et sociales et concentre toute la substance de la pensee liberale Il est cependant critique et attaque notamment par les jansenistes ce qui conduit son auteur a publier en 1750 la Defense de l Esprit des lois Il devient membre de l Academie de Stanislas en 1751 L Eglise catholique romaine interdit le livre de meme que de nombreux autres ouvrages de Montesquieu en 1751 et l inscrit a l Index tout comme l avaient ete Machiavel Montaigne et Descartes On lui reproche notamment d avoir fait primer des facteurs physiques et sociaux sur la religion L expression d esprit des lois laisse entendre qu il y a une rationalite immanente aux institutions humaines Tout s explique rien n est par consequent completement absurde ou scandaleux institutions et religions relevent du meme determinisme geographique ou climatique perdent tout privilege de statut et cessent d etre absolues Des la publication de ce monument Montesquieu est entoure d un veritable culte A travers l Europe et particulierement en Grande Bretagne De l esprit des lois est couvert d eloges En 1754 il publie Lysimaque essai politique qui est sa derniere œuvre alors qu il continue a travailler beaucoup revoyant et corrigeant ses œuvres notamment les Lettres persanes et L Esprit des lois dont une edition posthume sera publiee en 1758 dans ses Œuvres en trois tomes Il ne finit jamais l article qu il avait propose a D Alembert pour l Encyclopedie alors que cet article avait deja ete devolu a Voltaire qui fournit le sien l article Gout n est qu une ebauche a partir de documents anciens il trouve place neanmoins au tome VII 1757 Montesquieu souffrait d une vue deficiente qui serait l une des causes de l abandon de sa charge de President a mortier au Parlement de Bordeaux en 1748 apres un diagnostic de cataracte Sa cecite souvent presumee ne semble pas avoir eu de consequences pour son œuvre C est le 10 fevrier 1755 qu il meurt d une fievre chaude fievre ardente Il est inhume le 11 fevrier 1755 dans la chapelle Sainte Genevieve de l eglise Saint Sulpice a Paris PhilosophieLes principes Article detaille De l esprit des lois Tome II edition de 1749 chez Chatelain Dans cette œuvre capitale qui rencontra un enorme succes Montesquieu tente de degager les principes fondamentaux et la logique des differentes institutions politiques par l etude des lois considerees comme simples rapports entre les realites sociales Cependant apres sa mort ses idees furent souvent radicalisees et les principes de son gouvernement monarchique furent interpretes de facon detournee Ce n est qu au moment de la Revolution francaise que les revolutionnaires monarchiens tenteront vainement de les faire adopter par l Assemblee constituante pour contrer l abbe Sieyes partisan de la rupture avec tout heritage et tout modele Son œuvre qui inspira les auteurs de la constitution de 1791 mais egalement des constitutions suivantes est a l origine du principe de distinction des pouvoirs legislatif executif et judiciaire base de toute republique Il est aussi considere comme l un des peres de la sociologie notamment par Raymond Aron Cependant malgre l immensite de son apport a la theorie moderne de la democratie parlementaire et du liberalisme il est necessaire de replacer un certain nombre de ses idees dans le contexte de son œuvre De l esprit des lois Il n a pas eu de reflexion reellement poussee sur le role central du pouvoir judiciaire Il n a jamais parle d une doctrine des droits de l homme La reflexion sur la liberte a moins d importance a ses yeux que celle sur les regles formelles qui lui permettent de s exercer La distribution des pouvoirs Article connexe Separation des pouvoirs Cette section est vide insuffisamment detaillee ou incomplete Votre aide est la bienvenue Comment faire Selon Pierre Manent il n y a principalement chez Montesquieu que deux pouvoirs l executif et le legislatif qu un jeu institutionnel doit mutuellement restreindre Le principal danger pour la liberte viendrait du legislatif plus susceptible d accroitre son pouvoir Les deux pouvoirs sont soutenus par deux partis qui ne pouvant ainsi mecaniquement pas prendre l avantage l un sur l autre s equilibrent mutuellement Il s agit selon Manent de separer la volonte de ce qu elle veut et ainsi c est le compromis qui gouverne rendant les citoyens d autant plus libres Les regimes politiques Si ce bandeau n est plus pertinent retirez le Cliquez ici pour en savoir plus Cet article ou cette section est evasif ou trop peu precis octobre 2017 Montesquieu s appuie sur l importance de la representation Les corps intermediaires sont les garants de la liberte la Revolution francaise montrera toute son ambiguite quand elle supprimera les corporations defendant a la fois la liberte du travail et dissipant les corps intermediaires laissant l individu seul face a l Etat et le peuple doit pouvoir simplement elire des dirigeants Montesquieu distingue alors trois formes de gouvernement dans les deux premiers la transparence est indispensable chaque type etant defini d apres ce que Montesquieu appelle le principe du gouvernement c est a dire le sentiment commun qui anime les hommes vivant sous un tel regime la monarchie ou un seul gouverne mais par des lois fixes et etablies fondee sur l ambition le desir de distinction la noblesse la franchise et la politesse le principe en est l honneur la republique ou le peuple en corps ou seulement une partie du peuple a la souveraine puissance comprenant deux types la democratie regime libre ou le peuple est souverain et sujet Les representants sont tires au sort parmi les citoyens qui sont tous egaux Elle repose sur le principe de vertu devouement patriotisme comportements moraux et austerite traditionaliste liberte amour des lois et de l egalite Montesquieu voit ce systeme comme plus adapte aux communautes de petite taille l aristocratie regime ou un type de personnes est favorise a travers les elections Repose sur le principe de moderation fondee sur la vertu et non sur une lachete ou paresse de l ame pour eviter le glissement a la monarchie ou le despotisme La vertu y est utile mais non necessaire et le despotisme regime d asservissement ou un seul sans loi et sans regle entraine tout par sa volonte et par ses caprices dirige par un dictateur ne se soumettant pas aux lois qui repose sur la crainte Selon le jugement actuel il est surprenant de constater que pour Montesquieu la monarchie permet plus de liberte que la republique puisqu en monarchie il est permis de faire tout ce que les lois n interdisent pas alors qu en republique la morale et le devouement contraignent les individus Les regimes libres dependent de fragiles arrangements institutionnels Montesquieu affecte quatre chapitres De l esprit des lois a la discussion du cas anglais un regime libre contemporain dans lequel la liberte est assuree par la balance des pouvoirs Montesquieu s inquietait que en France les pouvoirs intermediaires comme la noblesse s erodaient alors qu a ses yeux ils permettaient de moderer le pouvoir du prince ref necessaire Comme nombre de ses contemporains Montesquieu tenait pour evidentes certaines opinions qui preteraient aujourd hui a controverse Alors qu il defendait l idee qu une femme pouvait gouverner il tenait en revanche qu elle ne pouvait etre a la tete de la famille Il acceptait fermement le role d une aristocratie hereditaire et de la primogeniture qui permet de conserver les patrimoines ref necessaire Alors que selon Thomas Hobbes l homme a pour passion naturelle la quete de pouvoir Montesquieu ne voit de danger que dans l abus du pouvoir considerant que celui qui dispose d un pouvoir est naturellement porte a en abuser Il convient des lors d organiser les institutions notamment en instaurant une separation des pouvoirs pour qu on ne puisse abuser du pouvoir il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrete le pouvoir Influences sur Catherine II Montesquieu influenca particulierement Catherine II de Russie qui pretend avoir puise abondamment dans De l esprit des lois pour rediger le Nakaz un ensemble de principes Elle avoua a d Alembert qui le rapporta pour l utilite de mon empire j ai pille le livre de Montesquieu sans le nommer J espere que si de l autre monde il me voit travailler il me pardonnera ce plagiat pour le bien de vingt millions d hommes Il aimait trop l humanite pour s en formaliser Son livre est mon breviaire L imperatrice reprit de lui le principe de la separation des pouvoirs legislatif executif et judiciaire et condamna le servage a defaut de l abolir mais au cours de son regne les conditions faites aux serfs furent plutot aggravees La theorie des climats Si ce bandeau n est plus pertinent retirez le Cliquez ici pour en savoir plus Cet article ou cette section est evasif ou trop peu precis aout 2016 Article detaille Theorie des climats Une des idees de Montesquieu soulignee dans De l esprit des lois et esquissee dans les Lettres persanes est la theorie des climats selon laquelle le climat pourrait influencer substantiellement la nature de l homme et de sa societe Il va jusqu a affirmer que certains climats sont superieurs a d autres le climat tempere de France etant l ideal Il soutient que les peuples vivant dans les pays chauds ont tendance a s enerver alors que ceux dans les pays du nord sont rigides Montesquieu fut la influence par La Germanie de Tacite un de ses auteurs favoris Si cette idee peut sembler aujourd hui relativement absurde elle temoigne neanmoins d un relativisme inedit a l epoque en matiere de philosophie politique Elle inaugure dans ce domaine une nouvelle approche du fait politique plus scientifique que dogmatique et s inscrit ainsi comme point de depart des sciences sociales modernes De l esprit des lois 1748 Les peuples des pays chauds sont timides comme les vieillards le sont ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens nous sentons bien que les peuples du nord transportes dans les pays du midi n y ont pas fait d aussi belles actions que leurs compatriotes qui combattant dans leur propre climat y jouissent de tout leur courage Vous trouverez dans les climats du nord des peuples qui ont peu de vices assez de vertus beaucoup de sincerite et de franchise Approchez des pays du midi vous croirez vous eloigner de la morale meme des passions plus vives multiplient les crimes La chaleur du climat peut etre si excessive que le corps y sera absolument sans force Pour lors l abattement passera a l esprit meme aucune curiosite aucune noble entreprise aucun sentiment genereux les inclinations y seront toutes passives la paresse y sera le bonheur La plupart des peuples des cotes de l Afrique sont sauvages ou barbares Je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays presque inhabitables separent de petits pays qui peuvent etre habites Ils sont sans industrie ils n ont point d arts ils ont en abondance des metaux precieux qu ils tiennent immediatement des mains de la nature Tous les peuples polices sont donc en etat de negocier avec eux avec avantage ils peuvent leur faire estimer beaucoup des choses de nulle valeur et en recevoir un tres grand prix L esclavage dans L Esprit des lois L histoire des idees comme l ecrit Celine Spector a retenu en Montesquieu la figure de l un des premiers philosophes anti esclavagistes sinon le premier Certains meme de soutenir que Montesquieu aurait puissamment contribue a modifier les idees morales des generations posterieures Ainsi L Esprit des lois aurait inaugure cette evolution de l opinion publique qui cent ans plus tard amenera l abolition de l esclavage dans toutes les possessions de la France Mais pour Jean Ehrard la position de Montesquieu loin de presenter ce saut qualitatif manifesterait tout au contraire une evidente timidite ses conclusions pratiques n iraient pas au dela d une condamnation de principe Et cette position de principe qui serait tout au plus conforme a l air du temps a ete vivement reprouvee par nombre de ses contemporains a l exemple de Mirabeau le revolutionnaire membre avec Condorcet de la Societe des amis des Noirs pour une abolition immediate de la traite qui condamne Montesquieu ce coryphee des Aristocrates n aurait jamais employe son esprit que pour justifier ce qui est Grouvelle partageait cet avis Helvetius aussi Vous composez avec le prejuge comme un jeune homme entrant dans le monde en use avec les vieilles femmes qui ont encore des pretentions et aupres desquelles il ne veut qu etre poli et paraitre bien eleve Mais aussi ne les flattez vous pas trop Quant aux aristocrates et a nos despotes de tout genre s ils vous entendent ils ne doivent pas trop vous en vouloir c est le reproche que j ai toujours fait a vos principes En somme Montesquieu robin de bonne noblesse bourgeoise ne ferait pour Alphonse Dupront que defendre les interets du groupe social auquel il appartient cette philosophie francaise de la science des societes humaines ne serait que le resultat d une longue patience bourgeoise pour asseoir sa souverainete par une mise en ordre du divers c est a dire une recomposition du monde afin de contenir voire etouffer les fecondites diverses de la singularite De ce point de vue le parallele avec la theorie du premier grand doctrinaire du racisme le comte de Gobineau est des plus eloquents Comme le remarquait Michel Leiris les racines economiques et sociales du prejuge de race apparaissent tres clairement chez Gobineau appartenant a la noblesse il s agissait pour lui de defendre l aristocratie europeenne menacee dans ses interets de caste par le flot montant des democrates et c est pourquoi il fit des aristocrates les representants d une race pretendue superieure qu il qualifia d aryenne et a laquelle il assigna une mission civilisatrice Et l on trouve en effet chez Montesquieu quand il s oppose a l affranchissement des esclaves massivement cette haine de la democratie comme l ecrit Jacques Ranciere qui appartient a l une des grandes formes de la critique historique du fait democratique afin de le contenir pour preserver le gouvernement des meilleurs et defendre l ordre proprietaire Lorsqu il y a beaucoup d affranchis il faut que les lois civiles fixent ce qu ils doivent a leur patron ou que le contrat d affranchissement fixe ces devoirs pour elles On sent que leur condition doit etre plus favorisee dans l Etat civil que dans l Etat politique parce que dans le gouvernement meme populaire la puissance ne doit point tomber entre les mains du bas peuple Cet argument politique qui limite les droits des affranchis en leur imposant des devoirs a l egard de leur patron n est donc qu une maniere de reconnaitre et d affirmer une autorite qui legitime une violence de fait et une exploitation que Montesquieu justifie par ailleurs en louant une justice de convention reciproque selon laquelle un homme libre pourrait choisir pour son utilite L Esprit des lois XV 6 un maitre Selon Montesquieu cet esclavage tres doux aurait une origine juste et conforme a la raison Sade ne voyait dans cette convention reciproque entre maitre et esclave soutenue par Montesquieu rien d autre qu un sophisme Est il au monde un sophisme plus grand que celui la Jamais la justice ne fut un rapport de convenances existant reellement entre deux choses Condorcet a denonce ce sophisme pour conclure Un homme a t il renonce a ses droits sans doute alors il devient esclave mais aussi son engagement devient nul par lui meme comme l effet d une folie habituelle ou d une alienation d esprit causee par la passion ou l exces du besoin Ainsi tout homme qui dans ses conventions a conserve les droits naturels que nous venons d exposer n est pas esclave et celui qui y a renonce ayant fait un engagement nul il est aussi en droit de reclamer sa liberte que l esclave fait par la violence Il peut rester le debiteur mais seulement le debiteur libre de son maitre Il n y a donc aucun cas ou l esclavage meme volontaire dans son origine puisse n etre pas contraire au droit naturel Enfin la servitude selon Montesquieu peut s averer necessaire pour la prosperite des territoires conquis C est sur cet argument economique que Michele Duchet insiste si Montesquieu en est reste au principe c est parce que l interet des colonies exigeait le maintien de l esclavage afin de fournir des hommes pour le travail des mines et des terres de nos colonies si admirables Cette legitimation du crime comme l a ecrit Condorcet pour des interets economiques que l on peut relever dans de nombreux dictionnaires de l epoque a ete reprise sous l autorite de Montesquieu au sein meme d assemblees coloniales pour maintenir cette institution oppressive et vivement denoncee notamment par le Chevalier Louis de Jaucourt dans son article sur la Traite des Negres publie dans l Encyclopedie On dira peut etre qu elles seraient bientot ruinees ces colonies si l on y abolissait l esclavage des negres Mais quand cela serait faut il conclure de la que le genre humain doit etre horriblement lese pour nous enrichir ou fournir a notre luxe Il est vrai que les bourses des voleurs des grands chemins seraient vides si le vol etait absolument supprime mais les hommes ont ils le droit de s enrichir par des voies cruelles et criminelles Quel droit a un brigand de devaliser les passants A qui est il permis de devenir opulent en rendant malheureux ses semblables Peut il etre legitime de depouiller l espece humaine de ses droits les plus sacres uniquement pour satisfaire son avarice sa vanite ou ses passions particulieres Non Que les colonies europeennes soient donc plutot detruites que de faire tant de malheureux Et Condorcet lui aussi a condamne fermement la necessite et la legitimite de cette violence et de cet avilissement de l homme exerces bien au dela de la lutte pour l existence par une minorite privilegiee pour satisfaire un nouveau monde de besoins On pretend qu il est impossible de cultiver les colonies sans Negres esclaves Nous admettrons ici cette allegation nous supposerons cette impossibilite absolue Il est clair qu elle ne peut rendre l esclavage legitime En effet si la necessite absolue de conserver notre existence peut nous autoriser a blesser le droit d un autre homme la violence cesse d etre legitime a l instant ou cette necessite absolue vient a cesser or il n est pas question ici de ce genre de necessite mais seulement de la perte de la fortune des colons Ainsi demander si cet interet rend l esclavage legitime c est demander s il m est permis de conserver ma fortune par un crime C est cette justification economique de la servitude qui a fait dire a Diderot que Montesquieu n avait pu se resoudre a traiter serieusement la question de l esclavage En effet c est degrader la raison que de l employer on ne dira pas a defendre mais a combattre meme un abus si contraire a la raison Quiconque justifie un si odieux systeme merite du philosophe un silence plein de mepris amp du negre un coup de poignard Pour comprendre comme l ecrit Diderot par quelle extravagance Montesquieu parvient a transformer en un acte d humanite une si etrange barbarie il importe de rendre compte de sa progression theorique L institution de l esclavage est centrale dans l œuvre majeure de Montesquieu De l esprit des lois puisque quatre Livres lui sont consacres les Livres XIV XV XVI et XVII examinent respectivement les rapports des lois en general des lois de l esclavage civil des lois de l esclavage domestique et de la servitude politique avec les differents climats Dans son Eloge de Montesquieu Marat grand admirateur de Montesquieu l enonce simplement La servitude civile ou domestique ne depend pas moins du climat que la servitude politique Au Livre XV de L Esprit des lois Montesquieu refute d abord les fausses justifications ou justifications traditionnelles du droit d asservir XV 2 5 servitude contractuelle droit de conquete conversion religieuse et coutume Dans la suite il n en detaille pas moins les raisons naturelles ou veritables qui fonderaient la servitude XV 6 7 avant d enoncer la necessite de la limiter XV 8 9 et de proposer d en reguler juridiquement les abus et les dangers XV 10 19 Mais jamais il ne condamne l esclavage universellement et ne propose de l abolir definitivement Plusieurs chapitres du Livre XV sont meme consacres aux justifications possibles de la traite chap 3 a 5 9 C est avec une amere ironie que l on peut remarquer qu au Livre XIV pour fonder sa these naturaliste de l esclavage Montesquieu a recours au soleil de la science Le savoir physiologique qu il mobilise inspire des theories fibrillaire et climatique doit lui permettre d etablir dans une perspective qui se veut scientifique une mise en rapport des passions et des caracteres humains avec le climat afin de presenter combien les hommes sont differents C est a partir de l examen au microscope instrument emblematique de la revolution scientifique des modernes des modifications d une langue de mouton soumise a des variations de temperature que Montesquieu entend mettre en evidence les variations de la sensibilite selon la temperature de l air J ai observe le tissu exterieur d une langue de mouton dans l endroit ou elle parait a la simple vue couverte de mamelons J ai vu avec un microscope sur ces mamelons de petits poils ou une espece de duvet entre les mamelons etaient des pyramides qui formaient par le bout comme de petits pinceaux Il y a grande apparence que ces pyramides sont le principal organe du gout J ai fait geler la moitie de cette langue et j ai trouve a la simple vue les mamelons considerablement diminues quelques rangs meme de mamelons s etaient enfonces dans leur gaine J en ai examine le tissu avec le microscope je n ai plus vu de pyramides A mesure que la langue s est degelee les mamelons a la simple vue ont paru se relever et au microscope les petites houppes ont commence a reparaitre Cette assise experimentale bien fragile pour un savant moderne lui donne par extension une image explicative qui l autorise a examiner parmi les facteurs physiques qui determinent les organisations humaines religieuses juridiques et politiques l influence souveraine exercee par le climat froid tempere et chaud Marat resume ainsi la these naturaliste de Montesquieu le climat modifierait le degre de la servitude ou de la liberte des differens peuples de la terre Ainsi dans la chaleur du climat la plupart des chatiments seraient moins difficiles a soutenir et la servitude moins insupportable que la force d esprit qui est necessaire pour se conduire soi meme La chaleur enerverait le corps et rendrait les hommes inaptes a tout travail sans crainte du chatiment L esclavage dans les pays au climat ardent choque donc moins la raison XV 7 De meme la lachete supposee des meridionaux favoriserait la servitude politique et leur sensibilite extreme a la volupte engendrerait la servitude domestique associee a la polygamie leur paresse justifierait la servitude civile Le naturel actif ou passif des hommes donnerait lieu a un caractere libre ou servile XIV 2 S il existe pour Montesquieu des esclaves par nature c est donc dans un sens tres different de celui d Aristote l esclave par nature n est pas l homme robuste propre aux travaux d execution inapte a la deliberation et impropre au commandement c est l homme incapable de travailler en raison de sa paresse sans crainte du chatiment Apparait ici la raison d une tolerance a l egard de l institution de l esclavage qui avait pourtant fait l objet au debut du livre XV d une condamnation de principe Ainsi en soumettant l homme a l empire du climat Montesquieu admet un determinisme ou une fatalite aveugle dont l origine toute exterieure a l homme lui meme se trouve dans la nature Les raisons humaines sont toujours subordonnees a cette cause supreme qui fait tout ce qu elle veut et se sert de tout ce qu elle veut Mais il y a plus Comme le releve Celine Spector au livre XXI Montesquieu detourne un argument providentialiste pour soutenir que par une sorte de mecanisme regulateur des ressources naturelles et humaines le sort des hommes sur la terre s equilibrerait naturellement si au Sud les besoins sont moindres les commodites sont nombreuses inversement si au Nord les besoins sont nombreux les ressources sont moindres l equilibre selon Montesquieu se maintient par la paresse que la nature a donnee aux nations du midi et par l industrie et l activite qu elle a donnees a celles du nord XXI 3 Le besoin de liberte serait donc proportionnel au besoin des richesses et les peuples du midi seraient dans un etat violent s ils n etaient pas esclaves La servitude coloniale est de fait naturalisee et legitimee sans autre forme de proces Si Montesquieu recuse le naturalisme d Aristote XV 7 pour lui substituer une autre causalite elle meme naturaliste on n en retrouve pas moins chez l un comme chez l autre comme l ecrit Bruno Guigue la meme structure qui organise la repartition spatiale entre liberte et servitude la meme dissymetrie dans les regimes politiques le meme dualisme qui exclut l oppression chez nous et la justifie chez les autres et le meme principe inegalitaire pour justifier une geopolitique de l esclavage Chez Montesquieu cette entreprise de rationalisation aboutit meme a l esquisse d un veritable code de conduite esclavagiste La position de Montesquieu face a l esclavage est des plus ambigues Cette articulation des valeurs et des normes a des considerations climatiques ou providentielles souleve de nombreux problemes d interpretation Qui plus est alors qu il rejette certaines justifications de la servitude il n en admet pas moins une forme de naturalite de l esclavage le legitime a maintes reprises meme dans sa pratique la plus brutale en invoquant la necessite de la traite dans les colonies sans jamais rien dire de sa cruaute Toute l ambiguite se cristallise dans les references a la nature qu il emploie dans L Esprit des lois Comme le precise Jean Starobinski tout au long de L Esprit des lois la notion de nature est double opposee contradictoire voire paradoxale l esclavage est a la fois presente comme une coutume contre nature et justifie par des raisons naturelles Si Montesquieu met en evidence un rapport entre l homme dans son milieu et l ordre interieur de l homme jamais il ne le theorise Des lors ces justifications naturelles providentielles economiques ou politiques qui contreviennent a l universalite du droit naturel ne laissent d interroger quelle valeur reconnaitre a l ironie du celebre chapitre V du Livre XV De l esclavage des negres alors meme que l esclavage dans L Esprit des lois est reconnu comme un fait de nature et legitime dans sa forme la plus cruelle Mais pourquoi comme l ecrit Brunetiere nous indignerons nous contre l esclavage si les phenomenes historiques et sociaux sont conditionnes eux memes par d autres phenomenes sur lesquels nous ne pouvons rien de plus que sur la revolution de la terre autour de son axe ou sur le refroidissement du soleil A propos de l ironie du chapitre V du Livre XV L exercice scolaire du commentaire litteraire quelle qu en soit la vertu ne retient le plus souvent que le seul chapitre V du Livre XV de L Esprit des lois pour illustrer la position de Montesquieu sur l esclavage des Negres On ne peut que s etonner de voir comment ce texte eminemment classique voire canonique est propose aux eleves des classes secondaires Un tel statut devrait pourtant lui valoir une attention particuliere une rigueur dans l explication et l exploitation Mais on s apercoit tout au contraire qu il est presente de maniere fort peu soigneuse sans le moindre respect de son integrite Une pareille desinvolture interroge pourquoi les travaux les plus savants dont ce texte a fait l objet sont ils si etrangers au grand public et aux enseignants du secondaire Par ailleurs l analyse centree sur ce seul chapitre isole des Livres consacres a l esclavage dans L Esprit de lois a l exemple de celle proposee par Rene Pommier presente deux defauts majeurs ce texte est donne comme le dernier mot de Montesquieu sur cette institution alors qu il s agit d un rejet des pretendues origines du droit d esclavage et l argumentation generale de L Esprit des lois est expurgee de la veritable origine du droit de l esclavage qui selon Montesquieu serait fondee sur la nature des choses XV chap VI et VII qui justifie les pires abus These naturaliste que meme les plus fervents admirateurs de Montesquieu en son temps comme Marat n avaient pas manque de relever Le climat modifie aussi le degre de la servitude ou de la liberte des differens peuples de la terre La diverse temperature de l air ayant une si prodigieuse influence sur la force du corps et la hardiesse de l esprit il est simple que la lachete des peuples du Midi les ait presque tous rendus esclaves tandis que le courage des peuples du Nord les a presque tous maintenus libres De plus la question de l utilisation de l ironie par Montesquieu dont les modalites sont delicates a decrire ainsi que l atteste par exemple l analyse logique de J Depresle et d Oswald Ducrot ne se resout nullement dans la seule constatation sans ambiguite possible du sens anti esclavagiste de ce chapitre V a moins de supposer une axiomatique ou une koine rhetorique partagee par la quasi totalite des lecteurs de Montesquieu comme le fait Rene Pommier Sur ce point on fera remarquer que toutes les descriptions de l ironie que ce celebre chapitre a occasionnees divergent dans la facon dont elles decrivent le renversement ironique Condorcet dans une note inseree au bas de la page 41 de ses Reflexions sur l esclavage des negres donne une effroyable illustration de cette difficulte du renversement de l ironie et de ses consequences qui peuvent etre tragiques Il y a quelque temps que les habitants de la Jamaique s assemblerent pour prononcer sur le sort des mulatres amp pour savoir si attendu qu il etait prouve physiquement que leur pere etait Anglais il n etait pas a propos de les mettre en jouissance de la liberte amp des droits qui doivent appartenir a tout Anglais L assemblee penchait vers ce parti lorsqu un zele defenseur des privileges de la chair blanche s avisa d avancer que les Negres n etaient pas des etres de notre espece amp de le prouver par l autorite de Montesquieu alors il lut une traduction du chapitre de L Esprit des lois sur l esclavage des Negres L assemblee ne manqua pas de prendre cette ironie sanglante contre ceux qui tolerent cet execrable usage ou qui en profitent pour le veritable avis de l auteur de L Esprit des lois amp les mulatres de la Jamaique resterent dans l oppression Cette anecdote telle que Condorcet la rapporte montre que l ironie sanglante de ce texte a ete pour le moins inefficace a lutter contre l oppression Ce qui explique pourquoi Condorcet ne donne jamais Montesquieu pour digne declamateur contre l esclavage comme il le fait dans la suite de cette anecdote pour Le Gentil et un peu loin pour Bernardin de Saint Pierre Qui plus est tous les arguments de ce chapitre ne relevent pas d un retournement contraire et pour ceux que l on peut retourner comme les indices de l ironie sont souvent incertains ou equivoques personne ne les renverse de la meme maniere Comment et pourquoi retourner par exemple l argument economique sur le cout des biens d importation en provenance des colonies d autant que selon Montesquieu la navigation d Afrique est necessaire pour fournir des hommes pour le travail des mines et des terres de l Amerique Le voici Si j avais a soutenir le droit que nous avons eu de rendre les negres esclaves voici ce que je dirais Le sucre seroit trop cher si l on ne faisoit travailler la plante qui le produit par des esclaves Selon Rene Pommier Montesquieu renverse l ordre des choses normalement ecrit il le prix du sucre devrait varier en fonction du cout du travail humain Rene Pommier aurait raison si la norme universellement admise et de tout temps etait comme l ecrit Helvetius celle d une humanite qui commande d abord et avant tout a l amour de tous les hommes et non l espoir du gain attache a celui de la recolte Or dans la logique du grand commerce dont la consommation d hommes est si grande plutot que d elever le prix du sucre c est le cout du travail humain qui est abaisse et l esclavage donne comme la consequence ineluctable du bon marche Meme si cet argument peut bien paraitre des plus cyniques il n en est pas moins le plus fort de ce texte comme l a ecrit Rene Pommier lui meme parce qu il a le merite de mettre a nu les racines economiques de l esclavage En effet pour bien des exploitants planteurs et commercants l existence des colonies et la prosperite du commerce dependaient effectivement du maintien de la servitude Raisons pour lesquelles certains dictionnaires de commerce n en disent pas plus pour justifier l esclavage des Negres sous l autorite de Montesquieu et sans la moindre ironie Ce qui sert a vos plaisirs est mouille de nos larmes illustration de Jean Michel Moreau extraite du Voyage a l Isle de France de Bernardin de Saint Pierre 1773 Il est difficile de justifier tout a fait le commerce des Negres mais on en a un besoin indispensable pour les cultures des sucres des tabacs des indigo amp c Le sucre dit Mr de Montesquieu seroit trop cher si l on ne faisoit travailler la plante qui le produit par des esclaves Isolement cet argument economique a une rationalite pleine et entiere Et face a cette allure rationnelle l explication par l ironie se revele bien insuffisante Par son travail dans l epaisseur du texte par couches successives jusqu a sa version definitive Catherine Volpilhac Auger offre une approche bien plus profitable pour l interpretation que la lecture ironique Voici l argument dans sa premiere redaction Le sucre seroit trop cher si on ne faisoit pas travailler la plante qui le produit par des esclaves et si on les traitoit avec quelque humanite Le processus de reecriture montre que cet argument economique recele dans ses corrections un element qui peut servir a son analyse En supprimant la derniere proposition et si on les traitoit avec quelque humanite Montesquieu a rendu une plenitude rationnelle a l argument en lui redonnant precisement une allure purement economique Dans une perspective esclavagiste une exigence liee a l humanite du traitement des esclaves serait evidemment contraire aux raisons qui la gouvernent Par ailleurs il est remarquable que Montesquieu ait donne a cet argument une concision dont la force persuasive releve bien moins de la singularite que du stereotype ou du prejuge Ce simplisme est tout a fait semblable a ce que l on trouve dans les dictionnaires de commerce qui reprennent son argument selon une modalite didactique ou pedagogique Ce que Montesquieu donne a lire c est un enonce qui de son texte aux dictionnaires qui le reprennent s est fige un savoir ou un imaginaire moyen appartenant a une sorte de catalogue d idees recues ou admises comme le sont tout autant les dictionnaires qui lui empruntent son argument et ceux auxquels Montesquieu a bien pu puiser lui meme a l exemple du Dictionnaire universel de commerce 1723 de Savary anterieur a L Esprit des lois 1748 Il est difficile de justifier tout a fait le commerce des Negres cependant il est vrai que ces miserables Esclaves trouvent ordinairement leur salut dans la perte de leur liberte amp la raison de l instruction Chretienne qu on leur donne jointe au besoin indispensable qu on a d eux les cultures des sucres des tabacs des indigos amp c adoucissent ce qui paroit d inhumain dans un negoce ou des hommes sont les Marchands d autres hommes amp les achetent de meme que des bestiaux pour cultiver leurs terres Il est caracteristique de tels enonces comme l ecrit Jean Dubois qu ils supposent un lecteur pour les accepter comme ils se donnent a savoir comme la verite sur le sujet Et lorsque l on analyse comme le propose J P Courtois le dispositif enonciatif cree par Montesquieu au regard de la progression argumentative on peut remarquer que chaque argument a son propre auditoire et que cet auditoire passe de l universel au particulier De plus a cette particularisation progressive de l auditoire correspond une progression inverse de l argumentation qui va quant a elle du plus rationnel acceptable au moins rationnel accepte L argument economique ayant la rationalite la plus englobante et l auditoire le plus universel Aussi convient il de remarquer comme le fait J P Courtois que le chapitre V du livre XV de L Esprit des lois selon l endroit precis ou il se trouve et le dispositif a partir duquel Montesquieu enonce propose une configuration propre Montesquieu cede la parole a un esclavagiste au sein meme d une argumentation consacree aux origines et aux justifications de l esclavage Construit a partir d arguments deja explicites et sur d autres arguments qui le seront dans la suite ce chapitre a une fonction de pivot ou charniere dans l argumentation de Montesquieu Des lors plusieurs questions se posent pourquoi Montesquieu cede t il ici la parole a un esclavagiste de fiction qui fait entendre des arguments que Montesquieu vient pour partie au moins de refuter Cette argumentation partiellement a contre sens change t elle l argumentation generale de L Esprit des lois Enfin on peut encore s interroger sur l efficacite d un texte qui paradoxalement permet ou autorise par son simplisme ou son style sa recuperation a des fins contraires a savoir le maintien de l institution de l esclavage pour certaines raisons C est la peut etre toute sa force ideologique Points de vue sur MontesquieuLe philosophe marxiste Louis Althusser le decrit comme un libertin partage entre l idealisation de la problematique des contre pouvoirs feodaux et le desir de grandeur parlementaire D autre part Montesquieu appellerait a une alliance des privilegies bourgeoisie et aristocratie contre les aspirations populaires La monarchie etant la formule preferee de Montesquieu a condition qu elle ne s abime pas en monarchie absolue il note la necessite de lois fixes et etablies et de pouvoirs intermediaires entre le monarque et ses sujets assures surtout par la noblesse et les ecclesiastes ce qui releve de la structure feodale classique Les travaux de Louis Desgraves et Pierre Gascar ont montre que contrairement a Voltaire il etait un homme bien integre a la societe de son temps et nullement en revolte contre son monde aristocrate et bon catholique heritier et bon gestionnaire de ses biens academicien soucieux de sa reputation habitue des salons Sa pensee echappe au caractere radical et parfois dogmatique de la philosophie des Lumieres Ses incoherences et ses ambiguites sont les marques d une œuvre denuee d esprit de systeme qui tente de combiner la raison et le progres avec les traditions et autres irrationalites que charrie l histoire PosteriteEmbarcadere Montesquieu rive droite de Bordeaux Pour de nombreux juristes Montesquieu figure comme un des premiers comparatistes modernes du droit Le droit compare est ainsi une discipline redevable a Montesquieu Les ecrits de ce penseur ont egalement ouvert de nouveaux champs d investigation dans divers domaines comme la philosophie ou la science politique Keynes considerait Montesquieu comme le plus grand economiste francais celui qu il est juste de comparer a Adam Smith Joseph Pilhes a fait d un acte de generosite de Montesquieu l argument de sa piece Le Bienfait anonyme en 1782 Le fils de Montesquieu qui ignorait l episode la decouvrit lors d une representation de la piece a la Comedie Francaise en septembre 1784 Mais il ne s agit que d une legende Montesquieu n ayant jamais mis les pieds a Marseille ou est situee cette anecdote qui n est fondee sur aucun document ref necessaire On doit egalement un Montesquieu a Marseille 1784 a Louis Sebastien Mercier Le prix Montesquieu decerne depuis 1989 par l Association francaise des historiens des idees politiques rend hommage au penseur eponyme en recompensant la meilleure these d histoire des idees politiques en langue francaise Une rose du nom de Montesquieu lui est dediee en 1959 par le rosieriste espagnol Pedro Dot NumismatiqueBillet de 200 francs Montesquieu 1981 1994 Piece de 10 francs Montesquieu 1989 Œuvres de MontesquieuLa Damnation eternelle des paiens 1711 Eloge de la sincerite 1717 Lettres persanes 1721 roman epistolaire Le Temple de Gnide 1725 poeme en prose Reflexions sur la monarchie universelle en Europe 1734 L unique exemplaire de cet ouvrage est conserve a la Bibliotheque municipale de Bordeaux cote MS 2511 Considerations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur decadence 1734 Histoire Veritable manuscrit ecrit entre 1730 et 1738 De l esprit des lois 1re ed 1748 Defense de l Esprit des lois 1750 Essai sur le gout 1757 Mes pensees recueil de reflexions personnelles edition posthume Spicilege recueil de notes anecdotes etc edition posthume Voyages de Montesquieu notes sur son voyage en Europe d avril 1728 a mai 1731 t I t II edition posthume Discours sur la cause de l echo Discours sur l usage des glandes renales Discours sur la cause de la pesanteur des corps Memoire sur le principe et la nature du mouvement precedemment intitule Dissertation sur le mouvement relatif Notes sur l Angleterre Arsace et Ismenie ecrit vers 1754 publication posthume en 1783 Correspondance Un millier de lettres de Montesquieu fut recouvre Un assez grand nombre fut perdu Armes de Montesquieu dans le manteau de President a mortier il herita cette charge en 1716 a la mort de son oncle Editions Cette section est vide insuffisamment detaillee ou incomplete Votre aide est la bienvenue Comment faire Plusieurs editeurs ont compile les ecrits de Montesquieu bien que certaines souffrent de lacunes Ed Andre Masson Paris Nagel 1950 3 t Ed Roger Caillois dans La Pleiade 1949 1951 2 t Ed Seuil collection L Integrale 1964 Ed Robert Derathe mise a jour par Denis de Casabianca Paris Classiques Garnier 2011 2 t Ed Societe Montesquieu sur l initiative de Jean Ehrard 1988 18 volumes parus sur 22 prevus http montesquieu ens lyon fr spip php rubrique5 Correspondance choisie Philip Stewart ed Paris Classiques Garnier 2015 Armoiries Les armes de Montesquieu sont D azur a deux coquilles d or en chef accompagnees d un croissant d argent en pointe ce sont les armes de la branche cadette celle des barons de La Brede elles figurent sur l ancien billet de 200 francs 1981 1994 a son effigie couronne de baron manteau de President a mortier Les armes de la branche ainee de sa famille celle des barons de Roquefort etaient D azur a la fasce d or accompagnee de deux coquilles d or eu chef et d un croissant d argent en pointe Notes et referencesNotes Denis de Casabianca note par exemple comme sources probables de Montesquieu sur ces questions climatiques Aristote Hippocrate Huarte Bodin Selon Anne Marie Chabrolle Cerretini cette idee d un rapport triangulaire entre les conditions exterieures surtout climatiques un peuple et une culture notamment les elements institutionnels analyses comme le resultat d une causalite reprise par Montesquieu serait l heritage d une opposition pays nordiques pays du Sud developpee des le XVI e siecle Voir Anne Marie Chabrolle Cerretini La vision du monde de Wilhelm von Humboldt Histoire d un concept linguistique Lyon ENS Editions 2007 p 35 57 Voir a ce sujet le Journal de Paris 16 septembre 1784 p 1101 et les Œuvres completes de Montesquieu Paris Belin 1817 tome premier 1re partie References Ce fait fut d ailleurs mentionne dans l acte paroissial ce jour 18 janvier 1689 a ete baptise dans notre eglise paroissiale le fils de M de Secondat notre seigneur Il a ete tenu sur les fonds par un pauvre mendiant de cette paroisse nomme Charles a telle fin que son parrain lui rappelle toute sa vie que les pauvres sont nos freres Que le bon Dieu nous conserve cet enfant Academie des Sciences Belles Lettres et Arts de Bordeaux Table historique et methodique 1712 1875 Documents historiques 1711 1713 Catalogue des manuscrits de l ancienne Academie 1712 1793 Imprimerie Gounouilhou 1879 consulte le 3 avril 2016 p 16 Dr H M Fay Dr H Marcel Histoire de la lepre en France I Lepreux et cagots du Sud Ouest notes historiques medicales philologiques suivies de documents Paris H Champion 1910 ark 12148 bpt6k57243705 Charles Montesquieu sur Grand Lodge of British Columbia and Yukon 2011 consulte le 15 janvier 2013 Montesquieu le philosophe oublie sur l Edifice 1989 consulte le 15 janvier 2013 Montesquieu Considerations sur les Romains Œuvres completes t II Oxford Voltaire Foundation 2000 p 315 316 MONTESQUIEU Charles Louis de Secondat baron de La Brede et de sur cths fr consulte le 25 octobre 2013 a et b M L Dufrenoy Evolution d un phenomene pathologique et evolution du style chez Montesquieu Revue de pathologie comparee mai 1966 p 305 310 Denis Huisman De Socrate a Foucault pages celebres de la philosophie occidentale Paris Perrin 1989 Jean Dalat Montesquieu magistrat L homme en lutte avec ses contradictions Archives Montesquieu n 4 1972 p 91 mes lectures ont affoibli mes yeux et il me semble que ce qui me reste encore de lumiere n est que l aurore du jour ou ils se fermeront pour jamais Pensees n 1805 Jacques Battin Montesquieu malvoyant puis aveugle Histoire des sciences medicales Tome XLVIII N 2 2014 lire en ligne Jean Starobinski La cecite obligera Montesquieu a dicter son livre L Esprit des lois Monstequieu par lui meme Paris Editions du Seuil 1971 191 p p 25 Catherine Volpilhac Auger La cecite supposee de Montesquieu Montesquieu sur montesquieu ens lyon fr mars 2017 consulte le 25 novembre 2020 Extrait du registre paroissial de l eglise Saint Sulpice a Paris ledit jour 11 fevrier 1755 a este fait le convoi et enterrement de haut et puissant seigneur Charles de Secondat baron de Montesquieu et de la Brede ancien president a mortier du parlement de Bordeaux l un des quarante de l Academie francoise decede le jour d hier rue Saint Dominique age de soixante cinq ans en presence de Messire Joseph de Marans ancien maitre des requestes honoraire et de Messire Charles Darmajant petit fils du deffunt qui ont signe Marans Darmajan Guerin de Lamotte de Guyonnet de Guyonnet de Coulon Marans cte d Estillac J Rolland vicaire registre detruit par l incendie de 1871 mais acte recopie par l archiviste Auguste Jal dans son Dictionnaire critique de biographie et d histoire Paris Henri Plon cf son Histoire intellectuelle du liberalisme a b c et d De l Esprit des lois II 1 De l Esprit des lois IV 2 De l Esprit des lois II 2 IV 5 V 3 De l Esprit des lois III 4 De l Esprit des lois III 7 il faut que la crainte y abatte tous les courages et y eteigne jusqu au moindre sentiment d ambition De l esprit des loix Livre xi chap iv Aristote Les Politiques Livre VII chapitre VII Poseidonios d Apamee Ibn Khaldoun Les Prolegomenes Livre I section I ou Jean Bodin La Republique Livre V chap I avaient deja pretendu etablir une differenciation dans le temperament attribue aux differents peuples et dans l organisation politique des societes ou determiner le plus ou moins grand degre d avancement des civilisations par la theorie des climats a b et c De l Esprit des lois XIV 2 De l Esprit des lois XXI 2 Celine Spector Il est impossible que nous supposions que ces gens la soient des hommes la theorie de l esclavage au livre XV de L Esprit des lois 2011 Article en ligne Defense de Montesquieu sur Assez decode Russel Parsons Jameson Montesquieu et l esclavage Paris Hachette 1911 p 347 Jean Ehrard L Idee de Nature en France dans la premiere moitie du XVIII e siecle reed Paris Albin Michel 1994 p 500 Denis de Casabianca De l esprit des lois Paris Editions Ellipses 2003 p 58 Mirabeau Courrier de Provence du 24 au 27 juillet 1789 Mirabeau Courrier de Provence du 8 au 10 aout 1789 Condorcet reprend integralement un long extrait de M Grouvelle De l autorite de Montesquieu dans la revolution presente in La Bibliotheque de l Homme public ou Analyse raisonnee des principaux ouvrage francais et etrangers tome 7 Paris Buisson 1790 p 3 100 Lettre d Helvetius a Montesquieu Œuvres de Montesquieu tome IV Paris Dalibon 1837 p 299 Alphonse Dupront Espace et humanisme Bibliotheque d humanisme et de renaissance tome VIII 1946 p 39 40 Voir la critique formulee contre les legislateurs par Helvetius dans De l Esprit Paris Durand 1758 note c p 21 Dans les pays polices l art de la legislation n a souvent consiste qu a faire concourir une infinite d hommes au bonheur d un petit nombre a tenir pour cet effet la multitude dans l oppression et a violer envers elle tous les droits de l humanite Alphonse Dupront Espace et humanisme Bibliotheque d humanisme et de renaissance tome VIII 1946 p 39 40 Voir egalement l article de Denis de Casabianca Une anthropologie des differences dans L Esprit des lois Archives de Philosophie 2012 3 Tome 75 p 405 423 Le regard que Montesquieu entend porter sur l ensemble des institutions humaines dans L Esprit des lois suppose une attention a ce qui gouverne les hommes vivant en societes Michel Leiris Race et civilisation Cinq etudes d ethnologie Editions Denoel 1969 p 76 77 De l Esprit des lois XV 18 Jacques Ranciere La haine de la democratie Paris La Fabrique 2005 Voir l introduction Sade Histoire de Juliette 1801 Quatrieme partie Condorcet Reflexions sur l esclavage des negres Neufchatel Societe Typographique 1781 chapitre 4 Michele Duchet Anthropologie et histoire au siecle des Lumieres reed Paris Albin Michel 1995 p 154 De l Esprit des lois XXI 21 Condorcet Reflexions sur l esclavage des negres Neufchatel Societe Typographique 1781 p 9 Demander si cet interet rend l esclavage legitime c est demander s il m est permis de conserver ma fortune par un crime Delesalle Simone Valensi Lucette Le mot negre dans les dictionnaires francais d Ancien regime histoire et lexicographie Langue francaise sous la direction de Jean Claude Chevalier et Pierre Kuentz no 15 1972 p 79 104 Voir entre autres l anecdote rapportee par Condorcet dans ses Reflexions sur l esclavage des negres Neufchatel Societe Typographique 1781 p 41 Frederic Descroizilles Essai sur l agriculture et le commerce des iles de France et de la Reunion Rouen 1803 p 37 Tous les hommes eclaires des vrais interets de l Etat sont aujourd hui convaincus que l existence des colonies si intimement liee avec la prosperite du commerce et de la marine nationale depend du maintien de la servitude L Encyclopedie ou Dictionnaire raisonne des sciences des arts et des metiers Tome 16 1755 p 533 Cette expression et les suivantes sont de Nietzsche Friedrich Nietzsche L Etat chez les Grecs In La philosophie a l epoque tragique des Grecs trad de Michel Haar et Marc B De Launay Paris Gallimard 1975 p 180 191 Condorcet Reflexions sur l esclavage des negres Neufchatel Societe Typographique 1781 chapitre 3 Guillaume Thomas Raynal Histoire philosophique et politique des etablissemens et du commerce des Europeens dans les Deux Indes Tome IV Amsterdam 1770 pp 167 168 Guillaume Thomas Raynal Histoire philosophique et politique des etablissemens et du commerce des Europeens dans les Deux Indes Tome III Geneve Jean Leonard Pellet Imprimeur 1780 p 199 Louis Sala Molins Le Code Noir ou le calvaire de Canaan reed 2012 Paris Presses Universitaires de France p 217 Du liv 14 au liv 17 Montesquieu n analyse t il pas le rapport au climat successivement des lois en general des lois de l esclavage civil des lois de l esclavage domestique et celles de la servitude politique a et b Jean Paul Marat Eloge de Montesquieu presente a l Academie de Bordeaux le 28 mars 1785 publie par Arthur de Brezetz Libourne G Maleville Libraire Editeur 1883 p 40 Michel Leiris Race et civilisation Cinq etudes d ethnologie Editions Denoel 1969 p 78 Michel Leiris etablit un parallele entre le developpement du racisme l ideal democratique et le recours a la science chaque fois que de facon criante on viol e ou refus e de reconnaitre les droits d une portion de l humanite L expression est empruntee a la preface de Gobineau Essai sur l inegalite des races humaines Tome I Paris Firmin Didot 1853 a et b Denis de Casabianca Une anthropologie des differences dans L Esprit des lois Archives de Philosophie 2012 3 tome 75 p 406 Georges Canguilhem Note sur le passage de la theorie fibrillaire a la theorie cellulaire La connaissance de la vie Paris Hachette 1952 p 212 215 Casabianca 2003 p 53 De l Esprit des lois XIV 2 Casabianca 2012 p 405 423 Jean Paul Marat ibid p 80 Aristote Les Politiques trad P Pellegrin Paris GF Flammarion 1993 I 2 4 5 13 De l Esprit des lois XIX 15 L empire du climat est le premier de tous les empires Casabianca 2003 p 53 Soumettre l homme au climat c est admettre une fatalite aveugle De l Esprit des lois XVI 2 Celine Spector Il est impossible que nous supposions que ces gens la soient des hommes la theorie de l esclavage au livre XV de L Esprit des lois 2011 Article en ligne Bruno Guigue Montesquieu ou les paradoxes du relativisme Etudes Tome 401 2004 pp 193 204 Casabianca 2003 p 53 54 Il est sur que Montesquieu ecrit a une epoque ou la traite negriere bat son plein et ou l esclavagisme colonial est en plein essor ou l information des milieux cultives auxquels il appartient ne souffre aucune lacune sur le sujet ou la cruaute de telles pratiques n est ignoree de personne Bruno Guigue Montesquieu ou les paradoxes du relativisme Etudes Tome 401 2004 p 193 204 Jean Starobinski Montesquieu par lui meme Editions du Seuil Paris 1953 p 77 78 De l Esprit des lois XV 7 Revue des Deux Mondes 3e periode tome 82 1887 p 703 Defense de Montesquieu sur Assez decode Le propos de Rene Pommier est representatif de cette pratique tres courante en milieu scolaire J ai beaucoup pratique l explication de texte que je considere comme l exercice le plus propre a faire aimer la litterature aux lyceens et aux etudiants a la condition qu elle soit aussi precise et exhaustive que possible Le texte de Montesquieu fait partie des nombreux textes que j ai expliques lorsque j etais en activite et dont j ai cru pouvoir publier le commentaire que j en avais fait parce qu il me semblait a tort ou a raison plus abouti que d autres Rappelons que Montesquieu a disparu du programme d agregation des Lettres pendant plusieurs decennies Pour un auteur aussi present dans les manuels scolaires des lycees voire des colleges le fait est pour le moins curieux sinon paradoxal Voir Catherine Volpilhac Auger Pitie pour les negres L information litteraire 2003 Vol 55 p 11 16 a et b Catherine Volpilhac Auger Pitie pour les negres L information litteraire 2003 Vol 55 p 11 16 Par une sorte de devotion academique comme l ecrit Bruno Guigue la posterite retiendra l ironie anti esclavagiste et fera l impasse sur ce qui la vide de sa substance deux pages plus loin Voir Bruno Guigue Montesquieu ou les paradoxes du relativisme Etudes Tome 401 2004 p 193 204 a et b Defense de Montesquieu sur rene pommier free fr 3 aout 2016 Celine Spector Il est impossible que nous supposions que ces gens la soient des hommes la theorie de l esclavage au livre XV de L Esprit des lois 2011 Article en ligne Comme l ecrit J P Courtois ce chapitre 5 a la fonction de pivot ou frontiere entre les fausses raisons de l esclavage et les vraies origines de l esclavage soutenues par Montesquieu J P Courtois Des voix dans le Traite De l esclavage des negres a la tres humble remontrance Revue Montesquieu no 1 1997 J Depresle et Oswald Ducrot Analyse logique d un texte de Montesquieu sur l esclavage Langue francaise no 12 1971 p 93 97 La formalisation logique selon J Depresle et Oswald Ducrot montre que si le texte peut bien apparaitre comme la simple destruction de l argumentation esclavagiste il n est pas veritablement une argumentation anti esclavagiste J Depresle et Oswald Ducrot Analyse logique d un texte de Montesquieu sur l esclavage Langue francaise no 12 1971 p 93 97 Defense de Montesquieu sur Assez decode Cette opinion a l evidence a toujours ete partagee par la quasi totalite des lecteurs et d abord par les contemporains de Montesquieu Les autres seraient betes a b c et d J P Courtois Des voix dans le Traite De l esclavage des negres a la tres humble remontrance Revue Montesquieu no 1 1997 Condorcet Reflexions sur l esclavage des negres Neufchatel Societe Typographique 1781 voir les chapitres 7 et 9 Chapitre apres chapitre Condorcet prend le contre pied complet de Montesquieu en rejetant notamment sa these naturaliste qui legitime l esclavage et autorise le maintien d une organisation vicieuse de la societe Ce n est ni au climat ni au terrein ni a la constitution physique ni a l esprit national qu il faut attribuer la paresse de certains peuples c est aux mauvaises loix qui les gouvernent chapitre 6 Olivier Reboul La rhetorique 1re ed 1984 Paris Presses Universitaires de France 1996 p 60 Voir la conclusion de l analyse de J Depresle et Oswald Ducrot Analyse logique d un texte de Montesquieu sur l esclavage Langue francaise no 12 1971 pp 93 97 Ferdinand Brunetiere par exemple voyait dans ce fameux chapitre sur l Esclavage des negres meles a des traits d une ironie superieure des plaisanteries de robin ou qui sentent la province Revue des Deux Mondes 3e periode tome 82 1887 p 697 De l Esprit des lois XXI 21 BnF 2014 Helvetius De l Esprit Paris Durand 1758 chapitre 3 Si le terme de liberalisme n a ete introduit dans les langues europeennes qu au debut du XIX e siecle que parler du liberalisme de Montesquieu ou de tout autre auteur du XVIII e siecle est un anachronisme rien en revanche n interdit de reconnaitre ici certaines configurations conceptuelles qui ont precede l enonciation de la doctrine liberale et en ont favoriser l emergence et notamment dans l acceptation des conduites orientees par le gain qui a aide au developpement du capitalisme dans l Europe des Lumieres Cette critique de la reduction marchande de toutes les valeurs y compris celles de la dignite humaine est le support des critiques du liberalisme du capitalisme ou de l esprit de calcul qui l accompagne et ce depuis Montesquieu Catherine Larrere Montesquieu et le doux commerce un paradigme du liberalisme Cahiers d histoire Revue d histoire critique no 123 2014 pp 21 38 Frederic Descroizilles Essai sur l agriculture et le commerce des iles de France et de la Reunion Rouen 1803 p 37 Dictionnaire portatif de commerce Tome 6 Copenhague Chez les Freres C amp A Philibert 1762 p 11 Le dictionnaire qu il ait pour objet la langue ou quelque savoir sur le monde releve du discours pedagogique Comme lui il est plus precisement un enonce sur un autre enonce deja realise Le savoir sur le monde que le dictionnaire communique est lui meme un discours tenu sur un corpus fait de formulations scientifiques ou culturelles Au sens plein du terme un dictionnaire ne peut etre qu un ouvrage de seconde main Jean Dubois Dictionnaire et discours didactique Langages no 19 1970 p 35 47 Comme l ecrit Jean Dubois le lecteur qui ouvre un dictionnaire lui pose une question et attend une reponse sans detour une reponse qui ne souffre ni debat ni doute ni ambiguite mais un savoir propre a la communaute a laquelle il appartient et dont le dictionnaire se doit d etre le conservateur Le dictionnaire est un texte culturel Cette culture est faite d un ensemble d assertions sur l homme et sur la societe assertions prenant valeur de lois universelles Voir Jean Dubois Dictionnaire et discours didactique Langages no 19 1970 pp 35 47 Le Dictionnaire universel de commerce de Savary a connu un grand succes en France et au dehors Il a ete redige pour partie sur la base de memoires recus des negociants eux memes Il jouissait en son temps dans le monde scientifique de la plus haute estime Voir a ce sujet l article de Leon Vignols Le dictionnaire universel du commerce de Savary des Bruslons L opinion des negociants nantais en 1738 etc Annales de Bretagne Tome 38 numero 4 1928 p 742 751 Jean Dubois Dictionnaire et discours didactique Langages no 19 1970 p 35 47 Le dictionnaire tente de se situer non comme un enonce variable dans le temps mais comme un universel Ce que J P Courtois appelle une confrontation entre la voix fictive qui defend l esclavage Si j avais a soutenir le droit que et l auditoire qu elle suppose ce qui recouvre a peu pres l ensemble suppose et problematique des lecteurs implicites construits par le chapitre J P Courtois Des voix dans le Traite De l esclavage des negres a la tres humble remontrance Revue Montesquieu no 1 1997 Ce chapitre presente une argumentation dont la progression est a la fois cumulative et disjonctive elle observe un respect strict de l alinea pour chaque argument et une absence totale de lien argumentatif entre chaque argument A l exemple de l argument sur la valeur des mineraux Une preuve que les Negres n ont pas le sens commun c est qu ils font plus de cas d un collier de verre que de l or qui chez les nations policees est d une si grande consequence qui est soutenu par ailleurs par Montesquieu au chapitre 2 du Livre XXI intitule Des peuples d Afrique La plupart des peuples des cotes de l Afrique sont sauvages ou barbares Je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays presqu inhabitables separent de petits pays qui peuvent etre habites Ils sont sans industrie ils n ont point d arts ils ont en abondance des metaux precieux qu ils tiennent immediatement des mains de la nature Tous les peuples polices sont donc en etat de negocier avec eux avec avantage ils peuvent leur faire estimer beaucoup des choses de nulle valeur amp en recevoir un tres grand prix Simone Delesalle et Lucette Valensi dans leur article Le mot negre dans les dictionnaires francais d Ancien regime histoire et lexicographie Langue francaise no 15 1972 p 79 104 s interrogent sur cette transparence du texte de Montesquieu On peut donc se poser un certain nombre de questions sur l efficacite polemique des ecrits polemiques et se demander si ce n est pas leur ecriture meme qui paradoxalement peut permettre leur recuperation dans un discours contraire ici le discours pedagogique de l ideologie dominante On avouera sa perplexite devant une indetermination que l elegance du style vient conforter generalement plutot qu elle ne la dissipe Bruno Guigue Montesquieu ou les paradoxes du relativisme Etudes Tome 401 2004 p 193 204 Voir ci dessus la section sur les justifications de l esclavage dans L Esprit des lois Comme l ecrit J P Courtois un peu de certaines raisons se glisse ce pourquoi paradoxe qu il faut envisager le chapitre 5 ne sonne pas la disjonction definitive de l esclavage et de la raison J P Courtois Des voix dans le Traite De l esclavage des negres a la tres humble remontrance Revue Montesquieu no 1 1997 Cf son ouvrage Montesquieu la politique et l histoire editions PUF 1959 John Maynard Keynes Preface pour l edition francaise deLa theorie generale 20 fevrier 1939 bienfait anonyme consulte le 13 janvier 2022 Montesquieu a Marseille piece en trois actes Lausanne J P Heubach et Comp 1784 142 p lire en ligne Montesquieu Reflexions sur la monarchie universelle en Europe 1734 44 p lire en ligne Montesquieu pref Henri Barckhausen Voyages de Montesquieu t 1 Bordeaux Imprimerie G Gounouilhou 1894 422 p lire en ligne Montesquieu pref Henri Barckhausen Voyages de Montesquieu t II Bordeaux Imprimerie G Gounouilhou 1894 422 p lire en ligne Voir Montesquieu Œuvres et ecrits diversII Œuvres completes t VIII Oxford Voltaire Foundation 2003 Montesquieu Discours academiques in Œuvres completes edition Edouard Laboulaye Garnier freres 1875 lire en ligne PDF p 10 Montesquieu Discours academiques in Œuvres completes edition Edouard Laboulaye Garnier freres 1875 lire en ligne PDF p 15 Montesquieu Discours academiques in Œuvres completes edition Edouard Laboulaye Garnier freres 1875 lire en ligne PDF p 23 Montesquieu Ms 2500 Arsace et Ismenie sur Bibliotheque municipale de BordeauxVoir aussiSur les autres projets Wikimedia Montesquieu sur Wikimedia CommonsMontesquieu sur Wikisource Bibliographie En francais Louis Althusser Montesquieu la politique et l histoire Paris PUF 2003 Guillaume Barrera Les Lois du Monde Enquete sur le dessein politique de Montesquieu Paris Gallimard 2009 Georges Benrekassa Montesquieu la liberte et l histoire Paris coll Le Livre de poche 1988 Alain Cambier Montesquieu et la liberte Paris Editions Hermann 2010 Denis de Casabianca Montesquieu L Esprit des lois Paris Editions Ellipses 2003 Denis de Casabianca Montesquieu De l etude des sciences a l esprit des lois Paris Champion coll Travaux de philosophie 2008 Denis de Casabianca Une anthropologie des differences dans L Esprit des lois Archives de Philosophie t 75 no 3 2012 Jean Francois Chiappe Montesquieu l homme et l heritage Editions du Rocher 1998 471 p Jean Dagen L esprit de l histoire Montesquieu dans L Histoire de l esprit humain dans la pensee francaise De Fontenelle a Condorcet Paris Klincksieck 1977 p 203 250 Jean Dalat Montesquieu magistrat t 1 Au Parlement de Bordeaux t 2 L homme en lutte avec ses contradictions Archives des lettres modernes 1971 1972 lire en ligne Louis Desgraves Montesquieu Paris Fayard 1998 Louis Desgraves Repertoire des ouvrages et des articles sur Montesquieu Dros 1988 358 p presentation en ligne Eddy Dufourmont Montesquieu et l Asie la reception de l Esprit des lois dossier Lumieres no 41 janvier 2023 Jean Ehrard et Catherine Volpilhac Auger dir Du gout a l esthetique Montesquieu Bordeaux Presses universitaires de Bordeaux coll Mirabilia 2007 Jean Ehrard Lumieres et esclavage l esclavage colonial et l opinion publique au XVIII e siecle Paris Andre Versaille 2008 Michel Figeac Montesquieu un philosophe au milieu de ses vignes Universite Bordeaux Montaigne 2005 Pierre Gascar Montesquieu Paris Editions Flammarion 1988 Parsons Jameson Russel Montesquieu et l esclavage Etude sur les origines de l opinion antiesclavagiste en France au XVIIIe siecle Paris Librairie Hachette et Cie 1911 370 p lire en ligne Alain Juppe Montesquieu le moderne Paris Editions Perrin 1999 ISBN 978 2 262 01401 8 Jean Metellus et Marcel Dorigny De l esclavage aux abolitions XVIIIe XXe siecles Paris Cercle d Art 1998 Jean Daniel Piquet L emancipation des Noirs dans la Revolution francaise 1789 1795 Paris Karthala 2002 Jeannette Geffriaud Rosso Montesquieu et la Feminite Libreria Goliardica 1977 Jean Rostand Montesquieu 1689 1755 et la Biologie Revue d histoire des sciences vol 8 no 2 1955 p 129 136 DOI 10 3406 rhs 1955 3511 lire en ligne consulte le 2 mai 2025 Jacques Bins de Saint Victor Les Racines de la liberte Le debat francais oublie 1689 1789 Paris Editions Perrin 2007 Un essai sur les origines du discours de la liberte lors du siecle avant la revolution et l histoire des intellectuels Fenelon Boulainvilliers Saint Simon Montesquieu Turgot Mably Robert Shackleton Montesquieu biographie critique Montesquieu a critical biography Grenoble Presses Universitaires de Grenoble 1977 1re ed 1961 Jean Starobinski Montesquieu par lui meme Paris Editions du Seuil coll Ecrivains de toujours 1953 191 p Celine Spector Montesquieu liberte droit et histoire Paris Editions Michalon 2010 Celine Spector Couper le maitre en deux La lecture althusserienne de Montesquieu La Pensee Althusser 25 ans apres no 382 avril juin 2015 p 85 97 lire en ligne consulte le 7 septembre 2020 Catherine Volpilhac Auger dir Montesquieu en 2005 Oxford Voltaire Foundation SVEC 2005 Catherine Volpilhad Auger Dictionnaire Montesquieu lire en ligne Catherine Volpilhac Auger Un auteur en quete d editeurs Histoire de l œuvre editoriale de Montesquieu 1748 1964 Lyon ENS Editions 2011 Catherine Volpilhac Auger Montesquieu Gallimard coll Folio Biographie 2017 Catherine Volpilhac Augers Montesquieu vers l edition perpetuelle dans Francoise Gevrey Sylvain Menant Editer les œuvres completes XVIII e siecle Paris Societe des textes francais modernes 2022 p 57 77En italien it Domenico Felice Oppressione e liberta Filosofia e anatomia del dispotismo nell Esprit des lois di Montesquieu Oppression et liberte Philosophie et anatomie du despotisme dans l Esprit des lois de Montesquieu Pise ETS 2000 it Domenico Felice Per una scienza universale dei sistemi politico sociali Dispotismo autonomia della giustizia e carattere delle nazioni nell Esprit des lois di Montesquieu Pour une science universelle des systemes politico sociaux Le despotisme l autonomie de la justice et le caractere des nations dans l Esprit des lois de Montesquieu Florence Olsckhi 2005 it Domenico Felice Montesquieu e i suoi interpreti Montesquieu et ses interpretes Pise ETS 2005 it Rolando Minuti Una geografia politica della diversita studi su Montesquieu Une geographie politique de la diversite etudes sur Montesquieu Naples Liguori 2015En anglais en Joshua Bandoch The Politics of Place Montesquieu particularism and the pursuit of liberty La politique du lieu Montesquieu le particularisme et la poursuite de la liberte Rochester Rochester University Press 2017 en Andrew Scott Bibby Montesquieu s Political Economy L economie politique de Montesquieu New York Palgrave Macmillan 2016 en Keegan Callanan Montesquieu s Liberalism and the Problem of Universal Politics Le liberalisme de Montesquieu et le probleme de la politique universelle New York Cambridge University Press 2018 en Keegan Callanan et Sharen R Krause The Cambridge Companion to Montesquieu New York Cambridge University Press 2021 en David W Carrithers Michael A Mosher et Paul A Rahe Montesquieu s Science of Politics essays on The Spirit of Laws La Science du politique de Montesquieu essais sur L esprit des lois Lanham Maryland Rowman amp Littlefield 2001 en David W Carrithers et Patrick Coleman Montesquieu and the Spirit of Modernity Montesquieu et l esprit de la modernite Oxford Voltaire Foundation coll SVEC septembre 2022 en Anne M Cohler Montesquieu s Comparative Politics and the Spirit of American Constitutionalism La politique comparee de Montesquieu et l esprit du constitutionnalisme americain Lawrence Kansas University Press of Kansas 1988 en Emile Durkheim Montesquieu and Rousseau forerunners of sociology Montesquieu et Rousseau precurseurs de la sociologie Ann Arbor University of Michigan Press 1961 en Mark Hulliung Montesquieu and the Old Regime Montesquieu et l Ancien Regime Berkeley University of California Press 1976 en Sharon R Krause Montesquieu and the Despotic Ideas of Europe Montesquieu et les idees despotiques de l Europe University of Chicago Press 2017 en Sharon R Krause The Rule of Law in Montesquieu L Etat de droit chez Montesquieu Cambridge University Press 2021 en Rebecca E Kingston Montesquieu and His Legacy Montesquieu et son heritage Albany SUNY Press 2009 en Sheila Mason Montesquieu s Idea of Justice 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