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Le noûs en grec ancien νοῦς est en philosophie et dans l Antiquité grecque l intelligence l esprit l intellect Cette not

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Le noûs (en grec ancien : νοῦς) est, en philosophie et dans l’Antiquité grecque, l’intelligence, l’esprit, l'intellect. Cette notion, introduite pour la première fois dans un système cosmologique par Anaxagore de Clazomènes, au milieu du Ve siècle av. J.-C., a été enrichie et profondément renouvelée chez Platon, Aristote et Plotin. Par la suite, cette notion a connu une fortune et un développement considérables dans les domaines de l’éthique, de la gnoséologie, de la noétique, et en particulier dans l'histoire de la métaphysique. À travers Plotin, elle a inspiré saint Augustin et les pères de l'Église, elle est reprise par saint Thomas d'Aquin qui en fait l’Intelligence ordonnatrice du monde. Dans la philosophie moderne, elle sous-tend le courant idéaliste, particulièrement chez Hegel qui affirme s'inscrire dans cette tradition en citant Anaxagore dans ses Leçons sur la philosophie de l'histoire : « Le Grec Anaxagore a dit le premier que le Noûs, l'Intelligence en général, ou la Raison, gouverne le monde. » Hegel reprend notamment l’idée d’Aristote selon laquelle « le penser et ce qui est pensé ne font qu’un », affirmation dans laquelle il voit « le moment principal de la philosophie aristotélicienne ».

Distinctions nécessaires

Le noûs est une notion de grande importance pour la philosophie. Or, son évolution, dans une approche diachronique, a été profonde : elle a ainsi été utilisée en tant que concept pour désigner le Premier principe de toutes choses, c'est-à-dire à la fois la Raison supérieure ordonnatrice de l’univers et, selon certaines interprétations, Dieu. Mais, même au sein de la seule doctrine platonicienne, la notion impose de délicates distinctions. Ainsi, chez Platon, la problématique des parties de l’âme, introduite dans un contexte éthique, ne doit pas être confondue avec la problématique des facultés ou puissances (δυνάμεις), définies dans un contexte non plus éthique mais épistémologique. La distinction entre ces deux problématiques suppose de ne pas traiter l’intelligence (νοῦς) chez Platon, comme équivalente de cette partie rationnelle de l'âme que Socrate appelle le λογιστικόν / logistikon. Il convient également de la distinguer de la dianoia (διάνοια), « entendement », qui désigne, chez Platon comme chez Aristote, l'intelligence dans son activité humaine de réflexion, et la discursivité de la pensée.

Le noûs, puissance cosmique chez Anaxagore

Dans son traité De la nature (Περὶ Φύσεως), publié en 430 av. J.-C., Anaxagore apporte une solution neuve et originale à la grande question qui préoccupait les penseurs présocratiques, et qui était restée en suspens chez son prédécesseur, Anaximène, la question de l’origine du mouvement dans le monde (en grec, ὅθεν ἡ κίνησις). Anaxagore envisage un agent cosmique, conçu comme puissance superlative et cause motrice, qu’il appelle l’Intellect, Νοῦς, et dont il décrit les pouvoirs et la nature dans un important fragment de son traité :

Puissance superlative

« L’Intellect est illimité, maître absolu, et n’est mélangé à aucune chose, car il existe seul et par lui-même […] En effet, il est de toutes les choses la plus subtile et la plus pure ; il possède la totale connaissance de toutes choses, et il a une très grande puissance. Toutes les choses qui ont une âme, qu’elles soient grandes ou petites, sont toutes sous l’empire de l’Intellect. C’est l’Intellect qui a exercé son empire sur la révolution universelle, de telle sorte que c’est lui qui a donné le branle à cette révolution. Le point de départ de la révolution fut petit ; ensuite celle-ci s’accroît et elle s’accroîtra toujours davantage ; et l’Intellect a connu toutes les choses, aussi bien celles qui sont mélangées ensemble, que celles qui sont discriminées et séparées ; et ce qui devait exister aussi bien que ce qui existait, et tout ce qui n’existe pas maintenant aussi bien que tout ce qui existe maintenant et ce qui existera, tout cela fut ordonné par l’Intellect, et aussi cette révolution que suivent à présent les astres, le Soleil et la Lune, et l’air et l’éther qui résultent de la discrimination […] Nulle chose n’existe d’une manière discriminée ou totalement séparée d’une autre chose, excepté l’Intellect. L’Intellect est tout entier semblable à lui-même, il est à la fois grand et petit. »

— Anaxagore, fragment XII (trad. Jean-Paul Dumont)

Le Noûs possède donc déjà toutes les qualités qu’Aristote attribuera, un siècle plus tard, au Premier Moteur de sa Métaphysique : unité, pureté, omniscience, omnipotence, cause motrice. Parfaitement identique à soi, n’étant mélangé à rien (ἀμιγής), il « existe toujours » (ἀεί ἐστι) à travers toute la durée, et existe par lui-même (αὐτοκρατές). En tant que corps simple, extrêmement subtil et parfaitement homogène, il se répand à l’intérieur de la masse primordiale indifférenciée à la manière d’un fluide, se comportant même « comme les gaz parfaits de la thermodynamique, ou comme l’air comprimé dont Anaxagore avait pu étudier les réactions dans les expériences d’outres gonflées d’air que décrit Aristote,. » Parti en effet d’un point central infiniment petit, il se répand ensuite dans une sphère d’action dont le rayon augmente, comme l’indique le fragment XII.

Cause motrice, différenciation et fonction combinatoire

Le Noûs réunit une intelligence totale et parfaite de toute chose à une efficacité motrice, et « dans l’exercice de ces deux fonctions, il ressemble à l’âme de Platon, telle qu’il la concevait à l’époque du Phédon. » Il possède en effet le pouvoir d’imprimer à l’univers son mouvement giratoire (περιχώρησις), ce qui illustre la très grande puissance (ἰσχύει μέγιστον) dont il est doté. Cette rotation entraîne le processus de différenciation des innombrables qualités — humide, sec, chaud, froid, brillant, obscur, etc. — qui sont mélangées dans la matière primordiale qui entoure le cosmos, ce qu’Anaxagore appelle le « Tout ensemble » (πάντα ὁμοῦ) :

« C’est cette même révolution qui a produit la discrimination. Le dense se constitue par discrimination à partir du rare, le chaud à partir du froid, le brillant à partir de l’obscur, le sec à partir de l’humide. […] À partir de ces choses qui se trouvent discriminées, la terre se forme par condensation. L’eau se discrimine des nuages, la terre de l’eau, et à partir de la terre les pierres se forment par condensation sous l’effet du froid. »

— Anaxagore, fragments XII et XVI.

L’emploi par Anaxagore des verbes συμμίγνυμι, « mélanger », ἀποκρίνω, « séparer en triant », διακρίνω, « séparer en ses éléments primitifs », et διακοσμέω « mettre en ordre », est celui des descriptions homériques dans les mélanges des bêtes d’un troupeau ou ceux des guerriers sur un champ de bataille, que bergers et chefs de guerre sont amenés à trier pour les disposer en de nouveaux agencements. Ainsi, le processus de différenciation engagé par le Noûs peut-il apparaître comme la matérialisation de ce qu’est l’activité d’une intelligence, s’il est vrai que connaître c’est d’abord discerner, κρίνειν, c’est-à-dire discriminer. Mais comment le Noûs connaît-il l’infinie complexité des choses ? Sachant qu’Anaxagore était intéressé par toute l’actualité scientifique de son temps, on peut penser que ce processus de différenciation s’opère par une sorte d’attraction à distance, le semblable allant vers le semblable, selon les propriétés physiques de la pierre de Magnésie et de l’ambre qui avaient déjà frappé Thalès de Milet, et qui étaient aussi connues de Platon.

L’action du Noûs fait aussi apparaître des réalités nouvelles, jusque-là invisibles pour la vue des hommes, par une fonction combinatoire désignée dans les fragments XIV et IV par les verbes προσκρίνειν « amalgamer » et συγκρίνειν « combiner » ; l’effet de cette action est de créer des corps et des êtres composés. Le principe intelligent du Noûs agit encore sur le plan microcosmique comme il le fait sur le plan macrocosmique : il s’installe dans l’organisme des êtres vivants, plantes et animaux, en y pénétrant de l’extérieur, dès leur naissance, pour y organiser leur croissance individuelle, ainsi qu’il résulte de la note d’Aétius,. Ainsi, Anaxagore cherche-t-il à rendre compte, avec le Noûs, d’un maximum de phénomènes sensibles dans le devenir du monde et au niveau de la transformation biologique du vivant, autant que les ressources scientifiques de son temps le lui permettaient.

Critique d'Anaxagore ou la question téléologique

Les critiques émises par Platon et Aristote sur le statut central du Noûs dans le système d’Anaxagore permettent de mieux comprendre la position téléologique qu’eux-mêmes adopteront par la suite.

Platon a exprimé dans le Phédon, par la bouche de Socrate, la joie éprouvée à l’idée que le Noûs, Intelligence ordonnatrice qui réalise l’ordre universel, puisse devenir aussi, dans le détail, la cause de toutes choses particulières, disposées par lui en vue du meilleur. D’un point de vue platonicien, la cause finale, en effet, ne peut être orientée qu’en vue du bien. Or, contre toute attente, Anaxagore n’impute à l’Intelligence aucun rôle dans les causes particulières de l’ordre des choses, et n’allègue que des pseudo-causes mécaniques : « Avançant dans ma lecture [d’Anaxagore] », dit Socrate, « je vois un homme qui ne fait rien de l’Intelligence, qui par contre allègue des actions de l’air, de l’éther, de l’eau, et quantité d’autres explications déconcertantes. » Platon constate que le Noûs d’Anaxagore ne donne que la chiquenaude à la révolution cosmique, et l’arrangement se machine ensuite tout seul. C’est au contraire un monde régi par une Intelligence conçue comme cause finale, et à laquelle toutes les causes matérielles seront subordonnées, que Platon se chargera de réaliser dans le Timée.

Quant à Aristote, son jugement est mesuré. Il admire en Anaxagore « l’homme qui vint dire qu’il y a dans la nature, comme chez les animaux, une Intelligence, cause de l’ordre et de l’arrangement universel : il apparut alors comme seul en son bon sens en face des divagations de ses prédécesseurs » ; mais il reproche également à Anaxagore d’avoir eu recours au Noûs comme à un expédient commode chaque fois que l’explication causale d’un phénomène se heurtait pour lui à des difficultés insurmontables, et d’avoir invoqué partout ailleurs comme cause des phénomènes « tout plutôt que le Νοῦς. » Il critique Anaxagore pour avoir dit que l’homme est le plus raisonnable des animaux parce qu’il a des mains, alors que pour Aristote, c’est l’inverse qu’il aurait fallu dire, « parce que la nature dispense toujours à chacun ce dont il est capable de se servir » : ce renversement correspond à la volonté de substituer la causalité finale à la causalité mécanique ou efficiente d’Anaxagore. Il lui reproche enfin de déroger au principe d’indifférence en déclenchant le mouvement et le processus de différenciation à un moment déterminé du temps, très loin dans le passé, alors que la masse originelle « était restée en repos pendant un temps illimité,. » Même reproche de la part d’Eudème de Rhodes qui trouve inacceptable qu’un « mouvement qui n’avait pas existé auparavant, commence dans le temps. »

Le Noûs selon Platon

Le cas particulier du Phèdre

L’intelligence dans les dialogues de Platon relève du domaine des facultés et concerne l’exercice de la connaissance. Le seul texte qui semble en faire une partie de l’âme est un passage du mythe de l’attelage ailé dans le Phèdre. Platon y compare l'âme à un attelage, dans lequel le noûs est décrit comme « le pilote de l’âme », ψυχῆς κυβερνήτης et le cocher correspond manifestement à la partie rationnelle de l’âme, τὸ λογιστικόν, définie au livre IV de La République. Le cocher a en effet pour fonction de résister aux pulsions excessives des chevaux rétifs des désirs. Dans ce passage du Phèdre, Platon décrit la contemplation des Idées éternelles : « L'Essence (qui possède l'existence réelle), celle qui est sans couleur, sans forme et impalpable ; celle qui ne peut être contemplée que par le seul guide de l'âme, par l'intelligence (le noûs), celle qui est la source du savoir véritable, réside en cet endroit. Pareille à la pensée de Dieu qui se nourrit d'intelligence et de science absolue, la pensée de toute âme, cherchant à recevoir l'aliment qui lui convient, se réjouit de revoir après un certain temps l'Être en soi, se nourrit et se rend bienheureuse en contemplant la vérité... » En plaçant le mot noûs à cet endroit du mythe, Platon indique que la connaissance des Idées ne peut être le fait que de l’intelligence, au moyen de la philosophie dialectique. Chez Platon, le noûs n’est jamais qualifié de « cocher », en grec ἡνίοχος, Platon le met plutôt en relation avec l’intelligible et avec les facultés. Car, selon les mots de Sylvain Delcomminette, « Toute âme a un cocher, mais tout cocher n’est pas suffisamment fort pour suivre les instructions de ce pilote qu’est l’intelligence. » Commentant ce passage, Léon Robin lui aussi constate que « l’image a changé car il est bien clair qu’il s’agit toujours du cocher qui mène l’attelage » et non pas de l’« intellect » (νῷ). L’intelligence n’est donc pas une partie de l’âme chez Platon, et elle ne s’identifie pas non plus à la partie rationnelle de l’âme.

L’intelligence et la dialectique

Il est important de noter que Platon, constatant la ressemblance, en grec, des noms de la loi, νόμος, et de l’esprit, νοῦς, définit la loi comme « une distribution des choses selon la raison. » Dans les Lois, assimilant le noûs et la phronésis dans le sens de « raison, intelligence », Platon indique clairement que celle-ci semble faire presque entièrement défaut à la naissance : elle n’est pas innée — preuve irréfutable que l’intelligence n’est pas identifiable à la partie rationnelle de l’âme, le λογιστικόν / logistikon —, mais s’acquiert au fil des ans dans l’âge adulte, par le biais de l’éducation, dans laquelle la dialectique occupe une place prépondérante. Encore faut-il préciser que l’intelligence n’est pas acquise une fois pour toutes, puisqu'elle est une potentialité de la faculté de connaître ; cette puissance, Platon la désigne non pas par le mot νοῦς, mais par γνῶσις / gnosis et par ἐπιστήμη / épistémè. Autrement dit, « en termes aristotéliciens, on serait tenté de dire que l’intelligence est en quelque sorte “l’actualisation” de notre puissance de connaître. L’intelligence est chez Platon l’activité même de la connaissance, non la faculté dont elle est l’acte […] Les trois notions distinguées par Platon — la partie rationnelle de l’âme, la connaissance comme faculté et l’intelligence comme activité de cette faculté — peuvent ainsi chez Aristote être toutes désignées par ce terme de νοῦς que Platon, pour sa part, réservait à la troisième. »

Le verbe νοεῖν / noeïn signifie dans son usage courant chez Platon « avoir à l’esprit, concevoir, se représenter, comprendre », parfois « réfléchir ». Mais à partir du Phédon et de la République, Platon établit un lien entre ce verbe et les Idées comme l’objet auquel l’activité qu’il désigne s’applique : ainsi, νοεῖσθαι désigne le mode d’appréhension des Idées ; quand l’âme fixe ses regards vers ce qui est éclairé par la vérité et l’être, « aussitôt elle le conçoit, le connaît et semble avoir l’intelligence (νοῦν ἔχειν). » Ainsi, on ne possède l’intelligence qu’en pensant. Ceci est confirmé dans le passage célèbre de La République où Platon expose son épistémologie, avec le modèle géométrique de la ligne coupée en deux sections (celle du sensible et celle de l’intelligible) et quatre segments, afin de définir les quatre objets de la connaissance et les quatre opérations de l’esprit, classées d’après leur degré de clarté et de vérité des choses : selon Auguste Diès, dans l’ordre du sensible, la connaissance s’attache ou bien aux choses elles-mêmes et s’appelle alors croyance (πίστις) ou bien seulement à leurs images, et s’appelle imagination ou conjecture (εἰκασία) ; dans le segment supérieur, la connaissance sensible fournit l’opinion (δόξα), et au-dessus, la connaissance mathématique (διάνοια) produit une espèce intermédiaire de connaissance qu’on pourrait appeler la pensée moyenne ou pensée discursive ; mais au sommet (ἐπὶ τῷ ἀνωτάτῳ) du segment des intelligibles, Platon dispose l’intelligence ou l’intuition intellectuelle, le νοῦς. Or, cette intelligence ne trouve « son sens exact et son droit usage qu’appliquée aux pensées qui portent sur l’être véritable »,, c’est-à-dire dans la dialectique en exercice, au moment même où on la pratique, dans l’activité de la pensée pure dans son rapport aux Idées. Il s’agit ici des Idées éthiques, lesquelles sont supérieures aux Idées mathématiques du fait qu’elles sont plus proches de l’Idée du Bien. Le R.P. André-Jean Festugière interprète cette intuition intellectuelle comme la saisie mystique d’une entité transcendante, elle est littéralement une contemplation dans laquelle l’âme s’unit à l’être.

L’intelligence comme vertu et cause productive

De ce rapport entre intelligence et dialectique, il résulte un lien nécessaire entre l’intelligence et le bien. Ce lien est développé par Socrate qui, dans le Philèbe, inclut l'intelligence dans le genre de la vertu et des biens de l’âme, à côté du courage et de la tempérance. Bien plus, le νοῦς est même considéré dans les Lois comme la vertu principale, « celle qui commande à toutes les autres » (Νοῦν δέ γε πάντων τούτων ἡγεμόνα) et réalise leur unité. Socrate démontre, dans le Philèbe, la prééminence de la sagesse sur le plaisir dans la constitution de la vie heureuse. Le plaisir est classé dans la catégorie de l’illimité (ἄπειρον), genre qui n’a et n’aura jamais ni principe ni milieu ni fin. L’intelligence, quant à elle, ne réside que dans une âme, car Platon l’affirme : « Il ne pourra jamais y avoir de sagesse et d’intelligence sans âme. » Or, une intelligence et une sagesse admirable ordonne et gouverne le monde ; elle se réalise éminemment en Zeus, auteur de toutes choses, ce qui permet de classer l’intelligence dans le genre causal, exactement dans le genre de la cause productive, et en tant que vertu, l’intelligence produit un effet nécessairement bon. Ainsi est établie la prééminence de la sagesse sur le plaisir ; cette prééminence ne pouvait être fondée que « sous le nom de ce νοῦς dont Anaxagore avait proclamé la royauté sans savoir la fonder et la maintenir, et en qui Platon, au contraire, a su personnifier l’intelligence et la volonté du meilleur. Seul en effet le νοῦς pouvait s’identifier à la pensée ordonnatrice du Zeus démiurge et ainsi se ranger dans le rang de la Cause finale. »

L’Intellect, âme immortelle et raison divine

Dans sa doctrine tardive, Platon décrit dans le Timée la création de l'âme humaine, disant que le démiurge forma d'abord la pure âme pensante et immortelle (noûs), c'est-à-dire l'intelligence ; après quoi les dieux subalternes, tandis qu'ils enfermaient cette première âme dans un corps physique (σῶμα, soma), formèrent l'âme mortelle (ψυχή, psyché) composée du courage et du désir (θυμός, ἐπιθυμητικόν). Le démiurge du Timée, durant la création du Monde, a en effet conçu l’importance et la nature de l’intellect : « Réfléchissant qu’il y a plus de beauté dans ce qui possède la pensée (νοῦς), que dans ce qui en est privé, et qu’il ne peut y avoir de pensée en dehors d’une âme (χωρὶς ψυχῆς), Dieu a mis cette pensée dans une âme et l’âme dans un corps, et en les composant ainsi, il a construit l’univers ». La divinité a donc pris soin de loger dans les corps la substance psychique immortelle, principe de vie mais aussi essentiellement intellect. Dans Les Lois, Platon répètera que « l’Intellect est le véritable organisateur de tout l’ordre existant dans l’univers », et il fera de la raison divine (Noûs) le principe de la législation de sa cité des Magnètes,.

Ainsi, de par son union avec le corps, l'âme devient sujette à la mort ; est seule immortelle l'âme intelligente, laquelle est l'âme elle-même dans l'intégralité de sa nature divine. Le Noûs est aussi l’Intelligence du démiurge lui-même auquel s’impose la Nécessité (Ἀνάγκη) au moment de la création du monde ; mais « l’Intelligence a dominé la nécessité, car elle a réussi à lui persuader d’orienter vers le meilleur la plupart des choses qui naissent ».

La théorie aristotélicienne du noûs

L’héritage platonicien

Le troisième livre du traité De l'âme d’Aristote contient une théorie du νοῦς qui revêt encore, à ce stade de la pensée du philosophe, un caractère typiquement platonicien. Elle admet par conséquent la vieille division platonicienne de l’âme en une partie rationnelle et une partie irrationnelle, qu’Aristote rejettera par la suite. La notion de noûs intervient d’abord chez Aristote dans les questions de psychologie. Dans le Protreptique, et dans l’Éthique à Nicomaque, Aristote identifie le νοῦς à la personnalité subjective de l’homme. Par le « moi », le Protreptique entend le noûs, le divin en nous, conformément à la doctrine tardive de Platon. Distinguant la partie rationnelle de l’âme, des parties inférieures, il est ainsi en mesure de représenter la relation morale du moi à lui-même, ou amour de soi, φιλαυτία : il s’agit non de l’égoïsme mais de l’amour naturel que la partie inférieure de l’âme voue au moi plus élevé de l’homme. De même, dans l’atmosphère religieuse de l’Éthique à Eudème, Aristote invite à contempler Dieu et à le servir (θεὸν θεωρεῖν καὶ θεραπεύειν), commandement qui repose également sur la théorie platonicienne du noûs. Entre cette « théorie aristotélicienne du νοῦς, héritage des dernières spéculations de Platon », et la théorie psychophysique de l’âme édifiée par la suite, Werner Jaeger est fondé à reconnaître une évolution philosophique, car lorsqu’Aristote eut suffisamment progressé dans le domaine de la psychologie, il abandonna la théorie de la réminiscence en même temps que la théorie des Idées et celle de la survie de l’âme tout entière,.

Le noûs divin d’Aristote

Articles détaillés : Noétique et De l’âme.
Noûs en tant que Dieu

Prenant à témoin Anaxagore, auquel il emprunte le concept de νοῦς et ses attributs, Aristote affirme que ce dernier est « simple, indivisible » (ἁπλοῦς), « impassible » (ἀπαθής), et qu’il n’a rien de commun avec quoi que ce soit (ἀμιγής). Or, dans les réalités immatérielles, il y a identité du pensant, (τὸ νοοῦν), et du pensé (τὸ νοούμενον) ; intellect et intelligible ne font donc qu’un dans l’acte de saisir ou de penser, et l’intellect devient intelligible en cet acte même, comme Aristote le résume dans le livre Lambda de sa Métaphysique, soulignant le lien entre la connaissance et l’amour : « Nous désirons une chose parce qu’elle nous semble bonne, plutôt qu’elle ne nous semble bonne parce que nous la désirons : le principe, c’est la pensée (ἀρχὴ γὰρ ἡ νόησις). Or l’intellect est mû par l’intelligible, et la série positive des opposés est intelligible par soi. Dans cette série positive, la substance est première. […] Le Bien en soi et l’aimable en soi appartiennent l’un et l’autre à la même série, et ce qui est premier dans cette série est toujours le meilleur ou analogue au meilleur. » Puisque cet intelligible, c’est la substance même, sa possession en acte vaut à l’intellect sa propre dignité et son caractère « divin » (θεῖον) ; or, l’acte de l’intellect, la pensée, c’est la vie même. La conclusion d’Aristote souligne la prééminence partout du Souverain Bien, fin universelle de toutes choses, identifié à Dieu : « Aussi l’actualité plutôt que la puissance est-elle l’élément divin que l’intelligence semble renfermer, et l’acte de contemplation est la béatitude parfaite et souveraine. Si donc, cet état de joie, Dieu l’a toujours, cela est admirable. Or, c’est ainsi qu’il l’a. Et la vie aussi appartient à Dieu, car l’acte de l’intelligence est vie, et Dieu est cet acte même ; et l’acte subsistant en soi de Dieu est une vie parfaite et éternelle. Aussi appelons-nous Dieu un vivant éternel parfait ; la vie et la durée continue et éternelle appartiennent donc à Dieu, car c’est cela même qui est Dieu, τοῦτο γὰρ ὁ θεός »,.

Dieu, « Pensée de la pensée »

Que la substance de Dieu, Premier moteur, soit d’être intellect (νοῦς) ou intellection (νόησις), la question se pose de toute façon de savoir : « Que pense-t-elle ? ». Aristote montre alors que l’intellection divine ne peut avoir d’autre objet qu’elle-même ; car la pensée de cette puissance première doit être tournée vers ce qu’il y a de plus divin et de plus noble, sinon l’objet le plus indigne acquerrait le statut d’acte par rapport à elle qui serait réduite au statut de potentialité (hypothèse absurde) ; et cette pensée ne change pas, sinon tout changement se ferait vers le pire ; de surcroît, cela reviendrait à poser du changement dans ce principe premier défini par Aristote comme parfaitement immobile. La conclusion d’Aristote s’impose dès lors : « Elle se pense donc elle-même, s’il est vrai qu’elle est ce qu’il y a de plus puissant (κράτιστον), et sa pensée est pensée de la pensée (νοήσεως νόησις). » Loin de l’interprétation caricaturale qui en a parfois été donnée, cette description de la vie divine comme « Pensée de la pensée » n’a rien à voir avec celle d’un dieu narcissique et ignorant ; par référence expresse à Anaxagore, Aristote établit un lien entre pensée de toutes choses et pouvoir sur elles. La substance de l'Intellect est acte pur ; or Intellect et intelligible ne font qu’un dans l’acte de saisir ou de penser : « Dans le cas des réalités immatérielles, il y a identité du pensant et du pensé », écrit Aristote. Ce que signifie l’Intellect divin, « pensée de la pensée », pourrait être résumé dans la formule suivante : « Ce qui est au principe de toutes choses les connaît toutes en se connaissant soi-même » ; ou selon les mots de saint Thomas d’Aquin, « En se pensant, il pense tous les autres êtres (Intelligendo se, intelligit omnia alia). »

Noûs, Intellect et Noésis, Intellection

La théorie du noûs humain et les modalités de son intellection (νόησις) constitue un des problèmes les plus difficiles de l’aristotélisme, comme le remarque Thomas de Koninck. « Tout historien de la philosophie grecque connaît les difficultés inextricables auxquelles on s’expose dans l’interprétation de cette doctrine », écrit Gérard Verbeke, tant les renseignements d’Aristote sont elliptiques et ses textes, indécis. Cependant, à partir de la distinction platonicienne du monde sensible et du monde intelligible, Aristote, dans le traité De l’âme, a accompli des progrès remarquables qui permettent de mettre en lumière la richesse de sa réflexion sur les opérations intellectuelles, la noétique et ses constituants, ainsi que sur la corrélation du langage et de la pensée.

1. Origine divine : Plusieurs passages d’Aristote tirés de son traité Génération des animaux ainsi que des fragments de Théophraste indiquent que le noûs est d’origine divine : Aristote constate que la finalité de la génération, c’est « le caractère particulier de chaque être », le caractère unique du moi. « Voilà pourquoi, en ce qui concerne l'intellect, savoir quand, comment et d’où les êtres qui participent à ce principe en reçoivent leur part, constitue un problème extrêmement difficile. Il faut essayer de le comprendre dans la mesure de nos moyens et autant qu’il peut être résolu. […] » Et il conclut : « Reste donc que l’intellect seul vienne du dehors (θύραθεν ἐπεισιέναι) et que seul il soit divin (θεῖον εἶναι) : car une activité corporelle n’a rien de commun avec son activité à lui. » Le cœur de l’argumentation d’Aristote repose sur la simultanéité en acte des contraires dans la pensée, par opposition à leur exclusion réciproque ; or, il est impossible à la matière d’être le sujet actuel immédiat de deux contraires. L’intellect ne peut être matériel, comme Anaxagore l’avait bien perçu. La capacité à produire de l’intelligible, essence pure et potentialité, est donc un principe conçu comme immanent et transcendant à la fois. Ainsi, pour passer de puissance à acte, Aristote imagine dans l’âme humaine un principe productif (ποιῶν, ποιητικόν). Ce n’est pas encore la pensée ni l’activité de penser, mais une fonction productrice de formes intelligibles requises à l’exercice de la pensée. Le Protreptique souligne la conclusion d’Aristote : « Il n’y a rien qui soit divin ou heureux en l’homme à part l’intellect et la raison qui seul est vraiment digne d’intérêt. Cela seul, parmi ce qui est en nous, semble immortel et divin,. » Dans sa Métaphysique, Aristote a soutenu l’idée de formes sprituelles pures, sans attache avec la matière, existant en soi ; l’intellect de l’homme est immortel.
2. Nature et modalités de l’acte de penser. L’acte de penser (νοεῖν) et de raisonner (διανοεῖσθαι) affecte ce composé que forment l’âme et le corps ; quand le fait de penser n’est pas altéré par son objet, le νοῦς est dit « impassible » ou « passif », ἀπαθής, παθητικός ; l’acte par lequel l’intellect saisit une forme intelligible et universelle — par exemple « table », s'appliquant à toute table concrète quelle que soit sa nature matérielle —, se caractérise par son immédiateté, comme l’est le toucher : de même que la main plongée dans l’eau froide est en même temps elle-même et cette eau froide, l’intelligence devient en quelque sorte ce qu’elle appréhende, « l’intelligence en activité s’identifie aux choses qu’elle pense », ce qui sera considéré par Hegel comme « le moment principal de la philosophie aristotélicienne ». La forme, universel abstrait, est saisie dans son essence d’être. Sont qualifiés d’« indivisibles » (ἀδιαίρετα) la forme ainsi saisie, mais aussi l’acte de l’intelligence ainsi que le temps dans lequel il a lieu. De plus, le vocabulaire d’Aristote innove par rapport à Platon en introduisant des notions nouvelles comme celle de « supposition, conception de l’esprit », ὑπόληψις / hypolèpsis ; il innove surtout avec la notion de concept, ou noème (νόημα), défini comme forme abstraite de la matière intelligible ; son objet est par exemple une forme abstraite géométrique comme une ligne continue AB ; mais virtuellement et « par accident » dit Aristote, la ligne AB peut être divisible en deux segments AC et CB ; c’est pourquoi l’indivisibilité des concepts est soit potentielle (δυνάμει), soit effective (en entéléchie, ἐντελεχεῖᾳ) ; l’entrelacement des mots dans le langage exprime oralement la combinaison (σύνθεσις) des noèmes ; Aristote en donne deux exemples : dans le monde physique, le concept d’Amour, imaginé par Empédocle pour son système zoogonique, illustre la combinaison des membres errants, nés séparés ; dans le monde intelligible, en géométrie, les concepts de diagonale et d’incommensurable se combinent dans la phrase attributive suivante, s’agissant du carré : « La diagonale est incommensurable ». Dès lors, Aristote dégage avec netteté cette loi sur l’impossibilité de l’erreur dans l’intellection des indivisibles : l’intellect est toujours dans le vrai lorsqu’il saisit l’essence d’une chose (ὁ τοῦ τί ἐστι κατὰ τὸ τί ἦν εἶναι ἀληθής), et « l’erreur implique toujours une combinaison de concepts » (τὸ γὰρ ψεῦδος ἐν συνθέσει ἀεί). Par ailleurs, le noûs pense aussi le temps ; Aristote illustre ce fait en observant que la vérité ou l’erreur ne concerne pas seulement l’affirmation que « Cléon est blanc, mais aussi qu’il l’était ou le sera. » Ainsi donc, deux traits sont propres au noûs, réunir des concepts et penser simultanément le temps, ce dont ne sont capables ni les sens ni l’imagination.
Noûs et dianoia

À la différence de Platon, Aristote considère que c'est le νοῦς qui réalise l’unité des noèmes produite par accident (κατὰ συμβεβηκός), c’est-à-dire dans une relation attributive. Les opérations respectives du noûs (intellect) et de la dianoia (pensée discursive) semblent cependant se confondre ou s’exercer conjointement : selon le professeur Michel Fattal, « le νοῦς comme νόησις saisit directement les indivisibles mais possède également la capacité de penser discursivement. » La preuve en est apportée par les emplois de verbes (νοεῖν, προσνοεῖν, διανοιεῖσθαι) donnés comme équivalents dans le texte d’Aristote, ainsi que par les rapports étroits établis dans les termes relatifs aux opérations de l’esprit. Les commentateurs anciens et modernes sont donc convaincus que le noûs pense la combinaison des concepts à travers la διάνοια / dianoia. Ainsi, Thémistios, commentateur grec d’Aristote, établit-il une équivalence entre pensée noétique et pensée dianoétique, et entre composition et division de noèmes,. Michel Fattal abonde dans le même sens : « Il est bien évident que le νοῦς au sens large comprend à la fois la pensée intuitive de la νόησις qui exclut l’erreur et la pensée discursive du διανοιεῖσθαι capable d’être vraie ou fausse […] Le νοῦς en tant que νόησις est vrai quand il saisit les notions universelles et impartageables que sont les espèces indivisibles ; et le νοῦς en tant que διάνοια est susceptible d’être vrai ou faux quand il pense discursivement la multiplicité, compose et divise, affirme et nie intérieurement, juge en vue d’aboutir à une opinion. »

Le Noûs selon Plotin

Puisant tout l’essentiel de son inspiration chez Platon, dont il se présente comme un simple commentateur, Plotin adopte également et souvent adapte à ses fins les principes de la philosophie d’Aristote, en particulier dans sa théorie de l’Intellect. La théorie d’Aristote joue en effet chez Plotin un rôle crucial dans la structure de l’Intellect lui-même aussi bien que dans la relation hiérarchique ou causale des choses inférieures ou supérieures à lui. Dans la structure métaphysique du monde intelligible (ou immatériel) et du monde sensible (ou matériel), il place l’Intellect en seconde hypostase, juste après le Principe premier à l’origine de tout, qu’il appelle Un.

Genèse et nature du Noûs

Plotin pose dès le départ à la fois la hiérarchie de l’Un et de l’Intellect, et l’existence éternelle du monde qui n’a pas connu de commencement. Dès lors, la génération de l’Intellect ne doit pas être conçue comme une genèse dans l’ordre chronologique, mais dans l’ordre logique ; cette causalité ambiguë, Plotin la décrit métaphoriquement tantôt comme une fontaine qui surabonde, tantôt comme le rayonnement et la lumière resplendissante du soleil qui répand sa chaleur. Ce processus est considéré comme une émanation de l’Un, ou une procession (effusion d’unité), ou encore comme une différenciation dans la mesure où « le Noûs a eu l’audace de s’écarter de l’Un. » Ce récit de l’engendrement du Noûs marque la fidélité de Plotin à la théorie platonicienne de la participation. Plotin s’inspire également librement du récit de Poros tiré du Banquet de Platon.

L’Un, dans sa perfection suprême, a engendré « ce qu’il y a de meilleur après lui », l’Intellect, le Noûs. Matière intelligible portant en elle l’empreinte de l’Un, le Noûs n’atteint sa forme définitive et n’est constitué réellement comme Intellect qu’après s’être tourné vers l’Un et l’avoir vu,. « Cette vision constitue l’Intellect », écrit Plotin (ἡ δὲ ὅρασις αὕτη νοῦς). Le Noûs a cherché à saisir l’Un, et dans ce désir d’union avec le principe dont il procède, l’Intellect est parvenu à se connaître, car seule la contemplation de l’Un peut doter l’Intellect encore informe de son être : Plotin adopte ici le principe aristotélicien selon lequel l’Intellect, qu’il soit humain ou divin, est identique à son objet de pensée quand cet objet est immatériel. C’est ainsi que l’Intellect a pris conscience de sa nature : il est Forme et Être, car « l’être est identique à l’Intellect », et se caractérise par l'éternité. Dans la mesure où l’Intellect hypostase correspond au modèle imité par le Démiurge, l’artisan divin du Timée, il rassemble la totalité des formes en une unité conservant leurs différences : il possède en acte la totalité des formes intelligibles qui existent dans le monde sensible ; il est « un et indivisible et partout le même », écrit Plotin. Cette unité est empruntée à la description de la seconde hypothèse proposée par Platon dans le Parménide : il est un-multiple ou un-et-multiple. Or, puisque selon Plotin, toute pensée implique une dualité minimale — se penser soi-même est se penser comme un autre, devenir multiple —, le principe suprême qu’est l'Un ou le Bien, réalité absolument simple, « n’a pas la pensée d’elle-même ; si elle l’avait, elle serait une multiplicité. Donc elle ne se pense pas, et on ne la pense pas ». Cette critique apparente de la position d’Aristote sur la « Pensée de la pensée » repose en fait sur une interprétation fausse de cette notion, la noêsis aristotélicienne ne recélant aucune dualité.

Activité noétique

Dans l’Intellect, toute cognition est simultanée et immédiate ; en lui, la pensée et l’être ne font qu’un. Plotin indique en effet que le Noûs possède cette supériorité sur l’Âme, la troisième hypostase plotinienne, qu’il est doté d’une « visée simple et compréhensive de l’ensemble des formes qui le constituent (ἐπιβολὴν ἀθρόαν ἀθρόων) », alors que dans l’Âme il y a transition (μετάβασις) d’un élément au suivant ; l’activité du Noûs est donc d’une plus grande simplicité. L’Intellect possède une connaissance parfaite et totale de lui-même, mais ne peut se connaître qu’en visant ce qui le transcende, l’Un-Bien dont il procède : pour expliquer cette tension vers l’Un, Plotin emploie l’expression d’« Intellect aimant » (νοῦς ἐρῶν) : cette « intelligence transportée d’amour » est une « puissance supra-intellectuelle qui demande à être actualisée par le principe dont elle émane. »

Développement lexicographique et sémantique du terme

Article connexe : Thésaurus lexicographique.

Sur le terme νοῦς ont été formés des composés et dérivés, qui sont à l’origine de nouveaux concepts politiques et philosophiques créés depuis le XIXe siècle et surtout à l’époque contemporaine. Ainsi en français, dans la classification d’Ampère, en 1834, sont qualifiées de « noologiques » les sciences qui ont pour objet le monde de l’esprit, et chez Teilhard de Chardin, la « noosphère » désigne le monde de la pensée, figuré par une couche se superposant à la biosphère ; le russe a ru:Ноофелия / noophélie, et l’anglais innove avec noocracy, noology,  (en), et noogenesis,,.

Notes et références

Notes

  1. Le λογιστικόν peut être défini comme « ce en quoi peut naître l’intelligence par son désir du vrai et de l’être ».
  2. Ce caractère « illimité » du Noûs est réfuté par Charles Mugler (« Le problème d’Anaxagore », p. 334), qui fait observer que le qualificatif grec ἄπειρος est amphibologique, et signifie ici : « dépourvu de limites intérieures », afin de souligner la pureté de sa nature et son homogénéité.
  3. En termes scientifiques modernes, on pourrait parler de capacité de transmittance maximale du Noûs, comme le font Anne-Laure Therme et Arnaud Macé, op. cit., p. 32, ou de coefficient de transfert thermique maximal.
  4. Socrate ne peut être assis et debout en même temps. Il est et assis et debout, successivement. La matière dans son devenir, du fait qu’elle contient invariablement une privation, effectue toujours une exclusion. Cette manière de voir la matière a été mise en lumière par Hegel dans son concept de « sursomption », Aufhebung.

Références

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  2. Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne], livre III, 395 d et livre VI, 511 c-d ; Platon, Les Lois [détail des éditions] [lire en ligne], livre XI, 916 a.
  3. Michel Fattal 1995, p. 379 à 381.
  4. Jean-Paul Dumont, Les Écoles présocratiques, Gallimard, coll. Folio/Essais, 1991, Introduction p. XLV.
  5. Jean-Paul Dumont, op. cit., p. 655, fragment XIV.
  6. ↑ a et b Charles Mugler 1956, p. 365.
  7. Aristote, Physique, 213 a 25.
  8. Charles Mugler 1956, p. 363.
  9. Anne-Laure Therme et Arnaud Macé 2016, p. 6.
  10. Jean-Paul Dumont, op. cit., fragment 1 p. 648.
  11. Anne-Laure Therme et Arnaud Macé 2016, p. 8.
  12. André Laks, « Anaxagore », dans Jacques Brunschwig et  (en), Le Savoir grec, Flammarion, 1996, p. 579.
  13. Charles Mugler 1956, p. 367.
  14. Charles Mugler 1956, p. 368.
  15. Jean-Paul Dumont, op. cit., p. 641, fragment XCIII d’Aétius.
  16. Charles Mugler 1956, p. 373.
  17. Platon, Phédon, 97 b 8 - 99 d.
  18. Léon Robin, Notice du Phédon, Les Belles Lettres, 1967, p. XLVI à XLVIII et note 2 p. 70.
  19. Aristote, Métaphysique, Livre A, 3, 984 b 15 sq.
  20. Aristote, Métaphysique, Livre A, 3, 985 a 18 sq.
  21. Aristote, Parties des Animaux, IV, X, 687 a 7.
  22. Aristote, Physique, 250 b 25.
  23. Charles Mugler, « Le problème d’Anaxagore », p. 336.
  24. Simplicius, Commentaires sur la Physique d’Aristote, 1185, 10.
  25. Sylvain Delcomminette 2014, p. 58.
  26. Platon, Phèdre, 247 c 7-8.
  27. Phèdre, 247, traduction P. Renacle (traduction récente), ou page 247, édition La Pléiade, traduction Léon Robin.
  28. Sylvain Delcomminette 2014, p. 57 note 3.
  29. Platon, Phèdre, édition des Belles Lettres, tome IV, 1978, traduction de Léon Robin, note 1 p. 38.
  30. Sylvain Delcomminette 2014, p. 61.
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  33. Sylvain Delcomminette 2014, p. 59-60.
  34. Sylvain Delcomminette 2014, p. 62-63.
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  38. Auguste Diès, Introduction à Platon, La République, Les Belles Lettres, 1970, p. LXVI.
  39. ↑ a b et c Michel Fattal 1995, p. 379.
  40. Platon, Philèbe, 59 d 4.
  41. Sylvain Delcomminette 2014, p. 66.
  42. Franck Fischer 2003, p. 20.
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  44. Platon, Philèbe, 55 b 3-4, et 66 b 5-6.
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  46. Platon, Philèbe, 30 c 9-10 ; Timée, 30 b 1-3.
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  56. Platon, Timée [détail des éditions] [lire en ligne], 48 a.
  57. Werner Jaeger 1997, p. 343.
  58. Protreptique, p. 42, lignes 3 et 14.
  59. Aristote, Éthique à Nicomaque, Livre IX, 8, 1168 b 35, et Livre X, 7, 1178 a 2.
  60. ↑ a b et c Werner Jaeger 1997, p. 252.
  61. Éthique à Eudème, Livre VII, 6, 1240 a 23.
  62. Werner Jaeger 1997, p. 49.
  63. De l’âme, III, 5, 430 a 23 ; Métaphysique, Livre A, 9, 993 a 1.
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  67. Aristote, Métaphysique, Livre Λ, 7, 1072 b 22-30.
  68. Thomas de Koninck 2019, p. 47 et 160-161.
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  70. Thomas de Koninck 2019, p. 39-40.
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  73. Thomas de Koninck 2019, p. 40.
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  75. Aristote, De l’âme, III, 4, 429 a 18-20.
  76. Aristote, De l’âme, III, 4, 430 a 2-5.
  77. Saint Thomas d'Aquin, Commentaire de la Métaphysique d'Aristote, XII, lect. 11, no 2614 et Somme contre les Gentils, I, 49.
  78. Thomas de Koninck 2019, p. 31-32.
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  87. Fragment 61 chez Jamblique.
  88. Aristote, Métaphysique, livre Z (VII), 2, 1028 b 14-15 et 28-31 ; 11, 1037 b 1-4 ; 17, 1041 a 7-9 ; Livre H (VIII), 1, 1042 a 31.
  89. Augustin Mansion 1953, p. 465.
  90. Michel Fattal 1995, p. 375.
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  93. Aristote, De l'âme, III, 7, 431 a 1 et 431 b 17.
  94. Michel Fattal 1995, p. 371 et note 2.
  95. Daniel Moreau 2007, p. 587.
  96. Michel Fattal 1995, p. 381-384.
  97. Aristote, Physique, VIII, 8, 263 b 7-9.
  98. ↑ a et b Thomas de Koninck 2019, p. 101.
  99. ↑ a et b Aristote, De l’âme, III, 6, 430 b 5-6.
  100. Michel Fattal 1995, p. 378.
  101. Aristote, De l’âme, III, 6, 430 b 2.
  102. Thomas de Koninck 2019, p. 98-100.
  103. Aristote, De l’âme, III, 6, 430 b 4-5.
  104. Aristote, De l’âme, III, 3, 427 b 9-14.
  105. Paraphrase, 109, 18-20 et 109, 31-33.
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Annexes

Bibliographie

Sur le Noûs et Anaxagore
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Date de publication: 31 Mai, 2025 / 22:58

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Le nous en grec ancien noῦs est en philosophie et dans l Antiquite grecque l intelligence l esprit l intellect Cette notion introduite pour la premiere fois dans un systeme cosmologique par Anaxagore de Clazomenes au milieu du V e siecle av J C a ete enrichie et profondement renouvelee chez Platon Aristote et Plotin Par la suite cette notion a connu une fortune et un developpement considerables dans les domaines de l ethique de la gnoseologie de la noetique et en particulier dans l histoire de la metaphysique A travers Plotin elle a inspire saint Augustin et les peres de l Eglise elle est reprise par saint Thomas d Aquin qui en fait l Intelligence ordonnatrice du monde Dans la philosophie moderne elle sous tend le courant idealiste particulierement chez Hegel qui affirme s inscrire dans cette tradition en citant Anaxagore dans ses Lecons sur la philosophie de l histoire Le Grec Anaxagore a dit le premier que le Nous l Intelligence en general ou la Raison gouverne le monde Hegel reprend notamment l idee d Aristote selon laquelle le penser et ce qui est pense ne font qu un affirmation dans laquelle il voit le moment principal de la philosophie aristotelicienne Distinctions necessairesLe nous est une notion de grande importance pour la philosophie Or son evolution dans une approche diachronique a ete profonde elle a ainsi ete utilisee en tant que concept pour designer le Premier principe de toutes choses c est a dire a la fois la Raison superieure ordonnatrice de l univers et selon certaines interpretations Dieu Mais meme au sein de la seule doctrine platonicienne la notion impose de delicates distinctions Ainsi chez Platon la problematique des parties de l ame introduite dans un contexte ethique ne doit pas etre confondue avec la problematique des facultes ou puissances dynameis definies dans un contexte non plus ethique mais epistemologique La distinction entre ces deux problematiques suppose de ne pas traiter l intelligence noῦs chez Platon comme equivalente de cette partie rationnelle de l ame que Socrate appelle le logistikon logistikon Il convient egalement de la distinguer de la dianoia dianoia entendement qui designe chez Platon comme chez Aristote l intelligence dans son activite humaine de reflexion et la discursivite de la pensee Le nous puissance cosmique chez AnaxagoreDans son traite De la nature Perὶ Fysews publie en 430 av J C Anaxagore apporte une solution neuve et originale a la grande question qui preoccupait les penseurs presocratiques et qui etait restee en suspens chez son predecesseur Anaximene la question de l origine du mouvement dans le monde en grec ὅ8en ἡ kinhsis Anaxagore envisage un agent cosmique concu comme puissance superlative et cause motrice qu il appelle l Intellect Noῦs et dont il decrit les pouvoirs et la nature dans un important fragment de son traite Puissance superlative L Intellect est illimite maitre absolu et n est melange a aucune chose car il existe seul et par lui meme En effet il est de toutes les choses la plus subtile et la plus pure il possede la totale connaissance de toutes choses et il a une tres grande puissance Toutes les choses qui ont une ame qu elles soient grandes ou petites sont toutes sous l empire de l Intellect C est l Intellect qui a exerce son empire sur la revolution universelle de telle sorte que c est lui qui a donne le branle a cette revolution Le point de depart de la revolution fut petit ensuite celle ci s accroit et elle s accroitra toujours davantage et l Intellect a connu toutes les choses aussi bien celles qui sont melangees ensemble que celles qui sont discriminees et separees et ce qui devait exister aussi bien que ce qui existait et tout ce qui n existe pas maintenant aussi bien que tout ce qui existe maintenant et ce qui existera tout cela fut ordonne par l Intellect et aussi cette revolution que suivent a present les astres le Soleil et la Lune et l air et l ether qui resultent de la discrimination Nulle chose n existe d une maniere discriminee ou totalement separee d une autre chose excepte l Intellect L Intellect est tout entier semblable a lui meme il est a la fois grand et petit Anaxagore fragment XII trad Jean Paul Dumont Le Nous possede donc deja toutes les qualites qu Aristote attribuera un siecle plus tard au Premier Moteur de sa Metaphysique unite purete omniscience omnipotence cause motrice Parfaitement identique a soi n etant melange a rien ἀmighs il existe toujours ἀei ἐsti a travers toute la duree et existe par lui meme aὐtokrates En tant que corps simple extremement subtil et parfaitement homogene il se repand a l interieur de la masse primordiale indifferenciee a la maniere d un fluide se comportant meme comme les gaz parfaits de la thermodynamique ou comme l air comprime dont Anaxagore avait pu etudier les reactions dans les experiences d outres gonflees d air que decrit Aristote Parti en effet d un point central infiniment petit il se repand ensuite dans une sphere d action dont le rayon augmente comme l indique le fragment XII Cause motrice differenciation et fonction combinatoire Le Nous reunit une intelligence totale et parfaite de toute chose a une efficacite motrice et dans l exercice de ces deux fonctions il ressemble a l ame de Platon telle qu il la concevait a l epoque du Phedon Il possede en effet le pouvoir d imprimer a l univers son mouvement giratoire perixwrhsis ce qui illustre la tres grande puissance ἰsxyei megiston dont il est dote Cette rotation entraine le processus de differenciation des innombrables qualites humide sec chaud froid brillant obscur etc qui sont melangees dans la matiere primordiale qui entoure le cosmos ce qu Anaxagore appelle le Tout ensemble panta ὁmoῦ C est cette meme revolution qui a produit la discrimination Le dense se constitue par discrimination a partir du rare le chaud a partir du froid le brillant a partir de l obscur le sec a partir de l humide A partir de ces choses qui se trouvent discriminees la terre se forme par condensation L eau se discrimine des nuages la terre de l eau et a partir de la terre les pierres se forment par condensation sous l effet du froid Anaxagore fragments XII et XVI L emploi par Anaxagore des verbes symmignymi melanger ἀpokrinw separer en triant diakrinw separer en ses elements primitifs et diakosmew mettre en ordre est celui des descriptions homeriques dans les melanges des betes d un troupeau ou ceux des guerriers sur un champ de bataille que bergers et chefs de guerre sont amenes a trier pour les disposer en de nouveaux agencements Ainsi le processus de differenciation engage par le Nous peut il apparaitre comme la materialisation de ce qu est l activite d une intelligence s il est vrai que connaitre c est d abord discerner krinein c est a dire discriminer Mais comment le Nous connait il l infinie complexite des choses Sachant qu Anaxagore etait interesse par toute l actualite scientifique de son temps on peut penser que ce processus de differenciation s opere par une sorte d attraction a distance le semblable allant vers le semblable selon les proprietes physiques de la pierre de Magnesie et de l ambre qui avaient deja frappe Thales de Milet et qui etaient aussi connues de Platon L action du Nous fait aussi apparaitre des realites nouvelles jusque la invisibles pour la vue des hommes par une fonction combinatoire designee dans les fragments XIV et IV par les verbes proskrinein amalgamer et sygkrinein combiner l effet de cette action est de creer des corps et des etres composes Le principe intelligent du Nous agit encore sur le plan microcosmique comme il le fait sur le plan macrocosmique il s installe dans l organisme des etres vivants plantes et animaux en y penetrant de l exterieur des leur naissance pour y organiser leur croissance individuelle ainsi qu il resulte de la note d Aetius Ainsi Anaxagore cherche t il a rendre compte avec le Nous d un maximum de phenomenes sensibles dans le devenir du monde et au niveau de la transformation biologique du vivant autant que les ressources scientifiques de son temps le lui permettaient Critique d Anaxagore ou la question teleologique Les critiques emises par Platon et Aristote sur le statut central du Nous dans le systeme d Anaxagore permettent de mieux comprendre la position teleologique qu eux memes adopteront par la suite Platon a exprime dans le Phedon par la bouche de Socrate la joie eprouvee a l idee que le Nous Intelligence ordonnatrice qui realise l ordre universel puisse devenir aussi dans le detail la cause de toutes choses particulieres disposees par lui en vue du meilleur D un point de vue platonicien la cause finale en effet ne peut etre orientee qu en vue du bien Or contre toute attente Anaxagore n impute a l Intelligence aucun role dans les causes particulieres de l ordre des choses et n allegue que des pseudo causes mecaniques Avancant dans ma lecture d Anaxagore dit Socrate je vois un homme qui ne fait rien de l Intelligence qui par contre allegue des actions de l air de l ether de l eau et quantite d autres explications deconcertantes Platon constate que le Nous d Anaxagore ne donne que la chiquenaude a la revolution cosmique et l arrangement se machine ensuite tout seul C est au contraire un monde regi par une Intelligence concue comme cause finale et a laquelle toutes les causes materielles seront subordonnees que Platon se chargera de realiser dans le Timee Quant a Aristote son jugement est mesure Il admire en Anaxagore l homme qui vint dire qu il y a dans la nature comme chez les animaux une Intelligence cause de l ordre et de l arrangement universel il apparut alors comme seul en son bon sens en face des divagations de ses predecesseurs mais il reproche egalement a Anaxagore d avoir eu recours au Nous comme a un expedient commode chaque fois que l explication causale d un phenomene se heurtait pour lui a des difficultes insurmontables et d avoir invoque partout ailleurs comme cause des phenomenes tout plutot que le Noῦs Il critique Anaxagore pour avoir dit que l homme est le plus raisonnable des animaux parce qu il a des mains alors que pour Aristote c est l inverse qu il aurait fallu dire parce que la nature dispense toujours a chacun ce dont il est capable de se servir ce renversement correspond a la volonte de substituer la causalite finale a la causalite mecanique ou efficiente d Anaxagore Il lui reproche enfin de deroger au principe d indifference en declenchant le mouvement et le processus de differenciation a un moment determine du temps tres loin dans le passe alors que la masse originelle etait restee en repos pendant un temps illimite Meme reproche de la part d Eudeme de Rhodes qui trouve inacceptable qu un mouvement qui n avait pas existe auparavant commence dans le temps Le Nous selon PlatonLe cas particulier du Phedre L intelligence dans les dialogues de Platon releve du domaine des facultes et concerne l exercice de la connaissance Le seul texte qui semble en faire une partie de l ame est un passage du mythe de l attelage aile dans le Phedre Platon y compare l ame a un attelage dans lequel le nous est decrit comme le pilote de l ame psyxῆs kybernhths et le cocher correspond manifestement a la partie rationnelle de l ame tὸ logistikon definie au livre IV de La Republique Le cocher a en effet pour fonction de resister aux pulsions excessives des chevaux retifs des desirs Dans ce passage du Phedre Platon decrit la contemplation des Idees eternelles L Essence qui possede l existence reelle celle qui est sans couleur sans forme et impalpable celle qui ne peut etre contemplee que par le seul guide de l ame par l intelligence le nous celle qui est la source du savoir veritable reside en cet endroit Pareille a la pensee de Dieu qui se nourrit d intelligence et de science absolue la pensee de toute ame cherchant a recevoir l aliment qui lui convient se rejouit de revoir apres un certain temps l Etre en soi se nourrit et se rend bienheureuse en contemplant la verite En placant le mot nous a cet endroit du mythe Platon indique que la connaissance des Idees ne peut etre le fait que de l intelligence au moyen de la philosophie dialectique Chez Platon le nous n est jamais qualifie de cocher en grec ἡnioxos Platon le met plutot en relation avec l intelligible et avec les facultes Car selon les mots de Sylvain Delcomminette Toute ame a un cocher mais tout cocher n est pas suffisamment fort pour suivre les instructions de ce pilote qu est l intelligence Commentant ce passage Leon Robin lui aussi constate que l image a change car il est bien clair qu il s agit toujours du cocher qui mene l attelage et non pas de l intellect nῷ L intelligence n est donc pas une partie de l ame chez Platon et elle ne s identifie pas non plus a la partie rationnelle de l ame L intelligence et la dialectique Il est important de noter que Platon constatant la ressemblance en grec des noms de la loi nomos et de l esprit noῦs definit la loi comme une distribution des choses selon la raison Dans les Lois assimilant le nous et la phronesis dans le sens de raison intelligence Platon indique clairement que celle ci semble faire presque entierement defaut a la naissance elle n est pas innee preuve irrefutable que l intelligence n est pas identifiable a la partie rationnelle de l ame le logistikon logistikon mais s acquiert au fil des ans dans l age adulte par le biais de l education dans laquelle la dialectique occupe une place preponderante Encore faut il preciser que l intelligence n est pas acquise une fois pour toutes puisqu elle est une potentialite de la faculte de connaitre cette puissance Platon la designe non pas par le mot noῦs mais par gnῶsis gnosis et par ἐpisthmh episteme Autrement dit en termes aristoteliciens on serait tente de dire que l intelligence est en quelque sorte l actualisation de notre puissance de connaitre L intelligence est chez Platon l activite meme de la connaissance non la faculte dont elle est l acte Les trois notions distinguees par Platon la partie rationnelle de l ame la connaissance comme faculte et l intelligence comme activite de cette faculte peuvent ainsi chez Aristote etre toutes designees par ce terme de noῦs que Platon pour sa part reservait a la troisieme Le verbe noeῖn noein signifie dans son usage courant chez Platon avoir a l esprit concevoir se representer comprendre parfois reflechir Mais a partir du Phedon et de la Republique Platon etablit un lien entre ce verbe et les Idees comme l objet auquel l activite qu il designe s applique ainsi noeῖs8ai designe le mode d apprehension des Idees quand l ame fixe ses regards vers ce qui est eclaire par la verite et l etre aussitot elle le concoit le connait et semble avoir l intelligence noῦn ἔxein Ainsi on ne possede l intelligence qu en pensant Ceci est confirme dans le passage celebre de La Republique ou Platon expose son epistemologie avec le modele geometrique de la ligne coupee en deux sections celle du sensible et celle de l intelligible et quatre segments afin de definir les quatre objets de la connaissance et les quatre operations de l esprit classees d apres leur degre de clarte et de verite des choses selon Auguste Dies dans l ordre du sensible la connaissance s attache ou bien aux choses elles memes et s appelle alors croyance pistis ou bien seulement a leurs images et s appelle imagination ou conjecture eἰkasia dans le segment superieur la connaissance sensible fournit l opinion do3a et au dessus la connaissance mathematique dianoia produit une espece intermediaire de connaissance qu on pourrait appeler la pensee moyenne ou pensee discursive mais au sommet ἐpὶ tῷ ἀnwtatῳ du segment des intelligibles Platon dispose l intelligence ou l intuition intellectuelle le noῦs Or cette intelligence ne trouve son sens exact et son droit usage qu appliquee aux pensees qui portent sur l etre veritable c est a dire dans la dialectique en exercice au moment meme ou on la pratique dans l activite de la pensee pure dans son rapport aux Idees Il s agit ici des Idees ethiques lesquelles sont superieures aux Idees mathematiques du fait qu elles sont plus proches de l Idee du Bien Le R P Andre Jean Festugiere interprete cette intuition intellectuelle comme la saisie mystique d une entite transcendante elle est litteralement une contemplation dans laquelle l ame s unit a l etre L intelligence comme vertu et cause productive De ce rapport entre intelligence et dialectique il resulte un lien necessaire entre l intelligence et le bien Ce lien est developpe par Socrate qui dans le Philebe inclut l intelligence dans le genre de la vertu et des biens de l ame a cote du courage et de la temperance Bien plus le noῦs est meme considere dans les Lois comme la vertu principale celle qui commande a toutes les autres Noῦn de ge pantwn toytwn ἡgemona et realise leur unite Socrate demontre dans le Philebe la preeminence de la sagesse sur le plaisir dans la constitution de la vie heureuse Le plaisir est classe dans la categorie de l illimite ἄpeiron genre qui n a et n aura jamais ni principe ni milieu ni fin L intelligence quant a elle ne reside que dans une ame car Platon l affirme Il ne pourra jamais y avoir de sagesse et d intelligence sans ame Or une intelligence et une sagesse admirable ordonne et gouverne le monde elle se realise eminemment en Zeus auteur de toutes choses ce qui permet de classer l intelligence dans le genre causal exactement dans le genre de la cause productive et en tant que vertu l intelligence produit un effet necessairement bon Ainsi est etablie la preeminence de la sagesse sur le plaisir cette preeminence ne pouvait etre fondee que sous le nom de ce noῦs dont Anaxagore avait proclame la royaute sans savoir la fonder et la maintenir et en qui Platon au contraire a su personnifier l intelligence et la volonte du meilleur Seul en effet le noῦs pouvait s identifier a la pensee ordonnatrice du Zeus demiurge et ainsi se ranger dans le rang de la Cause finale L Intellect ame immortelle et raison divine Dans sa doctrine tardive Platon decrit dans le Timee la creation de l ame humaine disant que le demiurge forma d abord la pure ame pensante et immortelle nous c est a dire l intelligence apres quoi les dieux subalternes tandis qu ils enfermaient cette premiere ame dans un corps physique sῶma soma formerent l ame mortelle psyxh psyche composee du courage et du desir 8ymos ἐpi8ymhtikon Le demiurge du Timee durant la creation du Monde a en effet concu l importance et la nature de l intellect Reflechissant qu il y a plus de beaute dans ce qui possede la pensee noῦs que dans ce qui en est prive et qu il ne peut y avoir de pensee en dehors d une ame xwrὶs psyxῆs Dieu a mis cette pensee dans une ame et l ame dans un corps et en les composant ainsi il a construit l univers La divinite a donc pris soin de loger dans les corps la substance psychique immortelle principe de vie mais aussi essentiellement intellect Dans Les Lois Platon repetera que l Intellect est le veritable organisateur de tout l ordre existant dans l univers et il fera de la raison divine Nous le principe de la legislation de sa cite des Magnetes Ainsi de par son union avec le corps l ame devient sujette a la mort est seule immortelle l ame intelligente laquelle est l ame elle meme dans l integralite de sa nature divine Le Nous est aussi l Intelligence du demiurge lui meme auquel s impose la Necessite Ἀnagkh au moment de la creation du monde mais l Intelligence a domine la necessite car elle a reussi a lui persuader d orienter vers le meilleur la plupart des choses qui naissent La theorie aristotelicienne du nousL heritage platonicien Le troisieme livre du traite De l ame d Aristote contient une theorie du noῦs qui revet encore a ce stade de la pensee du philosophe un caractere typiquement platonicien Elle admet par consequent la vieille division platonicienne de l ame en une partie rationnelle et une partie irrationnelle qu Aristote rejettera par la suite La notion de nous intervient d abord chez Aristote dans les questions de psychologie Dans le Protreptique et dans l Ethique a Nicomaque Aristote identifie le noῦs a la personnalite subjective de l homme Par le moi le Protreptique entend le nous le divin en nous conformement a la doctrine tardive de Platon Distinguant la partie rationnelle de l ame des parties inferieures il est ainsi en mesure de representer la relation morale du moi a lui meme ou amour de soi filaytia il s agit non de l egoisme mais de l amour naturel que la partie inferieure de l ame voue au moi plus eleve de l homme De meme dans l atmosphere religieuse de l Ethique a Eudeme Aristote invite a contempler Dieu et a le servir 8eὸn 8ewreῖn kaὶ 8erapeyein commandement qui repose egalement sur la theorie platonicienne du nous Entre cette theorie aristotelicienne du noῦs heritage des dernieres speculations de Platon et la theorie psychophysique de l ame edifiee par la suite Werner Jaeger est fonde a reconnaitre une evolution philosophique car lorsqu Aristote eut suffisamment progresse dans le domaine de la psychologie il abandonna la theorie de la reminiscence en meme temps que la theorie des Idees et celle de la survie de l ame tout entiere Le nous divin d Aristote Articles detailles Noetique et De l ame Nous en tant que Dieu Prenant a temoin Anaxagore auquel il emprunte le concept de noῦs et ses attributs Aristote affirme que ce dernier est simple indivisible ἁploῦs impassible ἀpa8hs et qu il n a rien de commun avec quoi que ce soit ἀmighs Or dans les realites immaterielles il y a identite du pensant tὸ nooῦn et du pense tὸ nooymenon intellect et intelligible ne font donc qu un dans l acte de saisir ou de penser et l intellect devient intelligible en cet acte meme comme Aristote le resume dans le livre Lambda de sa Metaphysique soulignant le lien entre la connaissance et l amour Nous desirons une chose parce qu elle nous semble bonne plutot qu elle ne nous semble bonne parce que nous la desirons le principe c est la pensee ἀrxὴ gὰr ἡ nohsis Or l intellect est mu par l intelligible et la serie positive des opposes est intelligible par soi Dans cette serie positive la substance est premiere Le Bien en soi et l aimable en soi appartiennent l un et l autre a la meme serie et ce qui est premier dans cette serie est toujours le meilleur ou analogue au meilleur Puisque cet intelligible c est la substance meme sa possession en acte vaut a l intellect sa propre dignite et son caractere divin 8eῖon or l acte de l intellect la pensee c est la vie meme La conclusion d Aristote souligne la preeminence partout du Souverain Bien fin universelle de toutes choses identifie a Dieu Aussi l actualite plutot que la puissance est elle l element divin que l intelligence semble renfermer et l acte de contemplation est la beatitude parfaite et souveraine Si donc cet etat de joie Dieu l a toujours cela est admirable Or c est ainsi qu il l a Et la vie aussi appartient a Dieu car l acte de l intelligence est vie et Dieu est cet acte meme et l acte subsistant en soi de Dieu est une vie parfaite et eternelle Aussi appelons nous Dieu un vivant eternel parfait la vie et la duree continue et eternelle appartiennent donc a Dieu car c est cela meme qui est Dieu toῦto gὰr ὁ 8eos Dieu Pensee de la pensee Que la substance de Dieu Premier moteur soit d etre intellect noῦs ou intellection nohsis la question se pose de toute facon de savoir Que pense t elle Aristote montre alors que l intellection divine ne peut avoir d autre objet qu elle meme car la pensee de cette puissance premiere doit etre tournee vers ce qu il y a de plus divin et de plus noble sinon l objet le plus indigne acquerrait le statut d acte par rapport a elle qui serait reduite au statut de potentialite hypothese absurde et cette pensee ne change pas sinon tout changement se ferait vers le pire de surcroit cela reviendrait a poser du changement dans ce principe premier defini par Aristote comme parfaitement immobile La conclusion d Aristote s impose des lors Elle se pense donc elle meme s il est vrai qu elle est ce qu il y a de plus puissant kratiston et sa pensee est pensee de la pensee nohsews nohsis Loin de l interpretation caricaturale qui en a parfois ete donnee cette description de la vie divine comme Pensee de la pensee n a rien a voir avec celle d un dieu narcissique et ignorant par reference expresse a Anaxagore Aristote etablit un lien entre pensee de toutes choses et pouvoir sur elles La substance de l Intellect est acte pur or Intellect et intelligible ne font qu un dans l acte de saisir ou de penser Dans le cas des realites immaterielles il y a identite du pensant et du pense ecrit Aristote Ce que signifie l Intellect divin pensee de la pensee pourrait etre resume dans la formule suivante Ce qui est au principe de toutes choses les connait toutes en se connaissant soi meme ou selon les mots de saint Thomas d Aquin En se pensant il pense tous les autres etres Intelligendo se intelligit omnia alia Nous Intellect et Noesis Intellection La theorie du nous humain et les modalites de son intellection nohsis constitue un des problemes les plus difficiles de l aristotelisme comme le remarque Thomas de Koninck Tout historien de la philosophie grecque connait les difficultes inextricables auxquelles on s expose dans l interpretation de cette doctrine ecrit Gerard Verbeke tant les renseignements d Aristote sont elliptiques et ses textes indecis Cependant a partir de la distinction platonicienne du monde sensible et du monde intelligible Aristote dans le traite De l ame a accompli des progres remarquables qui permettent de mettre en lumiere la richesse de sa reflexion sur les operations intellectuelles la noetique et ses constituants ainsi que sur la correlation du langage et de la pensee 1 Origine divine Plusieurs passages d Aristote tires de son traite Generation des animaux ainsi que des fragments de Theophraste indiquent que le nous est d origine divine Aristote constate que la finalite de la generation c est le caractere particulier de chaque etre le caractere unique du moi Voila pourquoi en ce qui concerne l intellect savoir quand comment et d ou les etres qui participent a ce principe en recoivent leur part constitue un probleme extremement difficile Il faut essayer de le comprendre dans la mesure de nos moyens et autant qu il peut etre resolu Et il conclut Reste donc que l intellect seul vienne du dehors 8yra8en ἐpeisienai et que seul il soit divin 8eῖon eἶnai car une activite corporelle n a rien de commun avec son activite a lui Le cœur de l argumentation d Aristote repose sur la simultaneite en acte des contraires dans la pensee par opposition a leur exclusion reciproque or il est impossible a la matiere d etre le sujet actuel immediat de deux contraires L intellect ne peut etre materiel comme Anaxagore l avait bien percu La capacite a produire de l intelligible essence pure et potentialite est donc un principe concu comme immanent et transcendant a la fois Ainsi pour passer de puissance a acte Aristote imagine dans l ame humaine un principe productif poiῶn poihtikon Ce n est pas encore la pensee ni l activite de penser mais une fonction productrice de formes intelligibles requises a l exercice de la pensee Le Protreptique souligne la conclusion d Aristote Il n y a rien qui soit divin ou heureux en l homme a part l intellect et la raison qui seul est vraiment digne d interet Cela seul parmi ce qui est en nous semble immortel et divin Dans sa Metaphysique Aristote a soutenu l idee de formes sprituelles pures sans attache avec la matiere existant en soi l intellect de l homme est immortel 2 Nature et modalites de l acte de penser L acte de penser noeῖn et de raisonner dianoeῖs8ai affecte ce compose que forment l ame et le corps quand le fait de penser n est pas altere par son objet le noῦs est dit impassible ou passif ἀpa8hs pa8htikos l acte par lequel l intellect saisit une forme intelligible et universelle par exemple table s appliquant a toute table concrete quelle que soit sa nature materielle se caracterise par son immediatete comme l est le toucher de meme que la main plongee dans l eau froide est en meme temps elle meme et cette eau froide l intelligence devient en quelque sorte ce qu elle apprehende l intelligence en activite s identifie aux choses qu elle pense ce qui sera considere par Hegel comme le moment principal de la philosophie aristotelicienne La forme universel abstrait est saisie dans son essence d etre Sont qualifies d indivisibles ἀdiaireta la forme ainsi saisie mais aussi l acte de l intelligence ainsi que le temps dans lequel il a lieu De plus le vocabulaire d Aristote innove par rapport a Platon en introduisant des notions nouvelles comme celle de supposition conception de l esprit ὑpolhpsis hypolepsis il innove surtout avec la notion de concept ou noeme nohma defini comme forme abstraite de la matiere intelligible son objet est par exemple une forme abstraite geometrique comme une ligne continue AB mais virtuellement et par accident dit Aristote la ligne AB peut etre divisible en deux segments AC et CB c est pourquoi l indivisibilite des concepts est soit potentielle dynamei soit effective en entelechie ἐntelexeῖᾳ l entrelacement des mots dans le langage exprime oralement la combinaison syn8esis des noemes Aristote en donne deux exemples dans le monde physique le concept d Amour imagine par Empedocle pour son systeme zoogonique illustre la combinaison des membres errants nes separes dans le monde intelligible en geometrie les concepts de diagonale et d incommensurable se combinent dans la phrase attributive suivante s agissant du carre La diagonale est incommensurable Des lors Aristote degage avec nettete cette loi sur l impossibilite de l erreur dans l intellection des indivisibles l intellect est toujours dans le vrai lorsqu il saisit l essence d une chose ὁ toῦ ti ἐsti katὰ tὸ ti ἦn eἶnai ἀlh8hs et l erreur implique toujours une combinaison de concepts tὸ gὰr pseῦdos ἐn syn8esei ἀei Par ailleurs le nous pense aussi le temps Aristote illustre ce fait en observant que la verite ou l erreur ne concerne pas seulement l affirmation que Cleon est blanc mais aussi qu il l etait ou le sera Ainsi donc deux traits sont propres au nous reunir des concepts et penser simultanement le temps ce dont ne sont capables ni les sens ni l imagination Nous et dianoia A la difference de Platon Aristote considere que c est le noῦs qui realise l unite des noemes produite par accident katὰ symbebhkos c est a dire dans une relation attributive Les operations respectives du nous intellect et de la dianoia pensee discursive semblent cependant se confondre ou s exercer conjointement selon le professeur Michel Fattal le noῦs comme nohsis saisit directement les indivisibles mais possede egalement la capacite de penser discursivement La preuve en est apportee par les emplois de verbes noeῖn prosnoeῖn dianoieῖs8ai donnes comme equivalents dans le texte d Aristote ainsi que par les rapports etroits etablis dans les termes relatifs aux operations de l esprit Les commentateurs anciens et modernes sont donc convaincus que le nous pense la combinaison des concepts a travers la dianoia dianoia Ainsi Themistios commentateur grec d Aristote etablit il une equivalence entre pensee noetique et pensee dianoetique et entre composition et division de noemes Michel Fattal abonde dans le meme sens Il est bien evident que le noῦs au sens large comprend a la fois la pensee intuitive de la nohsis qui exclut l erreur et la pensee discursive du dianoieῖs8ai capable d etre vraie ou fausse Le noῦs en tant que nohsis est vrai quand il saisit les notions universelles et impartageables que sont les especes indivisibles et le noῦs en tant que dianoia est susceptible d etre vrai ou faux quand il pense discursivement la multiplicite compose et divise affirme et nie interieurement juge en vue d aboutir a une opinion Le Nous selon PlotinPuisant tout l essentiel de son inspiration chez Platon dont il se presente comme un simple commentateur Plotin adopte egalement et souvent adapte a ses fins les principes de la philosophie d Aristote en particulier dans sa theorie de l Intellect La theorie d Aristote joue en effet chez Plotin un role crucial dans la structure de l Intellect lui meme aussi bien que dans la relation hierarchique ou causale des choses inferieures ou superieures a lui Dans la structure metaphysique du monde intelligible ou immateriel et du monde sensible ou materiel il place l Intellect en seconde hypostase juste apres le Principe premier a l origine de tout qu il appelle Un Genese et nature du Nous Plotin pose des le depart a la fois la hierarchie de l Un et de l Intellect et l existence eternelle du monde qui n a pas connu de commencement Des lors la generation de l Intellect ne doit pas etre concue comme une genese dans l ordre chronologique mais dans l ordre logique cette causalite ambigue Plotin la decrit metaphoriquement tantot comme une fontaine qui surabonde tantot comme le rayonnement et la lumiere resplendissante du soleil qui repand sa chaleur Ce processus est considere comme une emanation de l Un ou une procession effusion d unite ou encore comme une differenciation dans la mesure ou le Nous a eu l audace de s ecarter de l Un Ce recit de l engendrement du Nous marque la fidelite de Plotin a la theorie platonicienne de la participation Plotin s inspire egalement librement du recit de Poros tire du Banquet de Platon L Un dans sa perfection supreme a engendre ce qu il y a de meilleur apres lui l Intellect le Nous Matiere intelligible portant en elle l empreinte de l Un le Nous n atteint sa forme definitive et n est constitue reellement comme Intellect qu apres s etre tourne vers l Un et l avoir vu Cette vision constitue l Intellect ecrit Plotin ἡ dὲ ὅrasis aὕth noῦs Le Nous a cherche a saisir l Un et dans ce desir d union avec le principe dont il procede l Intellect est parvenu a se connaitre car seule la contemplation de l Un peut doter l Intellect encore informe de son etre Plotin adopte ici le principe aristotelicien selon lequel l Intellect qu il soit humain ou divin est identique a son objet de pensee quand cet objet est immateriel C est ainsi que l Intellect a pris conscience de sa nature il est Forme et Etre car l etre est identique a l Intellect et se caracterise par l eternite Dans la mesure ou l Intellect hypostase correspond au modele imite par le Demiurge l artisan divin du Timee il rassemble la totalite des formes en une unite conservant leurs differences il possede en acte la totalite des formes intelligibles qui existent dans le monde sensible il est un et indivisible et partout le meme ecrit Plotin Cette unite est empruntee a la description de la seconde hypothese proposee par Platon dans le Parmenide il est un multiple ou un et multiple Or puisque selon Plotin toute pensee implique une dualite minimale se penser soi meme est se penser comme un autre devenir multiple le principe supreme qu est l Un ou le Bien realite absolument simple n a pas la pensee d elle meme si elle l avait elle serait une multiplicite Donc elle ne se pense pas et on ne la pense pas Cette critique apparente de la position d Aristote sur la Pensee de la pensee repose en fait sur une interpretation fausse de cette notion la noesis aristotelicienne ne recelant aucune dualite Activite noetique Dans l Intellect toute cognition est simultanee et immediate en lui la pensee et l etre ne font qu un Plotin indique en effet que le Nous possede cette superiorite sur l Ame la troisieme hypostase plotinienne qu il est dote d une visee simple et comprehensive de l ensemble des formes qui le constituent ἐpibolὴn ἀ8roan ἀ8rown alors que dans l Ame il y a transition metabasis d un element au suivant l activite du Nous est donc d une plus grande simplicite L Intellect possede une connaissance parfaite et totale de lui meme mais ne peut se connaitre qu en visant ce qui le transcende l Un Bien dont il procede pour expliquer cette tension vers l Un Plotin emploie l expression d Intellect aimant noῦs ἐrῶn cette intelligence transportee d amour est une puissance supra intellectuelle qui demande a etre actualisee par le principe dont elle emane Developpement lexicographique et semantique du termeArticle connexe Thesaurus lexicographique Sur le terme noῦs ont ete formes des composes et derives qui sont a l origine de nouveaux concepts politiques et philosophiques crees depuis le XIX e siecle et surtout a l epoque contemporaine Ainsi en francais dans la classification d Ampere en 1834 sont qualifiees de noologiques les sciences qui ont pour objet le monde de l esprit et chez Teilhard de Chardin la noosphere designe le monde de la pensee figure par une couche se superposant a la biosphere le russe a ru Noofeliya noophelie et l anglais innove avec noocracy noology en et noogenesis Notes et referencesNotes Le logistikon peut etre defini comme ce en quoi peut naitre l intelligence par son desir du vrai et de l etre Ce caractere illimite du Nous est refute par Charles Mugler Le probleme d Anaxagore p 334 qui fait observer que le qualificatif grec ἄpeiros est amphibologique et signifie ici depourvu de limites interieures afin de souligner la purete de sa nature et son homogeneite En termes scientifiques modernes on pourrait parler de capacite de transmittance maximale du Nous comme le font Anne Laure Therme et Arnaud Mace op cit p 32 ou de coefficient de transfert thermique maximal Socrate ne peut etre assis et debout en meme temps Il est et assis et debout successivement La matiere dans son devenir du fait qu elle contient invariablement une privation effectue toujours une exclusion Cette maniere de voir la matiere a ete mise en lumiere par Hegel dans son concept de sursomption Aufhebung References Hegel Vorlesungen uber die Geschichte der Philosophie II Theorie Aufgabe Francfort 1971 vol 19 p 162 163 Platon La Republique detail des editions lire en ligne livre III 395 d et livre VI 511 c d Platon Les Lois detail des editions lire en 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Delcomminette 2014 p 58 Platon Phedre 247 c 7 8 Phedre 247 traduction P Renacle traduction recente ou page 247 edition La Pleiade traduction Leon Robin Sylvain Delcomminette 2014 p 57 note 3 Platon Phedre edition des Belles Lettres tome IV 1978 traduction de Leon Robin note 1 p 38 Sylvain Delcomminette 2014 p 61 Platon Les Lois detail des editions lire en ligne livre IV 714 a et livre XII 957 c Platon Les Lois detail des editions lire en ligne livre II 672 b 8 c 5 Sylvain Delcomminette 2014 p 59 60 Sylvain Delcomminette 2014 p 62 63 Platon La Republique detail des editions lire en ligne Livre VI 507 b 8 9 Platon La Republique detail des editions lire en ligne Livre VI 508 d 5 Platon La Republique detail des editions lire en ligne Livre VI 509 d 511 e Auguste Dies Introduction a Platon La Republique Les Belles Lettres 1970 p LXVI a b et c Michel Fattal 1995 p 379 Platon Philebe 59 d 4 Sylvain Delcomminette 2014 p 66 Franck Fischer 2003 p 20 Franck Fischer 2003 p 18 et 19 Platon Philebe 55 b 3 4 et 66 b 5 6 Platon Les Lois XII 963 a 8 9 Platon Philebe 30 c 9 10 Timee 30 b 1 3 Sylvain Delcomminette 2014 p 68 et 69 Auguste Dies Notice du Philebe Les Belles Lettres 1966 p XXXIII Platon Timee detail des editions lire en ligne 41 d 43 Platon Timee detail des editions lire en ligne 30 b Leon Robin La Pensee hellenique des origines a Epicure Questions de methode de critique et d histoire Paris P U F 1942 560 p lire en ligne p 282 note 2 Platon Les Lois detail des editions lire en ligne livre XII 967 b Platon Les Lois detail des editions lire en ligne livre IV 713 a Andre Laks Mediation et coercition Pour une lecture des Lois de Platon Lille Presses Universitaires du Septentrion 2005 200 p ISBN 978 2859399399 lire en ligne p 22 23 Fernand Schwarz La Tradition et les voies de la connaissance hier et aujourd hui Ancrages 2013 ISBN 979 1093117010 Platon Timee detail des editions lire en ligne 48 a Werner Jaeger 1997 p 343 Protreptique p 42 lignes 3 et 14 Aristote Ethique a Nicomaque Livre IX 8 1168 b 35 et Livre X 7 1178 a 2 a b et c Werner Jaeger 1997 p 252 Ethique a Eudeme Livre VII 6 1240 a 23 Werner Jaeger 1997 p 49 De l ame III 5 430 a 23 Metaphysique Livre A 9 993 a 1 Thomas de Koninck 2019 p 42 Aristote Metaphysique L 7 1072 b 19 21 Aristote Metaphysique Livre L 7 1072 a 26 1072 b 1 Aristote Metaphysique Livre L 7 1072 b 22 30 Thomas de Koninck 2019 p 47 et 160 161 Aristote Metaphysique L 1074 b 21 22 Thomas de Koninck 2019 p 39 40 Thomas de Koninck 2019 p 54 Aristote Metaphysique L 1074 b 33 35 Thomas de Koninck 2019 p 40 Thomas de Koninck 2019 p 24 a 33 Aristote De l ame III 4 429 a 18 20 Aristote De l ame III 4 430 a 2 5 Saint Thomas d Aquin Commentaire de la Metaphysique d Aristote XII lect 11 no 2614 et Somme contre les Gentils I 49 Thomas de Koninck 2019 p 31 32 Thomas de Koninck 2019 p 97 Gerard Verbeke 1955 p 368 369 Aristote De l ame III 6 430 a Aristote Generation des Animaux II 3 736 b Thomas de Koninck 2019 p 154 159 et 171 172 Gerard Verbeke 1955 p 381 Augustin Mansion 1953 p 468 et 470 Werner Jaeger 1997 p 48 Fragment 61 chez Jamblique Aristote Metaphysique livre Z VII 2 1028 b 14 15 et 28 31 11 1037 b 1 4 17 1041 a 7 9 Livre H VIII 1 1042 a 31 Augustin Mansion 1953 p 465 Michel Fattal 1995 p 375 Gerard Verbeke 1955 p 375 et 377 Daniel Moreau 2007 p 592 Aristote De l ame III 7 431 a 1 et 431 b 17 Michel Fattal 1995 p 371 et note 2 Daniel Moreau 2007 p 587 Michel Fattal 1995 p 381 384 Aristote Physique VIII 8 263 b 7 9 a et b Thomas de Koninck 2019 p 101 a et b Aristote De l ame III 6 430 b 5 6 Michel Fattal 1995 p 378 Aristote De l ame III 6 430 b 2 Thomas de Koninck 2019 p 98 100 Aristote De l ame III 6 430 b 4 5 Aristote De l ame III 3 427 b 9 14 Paraphrase 109 18 20 et 109 31 33 Michel Fattal 1995 p 380 Michel Fattal 1995 p 381 et 384 385 Henry Blumenthal 1996 p 758 a et b Henry Blumenthal 1996 p 759 760 Florent Tazzolio 2004 p 59 60 Plotin Enneades V 1 6 V 2 1 V 4 2 Jean Trouillard La Procession plotinienne 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