Le terme féodalisme du latin feudum fief apparu au XIX e siècle désigne le mode de production qui succède à l esclavagis
Féodalisme

Le terme féodalisme (du latin feudum, « fief »), apparu au XIXe siècle, désigne le mode de production qui succède à l'esclavagisme de l'Antiquité et précède l'économie capitaliste, et est souvent assimilé à la féodalité. Toutefois, si les deux termes ont été créés par les historiens, et employés un temps pour marquer le mépris d'une période antérieure, le terme « féodalisme » est plus récent.
Base économique et structure sociale
Ce mode de production est pour les marxistes caractérisé par la prééminence de la campagne sur les villes, avec une classe de propriétaires terriens (nobles féodaux) exploitant une masse de paysans et de serfs, en théorie libres mais néanmoins attachés juridiquement à la terre qu'ils cultivent (et donc à leur seigneur propriétaire).
À la différence des sociétés de type dit « asiatique », les différents seigneurs féodaux sont propriétaires héréditaires de leur terre, cette propriété leur conférant leur statut de membre de la classe dirigeante et leur autorité ; alors que dans les sociétés de type « asiatique », le dirigeant local est généralement un fonctionnaire qui a obtenu sa fonction (non héréditaire) par désignation du pouvoir central – il n'est pas propriétaire et c'est son statut au sein de la hiérarchie (déterminé par sa performance en cours de carrière et par sa relation personnelle avec le pouvoir) qui détermine l'importance du territoire dont il aura charge, et non l'inverse.
Par conséquent, l'époque féodale se caractérise par un extrême morcellement du territoire et par une forte décentralisation, ainsi que par d'incessantes escarmouches entre féodaux voisins, le roi n'étant détenteur de son autorité que dans la mesure où chaque féodal lui a fait allégeance à titre individuel en tant que vassal (ainsi que les féodaux eux-mêmes inféodés à ce féodal, etc.). L'autorité du roi est donc quelque chose d'extrêmement précaire et ne vaut que tant que ses vassaux acceptent son autorité – les retournements d'alliance ne sont pas rares. La guerre entre deux pays à l'époque féodale est donc plus un conflit entre deux alliances rivales de féodaux, qu'entre deux nations à proprement parler (c'est notamment le cas lors de la guerre de Cent Ans).
En réalité, chaque féodal est seul maitre sur son propre territoire et est libre de prélever divers droits de douane, etc. sur les marchands qui traversent son domaine. Les serfs sont attachés à la terre de leur seigneur et n'ont pas le droit de la quitter sans son autorisation. Bien que formellement considérés comme libres, leur situation dans les faits n'est que peu différente de celle de l'esclave. La différence principale est que le serf se voit attribuer un lopin de terre par son seigneur qu'il est libre de cultiver comme il l'entend et dont il est libre de jouir du fruit – après s'être acquitté de diverses taxes envers les autorités seigneuriales et religieuses (dime). Le serf doit également souvent prester divers travaux sur la propriété du seigneur (corvée) en échange de son bail. De plus, la plupart des infrastructures locales appartiennent au seigneur et les serfs sont tenus de les utiliser en échange de nouvelles taxes (ces infrastructures sont dites « banales » : four banal, moulin banal, pressoir banal, etc.).
Dans les villes, le système féodal de liens de vassal à suzerain a son parallèle avec le lien personnel entre apprentis, compagnons et maitres des diverses corporations d'artisans et de commerçants. Le système d'attribution de la terre aux serfs a également son parallèle avec la réglementation de l'accès à la profession mise en place par les corporations, qui interdisent la pratique de leur métier à toute personne non membre de la corporation (ce qui nécessite d'avoir servi un certain temps au service d'un maitre en tant qu'apprenti avant de reprendre son atelier au moment de sa retraite ou de son décès). Cette dernière mesure est orientée en particulier contre les serfs ayant fui leur seigneur et cherchant à s'installer en ville. Ainsi, à l'époque féodale, le prolétariat est essentiellement constitué de journaliers engagés uniquement pour des travaux d'appoint occasionnels et ne jouant pas un rôle décisif dans la production, comme c'est le cas du prolétariat moderne[réf. nécessaire]. Afin de faire respecter leur loi, les corporations organisent leurs propres milices et corps armés, formant une sorte de « mini-État » urbain au sein de l'État féodal – ajoutant au morcellement du territoire et à la complexité générale du système. Le système féodal est donc également marqué par une rivalité et un jeu de pouvoir constants entre la classe féodale rurale et les « bourgeois » des villes.
Pertinence et interprétation du concept
En tant que système, le féodalisme est un phénomène essentiellement européen, la classe féodale s'étant constituée à partir des divers groupes d'envahisseurs germaniques, slaves, etc. qui chacun se taillèrent leur fief au moment de la chute de l'empire romain. D'autres féodaux sont simplement descendants de grands propriétaires de villas romaines devenus de fait indépendants à la chute de l'empire romain. Le féodalisme dans sa forme « idéale » telle que décrite ci-dessus a de plus été fortement nuancé sous l'influence croissante de la bourgeoisie en son sein, surtout à partir de l'époque moderne, évoluant graduellement vers une société de plus en plus réglementée et centralisée, mais aussi plus libre, sous le pouvoir des « nouveaux monarques » puis de l'absolutisme royal, jusqu'à ce que la bourgeoisie se sente assez forte pour prendre le dessus, généralement par une révolution nationale (voir guerre de Quatre-Vingts Ans aux Pays-Bas, Première Révolution anglaise, Révolution française).
D'un autre côté, il semble que la société médiévale japonaise ait eu beaucoup de similitudes avec le féodalisme à l'européenne, plus que la société chinoise par exemple.
Historiquement, l'étude de la transition de l'« âge féodal » à l'« âge industriel » est antérieure aux historiens marxistes. On trouve cette idée déjà chez Augustin Thierry, historien du début du XIXe siècle, qui fut secrétaire du comte de Saint-Simon de 1814 à 1817. Saint-Simon fit de ces études historiques une interprétation probablement assez personnelle, que l'on retrouve un peu transformée chez Auguste Comte, sous la forme de la loi des trois états (théologique, métaphysique, positif), ainsi que dans le mouvement saint-simonien, qui influença directement le marxisme, via la branche de Saint-Amand Bazard.
Les expressions féodalition, féodalité, féodalisme, etc. peuvent être utilisées sans remettre exactement les événements dans leur contexte historique. Il peut y avoir dans certains cas une certaine forme d'historicisme dans l'emploi de ces termes (bien que l'historien Georges Duby emploie le terme féodalisme dans sa description des trois ordres à l'époque médiévale, sans pour autant que transparaisse de l'historicisme dans son approche).
D'autres historiens considèrent enfin que les diverses appellations « féodalisme », « esclavagisme » et « mode de production asiatique » ne sont que diverses variantes et nuances aux distinctions floues d'une même étape de développement sociétal, située entre le stade « (communiste) primitif » et l'époque « capitaliste ».
Le féodalisme comme forme universelle d'interaction sociale
S'inspirant de la sociologie formelle Georg Simmel, Vladimir Shlappentokh considère le féodalisme non seulement comme une formation sociale historique, mais aussi comme une forme d'interaction particulière, répandue à travers toutes les époques qui n'a jamais complètement disparu, même à l'époque moderne. Elle résulte du besoin humain de protection et de la volonté des hommes de payer pour cette protection en faisant allégeance, en nature ou en argent. Dans cette perspective, les allégeances médiévales, les structures de dépendance dans l'économie souterraine, les régimes oligarchiques avec leurs vassaux, mais aussi les bandes mafieuses peuvent être considérés comme des formes d'interaction féodales. Le politologue et anthropologue avance des arguments similaires en constatant l'existence de structures féodales dans l'empire Kassites, dans le Moyen Empire d'Égypte et au Japon (jusqu'au 18e siècle). Shlapentokh et Woods postulent que les structures sociales et économiques qui s'écartent de l'idéal-type du féodalisme européen médiéval ne doivent pas être considérées comme des variantes de celui-ci, mais comme des formes mixtes de différents segments de société ou économie (libérales-capitalistes, autoritaires, etc.), qui peuvent coexister par exemple aussi bien aux Etats-Unis qu'en Russie. Cette approche est en contradiction avec les modèles de société systémiques, holistiques et intégratifs tels que ceux de Talcott Parsons ou Niklas Luhmann, tandis que l'hypothèse de sociétés ou d'économies "hybrides" est partiellement compatible avec le modèle marxiste (par exemple avec les théories Erik Olin Wright).
Références
- Vladimir Shlapentokh, Joshua Woods: Feudal America. Pennsylvania State University, 2011, p. 4 s.
- Aaron B. Wildavsky : Searching for safety. Transaction Books, New Brunswick 1988.
- Vladimir Shlapentokh, Joshua Woods: Feudal America. Pennsylvania State University, 2011, p. 5.
Voir aussi
Articles connexes
- Moyen Âge
- Féodalité
- Historicisme
Bibliographie
- Georges Duby, Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme, Paris, Gallimard, 1979.
- Alain Guerreau, Le féodalisme, un horizon théorique, Paris, Le Sycomore, 1980.
- Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, l'utopie ou la raison en actes, 2001, Payot, (ISBN 2-228-89433-8).
- Portail du marxisme
Auteur: www.NiNa.Az
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Le terme feodalisme du latin feudum fief apparu au XIX e siecle designe le mode de production qui succede a l esclavagisme de l Antiquite et precede l economie capitaliste et est souvent assimile a la feodalite Toutefois si les deux termes ont ete crees par les historiens et employes un temps pour marquer le mepris d une periode anterieure le terme feodalisme est plus recent Si ce bandeau n est plus pertinent retirez le Cliquez ici pour en savoir plus Cet article doit etre recycle avril 2025 Si ce bandeau n est plus pertinent retirez le Cliquez ici pour en savoir plus Cet article ne cite pas suffisamment ses sources mars 2025 Si ce bandeau n est plus pertinent retirez le Cliquez ici pour en savoir plus Cet article doit etre actualise mars 2025 Cet article est une ebauche concernant l histoire Base economique et structure socialeCe mode de production est pour les marxistes caracterise par la preeminence de la campagne sur les villes avec une classe de proprietaires terriens nobles feodaux exploitant une masse de paysans et de serfs en theorie libres mais neanmoins attaches juridiquement a la terre qu ils cultivent et donc a leur seigneur proprietaire A la difference des societes de type dit asiatique les differents seigneurs feodaux sont proprietaires hereditaires de leur terre cette propriete leur conferant leur statut de membre de la classe dirigeante et leur autorite alors que dans les societes de type asiatique le dirigeant local est generalement un fonctionnaire qui a obtenu sa fonction non hereditaire par designation du pouvoir central il n est pas proprietaire et c est son statut au sein de la hierarchie determine par sa performance en cours de carriere et par sa relation personnelle avec le pouvoir qui determine l importance du territoire dont il aura charge et non l inverse Par consequent l epoque feodale se caracterise par un extreme morcellement du territoire et par une forte decentralisation ainsi que par d incessantes escarmouches entre feodaux 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est que le serf se voit attribuer un lopin de terre par son seigneur qu il est libre de cultiver comme il l entend et dont il est libre de jouir du fruit apres s etre acquitte de diverses taxes envers les autorites seigneuriales et religieuses dime Le serf doit egalement souvent prester divers travaux sur la propriete du seigneur corvee en echange de son bail De plus la plupart des infrastructures locales appartiennent au seigneur et les serfs sont tenus de les utiliser en echange de nouvelles taxes ces infrastructures sont dites banales four banal moulin banal pressoir banal etc Dans les villes le systeme feodal de liens de vassal a suzerain a son parallele avec le lien personnel entre apprentis compagnons et maitres des diverses corporations d artisans et de commercants Le systeme d attribution de la terre aux serfs a egalement son parallele avec la reglementation de l acces a la profession mise en place par les corporations qui interdisent la pratique de leur metier a toute personne non membre de la corporation ce qui necessite d avoir servi un certain temps au service d un maitre en tant qu apprenti avant de reprendre son atelier au moment de sa retraite ou de son deces Cette derniere mesure est orientee en particulier contre les serfs ayant fui leur seigneur et cherchant a s installer en ville Ainsi a l epoque feodale le proletariat est essentiellement constitue de journaliers engages uniquement pour des travaux d appoint occasionnels et ne jouant pas un role decisif dans la production comme c est le cas du proletariat moderne ref necessaire Afin de faire respecter leur loi les corporations organisent leurs propres milices et corps armes formant une sorte de mini Etat urbain au sein de l Etat feodal ajoutant au morcellement du territoire et a la complexite generale du systeme Le systeme feodal est donc egalement marque par une rivalite et un jeu de pouvoir constants entre la classe feodale rurale et les bourgeois des villes Pertinence et interpretation du conceptEn tant que systeme le feodalisme est un phenomene essentiellement europeen la classe feodale s etant constituee a partir des divers groupes d envahisseurs germaniques slaves etc qui chacun se taillerent leur fief au moment de la chute de l empire romain D autres feodaux sont simplement descendants de grands proprietaires de villas romaines devenus de fait independants a la chute de l empire romain Le feodalisme dans sa forme ideale telle que decrite ci dessus a de plus ete fortement nuance sous l influence croissante de la bourgeoisie en son sein surtout a partir de l epoque moderne evoluant graduellement vers une societe de plus en plus reglementee et centralisee mais aussi plus libre sous le pouvoir des nouveaux monarques puis de l absolutisme royal jusqu a ce que la bourgeoisie se sente assez forte pour prendre le dessus generalement par une revolution nationale voir guerre de Quatre Vingts Ans aux Pays Bas Premiere Revolution anglaise Revolution francaise D un autre cote il semble que la societe medievale japonaise ait eu beaucoup de similitudes avec le feodalisme a l europeenne plus que la societe chinoise par exemple Historiquement l etude de la transition de l age feodal a l age industriel est anterieure aux historiens marxistes On trouve cette idee deja chez Augustin Thierry historien du debut du XIX e siecle qui fut secretaire du comte de Saint Simon de 1814 a 1817 Saint Simon fit de ces etudes historiques une interpretation probablement assez personnelle que l on retrouve un peu transformee chez Auguste Comte sous la forme de la loi des trois etats theologique metaphysique positif ainsi que dans le mouvement saint simonien qui influenca directement le marxisme via la branche de Saint Amand Bazard Les expressions feodalition feodalite feodalisme etc peuvent etre utilisees sans remettre exactement les evenements dans leur contexte historique Il peut y avoir dans certains cas une certaine forme d historicisme dans l emploi de ces termes bien que l historien Georges Duby emploie le terme feodalisme dans sa description des trois ordres a l epoque medievale sans pour autant que transparaisse de l historicisme dans son approche D autres historiens considerent enfin que les diverses appellations feodalisme esclavagisme et mode de production asiatique ne sont que diverses variantes et nuances aux distinctions floues d une meme etape de developpement societal situee entre le stade communiste primitif et l epoque capitaliste Le feodalisme comme forme universelle d interaction socialeS inspirant de la sociologie formelle Georg Simmel Vladimir Shlappentokh considere le feodalisme non seulement comme une formation sociale historique mais aussi comme une forme d interaction particuliere repandue a travers toutes les epoques qui n a jamais completement disparu meme a l epoque moderne Elle resulte du besoin humain de protection et de la volonte des hommes de payer pour cette protection en faisant allegeance en nature ou en argent Dans cette perspective les allegeances medievales les structures de dependance dans l economie souterraine les regimes oligarchiques avec leurs vassaux mais aussi les bandes mafieuses peuvent etre consideres comme des formes d interaction feodales Le politologue et anthropologue avance des arguments similaires en constatant l existence de structures feodales dans l empire Kassites dans le Moyen Empire d Egypte et au Japon jusqu au 18e siecle Shlapentokh et Woods postulent que les structures sociales et economiques qui s ecartent de l ideal type du feodalisme europeen medieval ne doivent pas etre considerees comme des variantes de celui ci mais comme des formes mixtes de differents segments de societe ou economie liberales capitalistes autoritaires etc qui peuvent coexister par exemple aussi bien aux Etats Unis qu en Russie Cette approche est en contradiction avec les modeles de societe systemiques holistiques et integratifs tels que ceux de Talcott Parsons ou Niklas Luhmann tandis que l hypothese de societes ou d economies hybrides est partiellement compatible avec le modele marxiste par exemple avec les theories Erik Olin Wright ReferencesVladimir Shlapentokh Joshua Woods Feudal America Pennsylvania State University 2011 p 4 s Aaron B Wildavsky Searching for safety Transaction Books New Brunswick 1988 Vladimir Shlapentokh Joshua Woods Feudal America Pennsylvania State University 2011 p 5 Voir aussiArticles connexes Moyen Age Feodalite HistoricismeBibliographie Georges Duby Les trois ordres ou l imaginaire du feodalisme Paris Gallimard 1979 Alain Guerreau Le feodalisme un horizon theorique Paris Le Sycomore 1980 Olivier Petre Grenouilleau Saint Simon l utopie ou la raison en actes 2001 Payot ISBN 2 228 89433 8 Portail du marxisme